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Nouvelles fuites WikiLeaks : rumeur, cyberattaque ou grave erreur ?

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Nouvelles fuites WikiLeaks : rumeur, cyberattaque ou grave erreur ?
Le site internet de Julian Assange est une nouvelle fois l’objet de toutes les critiques. Les Américains lui reprochent d'avoir publié de nouveaux câbles diplomatiques avec les noms des informateurs. Pour Julian Assange, il s’agit d’une cyberattaque contre WikiLeaks. Un fichier informatique non protégé se baladerait sur la Toile avec ses informations confidentielles, mais aucune preuve réelle de son existence n'existe pour l'heure. L'analyse du journaliste et spécialiste des nouvelles technologies Olivier Tesquet.

 

RFI : Par qui le site de WikiLeaks aurait-il été attaqué ?  

Olivier Tesquet : Pour commencer, il faut rappeler un peu les dessous internes de cette histoire. Cela fait plusieurs semaines qu’il y a des rivalités entre Daniel Domscheit-Berg, l’ancien numéro deux de WikiLeaks, et Julian Assange. Sur ce fond de rivalité, il y a eu plusieurs allégations qui ont été lancées par un camp puis par l’autre. Et notamment l’allégation selon laquelle il y aurait un fichier, contenant  l’intégralité des télégrammes diplomatiques, qui circulerait librement sur internet, sans que personne n’ait, pour l’instant, réussi à mettre la main dessus.
 
Donc ces derniers temps, il y a eu un certain climat de tension. Et l’apothéose effectivement, c’est un peu cette accusation d’attaque informatique, qui est assez récurrente chez WikiLeaks, puisqu’ils doivent souvent faire face à ce genre de manœuvres.
 
On sait que la pression est extrêmement forte. On sait que quand le Pentagone met sur place une task force destinée à contrer WikiLeaks, il y a aussi une part du travail qui consiste à, potentiellement, essayer de viser l’infrastructure pour empêcher le site de publier ses informations.
 
RFI : Si l’intégralité des câbles diplomatiques a été mise en ligne, cela veut dire que cette fois des noms ont été publiés. Et du coup, Washington affirme que WikiLeaks a mis en danger la sécurité des personnes.


O.L. : Effectivement, c’est la fameuse rumeur qui traîne depuis quelques jours sur ce fameux fichier, qui circulerait quelque part… L’information a d’abord été donnée par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel. Puis elle a été relayée par beaucoup d’autres médias, par le New York Times notamment et un peu partout… Et c’est assez logique finalement, que les Etats s’engouffrent un peu dans cette brèche pour critiquer à nouveau l’action de WikiLeaks, sur ce postulat : s’il est avéré, effectivement, qu’un tel fichier circule, ce serait très grave. Cela voudrait dire que le modus operandi choisi par WikiLeaks montre clairement ses limites.
 
RFI : Pourquoi parler encore au conditionnel ? N’y a-t-il pas un moyen très concret d’aller voir s’il y a vraiment les noms des informateurs sur ces câbles américains publiés par le site de WikiLeaks ? On est un peu dans le flou.
 
O.T. : C’est compliqué parce que la masse de documents est déjà assez conséquente. Pour l’instant, les documents qui ont été officiellement publiés, les mémos diplomatiques supplémentaires, se chiffrent à plusieurs milliers. Mais il n’y a pas l’intégralité des documents. Le vrai danger réside surtout dans ce fameux fichier, encore une fois. Et comme personne ne l’a trouvé pour le moment, cela explique l’emploi du conditionnel, parfois très agaçant.
 
Mais comme chaque camp temporise un peu et peine à apporter les preuves de ce qu’il avance, la situation est actuellement assez trouble.
 
RFI : Quand WikiLeaks était à la une de la presse internationale, en novembre 2010, le site avait alors travaillé en partenariat avec de grands titres de la presse internationale comme Le New York TimesLe Monde. Cette fois, WikiLeaks semble avoir fait cavalier seul. 
 
O.T. : Il y a eu disons trois phases dans l’affaire WikiLeaks. La première, le Cable Gate, puisqu’on l’appelle comme cela : c’était la collaboration avec les grands titres de la presse internationale, qui ont publié certains mémos… Quelques centaines pendant quelques semaines.
 
Ensuite, il y a eu un deuxième round, avec plusieurs médias de moindre importance. Ils ont étudié d’autres mémos concernant des zones géographiques dédiées. La plupart du temps, ces médias étaient choisis par WikiLeaks dans chaque pays. En France par exemple, Mediapart et Rue89 ont travaillé sur quelques dizaines ou quelques centaines de mémos. Mais aujourd’hui, on a eu une fuite beaucoup plus large.
 
Au départ, on a pensé que ces documents étaient non classifiés, donc a priori de moindre importance. Mais en fait, on s’est rendu compte qu’il y avait des informations assez intéressantes qui sortaient dans certains domaines, et qui posent la question, effectivement, de ce mode opératoire assez inédit dans la configuration du Cable Gate, mais qui l’est beaucoup moins dans le fonctionnement WikiLeaks, parce que jusqu’à présent, le site de Julian Assange avait toujours fonctionné avec des livraisons massives de données brutes.
 
RFI : Ce qui pourrait pousser certains partenaires, que ce soit de la presse, ou vous par exemple, qui avez travaillé avec le site de Julian Assange, à reconsidérer ces partenariats.
 
O.T. : Encore une fois, si cette rumeur de fuite était avérée, cela posera un vrai problème. Mais au-delà des collaborations potentielles avec WikiLeaks, le vrai problème est dans la confiance qu’on peut accorder à ce genre d’outils. Ce serait assez dramatique d’envoyer ce message à des gens qui croient en WikiLeaks, qui, à mon avis, est un concept intéressant ; un concept qui mérite qu’on y prête attention, qu’on y réfléchisse vraiment. Mais si la confiance était perdue, il y aurait un vrai danger. Cela voudrait dire que tous ces outils-là sont peut-être déjà caducs, qu’on va revenir un peu à l’ancien monde où ces outils n’existaient pas. Donc, la vraie crainte pour l’instant se situe surtout de ce côté-là.
 
RFI : On avait beaucoup parlé de la personnalité de Julian Assange, quand cette affaire a éclaté. Est-ce que l’on pourrait, là, faire face à un problème, précisément d’ego ?
 
O.T. : Bien évidemment, ce qui se passe en ce moment entre Daniel Domscheit-Berg et Julian Assange est avant tout une question d’ego, parce que chacun milite un peu pour sa plateforme. Et il y a pas mal de gens, y compris dans leur soutien assez proche, qui commencent à s’énerver un peu de la tournure très individualiste des événements, en se disant que cela dessert la cause, au-delà des projets en eux-mêmes.
 
Donc, il y a un certain agacement un peu latent et, effectivement, il serait temps, à mon sens, que WikiLeaks, mais aussi les gens qui gravitent autour, et même Daniel Domscheit-Berg, prennent conscience de cela et remettent un peu tout d’écart, parce que c’est une situation assez délicate et cela peut potentiellement exploser assez vite.

Propos recueillis par Caroline Paré


Olivier Tesquet est l'auteur de : « Comprendre WikiLeaks », guide graphique, paru aux Editions Max Millo.
LES PRINCIPALES DATES DE « L'AFFAIRE ASSANGE »

- 15 août 2010 : WikiLeaks annonce la publication de 15 000 nouveaux documents confidentiels, après les 77 000 déjà divulgués au mois de juillet.

- 21 août 2010 : deux jeunes Suédoises déposent plainte contre Julian Assange pour « viol » et « agressions sexuelles ».

- 1er septembre 2010 : ouverture de l’enquête en Suède.

- 18 novembre 2010 : Stockholm lance un mandat d’arrêt international contre Assange, qui deviendra effectif début de décembre après certaines containtes de procédure.

- 28 novembre 2010 : WikiLeaks diffuse par le filtre de grands journaux mondiaux (The GuardianThe New York Times, etc) près de 250 000 câbles diplomatiques américains.

- 7 décembre 2010 : Julian Assange est arrêté par la police britannique. Le même jour, Visa et MasterCard bloque les processus de dons au site WikiLeaks.

- 24 février 2011 : un tribunal londonien se prononce favorablement à la demande d’extradition suédoise. Assange fait appel de la décision dans la foulée.

- 12 et 13 juillet 2011 : Julian Assange comparaît en appel, à la Haute Cour de Londres, à propos de la demande d’extradition de la Suède.




2 Commentaires

  1. Auteur

    Zion

    En Septembre, 2011 (12:17 PM)
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  2. Auteur

    Il N'a Rien Dit

    En Septembre, 2011 (00:18 AM)
    kagna a cousu sa bouche puante avec du fil de fer. :-D 

    Mais il passe inapercu maintenant le fils de kagna :haha: 

    Senegal mom,so khamoul sa bope,boule fa dem :sn:  :dedet: 

    Sinon :tala-sylla:  :tala-sylla:  :tala-sylla:  :tala-sylla:  :tala-sylla:  :tala-sylla:  :-D 
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