Barack Obama a prévenu, mardi 25 février, le président afghan Hamid Karzaï qu'il préparait un retrait militaire total d'Afghanistan fin 2014, tout en laissant ouverte la possibilité de signer un accord pour la présence américaine « plus tard cette année ».
Depuis des mois, M. Karzaï refuse de signer l'accord bilatéral de sécurité (BSA) encadrant une présence américaine dans son pays après la fin de la mission de l'Otan, prévue en décembre. Il veut laisser ce soin à son successeur, qui doit être élu lors des présidentielles d'avril.
Or le Pentagone a déjà assuré que les huit mois restant en 2014 après la présidentielle seraient insuffisants pour planifier le déploiement de quelque 15 000 soldats d'une force résiduelle. Selon le bureau de M. Karzaï, le dirigeant lui a répondu que les Afghans souhaitaient un tel accord, mais voulaient d'abord un processus de paix avec les talibans.
« Le président Obama a dit au président Karzaï que, puisqu'il avait montré qu'il était improbable qu'il signe l'accord, les Etats-Unis prenaient des mesures supplémentaires pour prévoir » un retrait total, a précisé la Maison Blanche. Le secrétaire à la défense, Chuck Hagel, a immédiatement indiqué qu'il avait donné des ordres pour organiser « un retrait en bon ordre si jamais les Etats-Unis ne conservent plus de soldats après 2014 ».
« L'OPTION ZÉRO »
Il s'agirait alors de « l'option zéro », qui ne laisserait plus aucun soldat américain dans le pays, treize ans après une intervention armée dans la foulée du 11 Septembre, destinée à déloger du pouvoir les talibans qui avaient offert un sanctuaire aux dirigeants d'Al-Qaïda, dont Oussama ben Laden.
Elle ouvrirait une période d'incertitude dans un pays toujours en proie aux attaques sanglantes et où le pouvoir central, très fragile, est porté à bout de bras par l'aide internationale, militaire ou civile. Le seul financement des 352 000 hommes des forces afghanes en 2013 a coûté 6,5 milliards de dollars, dont 5,7 milliards pris en charge par Washington.
Fin janvier, les Etats-Unis avaient 34 000 soldats en Afghanistan, les autres pays membres de la force internationale 19 000.
Une vaste majorité d'Afghans soutiennent leur gouvernement
Malgré le climat de violence et d'incertitude, marqué par l'élection présidentielle en avril et le retrait des troupes américaines, une vaste majorité d'Afghans ont confiance dans leur gouvernement et s'opposent au retour des talibans au pouvoir, selon un sondage réalisé par le bureau international d'étude spécialisé sur l'Afghanistan, ATR Consulting, et publié lundi aux Etats-Unis. 80 % des Afghans estiment que leur gouvernement maitrise la situation dans le pays, et autant font confiance à l'armée et la police, deux institutions refondues après la chute des talibans en 2001.
« Il y a ce discours très répandu au sujet de l'Afghanistan qui veut qu'aucun progrès n'a été enregistré sur les onze dernières années. Beaucoup de monde pense que le pays est sur le point de s'effondrer », a expliqué Lola Cecchinel, d'ATR Consulting. Mais l'étude montre au contraire un degré de confiance « extrêmement élevé » dans les institutions nationales. Seuls 12,7 % des Afghans (et 1,6 % des Afghanes) sont pour le retour des talibans et de leurs lois au pouvoir – avec néanmoins des différences régionales. Ainsi, près de trois quarts des Afghans du Nord estiment que leur vie s'est améliorée sur les dix dernières années, contre 29 % dans le Sud.
L'étude a été réalisée par des enquêteurs qui se sont entretenus en personne avec 3 308 Afghans et 1 180 Afghanes de toutes les tribus du pays entre septembre et octobre 2013.
1 Commentaires
Massoud Irak
En Février, 2014 (03:43 AM)Participer à la Discussion