Une semaine à peine après que la Hongrie a récupéré la présidence du Conseil de l’Union européenne, le Premier ministre Viktor Orbán s’est lancé dans une “Mission de paix 3.0" autoproclamée. Il a rendu visite au président ukrainien Zelensky, au président russe Poutine et, aujourd’hui, il est arrivé en Chine pour une rencontre surprise avec Xi Jinping. Dans les colonnes de HLN, le professeur de politique européenne Hendrik Vos (UGent) nous éclaire sur les ambitions du Premier ministre hongrois. “Il peut encore faire des frasques pendant les six prochains mois", analyse-t-il.
La rencontre de Viktor Orbán avec Xi Jinping ce lundi marque sa troisième visite à un chef d’État en une semaine. Les deux hommes profiteront de ce moment pour discuter de “questions d’intérêt mutuel”, selon le ministère chinois des Affaires étrangères. Cela inclut-il le soutien à la Russie dans la guerre en Ukraine?
“Le soutien à la Russie est assez explicite, mais il s’agira certainement d’évoquer un plan de paix plus général, même si cela semble un peu bateau. Les deux hommes discuteront de l’Ukraine, mais il y a aussi des liens économiques importants entre la Chine et la Hongrie. Alors que d’autres pays européens sont réticents à l’idée de faire affaire avec la Chine, Orbán, lui, n’y voit aucun problème.”
La Hongrie est désormais à la tête de la présidence du Conseil, cela fait-il d’Orbán le porte-parole de l’Union européenne?
“Non, il ne parle pas au nom de l’Europe et les opinions qu’il exprime ne sont pas celles de l’Union européenne. Viktor Orbán le dit d’ailleurs lui-même. Mais en même temps, la présidence du Conseil de l’UE le met naturellement sous les feux des projecteurs. Pour le monde extérieur, il y a donc une certaine ambiguïté: la Hongrie est présidente du Conseil, oui, mais Orbán ne parle pas en tant que président de l’UE. Le Premier ministre hongrois semble jouer de cette ambiguïté.”
L’Union européenne peut-elle défaire ou arrêter la présidence hongroise?
“Non, il n’y a pas d’accord sur ce point dans le traité de l’UE. Il ne parle pas au nom de l’Union européenne, donc il peut encore faire des frasques pendant les six mois de la présidence hongroise. Par exemple, il pourrait se rendre à Jérusalem pour s’immiscer dans la guerre à Gaza. Si Donald Trump redevient président des États-Unis, il n’attendra pas longtemps pour aller le féliciter. Même von der Leyen (présidente de la Commission européenne, ndlr) ne peut interdire son one-man-show. Le changement de présidence du Conseil n’est pas un exercice facile. Certains dirigeants vont choisir de le laisser faire et de ne pas créer de polémiques pour éviter d’attirer l’attention sur lui.”
Viktor Orbán qualifie sa visite à Xi Jinping de “mission de paix 3.0", après ses rencontres avec Zelensky et Poutine. Que veut-il dire par là?
“Ce qu’il proclame depuis un certain temps, à savoir que l’Ukraine ne doit pas être davantage armée par l’Occident, qu’il doit y avoir un cessez-le-feu et qu’à long terme, l’Ukraine devra céder une partie de son territoire. Ce faisant, il s’aligne fortement sur Poutine. Orbán recherche la paix, mais seulement aux conditions de Poutine.”
“L’objectif de ses visites est d’essayer de trouver un plan de paix, en profitant de sa nouvelle exposition grâce à la présidence du Conseil de l’UE. Il sait que cela n’aura pas d’effet immédiat, mais il espère faire bouger les choses sur le plan géopolitique. Il sait par exemple que Donald Trump, s’il revient à la Maison Blanche à la fin de l’année, est tout à fait sur la même ligne pour résoudre le conflit en Ukraine. On peut aussi penser que Viktor Orbán espérait une victoire de l’extrême droite aux législatives françaises. Mais de manière générale, le Premier ministre hongrois veut rejoindre une mouvance qui a le vent en poupe."
La rencontre de Viktor Orbán avec Xi Jinping ce lundi marque sa troisième visite à un chef d’État en une semaine. Les deux hommes profiteront de ce moment pour discuter de “questions d’intérêt mutuel”, selon le ministère chinois des Affaires étrangères. Cela inclut-il le soutien à la Russie dans la guerre en Ukraine?
“Le soutien à la Russie est assez explicite, mais il s’agira certainement d’évoquer un plan de paix plus général, même si cela semble un peu bateau. Les deux hommes discuteront de l’Ukraine, mais il y a aussi des liens économiques importants entre la Chine et la Hongrie. Alors que d’autres pays européens sont réticents à l’idée de faire affaire avec la Chine, Orbán, lui, n’y voit aucun problème.”
La Hongrie est désormais à la tête de la présidence du Conseil, cela fait-il d’Orbán le porte-parole de l’Union européenne?
“Non, il ne parle pas au nom de l’Europe et les opinions qu’il exprime ne sont pas celles de l’Union européenne. Viktor Orbán le dit d’ailleurs lui-même. Mais en même temps, la présidence du Conseil de l’UE le met naturellement sous les feux des projecteurs. Pour le monde extérieur, il y a donc une certaine ambiguïté: la Hongrie est présidente du Conseil, oui, mais Orbán ne parle pas en tant que président de l’UE. Le Premier ministre hongrois semble jouer de cette ambiguïté.”
L’Union européenne peut-elle défaire ou arrêter la présidence hongroise?
“Non, il n’y a pas d’accord sur ce point dans le traité de l’UE. Il ne parle pas au nom de l’Union européenne, donc il peut encore faire des frasques pendant les six mois de la présidence hongroise. Par exemple, il pourrait se rendre à Jérusalem pour s’immiscer dans la guerre à Gaza. Si Donald Trump redevient président des États-Unis, il n’attendra pas longtemps pour aller le féliciter. Même von der Leyen (présidente de la Commission européenne, ndlr) ne peut interdire son one-man-show. Le changement de présidence du Conseil n’est pas un exercice facile. Certains dirigeants vont choisir de le laisser faire et de ne pas créer de polémiques pour éviter d’attirer l’attention sur lui.”
Viktor Orbán qualifie sa visite à Xi Jinping de “mission de paix 3.0", après ses rencontres avec Zelensky et Poutine. Que veut-il dire par là?
“Ce qu’il proclame depuis un certain temps, à savoir que l’Ukraine ne doit pas être davantage armée par l’Occident, qu’il doit y avoir un cessez-le-feu et qu’à long terme, l’Ukraine devra céder une partie de son territoire. Ce faisant, il s’aligne fortement sur Poutine. Orbán recherche la paix, mais seulement aux conditions de Poutine.”
“L’objectif de ses visites est d’essayer de trouver un plan de paix, en profitant de sa nouvelle exposition grâce à la présidence du Conseil de l’UE. Il sait que cela n’aura pas d’effet immédiat, mais il espère faire bouger les choses sur le plan géopolitique. Il sait par exemple que Donald Trump, s’il revient à la Maison Blanche à la fin de l’année, est tout à fait sur la même ligne pour résoudre le conflit en Ukraine. On peut aussi penser que Viktor Orbán espérait une victoire de l’extrême droite aux législatives françaises. Mais de manière générale, le Premier ministre hongrois veut rejoindre une mouvance qui a le vent en poupe."
La semaine dernière, Orbán a rendu visite au président ukrainien Zelensky, bien qu’il soit un fervent partisan de la Russie et qu’il ait tenté à plusieurs reprises de contrecarrer l’aide européenne à l’Ukraine. Que sait-on de cette rencontre?
“Durant sa visite, il a de nouveau appelé à un cessez-le-feu. Viktor Orbán souhaite tout de même entretenir de bonnes relations avec l’Ukraine, car une minorité hongroise vit dans le pays. La défense de leurs intérêts était clairement à l’ordre du jour. Si l’Ukraine veut rejoindre l’Union européenne, elle doit respecter les intérêts des minorités. L’Union européenne fait également preuve d’une certaine sensibilité à l’égard des minorités et de la protection de leurs droits linguistiques."
Après que le Vlaams Belang et les nationalistes danois du Dansk Folkeparti ont rejoint la coalition de droite “Patriotes pour l’Europe” d’Orbán le week-end dernier, cette dernière gagne 23 sièges au Parlement européen. Peut-on dès lors s’attendre à une politique européenne plus à droite?
“Pas dans l’immédiat. Ce groupe deviendra probablement le troisième plus important, après les sociaux-démocrates et les démocrates-chrétiens, mais il n’a pas la majorité. De plus, cette coalition est composée de partis peu enclins au compromis. Or, c’est ce qu’il faut savoir faire pour élaborer une politique européenne: faire des compromis pour obtenir une majorité. Les partis qui forment les Patriotes pour l’Europe se placent en dehors du système, ce qui, d’une certaine manière, fait d’eux un poids mort au sein du Parlement européen. Ils renforceront la volonté de compromis des autres partis, mais il est peu probable qu’ils aient un impact direct sur la prise de décision. Des désaccords se font également entendre en interne. Par exemple, la Lega italienne veut plus d’argent pour l’Italie, mais le Vlaams Belang et le PVV de Geert Wilders refusent de payer pour les Italiens.”
“Durant sa visite, il a de nouveau appelé à un cessez-le-feu. Viktor Orbán souhaite tout de même entretenir de bonnes relations avec l’Ukraine, car une minorité hongroise vit dans le pays. La défense de leurs intérêts était clairement à l’ordre du jour. Si l’Ukraine veut rejoindre l’Union européenne, elle doit respecter les intérêts des minorités. L’Union européenne fait également preuve d’une certaine sensibilité à l’égard des minorités et de la protection de leurs droits linguistiques."
Après que le Vlaams Belang et les nationalistes danois du Dansk Folkeparti ont rejoint la coalition de droite “Patriotes pour l’Europe” d’Orbán le week-end dernier, cette dernière gagne 23 sièges au Parlement européen. Peut-on dès lors s’attendre à une politique européenne plus à droite?
“Pas dans l’immédiat. Ce groupe deviendra probablement le troisième plus important, après les sociaux-démocrates et les démocrates-chrétiens, mais il n’a pas la majorité. De plus, cette coalition est composée de partis peu enclins au compromis. Or, c’est ce qu’il faut savoir faire pour élaborer une politique européenne: faire des compromis pour obtenir une majorité. Les partis qui forment les Patriotes pour l’Europe se placent en dehors du système, ce qui, d’une certaine manière, fait d’eux un poids mort au sein du Parlement européen. Ils renforceront la volonté de compromis des autres partis, mais il est peu probable qu’ils aient un impact direct sur la prise de décision. Des désaccords se font également entendre en interne. Par exemple, la Lega italienne veut plus d’argent pour l’Italie, mais le Vlaams Belang et le PVV de Geert Wilders refusent de payer pour les Italiens.”
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