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REPORT DU SECOND TOUR DE LA PRESIDENTIELLE : La longue saga des dictatures

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REPORT DU SECOND TOUR DE LA PRESIDENTIELLE : La longue saga des dictatures

Le 2 octobre 1958 la Guinée accède à l’indépendance de manière historique en étant le seul pays de l’Afrique francophone a dire non à la communauté et à accéder à l’indépendance. Son bouillant syndicaliste Ahmed Sékou Touré, en devient le président à 36 ans. Une option lourde de conséquence et qui plombe l’envol de la jeune nation. A mesure que la peur d’un complot de la France grandit, le régime devient une dictature voyant derrière toute contestation la main de l’ancienne métropole. Plusieurs milliers de guinéens principalement les Peuls prennent le chemin de l’exil vers les pays frontaliers notamment le Sénégal et la Côte d’Ivoire

Après plus de 25 ans d’une dictature féroce, Sékou Touré meurt en 1984, laissant un pays complètement ruiné et pour éviter une continuation de la gestion clanique du pouvoir, une junte militaire évince le président de la transition, Louis Lansana Beavogui. Quelques semaines suffisent pour que le nouveau pouvoir militaire étale ses contradictions internes avec l’arrestation et l’exécution sans procès, pour tentative de Coup d’Etat, du colonel Diarra Traore. Du coup, le Général Lansana Conté donne la preuve par l’exemple d’une reproduction du système politique Sékou Touré qu’il est censé abolir.

Le sommet de la Baule intervient en 1992 et lie désormais l’aide au développement à la démocratisation, obligeant le régime guinéen à instaurer sans grande conviction le multipartisme. Une année plus tard en 1993, il organise des élections sur mesure qu’il emporte et récidive en 1998. Les circonstances jouent en sa faveur car les conflits de la Sierra Leone et du Libéria avec l’afflux des milliers de réfugiés et l’insécurité qui s’en suit lui permet de détourner l’opinion sur la situation intérieure chaotique.

Malade et pratiquement grabataire mais par crainte de conséquences fâcheuses de l’après pouvoir, Lansana Conté révise la Constitution pour pouvoir se présenter une troisième fois en décembre 2003 et laisse le système par des manœuvres politico administratives écarter l’opposition significative et le faire réélire à 95,63 %.

Le premier ministre François Lonsény Fall nommé par le président ne maitrise pas le système et profite d’un voyage à l’étranger pour démissionner, au prétexte que le Président n’accepte aucune initiative et bloque tout[]. Cellou Dalein Diallo qui le remplace n’aura pas plus de réussite et sera démis de ses fonctions en avril 2006.

Lobby familial

L’instabilité gouvernementale serait lié selon les observateurs au fait que le président est sous influence d’un fort lobby familial, clanique, financier et affairiste. Contesté de plus en plus ouvertement, le raz le bol contre le régime Conté se traduit en 2007 par une grève générale réprimée par la soldatesque. Pour stabiliser le pays et reprendre la situation, il trouve un compromis avec les syndicalistes et la société civile et nomme l’ancien secrétariat exécutif de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Lansana Kouyaté, au poste de Premier ministre. Ce dernier n’apportera pas les changements escomptés et est limogé un an plus tard et remplacé par un technocrate Ahmed Tidiane Souaré.

Quelques mois à peine, le temps qu’il fasse ses preuves, le Président Conté meurt et encore une junte, mais cette fois de jeunes officiers, excédés par la connivence des officiers supérieurs avec le régime, passent à l’offensive et prennent le pouvoir. Ils décrètent la dissolution du gouvernement ainsi que la suspension de la Constitution. Un jeune capitaine, Moussa Dadis Camara, porté, par tirage au sort dit-on, à la tête du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) devient le troisième président de la République de Guinée. Plein d’enthousiasme, il souligne que le nouveau régime est provisoire et qu’aucun membre de la junte ne se présentera aux élections présidentielles.

Sous la pression de jeunes officiers qui jugent l’élite militaire corrompue et responsable de la situation de déliquescence politique et institutionnelle, le capitaine Moussa Dadis Camara, dans un élan plus patriotique que politique, envisage de plus en plus de se présenter. Les partis politiques font cause commune et appuyés par des lobbies étrangers qui ne veulent pas entendre parler de régime militaire, multiplient les mouvements de protestation.]des

Une curieuse fusillade

Le 28 septembre 2009, la société civile et les partis politiques organisent une manifestation pour demander au capitaine Dadis Camara de respecter sa parole et de ne pas se présenter aux présidentielles. Une curieuse fusillade dont l’histoire démêlera les tenants et les aboutissants, fait plusieurs morts au stade du 28 septembre de Conakry où des hommes en tenue militaire, sous le prétexte que la foule était armée, ouvrent le feu.

La pression médiatique condamnant la fusillade crée les premières fissures au sein du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) et éclate le 3 décembre 2009 quand Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba, aide de camp du Président, tire à bout portant sur le capitaine Moussa Dadis Camara parce qu’il craignait d’être "lâché" par le président et livré à la justice internationale pour son rôle dans le massacre. Alors que le capitaine président est transféré dans un état lamentable au Maroc, Sékouba Konaté, discret numéro deux de la junte qui était à l’extérieur pour soins, rentre au pays pour assurer l’intérim.

Alors que les partisans de sa candidature l’attendaient à Conakry, le Capitaine Dadis Camara est envoyé au Burkina faso chez le médiateur Blaise Compaoré pour y continuer sa convalescence. Après plusieurs tractations, un accord a été obtenu ; le capitaine ayant accepté de céder la présidence de la transition à Sékouba Konaté et demandant aux guinéens de lui apporter leur soutien. L’accord stipule par ailleurs qu’un premier ministre issu des Forces Vives (Partis d’opposition, syndicats, société civile) devra être nommé pour former un gouvernement d’union nationale et conduire le pays vers des élections libres et transparentes dans les six mois à venir. En outre, il est souligné qu’aucun membre du gouvernement d’union nationale, de la junte, du Conseil National de la Transition et des Forces de Défense et de Sécurité ne peut se porter candidat aux élections.

Le doyen de l’opposition, Jean-Marie Doré, est nommé Premier ministre et Chef du gouvernement d’Union Nationale chargé d’organiser le scrutin. Le 7 mars dernier, le président de la transition Sékouba Konaté fixe par décret la date du premier tour de l’élection présidentielle et tient parole. Pour la première fois se déroule en Guinée une élection présidentielle dans la transparence où tous les candidats partent à chances égales.

Même si le second tour semble bloqué pour des raisons de politique politicienne, la nation a donné des éléments probants d’une capacité de maitrise du processus électoral comme dans beaucoup de pays de la sous-région.


 



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