Le mardi 3 juin, le Collège des juges d’instruction du Pool judiciaire financier (PJF) a décidé de maintenir Tahirou Sarr en détention, rejetant une nouvelle fois sa demande de liberté provisoire. Cette décision intervient malgré les garanties financières considérables apportées par la défense : plus de 31 milliards de francs CFA en caution immobilière et 11 milliards en numéraire déposés à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), rapporte L'Observateur.
Des garanties solides… mais jugées insuffisantes
Les avocats de Tahirou Sarr avaient pourtant obtenu, par ordonnance judiciaire, l’autorisation d’inscrire plusieurs hypothèques sur des biens appartenant à la société SOFTCO, à titre de garantie au profit de l’État. Trois biens immobiliers situés à Rufisque ont ainsi été hypothéqués pour un total de plus de 20 milliards de francs CFA, auxquels s’ajoute un dépôt en numéraire de 11 milliards, portant le total du cautionnement à plus de 31 milliards, rembobine la même source.
Le quotidien du Groupe futurs médias (Gfm) précise que ces démarches, renforcées par l'absence de contestation du ministère public et de l’Agent judiciaire de l’État (aucun recours déposé dans les délais impartis), laissaient entrevoir la possibilité d'une libération. L’un des avocats, Me Seydou Diagne, avait même sollicité une attestation de non-enrôlement d’un éventuel pourvoi en cassation, pour consolider la régularité de la procédure.
Une justice inflexible face à la gravité des faits
Mais pour les juges du PJF, ces garanties, aussi conséquentes soient-elles, ne peuvent occulter la gravité des faits reprochés. Dans l’arrêt n°21, mentionne le titre de Gfm, les magistrats justifient leur décision en affirmant que le maintien en détention de Tahirou Sarr est «utile et nécessaire», tant pour la conduite de l’enquête que pour la préservation de l’ordre public.
Selon L'Observateur, Tahirou Sarr serait au cœur d’un vaste système de détournement présumé de fonds publics, impliquant rachats de créances, sociétés écrans (comme SOFICO SA et GIS), et circuits financiers opaques. Un rapport accablant de la CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières) fait état de flux financiers massifs, sans base contractuelle claire, qui soulèvent de sérieux soupçons de blanchiment de capitaux.
Quatre risques évoqués par la justice
Les juges motivent leur refus de libération provisoire par quatre risques majeurs :
Dissimulation de preuves : la détention vise à empêcher l’accusé de faire disparaître ou de manipuler des éléments matériels encore accessibles, détaille L’Observateur.
Pression sur les témoins : des fonctionnaires du Trésor, dont les témoignages sont jugés cruciaux, pourraient être influencés ou intimidés en cas de remise en liberté.
Concertation frauduleuse : la justice redoute que l’accusé ne communique avec des complices potentiels, notamment des agents de l’État ou des responsables bancaires.
Trouble à l’ordre public : l’émotion suscitée par l’affaire est vive dans l’opinion. Une libération provisoire serait perçue comme un signal d’impunité dans une affaire de grande ampleur.
Une affaire aux ramifications complexes
Au cœur de cette affaire se trouve une mécanique financière sophistiquée, avec des chèques anonymes, des bons de caisse, et des circuits parallèles mêlant argent public et entreprises privées. Face à l’ampleur du préjudice estimé pour l’État et à la complexité des montages en jeu, L’Observateur souligne que la justice reste déterminée à conduire l’instruction avec rigueur, sans compromis.
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