La journaliste d’investigation Zeynab Sangaré a saisi le procureur de la République, ce jeudi, d’une plainte pour contrefaçon contre l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye. Elle l’accuse d’avoir plagié son livre L’Afrique en quête de souveraineté face aux opportunités des conflits de la géopolitique mondiale.
La plaignante déclare avoir finalisé l’ouvrage en janvier dernier, «après plusieurs années de recherches et de collaboration avec des professionnels du monde intellectuel et éditorial», reprend L’Observateur, qui évoque cette histoire dans son édition de ce vendredi. Le mis en cause a balayé les accusations.
La journaliste affirme avoir, au départ, sollicité Abdoul Mbaye pour signer la postface de son livre après qu’elle a obtenu l’engagement écrit du Premier ministre, Ousmane Sonko, d’être l’auteur de la préface. Zynab Sangaré souligne que le 10 avril, donc à la suite du bouclage de son casting, l’ancien chef du gouvernement lui adresse un courrier dans lequel il lui demande de prendre contact avec son conseiller à la Culture en louant son «engagement intellectuel remarquable».
Enthousiaste, selon la plaignante, Abdoul Mbaye fait plusieurs suggestions à la journaliste, notamment la version finale d’une préface- et non une postface comme retenu. «Tout bascule lors d’un dernier échange : Abdoul Mbaye aurait exprimé des réserves sur l’idée de voir son texte figurer en postface, évoquant même le risque d’un ‘plagiat’ inversé», rapporte L’Observateur.
Manifestement, les deux parties ne se sont pas accordés pour que le texte de l’ancien passe préface et non postface. Puisque deux jours après cet échange, selon la plaignante, le 2 juillet, l’ancien président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT) publie sur le site d’information Seneplus un texte portant le titre «L’Afrique en quête de souveraineté».
Pour Zeynab Sangaré, le plagiat est flagrant : elle affirme que le texte reprend «mot pour mot», le titre de son manuscrit et met en avant les idées qu’elle a développées dans son ouvrage. La journaliste pointe, deux jours après la publication du plagiat supposé, soit le 4 juillet, un «acte grave, injustifiable et profondément honteux». «Ce vol intellectuel est une gifle, non seulement à ma personne, mais à tous ceux qui défendent une Afrique libre, souveraine et debout», s’insurge-t-elle avant de saisir la justice deux semaines plus tard.
Le jour même où Zeynab Sangaré a qualifié sa publication d’«acte grave, injustifiable et profondément honteux», Abdoul Mbaye réagit par l’intermédiaire de Christophe Banko, directeur exécutif de l’ACT- l’ancien Premier ministre a quitté la direction de parti et a même rendu récemment le poste de président d’honneur dont il avait hérité à la suite de son départ.
Selon L’Observateur, Banko a déclaré qu’initialement, Abdoul Mbaye a été sollicité par la journaliste pour la préface de son livre. Puis, poursuit le collaborateur de l’ancien chef du gouvernement, Zeynab Sangaré serait revenue pour proposer que le texte soit déplacé en postface; une proposition qui n’a pas enchanté l’auteur, qui décide finalement de publier son texte sur Seneplus.
«Il reste maître de sa production intellectuelle», défend Banko. Qui rappelle, d’après L’Observateur, «que le manuscrit remis par Zeynab Sangaré ne comportait ‘ni pagination ni éléments formels de protection’, alors que le plagiat, en droit, nécessite la reproduction, identifiable de passages entiers».
La balle est dans le camp de la justice.
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