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Internet n’est pas fait pour le porno

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Internet n’est pas fait pour le porno
Plongée dans les eaux profondes d’Internet. Cette semaine, comment gouvernements et grandes plateformes veulent chasser la pornographie en ligne.

«L’Internet, c’est fait pour regarder du porno», chantaient les héros de la comédie musicale Avenue Q (2003). Le refrain, très populaire auprès des internautes de la première heure, sonne désormais comme une comptine d’un autre temps. Aujourd’hui, la guerre contre le porno fait rage sur le Web. Camgirls et camboys voient leur compte PayPal ou leurs cagnottes en ligne supprimés, alors qu’il s’agit souvent de leur seul moyen de rémunération. Des actrices X sont poursuivies par un mystérieux troll qui signale en masse leur compte Instagram jusqu’à ce qu’il disparaisse. En Australie, on réfléchit à utiliser la reconnaissance faciale – une technologie pourtant très critiquée - pour empêcher l’utilisation de sites pornographiques aux mineurs. 


Les internautes ont toujours cherché à regarder des contenus sexuels en ligne (règle 34 d’Internet : si cela existe, quelqu’un en a fait du porno). Mais ces derniers embarrassent les autorités comme les grands acteurs du Web. D’un côté, il y a les sites spécialisés, critiqués pour leur business trouble, leur collecte intensive de données, leurs contenus sexistes et violents. Des gouvernements tentent aujourd’hui de restreindre leur consultation, généralement au nom de la protection de l’enfance. La Grande-Bretagne a récemment dû abandonner son projet de forcer les citoyens à prouver leur âge, carte d’identité ou carte bancaire à l’appui, avant d’aller regarder du porno en ligne. L’initiative avait rencontré de multiples problèmes juridiques et techniques et suscité les vives protestations de plusieurs associations de protection de la vie privée et de la liberté d’expression. En France, Emmanuel Macron a annoncé fin 2019 que les opérateurs télécoms devraient vite trouver des «solutions robustes» pour empêcher la consultation de ce genre de contenus par des mineurs. Une loi serait envisagée dans le cas contraire, afin d’imposer un contrôle parental par défaut.

Des espaces pour d’autres sexualités

De l’autre côté de la barrière, il y a les sites et services grand public. Beaucoup choisissent de bannir complètement la pornographie, et plus globalement la nudité. Cela leur permet de régler plusieurs problèmes d’un coup : faire de leur site un lieu tout public, qui plaira à un maximum d’annonceurs, repérer plus facilement le spam (souvent associé à des images X) mais aussi lutter contre la pédopornographie ou le proxénétisme. Facebook, Instagram ou YouTube sont réputés pour leur modération sans pitié, jusqu’à l’absurde, des corps nus, celui des femmes en particulier. Interdiction d’y montrer ses tétons, sauf dans les (rares) cadres autorisés, comme les photos d’allaitement ou de mastectomie.

Mon eulogie pour le porno sur Tumblr. Le sexe est un élément essentiel à l’expérience humaine, et il est vital de lutter contre sa censure actuelle de nos vies en ligne. (Vex Ashley est réalisatrice de films pornographiques indépendants, NLDR)

Aujourd’hui, en dehors des sites pornographiques, les bastions du NSFW (Not Safe For Work, appellation donnée aux contenus qu’il vaut mieux ne pas consulter au travail) se font rares. Fin 2018, la plateforme de blogs Tumblr a annoncé qu’elle bannissait complètement les «contenus pour adultes». Pour beaucoup d’internautes, la décision était symbolique. Tumblr hébergeait un humour cru et ravageur, reliquat des débuts de la culture Web, mais surtout un espace d’expression libre pour les sexualités alternatives et LGBT, loin du machisme, et souvent de la violence, des sites pornographiques classiques. «[La fin du porno sur Tumblr] va tuer une petite partie d’Internet, mais qui avait beaucoup d’importance», écrivait la journaliste de Buzzfeed Katie Notopoulos. «Ce n’est pas le début de la fin du Web tel qu’on l’a connu. Cela a déjà commencé depuis longtemps. […] A un moment, nous allons nous réveiller, et réaliser que nos photos de la fac ont disparu, qu’on ne peut plus voir nos vieux posts Facebook, parce qu’on a supprimé notre compte. Et que, pire de tout, nous n’avons plus rien pour nous masturber.» L’Internet, c’est fait pour regretter le porno d’avant ?  


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