Passage de l’analogique au numérique : Le véritable enjeu ce n’est pas la guéguerre entre patrons de presse mais une véritable démocratisation de la télévision.J’ai lu avec attention la contribution du brillant journaliste Adama Sow sur le passage de l’analogique au numériqueque le Sénégalse doit impérativement de traverser au risque d’êtreà la bourre. Les cries d’orfraie n’y changerontabsolument rien, il va falloir s’adapter ou disparaître. L’enjeu fondamental de cette transition reste la démocratisation de l’audiovisuel et non pas une concentration de toute la chaîne,dela production à la diffusion,entre les mains d’une poignée de patrons de presse qui passent leur temps à se « savonner la planche » au détriment de la majorité des acteurs de l’audiovisuel. Je ne veux pas « jouer les cassandre » mais Le passage de l’analogique au numérique doit être un vecteur de création d’emploi mais surtout une occasion de démocratiser lesecteur de l’audiovisuel.La libéralisation de l’audiovisuel, amorcéepar le PrésidentAbdou Dioufvers les années 80,mais approfondie par le Président Abdoulaye Wadeen 2003,à travers l’autorisation de diffusion de chaines de télévisions privées, doitpermettre au PrésidentMacky Sall de réguler le secteur en érigeant des gardefouscontre un possible monopole de l’audiovisuel par un groupe de personnes ou de conglomérat de sociétés.Il urge de mettre en place des « quotas » de diffusions de contenusau risque de se faire submerger par des programmes venus d’ailleurs, c’est à dire de mettre en place une « exception culturelle sénégalaise »mais surtout de favoriser la création et la fabrication de programmes de qualité par des producteurs locaux. Cecien interdisantformellement aux chaines de télévisions la fabrications et la production de certains programmes de « stock »,tout en leur imposant de se concentrer plutôt dans les programmes de « flux » .Une mesure qui permettra à ces milliers de jeunes ,qui suent pour créer et produire des contenus thématiques ou de divertissement ,de pouvoir vivre dignement de leur art. Leconstat malheureux est que les télévisions achètent pour des miettes les productions audiovisuelles des jeunes producteurs sénégalais alors que ces mêmestélévisions acquièrent des droits de diffusion de programmes et contenus étrangers à coup de millions de francs CFA .C’est vrai, etil ne faut pas se voiler la face,le constat est que la majorité des productions audiovisuelles des jeunes sénégalais est de piètre qualité. Maisceci peut s’expliquerpar un manque de moyens de production mais surtout une exploitation éhontée de leur dur labeur par des chaines de télévision qui restent les seulesbénéficiairesde la production, del’édition et de la diffusionde contenus locaux qu’elles acquièrent souvent pour zéro franc. Dans les pays occidentaux, certaines sociétés de productions audiovisuelles à l’image de « ENDEMOL » en Europe ou de « WARNER » aux Etats Unis, ontsouvent des budgets qui dépassent de loin ceux de certaines télévisions.Le PrésidentMacky Sall, peut créer des milliers d’emploi dans le cadre du passage de l’analogique au numérique en régulant, nonen contrôlant, car cette époque est révolue, toute la chaine de production à l’image de la Franceet des Etats Unis oùla mise en placede sociétésde productions audiovisuelles apermis un développement fulgurant du secteur et la création de millions d’emploi direct ou périphérique.Juin 2015, date butoir de la transition vers le numérique, doit être une ère de démocratisation de la télévision en favorisant l’éclosion de chaine de télévisions thématiques mais surtout locales et associatives. Les fréquences de télévisions ne doiventsurtout plus être attribuéesen fonction des affinités politiques comme ce fut le cas avec le défunt régime du Président Abdoulaye Wade, époque oùla totalité des fréquences ont été attribuées à des politiciens proches du Parti Démocratique Sénégalais(PDS) .Le paradoxe estque ces heureux bénéficiairesn’ont jamais pu exploiter les fréquences qui leurs étaient attribuées,ce qui a eu pour conséquence une saturation de la bande de fréquence dans la capitale sénégalaise, audétriment de véritables promoteurs audiovisuels qui sont laissés sur la touche, faute d’étiquette politique.Le passage de l’analogique au numérique doit aussi être un formidable passage vers une plus grande professionnalisation du secteur audiovisuel.Pour imager un peucette transition, je dirais qu’avec le passage du numérique à l’analogique, on passe de l’ère du « prêt à porter » à l’ère du « sur mesure » .Ce qui veut dire que les sénégalais auront un large choix de programmes de qualité,les producteurs de contenus sénégalais auront aussi enfin l’occasion de « tirer leur épingle du jeu » .La conséquence de tout cela, est que les chainesde télévision, dansleur configuration actuelle,seront appelées àopérer leur mueou à disparaître.L’année prochaine, précisément au mois de juin 2015, une grande alternance va survenir dans le secteur audiovisuel, précisément la télévision car désormais le véritable patrondu Paysage Audiovisuel Sénégalais (PAS) ne sera plus le diffuseur mais le créateur de contenu c’est à dire les producteurs.D’oùla nécessité de permettre à ces milliers de jeunes artistes de la banlieue et du Sénégal profond de pouvoir bénéficier des retombées de ce passage de l’analogique au numérique en leur permettant de vendreà des prix raisonnables leurs productions (Théâtres, téléfilms ,documentaires, etc.) aux chaines de télévision diffuseur. Pour éviter que « la montagne n’accouche d’une souris », L’Etatdu Sénégal, à travers le Président Macky Sall ne doit pasaccepter qu’un secteur aussi prometteur en matière de création d’emploi soit à la merci d’une poignée de patrons de presse et d’homme d’affaires qui ont pour unique ambition de s’accaparer de toute la chaine de production audiovisuelle, ce qui serait un « véritable coup de Trafalgar »pour ces milliers de jeunes producteurs sénégalais qui attendent avec impatience les retombées du passage de l’analogique au numérique.Moustapha GAYEJournaliste -réalisateur
Auteur: webnews
Publié le: Vendredi 11 Juillet 2014
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