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Archives en péril

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Archives en péril

Il faut beaucoup d’ habileté créatrice pour modifier une fourgonnette de livraison-marchandise en “car rapide”-transport en commun, transformer boîtes de conserves,  cannettes de boisson en malles et mallettes. Par contre, préserver et  exploiter des acquis, en vue de leur évolution, semblent relever d’une autre aptitude ou d’un  concept  existentiel. Je sais, par exemple, que conserver les traces écrites d’ un vécu n’entre pas toujours  dans les préoccupations d’un pays de tradition orale comme le nôtre. Le cas échéant, la conservation de tels documents est souvent précaire parce que soumise à des aléas climatiques et/ou financiers.

Dans cet ordre d’idées, l’on peut regretter l’ inexistence presque totale de musées historiques chez nous. Ce qui fait qu’un cinéaste ou metteur, soucieux d’exactitude documentaire, aura beaucoup de peine à retrouver les accessoires authentiques (costumes et autres) de l’œuvre d’époque qu’il ambitionne de réaliser. Faute de mieux, l’artiste reconstituera, d’après récits et témoignages, les objets dont il a besoin. D’où l’importance de la conservation des documents d’un vécu.

C’est vous dire ma surprise -fort agréable-, en découvrant cette fabuleuse caverne que constituent les archives du quotidien national Le Soleil. J’étais en quête du matériau d’un cours-atelier à l' ENBA-ENSEA  (Ecole nationale des Beaux Arts/Ecole normale supérieure d'Education artistique). Aucun mot ne peut exprimer l' émotion qui m'a saisi en retrouvant les images d’un Sénégal qui ne ressemble en rien à celui d’aujourd’hui . Je revis le temps des ministres et hauts fonctionnaires sans embonpoint, celui également des rues propres et sans détours.

A cette époque, la transhumance était pastorale et non politique. Le temps où les hommes vieillissaient, mouraient avec leurs idées.

C’Était hier avec ses vérités infalsifiables étalées sur des milliers d’exemplaires reliés dans de gros registres qui n‘en peuvent mais… Presque quarante ans de vie socio-économiques, d’arts et lettres relatant des tranches de vie qui permettent de mesurer les avancées ou régressions  de notre pays. Je me suis alors demandé quel profit pouvait-on tirer de ces pages jaunies qui moisissent paisiblement ,malgré les soins touchants des préposés à leur conservation.

Mais comment redonner le printemps à ces feuilles d’automne? Electroniquement, ai-je songé! Le produit d’une  telle moisson servirait valablement de cursus obligatoire voire d’examen de [passage pour tout fonctionnaire appelé à exercer des fonctions gouvernementales. Les étudiants en  droit, sciences politiques, sociologie y feraient leurs humanités endogènes pour mieux préparer leur insertion dans  nos réalités. On aurait moins d’universitaires caquetants et déconnectés des populations. Ces pages défraîchies transférées sur de logiciels constitueraient une inestimable banque d’informations  susceptibles  d’éviter les  dérapages et erreurs de trajectoire qui nous perdent, chaque jour, un peu plus. Comme support pédagogique, du primaire au secondaire, je vois même que ces archives peuvent servir à illustrer des cours d’histoire, d’instruction civique et même de morale , en les rendant plus contemporains. “L’arbre ne s’élève que pour mieux enfoncer ses racines dans la terre nourricière” rappelait Birago Diop à ses deux filles.

 

Par frivolité ou esprit festif, nous avons tendance à ne porter attention et intérêt qu’à la nouveauté. Alors que sans le passé, il est impossible de décoder pleinement le présent et d’entreprendre l’avenir. La méconnaissance ou l’ignorance de son histoire conduit un peuple à vivre d’emprunts; c’est-à-dire à imiter et consommer sans discernement tout ce qui lui  vient de l’extérieur.

Sauver les archives du quotidien Le Soleil des aléas de sa conservation et des brouillards de l’oubli devient une impérieuse nécessité. J’ai appris, par ouï-dire, que l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) avait financé  l’informatisation complète des archives du quotidien gouvernemental mais que les fonds auraient été broutés par un ruminant de passage, le temps d’un sejour au pré. Il ne sert à rien de pleurer la dessus…“Béy wéyna mbuus”-l’animal n’y a pas laissé sa peau.

 

Espérons que le futur bienfaiteur de l‘astre national que je souhaite canadien procède comme Oncle Sam et le gouvernement britannique qui choisissent d’aider en nature plutôt qu’en espèces. Ne dit-on pas que “l’occasion fait le larron?”? Assurément!

 

Amadou Gueye Ngom

Critique social

 

PS

Vivement l’aube du jour qui mettra fin aux voyages interrégionaux pour le retrait simple d’un extrait de naissance simple ou d’une pièce d’identité.

 


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