Sylla Mougneul de son vrai nom Aliou Diankha est un homme passionné de la scène et du monde de la culture. Il s'est confié à Leral et lève un coin de voile sur sa carrière et sa complicité avec son "frère jumeau" Tonton Ada. Dans cet entretien exclusif, on découvre un homme plutôt serein, souriant, tout le contraire de l'homme "clown" qu'on a l’habitude d'entendre dans "Jalgati Xibaar" sur les ondes de la Rfm.
Sylla
mougneul comment vous présentez-vous ?
C’est difficile de vous dire qui je suis. Je m’appelle Aliou Diankha, mon nom
d’artiste c’est Sylla Mougneul, j’habite à Guédiéwaye. Vraiment je n’aime pas
trop parler de moi parce que je n'en ai pas l’habitude. On m'entend parler
rarement sur un médium à part la Rfm où je co-anime « Jalgati xibaar ». Mon
combat, c’est de faire de sorte que les gens sachent ce qui me motive mon
choix.
Vous animez une émission humoristique sur la
Rfm. Quel est le parcours qui vous amené à devenir ce que vous êtes aujourd’hui
?
En général, au Sénégal, les gens confondent les genres, parce que comme vous
venez de le dire beaucoup pensent que c’est de l’humour mais ce n’est pas de
l’humour que je fais, c’est plutôt de la satire. Je suis un satiriste. Satire
c’est par exemple traiter les maux de la société avec humour. On est un pont
entre les gouvernants et les gouvernés. Ceux qui sont au dessus parlent pour
que ceux qui sont en dessous sachent ce qui se passe. Déjà on ne m’entend
jamais parler de la vie privée d’une personne, je ne le fais pas parce que j’ai
ma vie privée mais je préfère me focaliser sur la vie publique. C'est-à-dire
tout ce qui concerne tout le monde et non ce qui concerne la personne en tant
que telle. Pour être plus précis, je préfère parler de la chose publique. C’est
ça en quelque sorte la satire. Dans l’art rien n’est gratuit même le regard ou
le silence doit dire quelque chose. J'évolue par rapport à ça, j’ai fait la
danse, le théâtre. Je suis un chorégraphe de profession, j’ai fait l’animation
culturelle. J’ai pratiqué tout ce qui est culture, sauf être artiste plasticien
et musicien instrumentiste mais tout le reste, je l’ai pratiqué. Par rapport à
cette expérience, à un moment donné, on a constaté qu’au Sénégal le spectacle
ne marche pas. Le théâtre que je fais c’est pour soulever les maux de la
société. Ce qu’on nous appris, c'est que l’art se résume en trois choses : «
l’art naît de lutte, vit de combat et meurt de liberté ». Donc je me suis dis
qu’il y a quelque chose que je devrais faire, c’est à dire lancer des messages,
mais pas dans des salles de spectacle surtout au Sénégal où le spectacle ne
marche pas. Je me suis dit qu’il faut aller vers un médium pour vulgariser les
messages que je veux transmettre. C’est en ce sens qu’on a créé la radio Oxygène.
Avant son démarrage, on a recruté des gens en faisant des tests avec une
journaliste canadienne. On était plus de 400 personnes. Elle nous a fait une
formation accélérée sur les métiers de la presse, particulièrement la radio. On
a finalement retenu un effectif de 20 personnes dont je faisais partie. Durant
la formation, chacun devait choisir le département qui lui convient mais moi,
je m’adaptais à tous les départements, parce que j’avais une culture générale,
un background. A un certain moment, la formatrice me demandait pourquoi je
posais pas de questions, je lui ai répondu que j’ai tout compris, parce que
tout ce que je sais sur les genres journalistiques, je l’ai appris dans le
théâtre. Ce sont juste les concepts qui diffèrent. Après le démarrage de la
radio, je m'étais dit qu'avec l’expérience que j’ai eue, est-ce qu’il n'était
pas temps pour moi d’apporter quelque chose de nouveau. C’est comme ça que
l’idée de "Dialgati xibar" est née à Oxygène, en 1999. Donc jusqu’au
moment où je vous parle, j’ai fait 13 ans de radio. En dehors de ça, j’étais le
chef de desk culture. Après je me suis dit qu’il faut un duo pour animer cette
émission, on m’a amené des artistes avec qui j’ai essayé quelques séances de
travail et ça n’a pas marché comme je le souhaitais. Finalement, on m’a
recommandé Tonton Ada. Quand il est venu, on a essayé et ça a marché et depuis
ce jour là c’est parti. Les gens se demandaient même si on pouvait tenir en
haleine les auditeurs pendant longtemps parce que si ça continue d’ici trois mois
ou plus ça n’accrochera personne.
D’où vient votre surnom Sylla Mougneul ?
Dans un premier temps, moi, je m'était dit que je m’appelle Aliou Diankha mais
j'ai décidé de changer de nom. Pour moi, tout ce que je devais dire ne devrait
m'impliquer personnellement, mais plutôt la société sénégalaise en général.
Puisque c'est à cette société que je m’adresse, je me suis dit qu’il faut que
je change de nom. C’est comme ça que l’idée du cousinage à plaisanterie m’est
venue. Vu que les personnes qui se nomment Sylla sont nos cousins à
plaisanterie, j’ai choisi ce nom en y ajoutant « Mougneul » qui peut signifier
tolérance, surtout avec la galère qui sévit dans le pays. Par ailleurs, si vous
perdez un parent on vous dit « mougneul », si quelqu’un vous fait du tort et
qu'on ne veut pas que vous soyez animé par l’esprit de vengeance, on vous dit «
mougneul ». Pour moi, ce terme relève d’une grande valeur.
Après Oxygène, comment vous avez atterri à la
Rfm ?
C’est en 2000 qu’on est arrivé à Walfadjri avant d'arrêter par la suite. Entre
temps, il y’avait la radio Rmd qui nous avait contactés, Rfm aussi mais on a
opté pour cette dernière. La raison de ce choix est que presque 80% des
employés de Rfm ce étaient des gens que j’avais côtoyé à Walf au moins 4 ans
parce que j’y avais fait cinq ans. Donc le choix a été vite fait et on a
continué jusqu’à présent.
Pour revenir un peu sur la satire, un satiriste c’est quelqu’un qui emprunte
l’humour pour faire passer la satire parce que la satire à elle seule c’est
difficile de la faire passer parce qu’elle est crue. Vous savez les Blancs,
quand ils s’intéressent à l’humour c’est juste pour déstresser. Mais nous qui
sommes dans des pays sous-développés, est-ce qu’on a droit à ça ? Je me suis
dit que par rapport au journal sérieux qu’on a l’habitude d’écouter avec toute
l’académie employée là-dessus, certains préfèrent ne pas l’écouter. je me suis
dit qu’on va faire un journal avec satire c'est-à-dire faire de la dérision en
informant mais pour que les gens puissent s’intéresser à ce qu’on dit il faut y
ajouter de l’humour. Parfois, on entend des gens dire que ces gars-là sont
cons. Pourtant, ce que nous relatons est vrai.
Expliquez nous un peu votre relation avec
Tonton Ada surtout votre complicité. Ne vous êtes vous jamais disputés?
Depuis qu’on s'est connu à Oxygène, il connait tout mon univers et vice versa.
Pour vous dire même l'un des ses fils porte mon prénom, il a huit ans
aujourd’hui. Il me tient au courant de tout ce qu’il entreprend et moi
pareillement. L’autre avantage de notre complicité est qu’on est tous les deux
des artistes. Vous savez, ce qui amène beaucoup de problèmes entre les
célébrités, surtout les artistes, ce sont les folies de grandeur. Nous, on
s’est dit qu’on est des artistes, et que ce n’est pas un choix qu’on nous a
imposé. Ce qui fait que c’est différent avec quelqu’un qui est surpris par le
succès. C'est le problème beaucoup d’artistes, parce qu’ils ne croyaient pas
qu’ils allaient atteindre un tel niveau de célébrité. Alors, quand ils
atteignent ce sommet, ils pensent que ce sont eux et personne d’autre qui en
est l'artisan. Nous en général, c’est ça notre chance. On a cette modestie, on
ne s’est jamais disputé mais dès fois on se dit la vérité si quelque chose
cloche. Parfois quelqu’un peut venir me dire des choses sur Tonton Ada. Si
c'est le cas, je n'hésite pas à l’appeler pour vérifier ce qu’il en est. Lui
également, en fait autant à mon sujet. Je le connais très bien et il me connaît
bien aussi, je sais ce qu’il est capable de faire ou de ne pas faire. En dehors
de l’antenne, on se voue un respect mutuel, on ne se regarde même pas dans les
yeux. Chacun est incapable de voir le blanc des yeux de l’autre. Toutefois,
quand on doit travailler, on se dit la vérité mais après ça on redevient comme
avant.
Peut-on dire que la comédie nourrit son homme
d’autant plus que vous êtes dans une radio très écoutée ?
Honnêtement, je rends grâce à Dieu, quoi qu'on dise. Mais, il faut dire qu'on
n’est pas des comédiens mais des artistes, un artiste c’est quelqu’un qui
s’adapte à toutes les circonstances, c’est ce que je fais. Ce que les gens
ignorent, c’est mille fois supérieur par rapport à ce que je fais et qu’ils
voient. Moi, je forme des gens en théâtre, en métiers de la culture et ce n’est
pas quelque chose que je dévoile publiquement. Aujourd’hui, Dieu a fait qu’on
fait partie des premiers artistes qu’on a embauchés dans un groupe de presse.
On n’est pas des contractuels ni des temporaires pour être plus clair. Nous
sommes embauchés à la Rfm.
Comment vivez-vous votre art ?
Je constitue deux personnages, il y a Sylla Mougneul personnage au moment
d’exercer le pourquoi de Sylla Mougneul, le pourquoi il le fait, mais en dehors
de ça, je redeviens Alou Diankha. Tout mon entourage, mes amis et tous ceux qui
se disent fans de moi, quand ils me voient pour la première fois, ce qui leur
vient à l'esprit, c' est si c’est réellement moi, ils n’arrivent pas à
comprendre que c'est moi qu’on écoute à la radio. C’est parce que je devient
différent. Quand je suis à l’antenne, j'explose, mais en dehors de ça je
redeviens une personne comme tout le monde. En dehors de l’art, on est comme le
mécanicien qui sort de son garage qui rentre chez lui et qui fait partie de la
société. A mes heures perdues si je veux, je peux aller faire la menuiserie
parce que je suis diplômé dans ce domaine, c’est ce que j’ai appris comme
premier métier. La chance que j’ai c'est d’exercer un métier qui est une
passion et grâce auquel je gagne ma vie.
Votre dernier mot ?
J’aimerai dire il faut qu’on reste nous-mêmes. Au temps, le cultivateur
travaillait la terre pour sa propre survie, mais quand la mondialisation est
venue, on a dit que le cultivateur ne doit pas uniquement s'occuper de sa
survie, il doit cultiver pour développer l’économie nationale afin de
participer à l’économie mondiale. Donc, il faut évoluer avec le temps, on a des
valeurs, il y a certaines qui nous sont propres c’est africain. Je pense qu’au
Sénégal, il y a trop d’hypocrisie dans la société. Il faut qu’on se
ressaisisse, surtout mes confrères artistes, parce que l’image qu’ils incarnent
est différente de ce qu'ils sont réellement. Alors qu’ils pensent aux fans qui
les copient et qui pensent que c’est cela la voie à suivre. Il doivent donc
faire de sorte leur image soit positive afin de servir de modèle.
Interview réalisée Par Cheikh Camara Coka
9 Commentaires
Kzl
En Mai, 2013 (23:39 PM)Boy Almadie
En Mai, 2013 (09:03 AM)Begue
En Mai, 2013 (12:53 PM)Londonaise
En Mai, 2013 (13:50 PM)Mar
En Mai, 2013 (14:46 PM)Ani
En Mai, 2013 (15:10 PM)Meuz
En Mai, 2013 (15:41 PM)Karamokho
En Mai, 2013 (17:02 PM)Le personnage de karamoko et tonton ada me tue.Je ne le rate pour rien au monde.Vous êtes tout simplement génial.
Pumpkin
En Décembre, 2014 (13:11 PM)Le générique "camarades, camarades, biss bou nguène ma falléé, dina lène défaral micro yo khamné, da ngay ngang rek, wakh bi démmm.... Way dégueul lii rek"!!!!
Le personage de Karamoko qu'il abrège en Karo aussi me fait rire. Mais le personage qui détient la palme de l'humour, c'est le jeune homme avec qui il y a toujours un dialogue de sourd. Sou koy wakh gouy gui, gosse bi naan dakkhar dja!!!
Noooooooon, trop drôle!!!!
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