Après avoir écouté Oustaz
Alioune Sall, dans « Waxtaanu Fajar » le 25 Mars dernier, sur Sud Fm, j’ai
eu froid dans le dos. L’émission portait sur la profanation
des lieux de culte et le fétichisme inconscient. Ce jour là, j’ai
appris, que par ignorance, un musulman parfois s’entoure d’objets
qui s’apparentent davantage au paganisme qu’à l’Islam.
A la Maternelle déjà, selon
Oustaz Sall « la confusion
prend racine lorsque l’enfant commence
à visualiser les dessins d’animaux personnifiés
sur les murs de son école ». Signes apparemment anodins mais lourds
de conséquences, car l’animal ne parle pas »
insiste le pédagogue qui enchaina sur les masques et statuettes intégrés
dans nos foyers. Hadith à l’appui, Oustaz rappela que le Prophète
(PSL) en rentrant d’un long voyage s’était mis dans une très
grande colère contre Aicha-Mère des croyantes en découvrant des sculptures
dans un débarras de la maison. « La fétichisation va plus loin »,
poursuit l’islamologue « non seulement avec ces signes païens
que sont les monuments érigés sur nos places publiques mais
également dans les mosquées où l’on trouve une panoplie de pendules
au dessus du minbar-niche d’où l’Imam adresse ses sermons…Certaines
de ces horloges sont si vétustes qu’il s’en trouva même une
« « sonnant La Marseillaise. L’hymne national français », ironise
Oustaz.
Pour sa part, le Grand Maodo
Mamadou Dia soutenait que le fétichisme se trouve dans la sublimation
de l’objet mais que la simple présence d’une œuvre sculptée,
d’un portrait, ne signifie pas forcément adoration. Les Chrétiens
ne toléreraient point -et à juste raison-que les images ou statues
de personnages bibliques soient assimilables à du fétichisme.
Le souci de ménager les susceptibilités
retint sans doute, Oustaz Sall de mentionner corne d’antilope, peau
d’hyène, dent de tigre et autres gris-gris en guise de talisman
aussi bien sous les boubous que derrière les cravates. Il n’a pas
évoqué, non plus, les gris-gris connus sous les noms de ndombos,
señoor ou autres laars
entourant biceps et pectoraux des lutteurs qui pourtant psalmodient
des formules coraniques dans leurs bakk-litanies. Syncrétisme religieux ? Des persifleurs
parlent d’Islam noir.
Le fétichisme renferme différentes
connotations qui peuvent être graduels. L’avènement Obama a engendré,
aux USA, le terme « Obamania », manie qui poussa
des américains à tatouer le nom de leur nouveau président sur les
joues ou fesses de leur nouveau-né. Ce fut
proche de la vénération. Or, de la vénération au culte, il n’y
a souvent qu’un tout petit pas vers la perversion. L’histoire contemporaine
en regorge d’exemples dont celui des suicides collectifs sur l’injonction
de gourous aussi malfaisants que Charles Manson aux Etats-Unis, Jim
Jones en Guyane, il y a trente ans.
Sommes à l’abri de tels
excès ? Toute monstruosité surgissant quelque part au monde renferme
une mise en garde au reste de l’humanité. Chez nous,
c’est juste le portait du leader religieux autour du cou ou de la
poitrine. Admiration ? Vénération ? Gage de protection ici bas
ou d’intercession dans l’au-delà? Pour toute réponse
Oustaz renvoie subtilement à la sourate 82 du Koran qui rappelle
ce jour « où
aucune âme ne pourra rien en faveur d’une autre… »
Dois-je en prendre acte et tempérer
ma conviction que l’enterrement dans le caveau familial anticipe une
réunion future ? Est-ce fétichisme que de croire en un cimetière antichambre
ou salle d’attente du Paradis ?
A dire vrai, Il n’est
guère aisé de prier en arabe, penser dans sa langue maternelle, se faire gouverner
en français, sans heurts ni confusion et en toute sérénité.
Amadou Gueye Ngom
Critique social
PS. Pourvu que les demandeurs de solutions n’en exigent point, cette fois-ci. Ce ne serait guère très malin.
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