Gallo Thiello, éleveur, comédien et animateur… : L’homme aux douze cordes à son arc

Qui n’a pas une fois, ri jusqu’aux éclats ou aux larmes en écoutant ou en regardant Gallo Thiello dans ses œuvres? C’est un «don de Dieu » chez le comédien. De plus, il est éleveur de moutons. Une activité qui lui rapporte gros. Mais, loin de s’arrêter là, Gallo Thiello est un animateur d’émissions. Un travail qu’il a commencé dans beaucoup des radios et télévisions avant de déposer récemment ses baluchons à Sen Tv et à Zik Fm. L’auteur de «Taxi arrête» et de «James Thiello» est un touche-à-tout.

Eleveur, il voulait devenir ; éleveur, il est. Mieux, il a en ajouté d’autres fonctions. Gallo Thiello est aussi un animateur doublé d’un comédien. Agé d’une quarantaine d’années, l’homme continue son chemin. Mais cette fois ci, sans tambour, ni trompette. «Je peux être dans d’autres domaines d’activités, mais je n’en dirais pas plus. Parlons juste de mon travail d’éleveur, de comédien et d’animateur à Sen tv et à Zik Fm», recadre dorénavant Gallo Thiello, dans un air taquin. Ce blagueur hors pair est une source inépuisable de plaisanteries. Et, il ne s’en cache pas pour autant. C’est inné en lui : un don de Dieu. « La comédie, je ne l’ai pas volée. Elle fait partie de moi. Je l’ai dans le mon sang», s’enorgueillit-t-il. Ainsi, il en fera son gagne-pain et un cheval de bataille pour se frayer un chemin dans le milieu du showbiz parsemé d’embûches. Un milieu où tous les coups sont permis. Qu’importe. Le natif de Niayes Thioker sait bien où poser les pieds. Mais, le comédien avait driblé ses concurrents. Gallo Thiello est issu d’une famille d’éleveurs. 

Des animaux, il yen avait à gogo chez ses grands-parents à Niayes Thioker.  Ses oncles élevaient des pigeons et des moutons. « Mon grand-père, Mame Doudou Diallo avait un enclos où on ne pouvait pas compter les moutons. Il vendait de bons béliers. Il y avait certains d’entre eux qu’on surnommait Coumba Louga ou Lok», dit-il. Cela a eu des conséquences négatives sur ses études. « J’ai arrêté très tôt les études, mais je ne regrette rien, car j’ai  reçu beaucoup de prières avec l’élevage des animaux», tente-t-il de se justifier.  Et, beaucoup d’hommes religieux ont prié pour l’animateur de Sen Tv.  Parmi eux, Seydi Djamil, Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh. Des cadeaux aussi, il en a eu. En 1985, Serigne Abdou Lahat Mbacké lui a offert la somme de 500 000 F CFA et un tissu en bazin. « Serigne Saliou Mbacké aussi a prié pour moi, parce que pendant des années, je vendais un mouton à une personnalité qui le lui donnait en cadeau. Je vendais aussi un mouton à Serigne Kosso Mbacké», renseigne le vendeur de moutons Vip.

« Allahou Akoubar ! Les moutons m’ont beaucoup donné »

En quittant la classe de Cm2, Gallo Thiello a déjà fait son choix. S’investir dans l’élevage des moutons et pigeons. Du coup, on le surnommait « Gallo pigeon ». C’est sa grand-mère Adja Rama Diallo qui lui donnera son fonds de commerce. A un  moment donné, le jeune garçon n’avait pas les moyens d’acheter un mouton et ne savait pas où les trouver. Elle lui en a acheté un, d’un montant de 3500 F CFA pour le démarrage de ses activités. « J’étais un petit bonhomme de bonne famille et j’étais l’ainé de mes parents.  Donc, ils m’ont soutenu  dans mes projets », rappelle Thiello bien moulé dans un pantalon jeans bleu, assorti d’une chemise blanche à longues manches, des chaussures mocassins, une torpédo vissée sur la tête, les lunettes bien ajustées sur le nez.  Sur chacun de ses deux poignets est accrochée une montre. Chose rare ! Au fur du temps, le «petit éleveur» devient grand. Et prend son destin en main. « Mais au début, c’était difficile du fait que j’ai touché à tout avant d’en arriver là où je suis aujourd’hui», susurre le plaisantin.  Par ailleurs, il déplore que le ministre de l’élevage ne vienne pas en aide aux éleveurs.

 D’abord, le passionné des animaux côtoie les cheveux en devenant entraineur de courses hippiques. En sus, il part apprendre le Coran à Macakoulibanta avant qu’il d’être « berger ».  « J’ai eu à garder des moutons, des chèvres et des taureaux et on ne me payait pas pour ce travail. Les gens me confiaient cela, car ils savent que je suis un spécialiste de ce domaine puisque c’est un don de Dieu», confesse l’animateur de Zik Fm. Ce don est allé jusque dans le sport. La preuve, étant président de l’Asc de Niayes Thioker, Gallo Thiello a redoré le blason de l’équipe de football de son quartier, qu’elle avait trouvée dans une situation difficile. Aujourd’hui, le comédien se réjouit de sa réussite dans l’élevage des moutons. « Je rends grâce à Dieu. Les moutons m’ont beaucoup donné. Allahouakoubar. On ne doit pas compter les animaux, mais j’en ai beaucoup», se contente-il de nous dire.

De 2svt à  Sen Tv en passant par la Rts1

Petit fils d’Omar Foutiyou Tall et d’Elhadji Malick Sy, Gallo Thiello est un artiste. Il a l’art dans le sang. «  Même ma façon de danser n’est pas la même que  chez les autres danseurs  et c’est le cas sur tout ce que je fais comme l’animation et la comédie, alors que je ne suis pas un griot, je suis toucouleur», indique-t-il sans sourciller. Il a commencé l’élevage en premier. Mais enfant, lui et sa bande de copains de quartier aimaient «déconner». Mieux, ils ne rataient jamais les Kassack (Ndlr : séances de chant et de danse en l’honneur des circoncis». 

Piqué par le virus de la musique, il entre sans tarder au Super Diamono d’Omar Pène, avant d’atterrir au Super Etoile de Youssou Ndour pour déposer ses baluchons à Lemzo Diamono de Lamine Faye. « Je n’ai pas quitté ces groupes par un coup de tête, c’était bien mûri. Je devais avoir moi aussi ma propre structure de musique et travailler pour mon propre compte». Et dans cette traversée, Gallo Thiello a sorti deux morceaux : « Taxi, arrête ! » et «James Thiello». Deux productions qui ont fait un tabac. Mais depuis, le comédien ne monte plus sur la scène musicale sénégalaise.  « Je suis toujours dans l’art, mais j’ai suspendu ces activités pour des raisons personnelles. Mais actuellement, je prépare des morceaux qui vont bientôt sortir sur le marché», révèle-t-il. Gallo Thiello a commencé l’animation et la comédie avant beaucoup de collègues. Ce faisant, il a  intégré la 2Stv et la Rts1 pour montrer ses talents avant de les quitter.  « Ce n’est pas que je ne peux pas rester longtemps dans une boite, mais je n’aime pas qu’on me marche sur les plates-bandes. Quand mon contrat était  terminé, j’ai quitté. En renouvelant, il n’y avait pas d’augmentation qui m’arrangeait. Et je suis allé vers ce qui m’intéressait. Je précise que je n’ai pas volé, ni menti, ni fait rien de méchant dans ces télévisons», déclare Thiello. 

Durant ce stand-by «voulu», Gallo Thiello a disparu du paysage médiatique sénégalais. « Les gens ne me voyaient pas souvent parce que je ne veux pas me faire voir à chaque fois», éclaire le vendeur de moutons Vip. Sa réapparition fut remarquable. Le comédien travaille à la nouvelle chaine de télé, la Sen tv, et à la Zik Fm du groupe Cd Media de Bougane Guèye Dany.  « Sen Tv est ma télé,  car le propriétaire est mon petit frère. Je l’ai connu depuis longtemps. Il a ouvert sa télé et m’a proposé un poste que j’ai accepté avec plaisir. Et depuis, on crève l’écran. Je suis aussi à la radio, car avant d’aller dans une autre radio, j’ai préféré rester dans le même groupe», a-t-il signifié. A propos de son émission jugée «originale», l’animateur s’enorgueillit et s’explique.  « Il faut toujours innover en sortant des sentiers battus. 

C’est ce qui fait la différence. Mon plus est que je sais communiquer avec les animaux, que ça soit un serpent, un lion, le singe, le lapin etc. Je peux caresser un lion, parce que nous sommes  des «Thiello mbarodi».  Marié et domicilié aux Maristes, Gallo Thiello se définit comme un musulman pratiquant et ne croit qu’au travail. En plus, « je ne rate aucune heure de prière. Je ne me mêle pas à ce qui ne me regarde pas. Je reste dans mon coin, c’est pourquoi ce n’est pas facile de me rencontrer. Je ne souhaite que la paix et avoir de l’argent pour subvenir aux besoins de ma famille», avance-t-il, chapelet à la main, en caressant son ventre bedonnant. Son ainé s’active dans l’élevage des moutons, tout comme lui. Les autres n’ont pas encore fait de choix. Toutefois, leur pape les prévient : « Je n’ai pas encore d’enfant dans le milieu médiatique et musical. C’est Dieu qui décide de leur avenir. Peut-être qu’ils peuvent devenir des comédiens comme moi, mais ce n’est pas facile de m’imiter». Un plaisantin à prendre au sérieux avec sa voix de stentor !

AWA FAYE 

Le Pays au Quotidien