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Passive culpabilité

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Passive culpabilité

Au regard de certains drames, il devient vital que le peuple acquiert le réflexe d’assigner les pouvoirs public en justice, que la presse s’évertue à soulever des interrogations qui vrillent les consciences.

- La fillette de douze ans mordue par une vipère et trimballée d’un  centre de santé à deux ou trois autres dépourvus de sérum antivenimeux meurt à son arrivée dans  l’hôpital Le Dantec.

- Trois talibés tués, quatre autres grièvement blessés par l’explosion accidentelle d’une grenade abandonnée sur un ancien site militaire.

- Un enfant de huit ans se noie dans  la cour d’une école sous les eaux de la dernière pluie, à quelques jours de la rentrée des classes.

Autant de négligences  fatales, sans suites… Ni médiatique ni judiciaire. Coupable passivité ? Dans des pays où les citoyens se sentent forts de leurs droits et imprégnés des devoirs de l’Etat, le maire de la commune, le gouverneur, un préfet seraient contraints à la démission voire poursuivis pour négligence criminelle.

Chez nous, hélas, on attribue ce genre de tragédies à la volonté divine («  ndogalu Yalla »). Quant à  entamer des recours en justice contre les pouvoirs publics, l’idée semble, à priori, aussi vaine que périlleuse. En fait, nos populations appréhendent faiblement les devoirs et obligations de l’Etat envers elles. Lacunes dont profitent des ministres et fonctionnaires sans scrupules pour brouiller les termes du contrat social, en présentant  tout maillon  de développement réalisé -dispensaire, forage, électrification-, comme une bonté résultant de  « la vision éclairée du chef de l’Etat» D’où l’empressement de ces laquais à inaugurer, poser une première pierre bien souvent destinée à l’oubli.

 C’est précisément par le suivi de ses scoops que la presse peut et doit assurer son rôle d’aiguilleur des consciences -je ne dis pas manipulateur- afin que jamais ne désorbite la notion de Gouvernement au service du peuple. Il lui appartient, également, de faire assimiler et intégrer les fondements d’une culture républicaine, d’indiquer les voies de recours aux familles des victimes voire suggérer des réflexes de défense. Notre presse, presque dans son ensemble, hélas, relate des scandales aussi révoltants les uns que les autres puis se tait courageusement. Coupables de ne pas oser… ?

L’autre jour, j’ai été sidéré de lire ces propos attribués au chef de l’Etat s’adressant à ses ouailles qui s’étripaient pour des questions de positionnement et de préséance sur des listes électorales : « Taisez-vous ! N’eût été ma magnanimité, vous tous devriez vous retrouver derrière les barreaux». Aucun commentaire n’a suivi une telle extravagance.

Comme quoi, certains  « eparpilleurs » de nouvelles- « taskati xibaar »- comme on les appelle si joliment en wolof, ne sont absolument pas des foudres de guerre. Un simple stagiaire,  devrait  conclure ce genre de reportage par au moins deux questions :

1) de quoi cette association de malfaiteurs a-t-elle pu se rendre coupable pour avoir une épée de Damoclès par-dessus le crâne ?

2) En vertu de quoi le président d’une république démocratique s’arrogerait-il le  droit de sursis ou d’écrou sur des citoyens, fussent-ils ses propres enfants ?

Et si ce journaliste n’est  pas culturellement indigent, on entrevoit sur un rétroviseur l’image de Nixon qui perdit le pouvoir pour ce délit que les Anglo Saxons désignent   par l’expression « obstruction of  justice. »

Durant cette campagne pour les élections locales, les réactions vigoureuses de protestation contre des autorités prouvent, s’il en était encore besoin, que le peuple sénégalais a suffisamment de ressources pour signifier à « sa » police, « ses » juges et magistrats que le Roi n’ est jamais ni parent ni allié sûrs : « Buur du mbokk » selon notre  Kocc national -plagié sans doute-par le Toubab Emile Chartier dit Alain : « Tout pouvoir est méchant dès qu'on le laisse faire; tout pouvoir est sage dès qu'il se sent jugé. »

Mon dernier mot ? Que point n’abuse cette démarche volontaire donnant l’impression d’aller dans tous les sens ! Y déceler plutôt  mon urgence frénétique à récupérer les tessons épars de la splendide mosaïque de notre Afrique d’antan afin de reconstituer la fresque disloquée du Sénégal de mes pères. Entende qui peut !

 

Amadou Gueye Ngom

Critique social



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