YVES NIANG, ARTISTE-CHANTEUR : «Ce sont de fausses allégations que de me comparer à un homo»

Qui est Yves Niang ? 
Je m’appelle Serigne Ibra Niang, je suis né au quartier Thieudème à Dakar, précisément à Sandaga. J’ai grandi à Pikine où j’ai passé toute mon enfance. C’est après qu’on m’a emmené à Louga où j’ai passé 4 ans à apprendre le Coran dans un daara. À mon retour à Pikine, je me suis lancé d’abord dans le métier de tailleur, comme apprenti dans l’atelier de mon père pour ensuite devenir plus tard marchand ambulant. Néanmoins, je fréquentais les ballets de Pikine où j’ai dansé pendant 4 ans. Car j’avais appris à danser à Louga. Entre-temps, avec l’effervescence des «simb» (Ndlr : séances de faux lion), j’ai fait la rencontre de Pape Ngom, un faux lion qui m’a fait découvrir ce milieu. J’ai alors commencé à chanter dans les cérémonies qu’il animait avec feu Ndongo Lo. 

Pourquoi vous surnomme-t-on Yves ? 
On m’a surnommé Yves parce que je faisais la danse américaine du «Funk» pendant les soirées culturelles. Au lieu de prononcer mon prénom qui est Ibra, les gens s’abstenaient et m’appelaient Yves tout simplement. 

Parlez-nous un peu de vos débuts dans le milieu de la musique ? 
Je peux dire que j’ai fait mes débuts dans le milieu de la musique quand j’ai commencé à fréquenter les baptêmes, les mariages, les cérémonies des circoncis, les soirées sénégalaises etc. Un jour, je suis allé voir Papa Faye du Lemzo Diamono pour qu’il me fasse une maquette de trois morceaux sous le rythme du tam-tam de Papa Ndiaye Guewel. C’est là que j’ai commencé à faire des prestations au Ravin night-club. Chaque jeudi, j’y animais des soirées sénégalaises avec Pape Ndiaye Guewel. J’allais aussi souvent au studio Xippi où j’ai fait la rencontre de Ndiaga Ndour, Bouba Ndour et Ngoné Ndour qui me faisaient de temps en autre entrer au studio. Un jour, ils m’ont téléphoné pour me dire que Youssou Ndour était en train de préparer un morceau où les jeunes talents seront conviés. J’ai donné mon accord et j’ai participé à la réalisation de ce morceau qui est titré «Birima». Mais c’est Talla Diagne qui a produit mon premier album. 

Pourquoi Talla Diagne et pas Jololi ? 
J’avais signé un contrat avec Jololi bien avant que Talla Diagne produise mon premier album. Mais, ils me faisaient beaucoup courir en ce temps-là. Finalement, il y a eu quelques tensions entre nous. Car je ne pouvais plus attendre, il fallait que mon album sorte coûte que coûte. Comme j’ai eu marre des va-et-vient, j’ai rompu le contrat pour aller signer avec Talla Diagne. 

Quelle était votre relation avec feu Ndongo Lo ? 
Ndongo et moi habitions dans le même quartier. Ndongo était un de mes fans, du temps où je faisais du «Funk». On se rencontrait aussi très souvent dans le dahira d’Alla Diop où l’on faisait les choristes chaque jeudi soir. Et c’est à ce moment qu’on a appris vraiment à se connaître. Et depuis lors, on allait chanter tous les deux dans les «simb». Et, la dernière fois qu’on s’est vus, c’était à l’inauguration de l’hôpital de Thiaroye. Il était déjà très malade et entre-temps son état s’était aggravé et on l’a hospitalisé. Mais là où il était, il m’était impossible de le voir. Je me contentais seulement des nouvelles que me donnait sa famille jusqu’au jour où l’on m’annonçât sa mort. Mais quelques jours auparavant, à sa sortie de l’hôpital, j’ai conversé avec lui au téléphone vers 1 heure du matin. 

On n’a pas l’habitude de vous voir sur scène. Est-ce par manque de public ? 
C’est juste que toute chose nécessite du travail. Je n’ai pas peur de jouer sur scène et des fans, je n’en manque pas. La preuve aujourd’hui (Ndlr : jeudi dernier), je dois animer une soirée. Actuellement, je suis en train de préparer un album qui me prend tout mon temps. En plus, les soirées et concerts ne rapportent plus comme avant et moi j’ai une famille à nourrir. 

Quel genre de relation entretenez-vous avec vos collègues artistes ? 
J’entretiens des relations de fraternité, basées sur le respect et la paix. J’ai eu à fréquenter beaucoup d’artistes, tels Abou Thioubalo, Pape Diouf, Secka, Moussa Traoré et d’autres grandes pointures. À voir mon nouvel album, vous verrez qu’il y a une participation massive des artistes. J’ai fait des duos dans cet album avec feu Ndèye Marie Ndiaye Gawlo, Pape Thiopet, entre autres. 

À propos de Pape Thiopet, à un moment donné, il y a eu quelques tensions entre vous. Pourquoi ? 
Je n’ai jamais eu de problème avec Pape Thiopet et Dieu m’en est témoin. C’était juste un petit malentendu entre nous, c’est tout. Je ne l’ai même pas côtoyé plus de 15 minutes. On se rencontrait seulement dans les soirées que Fallou Dieng organisait. Mais il est arrivé un jour à la télé en énumérant des noms d’artistes et il a cité mon nom pour des histoires que je ne saurais expliquer. Et cela m’a fait tellement mal. D’autant que lui et moi, on ne se connaissait pas du tout. Et il sait bel et bien qu’on a jamais eu de problèmes. Vu mon état d’esprit, j’ai fait des démarches et l’on a pu discuter et résoudre le problème avec l’aide de Jules Samb et de mon manager. Aujourd’hui, je l’ai invité dans mon nouvel album pour qu’on fasse un duo dans une de mes chansons qui porte le titre «Jamm». 

Quels sont les thèmes abordés dans cet album ? 
Cet album qui sortira avant la Tabaski parlera d'amour, de la lutte, de paix, mais aussi de la jalousie des femmes des musiciens. 

Vous affirmez donc que vos épouses sont jalouses ? 
Oui, nos épouses sont très jalouses. Parce qu’avec notre boulot, les filles nous courent derrière, nous autres musiciens. Il y a même des filles qui sont amoureuses de nous et d'autres nous envoient des messages à tout moment. Parfois, on reçoit même des coups de fil d’une femme tard dans la nuit. Et quelquefois, certaines viennent même jusque chez nous pour nous voir. Et tout ceci fait que nos femmes sont jalouses et c'est normal. 

Est-ce que cela vous est arrivé un jour d'être avec votre femme et qu’une fille vous appelle ? 
Un jour, j'ai fait l’erreur de ne pas éteindre mon portable avant d'aller dormir. Une fois couché, une fille qui était vraiment amoureuse de moi m'a appelé en me demandant où est-ce que je me trouvais et en disant que je lui manquais. J'étais embarrassé parce qu'il y avait ma femme à côté. Ce jour-là, elle était très fâchée. Et depuis ce jour, avant d'aller au lit, j'éteins d'abord mon portable. 

Est-ce que Yves Niang envisage de prendre une deuxième épouse ? 
Puisque je suis musulman, j'ai la possibilité d'épouser jusqu'à 4 femmes. Donc si Dieu le veut bien, je vais prendre une seconde femme. Cela fait partie de mes projets, mais je n'ai pas encore trouvé une fille qui me convienne. 

D'aucuns disent que Yves Niang s'habille comme une femme et certains vont même jusqu'à vous assimiler à un homosexuel. Que répondez-vous à ces accusations ? 
Je préfère ne pas entrer dans ce débat. Tout le monde sait que Yves Niang est un Baye Fall. Ce sont de fausses allégations que de me comparer à un homo. Je suis un artiste et je dois m’habiller en tant que tel. J’aime bien prendre soin de moi et je m’habille en circonstance. 

Comment voyez-vous ces jeunes qui sont en train de plonger dans l’homosexualité ou de se travestir ? 
Le Prophète (Psl) avait dit qu’il y aura un moment donné où l’on verrait beaucoup de changements et à ce moment, seul le Coran pourra nous guider. Il y a des choses dans lesquelles une personne issue d’une bonne famille ne doit pas s’aventurer. Le monde change et on s’approche de plus en plus de sa fin. Parce que toutes les bonnes personnes, notamment les guides religieux, sont parties rejoindre Dieu. Préparons-nous et faisons de bonnes actions. Qu’on ne se laisse pas divertir par les merveilles de la vie car les parents n’ont même plus le temps d’éduquer leurs enfants. 

Est-ce qu’il vous est arrivé de prendre des stupéfiants comme le font certains artistes pour être au top sur scène ? 
J’ai fumé de la cigarette en 1991, du temps où je faisais le show dans les manifestations culturelles, mais cela n’a duré qu’une année. J’ai arrêté parce que je pense qu’un artiste qui s’adonne à ce genre de chose pourrait être taxé plus tard de drogué, d’alcoolique et personne ne pourra dire le contraire. 

On a vu une photo de vous dans votre salon avec le président de la République. Etes-vous militant de son parti ? 
Non ! Vous savez, moi je ne fais pas de la politique. Parfois, on est obligé d’accompagner les politiciens pour animer leurs manifestations. C'est ce qui explique que vous voyez parfois les musiciens en compagnie des politiciens. C’est ce qui explique aussi cette photo avec le Président Abdoulaye Wade.