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Politique

ABDOULAYE MAKHTAR DIOP CANDIDAT MALHEUREUX À LA VILLE DE DAKAR « Le président de la République doit reconsidérer sa manière de gouverner »

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ABDOULAYE MAKHTAR DIOP CANDIDAT MALHEUREUX À LA VILLE DE DAKAR « Le président de la République doit reconsidérer sa manière de gouverner »

Il s’est présenté aux élections régionales et municipales sous sa propre bannière. À l’arrivée, les résultats ont été bien en deçà de ses attentes. Abdoulaye Makhtar Diop, candidat à la mairie de la ville s’est néanmoins félicité des suffrages importants engrangés par sa formation. En attendant les résultats définitifs de la commission de recensement des votes, le candidat des Socialistes unis pour la renaissance du Sénégal (Surs) livre sa lecture des consultations qui ont consacré la défaite de la coalition de la mouvance présidentielle. Il invite le chef de l’Etat et l’opposition à tirer les conséquences politiques. Aussi revient-il ici pour Sud Quotidien sur les urgences qui attendent la prochaine équipe municipale de la ville de Dakar. Entretien.

Les élections se sont achevées avec des résultats favorables à la coalition Benno Siggil Sénégal. En tant que candidat à la mairie de la ville de Dakar que pensez-vous du déroulement du scrutin du 22 mars dernier ?

En ce qui concerne mon parti d’abord, les résultats sont en deçà de mes attentes. Je pense que pour le Plateau comme pour la ville, beaucoup d’électeurs surtout d’électrices ont eu des problèmes d’identification de nos bulletins. D’autre part dans d’autres bureaux comme aux Hlm, les membres de bureau ont parfois exigé la suppression ou l’exclusion de mes listes sous le prétexte que je n’étais pas candidat dans l’arrondissement. Les préposés aux bureaux ne comprenaient pas les dispositions. J’ai eu à intervenir dans ces cas.

Pour ce qui concerne mon parti, il faut dire que je suis allé seul aux élections sans coalition face à l’appareil du Pds et de ses alliés, face à l’appareil du Ps, de l’Afp et tout. Je crois qu’en relativant les chiffres, même si on n’a pas gagné, on peut se féliciter que notre parti ait pu véritablement engranger des suffrages relativement importants. Cela c’est au niveau de mon parti, du Plateau et de la ville de Dakar en attendant que la commission de recensement me dise exactement sur l’étendue de la ville, le nombre de suffrage que j’ai pu engranger. La seconde lecture est nationale, il faut véritablement dire que le Président Wade, de par son implication, et j’avais déjà lancé l’avertissement bien avant l’ouverture de la campagne, ne devrait pas s’en mêler pour lui donner un caractère référendaire. Il l’a fait et il faut tirer la conclusion que la défaite de la coalition Sopi dans quasiment toutes les localités devient la défaite de son secrétaire général. Alors qu’en d’autres circonstances où il se serait exclu de la campagne, les responsables auraient pu être situé au niveau de la communauté rurale, de la ville où de la région. Il reste maintenant que c’est essayer d’évoquer des arguments d’ordre éthique et de morale politique que de demander au président de la République d’en tirer toutes les leçons comme certains le font. Mais du point de vue de la constitution, rien ne l’oblige à quitter le pouvoir.

L’intelligence politique qu’on lui suppose, si elle est restée intacte, doit lui amener à reconsidérer sa manière de gouverner mais également du choix des hommes et avoir une politique plus rigoureuse moins ostentatoire et qui prenne en charge la procuration des populations au niveau central. L’autre élément de sa gouvernance et l’incurie et l’impunité. Parce qu’il faut véritablement dire que les fautes cumulées au niveau des communautés rurales n’ont jamais été sanctionnées. Je crois que lui-même a eu à dire une fois au Méridien Président lorsqu’il recevait l’association des maires et des collectivités locales, si je voulais tous les maires seraient en prison. Quant un président de la République dit cela veut dire que c’est lui qui encourage l’impunité.

Vous déplorez un manque de volonté politique de sa part ?

Mais tout à fait. C’est évident et c’est cela qui a été sanctionné. Si chaque fois que des maires et des présidents de communautés rurales vendent des terrains, spolient les biens des gens, les biens de l’Etat, ils étaient sanctionnés. Si les organes de sanction n’étaient pas refrénés dans leur mission, la sanction électorale serait certainement moins forte. L’autre élément qu’il faudra tirer, je l’ai déjà dit, c’est le cumul des mandats. Le cumul de mandat entraîne un cumul de fautes. Un ministre qui est maire, les gens sanctionnent sa mauvaise gestion en tant que maire qu’en tant que ministre. C’est un ensemble de phénomènes qui doit amener le président de revoir sa manière de gouverner. L’autre élément est aussi extrêmement important, c’est ses rapports avec l’opposition. Dans ses rapports avec l’opposition, le président a tout subjectivisé. Il a ramené cela au niveau des personnes. Les gens ont pris cela en charge qui, pour défendre son leader, qui pour protéger l’homme sénégalais tout court. Parce qu’il y a des personnes victimes de brimades et cela la justice sociale ne l’accepte pas. C’est un ensemble de phénomènes qui ont concouru à cette défaite générale. Je crois que l’opposition en tirera la meilleure leçon qui est celle de l’unité pour aller au changement. Parce que si aujourd’hui l’on constate partout cette déferlante de Benno Siggil Sénégal c’est parce qu’ils ont pu se mettre autour d’une seule bannière.

Pourquoi avez-vous fait cavalier seul ?

J’ai fait cavalier seul car je dis qu’un parti ne peut toujours s’exclure de la compétition et se mettre dans les alliances. Vous avez des partis qui n’ont jamais été seuls aux élections depuis qu’ils ont été créés. C’est en cela que Jean Paul Diaz est un homme courageux. Qu’il compte 500 ou 600 voix, il se présentera toujours. Il y a beaucoup de partis qui sont dans la mouvance présidentielle et l’on ne sait pas ce qu’il pose. La deuxième chose est qu’en matière de coalition, j’ai une expérience surtout pour les élections locales. Aujourd’hui, pour les élections locales va se poser la bataille de la désignation des maires. J’avais bien dit, parlant de Benno Siggil Sénégal et de Dakar, que j’étais prêt à aller aux élections à la condition qu’ils me choisissent comme maire. Donc l’idée d’une coalition, je l’excluais pour ces élections locales parce que je voulais marquer pour mon parti son terrain. J’estime ensuite que les coalitions doivent se faire sur des bases claires et bien nettes. On va voir certainement beaucoup de tiraillements dans la semaine pour désigner les maires et les présidents de communautés rurales. Si vous prenez des villes comme Dakar il est certain que des partis n’accepteront pas sur 19 communes d’arrondissement que les neufs ou dix soient contrôlés par un seul parti. Je verrais mal le Ps accepter que l’Afp prenne 10 communes d’arrondissement et inversement l’Afp l’accepter. Tout cela va poser un problème de choix et je crois qu’ils vont en tirez la leçon.

Quelle est justement la place qui a été accordée aux programmes ?

Je ne peux pas dégrader le vote des Sénégalais pour dire que c’est un vote utile. Cela peut être un vote militant et que nous appelons un vote citoyen. Dire que le message est passé je ne peuvent pas l’affirmer compte tenu des résultats que j’ai engrangés. Mais en persistant et en persévérant j’arriverais à faire passer mon message. Pour ramener une réponse simple à une question simple, le vote était plutôt un vote sanction qu’un vote pour soutenir un programme et un projet politique. C’est une répétition de ce qui s’est passé en 2000. Les gens ont plus voté pour éliminer Diouf que pour un projet de Wade. Dans ces élections de mars 2009, on a plus sanctionné Wade qu’agréer le projet de Benno Siggil Sénégal. Qu’il s’agit de la ville de Dakar ou de communautés rurales il n’y a jamais eu de programmes. Ensuite ce qui montre un peu que le vote était un vote sanction c’est qu’il n’y a pas une cohérence générale dans Benno Siggil Sénégal. C’est-à-dire dans toute l’étendue du Sénégal si les mêmes partis s’étaient retrouvés il y aurait une cohérence. Parfois c’est sept partis d’autres fois c’est trois. C’est le cas de Dekkal Ngor qui est seul ici et avec Benno Siggil ailleurs.

Des observateurs ont aussi soulevé l’implication de Karim Wade qui a beaucoup pesé sur la balance est-ce votre avis ?

Cela entre dans le cadre de la sanction par ce que vous avez dans un vote ce que l’on appelle la fonction manifeste et la fonction latente. La fonction manifeste d’un vote est de dire que je veux nous élisons telle personne et la fonction latente c’est de sanctionner des projets. La fonction latente que nous pouvons compter ans ces élections du 22 mars, c’est le rejet de cette candidature cachée. Cela est donc à analyser.

C’est un projet que les Sénégalais n’acceptent pas. D’abord par tout l’artifice qui l’a entouré et ensuite par le mode de campagne dans un contexte qui est très attaché à des valeurs. C’est moins que le fils du président de la République mais la circonstance aggravante est que l’on ne peut pas prétendre diriger le Sénégal et ne pas pouvoir parler une des langues nationales. Il faut le dire car les gens se seraient compris comme en 1957où le gouverneur général se faisait interpréter par un laptot.

Mais en dehors de ces considérations politiques quelles sont selon vous, les urgences des populations de la ville de Dakar ?

Je l’ai dit lors de la campagne ; le premier problème c’est le budget. Le budget de la ville de Dakar est irréaliste. L’économie de ville de Dakar ne génère pas des ressources permettant d’avoir un budget de 32 milliards. C’est artificiel. Deuxième chose la ville de Dakar est très endettée. L’endettement de la ville de Dakar varie aujourd’hui entre 8 et 9 milliards de FCfa. La priorité avant l’exécution de n’importe quel programme c’est l’assainissement des finances municipales. La deuxième chose qui est très importante et c’est là où il y aura des couacs entre le pouvoir central et la mairie de Dakar.

C’est la participation de la mairie de Dakar au financement de la commune de Dakar. Il faut que les gens s’attendent à ce que le régime actuel ne leur facilite pas le fonctionnement. Cela veut dire qu’il faut avoir une équipe municipale très responsable et très courageuse pour aller vers une précision des limites institutionnelles entre les compétences de l’Etat et celles de la ville de Dakar. La troisième chose est que dans la ville de Dakar il est grand temps de délimiter les compétences des agences de l’Etat et de la ville. Quand je dis de l’Etat, je parle de conflit de compétences dans la ville.

Le président intervient dans la ville par le moyen de l’Anoci et d’autres agences qui sont rattachées à la présidence. L’Etat intervient, par l’intermédiaire du Premier ministre, du ministre de l’intérieur qui agit sur le gouverneur. Celui-ci agit sur la ville de Dakar. Dans la ville de Dakar, vous avez le préfet de département, les sous-préfets et 19 communes d’arrondissement dont la viabilité est à remettre à cause. Cela c’est l’analyse du technicien de la chose. Tous les échecs des communes d’arrondissement tiennent au fait qu’ils n’ont pas les moyens d’assurer un programme minimum. Je me rappelle bien la création de ces communes d’arrondissement. On a pensé un moment faire Dakar Plateau-Médina. Mais on est revenu là-dessus. Mais une commune comme la Médina, Gueule Tapée, Fass, Colobone ou une commune comme Mermoz, ce sont des communes qui n’ont pas de viabilité financière. Qu’est-ce que tu peux en faire avec un budget de 150 ou 200 millions. Les prochains enjeux du maire de Dakar et de son équipe est de revoir le découpage des communes d’arrondissement. Si on s’arrête à des considérations politiciennes, on les gardera. C’est comme les communes d’arrondissement qui ont été créées à Thiès alors que la mairie de la ville n’a pas assez de ressources. Ce sont des choses extrêmement sérieuses que je pose.

Et pour le citoyen lambda ?

Il ne faut pas avoir l’œil d’un Dakarois du Plateau. Il faut prendre la zone limite c’est-à-dire Parcelles assainies, Guédiawaye, Pikine, Camberène, Grand-Médine, Grand Yoff et Grand Médine qui sont des zones insécures et qui ne sont pas urbanisées. Même les Almadies où l’on voit ces palais extraordinaires mais traversées par des routes caillouteuses. Vous savez que toutes les Almadies sont bâties sur des fosses septiques. Quand vous prenez la zone captage sur l’autoroute, les immeubles sont non seulement sur des fosses septiques, mais risquent de polluer la zone de captage. Il faut revoir la sécurité physique, de la protection de l’intégrité et sanitaire. Les pollutions de la nappe sont réelles. C’est cela le rôle de la ville de Dakar. L’assainissement de ces zones de résidence pose problème.

Le problème du traitement des ordures, du marché Sandaga, et de ses environs, la mobilité urbaine n’est pas réglée. C’est une question fondamentale. L’Etat veut se substituer à la ville dans sa fonction de police administrative. Ce qui vient d’arriver à la mairie de Dakar devra être un moyen d’avoir une bonne gestion parce qu’il faut que la commune soit un contre-pouvoir aussi bien pour l’entretien de la petite et de la grande voirie. Parce que tout le monde sait qu’il y a des voies classées. Donc quand la ville concentre l’essentiel de ses efforts à l’aménagement cosmétique c’est-à-dire des ribambelles de lumière dans les grandes avenues alors qu’à Khar Yalla, à Niayes Thioker, à Thieudème les rues ne sont pas éclairées, c’est un problème qui se pose. Je pense que l’équipe municipale qui va arriver va avoir un plan non seulement d’électrification mais d’éclairage de Dakar. Nous avons un problème d’environnement, de sécurité et d’assainissement des quartiers.

Pour le citoyen en tant que père de famille, ce sont les établissements publics et scolaires dont l’entretien relève de la ville et d’avoir des postes de santé écran.

Des grands foyers de concentration comme Khar-Yalla, Grand Médine ou Hlm méritent véritablement d’avoir des postes avec un certain plateau médical.



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