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Politique

ABDOULAYE MAKHTAR DIOP, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU SURS : « Abdoulaye Wade doit constituer un gouvernement de réconciliation nationale »

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ABDOULAYE MAKHTAR DIOP, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU SURS : « Abdoulaye Wade doit constituer un gouvernement de réconciliation nationale »

Abdoulaye Makhtar Diop, le Secrétaire général du Surs, pense que le contexte actuel impose aux leaders politiques et aux autres forces vives de la nation d’alimenter la réflexion pour sortir le Sénégal de la crise. Il invite le président Wade à constituer un gouvernement regroupant toutes les sensibilités politiques en vue d’apaiser les tensions.

Quelle est la position de votre parti sur les relations entre l’Etat et les religions ?

On n’a pas jusqu’ici de problèmes entre l’Etat et les religions ou les sectes au Sénégal. Nous avons des problèmes de rapports entre les hommes du pouvoir et les hommes des sectes. L’Etat, en tant qu’incarnation de la nation sénégalaise, n’a jamais eu une opposition organisée avec les sectes ou les religions. Ce qui frappe aujourd’hui, au Sénégal, c’est un problème entre Abdoulaye Wade et les communautés religieuses. Ce n’est pas un problème entre l’Etat et la religion. Si c’était un problème entre l’Etat et la religion, j’aurais pris position pour l’Etat parce que je suis un républicain.

Au Sénégal, il faut régler définitivement le problème des rapports entre l’Exécutif, le Législatif et les différents secteurs du corps social et religieux. Toutes les frustrations que l’on constate sont nées de ce que l’on considère à tort ou à raison que l’Etat ne traite pas de manière égale les religions, les confréries et ceux qui les dirigent. Or, dans son organisation, son fonctionnement et ses règles d’administration, l’Etat est censé être à égale distance de tous ces pôles d’équilibre du pays.

Comment faire pour régler les rapports entre les hommes du pouvoir et les hommes de religion ?

Il faut régler le problème du protocole, c’est-à-dire de la représentation de l’Etat dans les différentes sortes de cérémonies. En dehors du président de la République, du Premier ministre, il faut que les ministres sachent où sont leurs interlocuteurs dans les différents domaines. Mais quand vous voyez des ministres d’Etat, des ministres faire des courbettes dans les cours des chefs religieux si tant est que ces attitudes traduisent le comportement d’hommes d’Etat. En fait, ce n’est pas l’Etat qui est à genoux mais c’est eux qui mettent l’Etat à genoux. Et l’on peut bien comprendre que le chef de l’Eglise estime qu’on ne lui marque pas suffisamment de respect. Ce qui n’est pas le cas. Il faut préciser que la laïcité ne veut pas dire que l’Etat ne doit pas s’impliquer pour aider, soutenir et développer les cultes. Il faut vraiment qu’on le comprenne. L’Etat ne doit pas mettre au pas les religions. Il doit faciliter la liberté d’expression, de culte et tout ce qui s’y attache mais également avoir une politique pour les aider. Pour cette raison, je pense qu’il est grand temps que l’Etat du Sénégal organise en son sein un ministère des affaires religieuses (Ndr : l’entretien a été réalisé avant la nomination de Monsieur Mamadou Bamba Ndiaye, ). On ne peut pas traiter une question aussi importante au sein d’un ministère des Collectivités locales. A l’époque coloniale, notamment à la Délégation dont le siège se trouvait à l’actuelle gouvernance de Dakar, il y avait un bureau des affaires religieuses. Aujourd’hui, ce sont les évènements qui, parfois, conditionnent le comportement d’un Etat. Un bureau des affaires religieuses ferait actuellement écran entre l’Etat et les communautés religieuses, organiserait, dans toutes les activités de l’Etat, une juste répartition des choses.

Quelles leçons tirez-vous de votre expérience à la tête d’un parti comme le Surs ?

Je tire de cette expérience beaucoup d’aspects positifs. Aujourd’hui, le contexte est tel que le système des alliances fausse et dissipe les principes, les règles éthiques, les idéologies et les programmes de sorte que nous perdons des références dans la conduite des affaires du pays. Je l’avais dit lors des élections municipales en soulignant la faute du ministre de l’Intérieur. On ne peut pas dans un même pays, pour les mêmes élections, autoriser des alliances et que les mêmes partis ne se retrouvent pas partout en alliance dans le Sénégal. L’alliance doit être constante, permanente et homogène. Dans le droit électoral sénégalais à construire, il faut régler ce problème. Quand en France, vous avez une alliance qui se présente à Paris et que celle-ci n’est pas la même partout, ce n’est plus une alliance.

Du point de vue politique, on ne peut pas bâtir une alliance sur des ressentiments, des passions ou des sentiments. Aujourd’hui, si vous prenez l’exemple de « Bennoo Siggil Sénégal », le ciment, c’est l’opposition à Wade sans programme politique défini, chacun gardant son programme, son idéologie, etc. C’est ce schéma qui a conduit le Sénégal à l’alternance en 2000. Le programme de l’alternance, c’était le départ du président Abdou Diouf. Aujourd’hui, on se trouve avec « Bennoo » qui s’est appuyé sur les Assises. Présentement, cette alliance semble oublier toutes les conclusions des Assises. Du côté de la coalition « Sopi », l’alliance est fondée sur des intérêts de partage de pouvoirs et de privilèges et non sur un programme politique.

Tirant les leçons de tout cela, j’ai préféré avec les membres de mon parti trouver une tribune pour, dans un débat démocratique, républicain ou même politique, avoir un point de vue qui n’est pas vicié par la discipline de parti ou d’alliance. Et j’en ai tiré des profits énormes. J’avais l’occasion, lors des élections municipales de Dakar, d’entrer dans des alliances. La critique disant qu’on ne pèse rien allait continuer parce qu’en dehors du Ps, de l’Afp, de l’Apr, les autres partis ne savent pas réellement leur poids. Mais le contexte du moment, la déterminante dans mon programme politique et dans ma démarche, c’est la liberté d’expression. Maintenant si par des convergences fondées sur l’intérêt essentiel du pays, nous trouvons des points d’articulation, il me sera très facile de me mouler dans un groupe qui a pour objectif de redresser le Sénégal.

Notez que depuis six mois, avec tous les problèmes que le Sénégal vit, les hommes politiques que nous sommes, à l’exception de quelques rares personnes, ne parlent que de candidature pour 2012, de code électoral, de succession de Wade. J’estime que c’est indécent. Si le calendrier républicain ne change pas, nous avons le temps d’en parler. Je suis toujours en attente d’une proposition d’alliance pour bâtir un programme pour le Sénégal de demain.

Lors du dernier congrès socialiste, vous étiez un invité de marque. Certains ont cru percevoir dans votre intervention la volonté de retourner dans les rangs de ce parti. Ce retour est-il dans l’ordre du possible ?

Cette perception est absolument correcte. A la rencontre de deux phénomènes volontaires, on ne peut pas parler de hasard. La première volonté est venue du Parti socialiste qui m’a invité de manière formelle à son Université. La seconde volonté, c’est d’avoir accepté d’y participer. Donc, c’est parce que j’étais mu par des ressorts précis que je suis allé et j’ai eu l’honneur de prendre la parole. Et la perception qu’on a de ma disposition à retourner dans la famille socialiste, c’est fondamentalement différent. Retourner au Ps suppose des préalables qu’on n’a pas encore posés.

Le Ps que je connais est un parti organisé qui a fini de faire son congrès, mis en place ses instances, arrêté son programme politique, signé la charte des Assises et est allé à « Bennoo ». Si je dois intégrer le Ps, cela signifie que j’accepte tout cela. Or, ce n’est pas le cas. Si du point de vue de la tactique politique « Bennoo » est une bonne chose, du point de vue des fondamentaux de la politique, j’ai des observations à faire. Si donc je dois retourner au Ps, il faut d’abord que cela soit dans son agenda parce que c’est le parti fort et à mon niveau je dois organiser au sein de mon parti des forces centripètes. Je suis plus proche de retourner dans la famille socialiste ou de rester tel que je suis actuellement. Si j’accepte de retourner au Ps comme par le par passé, tout ce qui sera arrêté en Comité central, en Conseil national, au Bureau politique m’engage et je ne pourrais pas m’en écarter.

Votre retour au Ps n’est pas donc à l’ordre du jour ?

Oui, si on veut donner à la formule son sens propre. Je n’ai pas senti un mouvement venant du Parti socialiste tirant les leçons de ma présence à cette Université. Formellement, le Ps ne m’a pas saisi et j’attends.

Et si vous devez retourner au Parti socialiste, peut-on avoir une idée des préalables ?

Non, je ne peux vous dire. C’est le Parti socialiste qui est le parti fort. J’ai été pendant longtemps au cœur de ce parti. Je connais bien comment celui-ci fonctionnait pour capter des ressources politiques en son sein. Dans un premier temps, c’est à ce parti de dire : « Abdoulaye Makhtar, nous voulons reconstruire la famille socialiste et que chacun garde son organisation ou alors nous estimons que les circonstances du moment sont telles qu’il nous faut faire l’économie de cette organisation satellitaire et faire directement la fusion ». Si le Ps me le demande, je dirai à quelles conditions. Est-ce que je serai le numéro quatre, six ? Dans quelles conditions entrerai-je dans les instances ? Est-ce par cooptation ? Si c’est le cas, j’aurai moins de légitimité que le moindre membre du Bureau politique qui a été élu par le congrès. Ou est-ce que je dois être coopté par le Secrétaire général du Ps ? Moi, avec mon passé au Ps, mon présent dans mon parti et les perspectives qui se dessinent pour tout le pays, est-ce que je peux aller dans un Parti socialiste autrement configuré et composé dans ses instances de direction et accepter d’être le vingt-cinquième ? C’est autant de questions que je me pose et que les journalistes qui m’interpellent sur cette question ne se posent pas. J’estime que même si je dois aller dans un autre parti comme l’Alliance des forces du progrès (Afp) de Moustatpha Niass ou autre, je crois que je dois avoir la prétention de ne pas m’asseoir sur les strapontins.

On voit bien que vous avez des conditions...

Attention, c’est vous qui dites que j’ai des conditions ! Personnellement, je n’en pose pas. Comprenez-moi bien ! (Rires)

Vous avez tantôt évoqué la question des coalitions au Sénégal. En résumé, quelles sont les forces et faiblesses de « Bennoo » et de « Sopi pour Demain » ?

Toutes les coalitions dans la conjoncture du moment, qui ne se préoccupent pas du pays, ont une faiblesse fondamentale. Je pense que la Coalition « Bennoo Siggil Sénégal », en tant qu’instrument politique, aurait dû porter les conclusions des Assises nationales dans ses différents secteurs et les proposer aux Sénégalais comme programme alternatif de gouvernement. Ils l’ont annoncé. Mais cela ne doit pas rester un vœu pieu. J’estime que les conclusions des Assises sont un programme fondamental pour le Sénégal mais également pour tout pays ayant la même structure économique et sociale que le nôtre. Autrement dit, tous les pays de la sous-région peuvent parfaitement bénéficier de ce travail d’experts, de techniciens, d’hommes politiques, de spécialistes des questions sociologiques, etc. Disons que les conclusions des Assises, pour moi, sont transdisciplinaires et c’est cela qui fait leur force.

Et quel serait son tendon d’Achille ?

La faiblesse de Bennoo est de suivre le président dans une campagne électorale anticipée. Aujourd’hui, les prémices de la question qui agite le pays étaient lancées depuis longtemps. Au-delà des Catholiques, on sait pertinemment qu’il y avait des germes de frustrations entre les sectes. Les Assises nationales ont tranché ces questions mais quelle partie de celles-ci mettre en avant ? On ne nous parle que de gouvernement de transition comme si les Assises n’ont traité que de cela. Tout le monde peut constater que depuis la publication des conclusions des Assises, les membres de Bennoo ne nous parlent que de la période de transition, de changement de régime, de changement constitutionnel. Personne ne nous parle de changement de la nomenclature budgétaire du Sénégal. Personne ne nous parle des fondamentaux économiques qu’il faut adapter. Personne ne nous parle de politique énergétique. Personne ne nous parle de l’organisation des rapports entre l’Etat et le culte religieux d’une manière générale. Personne ne nous parle des problèmes de santé. Personne ne nous parle, non plus, de la résolution des inondations, mais de la viabilisation des zones inondables au Sénégal. Voilà autant de questions fondamentales que Bennoo devait mettre en avant.

Que dire de la coalition « Sopi pour demain » ?

Pour ce qui concerne cette coalition, c’est encore plus grave. Nous sommes en 2009, autrement dit, deux ans après la réélection du président Wade. Normalement, Me Wade devait s’occuper de ce que l’on appelle aux Etats-Unis le « meal term » (le mi-mandat), faire son bilan et se projeter pour le reste du mandat et dire aux Sénégalais : « Voilà mon programme politique que j’avais annoncé en 2007 et que je vais conduire ». J’ai dit au président de la République, en une occasion solennelle, qu’il y a un temps pour la politique et un temps pour le pays. Et dans la conjoncture du moment, c’est le temps pour le pays qui doit prendre le pas sur le temps pour la politique. Nous n’avons pas le droit de courir derrière la carrière. Nous tous avons une obligation de courir derrière le prestige de notre pays.

Pensez-vous que la coalition « Bennoo » s’entendra sur une candidature unique ?

D’abord, je persiste à dire que même si le président Wade, pour calmer le jeu au sein de son parti, déclare sa candidature en 2012, Bennoo devait constater cette donnée fondamentale et l’intégrer dans sa démarche. Mieux, classer ce dossier. Revenant à votre question, je crois qu’il n’est pas besoin de jeter des cauris ou d’interroger les éperviers et les charognards, il n’y aura pas de candidat unique à « Bennoo ». Les documents que nous détenons le prouvent nettement. Aujourd’hui, la question n’est pas de savoir si « Bennoo » aura un candidat, mais de savoir si deux personnages du trio constitué par Macky Sall, Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niass sont prêts à s’aligner derrière le troisième. Cette question est très simple et ma réponse est non.

Même si l’intérêt supérieur du Sénégal l’exigeait, deux de ces trois leaders ne seraient-ils pas prêts à s’aligner derrière l’autre ?

L’intérêt supérieur du Sénégal, aujourd’hui, n’est pas de se présenter mais de participer à la réflexion à la gestion du pays. L’intérêt du Sénégal n’est pas immatériel mais il est question d’une forte personnalité pour le défendre. Or, il y a un traumatisme profond au sein de la coalition « Bennoo Siggil Sénégal ». Madior Diouf, Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily, Moustapha Niass et aujourd’hui Landing Savané ont tous accompagné Abdoulaye Wade en 2000.

Ce traumatisme reste profond et vous croyez qu’ils vont faire confiance à quelqu’un d’autre aussi facilement. Nous sommes en politique, ils craignent que ce qui leur est arrivé avec Wade, leur arrive avec un autre. Si par hasard, la candidature unique se réalisait et que Moustapha Niass ou Tanor devenait président, la première préoccupation de l’un ou de l’autre serait de renforcer sa formation politique, même si les gens avaient au préalable signé des accords de gouvernement. Vous croyez que si Ousmane Tanor Dieng devient président, il va laisser son parti mourir ? C’est tout le problème de Wade et de ces leaders. Ces derniers n’avaient pas intégré la donne de son parti au sein du pouvoir.

A vous suivre, on dirait qu’il n’y a pas aujourd’hui au Sénégal quelqu’un qui peut jouer le rôle de médiateur pour renouer le fil du dialogue ?

Le problème ne se pose pas en ces termes. Tous les hommes d’Etat parfaits, moulés et, qui, par expérience et par la proximité de l’exercice du pouvoir, ont ce profil, une fois aux affaires, forcément, conduisent l’Etat suivant des sensibilités qui leur sont personnelles. Quand on dit que le pouvoir corrompt et que le pouvoir absolu corrompt absolument, ce n’est pas la corruption de l’argent. C’est plus tard que toutes les sciences sociales ont démontré que c’est des corruptions de type psychologique et sociologique. La politique est intéressante parce que tu as la conscience de participer à la vie de ton pays et d’infléchir son destin dans un sens ou dans un autre. Si vous lisez en diagonale le livre « Habib Thiam, l’homme d’Etat », cela ne ressort pas. Cela veut dire qu’on vous dise que Habib Thiam et le président Abdou Diouf réfléchissent ensemble, décident et c’est seulement après que le président prend la décision qu’il veut ? Cela veut dire que sur une question, deux hommes d’Etat peuvent avoir des positions (ou oppositions) fondamentalement tranchées. Et quand ces positions sont partagées par les partis, c’est le clash. Les gens peuvent donc avoir l’aptitude et le profil pour être chef d’Etat mais la difficulté, c’est de dire moi, je vais faire en sorte que l’autre soit le président dans un contexte comme le Sénégal. Combien de ministres d’Etat, de Premiers ministres sortis de la Société civile apolitiques ont été nommés pour devenir après des hommes politiques.

Quelle est l’explication ?

L’explication, vous l’avez. Ce ne sont pas les avantages matériels. La différence entre un chef d’entreprise et un chef d’Etat ou de manière générale entre l’Etat et le secteur privé, c’est que, dans une entreprise, tous les jours, du 1er janvier au 31 décembre, vous faites la même chose. Quand vous êtes un armateur, tous les matins vous armez votre bateau pour aller pêcher. Mais un chef d’Etat, tous les jours, il fait quelque chose de différent. Il arrive un moment où vous sentez que vous êtes impliqué dans la vie de votre pays. Et, c’est ce qui fait que les gens s’attachent au pouvoir pour la capacité qu’ils ont de participer au développement de leur pays. Mais je parle de gens bien structurés qui ne sont pas à la remorque de l’Etat. Il arrive que les avantages et privilèges qui s’y attachent fassent parfois que certains sont prêts à sacrifier les principes d’éthique.

Dans Bennoo, presque tous les leaders ont un excellent Curriculum vitae. Ministre, Premier ministre et président de l’Assemblée nationale, Macky Sall a une brillante carrière pour son âge. Moustapha Niass, en plus de ses différentes fonctions au sommet de l’Etat, a un carnet d’adresses connu au plan international. Ousmane Tanor a été au cœur de l’Etat même s’il n’a pas été Premier ministre. Si vous approchez de manière superficielle le Cv de Ousmane Tanor Dieng, vous le classerez sixième et septième personnalité du point de vue du Cv. Mais du point de vue de la connaissance de l’Etat, particulièrement dans ses aspects sécuritaires, de défense, de prise en charge des phénomènes sociaux, religieux et dans les relations de l’Etat avec l’étranger, Ousmane Tanor occupe sans doute une place de choix. Sa seule faiblesse, c’est sur les aspects économiques, notamment de Finances publiques. Toujours est-il qu’on ne pourrait pas les départager sur la base de leur profil. La preuve, chacun d’eux cherche un arbitrage sur la base de la représentation. Ils peuvent avoir parfaitement conscience des intérêts du Sénégal mais ce sont les appareils de partis - comme celui du Ps que je connais bien - qui n’accepteront pas certaines concessions. Les leaders de « Bennoo » doivent avoir le courage de le dire ouvertement. J’estime même qu’il ne faut plus parler de candidature unique. Il y a environ 34 partis dans la coalition « Bennoo », mais il n’y a que trois candidats potentiels. Macky dit clairement qu’il est candidat. Il ne reste désormais que Niass et Tanor. C’est très simple, Ousmane dit je me présente ou je ne me présente pas, le problème est résolu. Ou Niass fait la même chose.

Il est donc temps que Niass et Tanor se prononcent sur leur candidature en 2012 ?

Il y va de l’intérêt de notre pays. S’ils se prononcent, cette parenthèse sera fermée. Et, le président de la République, les partis politiques alignés ou non alignés s’occuperont du Sénégal. Aujourd’hui, Abdoulaye Wade, en homme avisé, doit, dans ce contexte de tension sociale, constituer un gouvernement de réconciliation nationale. C’est ma conviction profonde. S’il ne le fait pas, il aura des problèmes pour les années à venir. Le président doit créer un ministère des Affaires religieuses et cela nous aidera non pas à avoir un dialogue politique mais un dialogue d’Etat au sein d’un gouvernement où des hommes responsables, posés, prennent en charge les questions d’intérêt national.

Vu que les positions semblent être tranchées, quelle devrait être la démarche du chef de l’Etat et le comportement des leaders politiques de l’opposition pour aboutir à ce gouvernement de réconciliation nationale ?

C’est la grande difficulté car dans notre pays, nous avons de plus en plus de peine à trouver des médiateurs politiques, même si je pense qu’un homme comme Diagna Ndiaye, président du Comité olympique, peut jouer ce rôle. Il a des affinités aussi bien avec les gens du pouvoir que de l’opposition. Du temps du président Abdou Diouf, quand le pays connaissait des crises, il y avait des hommes comme Famara Sagna (ndlr : ancien président du Conseil économique et social), Serigne Abdou Aziz Sy (ndlr : défunt Khalife général des Tidianes) qui, sans être politiques, intervenaient. Il y a d’autres hommes dont je ne citerais pas le nom. Je me pose la question de savoir qui au Sénégal est aujourd’hui capable de rapprocher les positions.

Avec tous les problèmes que le pays traverse, le président aurait pu faire appel à des gens comme Mamadou Lamine Loum (ndlr : ancien Premier ministre de 1998-2000) même s’il est apparenté socialiste. Même s’il ne le nomme pas ministre, il peut le prendre comme conseiller. A ce moment, est-ce qu’il aura le droit de dire au Sénégal : « Je n’accepte pas parce que c’est Wade ». On peut s’inspirer de ce qui se passe en France où le président Sarkozy a fait appel à des personnalités de Gauche ou encore des Etats-Unis. Nous sommes dans une situation exceptionnelle. Ce sont les évènements qui font les hommes d’Etat, comme disait le général de Gaule. Qu’il s’agisse de Wade ou des leaders de l’opposition, c’est le moment de prouver qu’ils sont des hommes d’Etat mus par les intérêts du Sénégal. Mais encore une fois, la clé de résolution de ces problèmes se trouve entre les mains du président de la République.


Propos recueillis par Mamadou GUEYE et Abdoulaye DIALLO



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