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Politique

Abdoulaye Wilane, chargé de communication du PS : « Nous voulons être révolutionnaires au sens senghorien du terme »

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Abdoulaye Wilane, chargé de communication du PS : « Nous voulons être révolutionnaires au sens senghorien du terme »

Il incarne aujourd’hui le nouveau leadership socialiste. Chez lui à Kaffrine, il a réussi une double alternance aussi bien dans le management du parti qu’au sein de la famille qui, tout le temps, a eu à assumer les responsabilités socialistes dans la capitale du Ndoucoumane.

Après 40 ans de gestion du pouvoir et 7 ans dans l’opposition, le Ps décide de placer son prochain congrès sous le sceau du nouvel envol. Fondamentalement, qu’est-ce qui va changer dans la marche du parti ?

Beaucoup de choses. Le Ps a traversé sept années de séjour dans l’opposition. Tout ce temps, nous sommes restés fidèles à nos convictions et aux valeurs de civilisation qui sont nôtres. Nous sommes restés loyaux à la République, au peuple sénégalais et à tous les acteurs politiques. Nous avons fait preuve de patience citoyenne en assumant, à chaque fois, nos responsabilités. Mais surtout, nous avons fait montre du sens de la pédagogie. Car, notre ligne politique tranche d’avec celle qu’on a connue en matière de style d’opposition. C’est-à-dire une opposition républicaine. Pour nous, la politique ne doit être empreinte de brutalité, de violence, de méchanceté. Nous ne sommes pas une opposition pyromane, crypto-personnelle ou cassandre. Nous avons une vision qui diffère avec celle incarnée par d’autres acteurs politiques. Et nous essayons de la décliner, de manière à convaincre les Sénégalais, sans les contraindre ; de manière à les rassurer pour les mobiliser. Pendant 7 ans, nous avons beaucoup résisté. Au lendemain du 19 mars 2000, le parti était donné pour mort. Seulement, c’est oublier que le Ps est un patrimoine national commun à tous les Sénégalais. Il nous fallait régler beaucoup de contradictions qu’on avait avec nous-mêmes, avec la société et les héritiers des pionniers qui avaient porté sur les fonts baptismaux l’ancrage du Ps dans les différents terroirs. Pendant que nous le faisions avec patience, détermination et quelque fois avec héroïsme, nous voyions nos rangs se dégarnir de quelques hommes et femmes qui pensaient assister à la fin de l’histoire pour eux. C’est parce que nous sommes restés fidèles à ce parti que nous nous réjouissions du parcours réalisé. De 2000 à 2007, nous avons réussi à réconcilier le parti avec lui-même. Aujourd’hui, nous donnons du temps à ceux qui sont partis de nos flancs ou à ceux qui ne sont pas encore d’accord pour qu’ils réfléchissent. Nous espérons qu’un jour viendra et chacun d’entre nous pourra faire son mea culpa pour que nous puissions nous retrouver à nouveau ensemble. Nous restons ouverts, tolérants et généreux. Nous savons que nul n’est parfait et qu’on peut se tromper d’analyse et, avec le temps, se remettre en cause. A chaque fois que nous parlons des transhumants, des dissidents, nous y mettons une dose d’humanisme. Ce qui est remarquable, c’est que tous ceux qui ont quitté le Ps de 1996 à 2000, ne sont pas capables de se retrouver ensemble. A l’évidence, cela laisse croire que ces gens n’ont pas quitté parce qu’ils avaient quelque chose en commun. Mais qu’ils pensaient que chacun avait le droit ou la possibilité de tenter sa chance avec Wade ou dans l’opposition actuelle. Et, malheureusement, Ousmane Tanor Dieng a été présenté, à tort, comme étant un facteur de division.

Mais, concrètement, à quoi renvoie ce nouvel élan ?

Le nouvel élan repose sur la préservation des acquis et la déclinaison de nouvelles perspectives qui peuvent améliorer notre pratique politique et notre image. Mais aussi qui peuvent enrichir les ambitions nouvelles que nous avons pour ce pays. Le nouvel élan, c’est la somme d’expériences de 2000 à 2007, en nous adossant sur ce qui a été vécu auparavant. Cela consacre un point de départ pour des horizons nouveaux et une ambition nouvelle pour ce pays.

Au lendemain des renouvellements des instances de base du parti, il y a eu un leadership émergent. Car, nous avons renouvelé le parti à 100 %. Dans les régions, vous verrez que le nouveau type de leaders qui dirigent le parti n’a rien à voir avec le profil des personnalités qui sont là-bas. Ces hommes neufs préservent l’unité et rassurent tout le monde.

A la limite, c’est un défi jeune qui s’est imposé au Ps ?

C’est un défi de régénérescence qu’il nous faut relever. De nouveaux bourgeons commencent à sortir ça et là. Si vous prenez l’exemple de la Casamance ; de Bignona à Oussouye en passant par Ziguinchor ; de Vélingara à Sédhiou en passant par Kolda, de nouveaux types de leaders émergent. Il en est de même à Dakar, à St-Louis ou encore à Podor et Matam. Dans chaque étape de la vie historique de ce pays, des hommes et des femmes ; des jeunes et des vieux, en phase avec les préoccupations de leurs contemporains, portant en bandoulière les combats millénaristes du parti, prennent en charge le destin du parti, l’organisent, l’animent et l’impulsent. Ensemble, nous faisons preuve de solidarité, de cohésion autour d’une équipe directionnelle qui, sans doute, verra le jour après le congrès. C’est avec ceux-là que nous allons à l’assaut du pouvoir, en espérant que nous pourrons être révolutionnaires au sens senghorien du terme. Cette révolution, nous voulons la décliner en nous adossant sur nos expériences du passé.

Est-ce que ce n’est pas l’émergence de ce nouveau type de leader qui a fait peur à certains barons qui ont préféré s’écarter de la gestion du parti ?

Non. Si vous prenez l’exemple de Linguère, Dr Daouda Sow est là, depuis Senghor. C’est encore lui le patron de la coordination départementale et de l’Union régionale. Voilà quelqu’un qui a été numéro 2 de l’Etat et qui a été éjecté de la présidence de l’Assemblée nationale dans des conditions de complot ; il n’a jamais quitté le pouvoir. C’est ce type de militant et de responsable qu’il nous faut. C’est-à-dire des hommes de convictions capables de générosité qui comprennent que, certes l’ambition est le moteur de l’histoire, mais l’ambition la plus mauvaise, c’est l’ambition crypto-personnelle ou l’ambition démesurée. Dans un pays comme le nôtre, avec ses réalités sociologiques, avoir une telle attitude doit élever un homme à un niveau de responsabilité, d’exemplarité qui devrait en faire une référence. C’est pourquoi dans le Ps, des hommes comme Daouda Sow, Cheikh Abdoul Khadre Cissokho ou du Conseil consultatif des sages, sont offerts en exemple aux jeunes générations.

Mais, est-ce à dire que la générosité des gens comme Daouda Sow, Cheikh Abdoul Khadre Cissokho a manqué à des gens comme Daouda Sow, Souty Touré ou Moustapha Kâ ?

Non, pas systématiquement. Vous savez, fondamentalement, Robert n’a jamais été inquiété depuis 2000 et jusqu’à nos jours dans son fief. Souvenez-vous que depuis 1978, Robert Sagna est aux responsabilités d’Etat. S’il est maire de Ziguinchor, il le doit au Ps. S’il a été porté aux responsabilités, quelles que soient ses valeurs intrinsèques, il le doit au Ps.

Malheureusement, la longévité ou le long séjour au pouvoir peuvent donner l’impression qu’on est né pour cela. J’espère que nos devanciers ont fait, humainement, ce qu’ils pouvaient en bien. Mais, il faut qu’ils sachent qu’à chacun son tour.

De toutes les façons, je ne désespère pas que l’ensemble des socialistes se retrouvent. Nous y travaillons patiemment et le nouvel élan, c’est surtout cela.

Est-ce que le nouvel élan, c’est aussi l’émergence de ce que Abdoulaye Elimane Kane appelle le Parti socialiste nouveau ?

Nous travaillons à avoir un parti qui doit être en phase avec les défis, les attentes et les enjeux de son temps. Un parti qui doit être capable de régler les problèmes de son temps en donnant des réponses concrètes et opérationnelles à hauteur d’homme. Oui, il a parlé de Parti socialiste moderne ; moi je parle de Parti socialiste nouveau. Nous allons à un congrès que tout le monde envisage comme un moment de joutes, de compétitions, d’empoignades. Certes, il y aura tout cela, mais le prochain congrès sera un congrès de débat où vont s’affronter des visions, des approches et des styles.

Et cela, malgré la candidature unique de Ousmane Tanor Dieng ?

La candidature de Ousmane Tanor Dieng est une candidature que nous aurions souhaité voir se confronter à d’autres. Malheureusement, les gens ont fuit le combat. Ils ont préféré la solution de la facilité en créant un parti. A côté de cette élection, nous allons discuter sur des questions importantes : qui sommes-nous ? Qu’est-ce qui nous attend ? Comment le faire et avec quoi ? Avec qui doit-on envisager l’avenir ?

Si 50 ans après, le Parti socialiste en vient à se poser des questions existentialistes, est-ce que la réflexion n’a pas fait défaut durant tout ce temps ?

Ces questions s’imposent à nous en raison, d’abord, du contexte historique. Depuis 7 ans, nous sommes dans l’opposition. Aujourd’hui, la régénérescence est en train de prendre forme. Mais, il faut convoquer l’histoire, interroger nos valeurs, notre identité en tant que socialiste. C’est la raison pour laquelle, nous parlons de débat d’idées. Il ne s’agit nullement d’un retard. Nous voulons faire dans ce que j’appelle, selon le terme de Sophocle, la prophétie. C’est-à-dire donner une réponse actuelle à des questions ultérieures.

Pour parler des assises nationales devenues aujourd’hui le cheval de bataille de l’opposition, comment pensez-vous, concrètement amener Me Wade au dialogue ?

En lui disant de manière claire et nette ce que nous visons par assises nationales et qui peut lui permettre de sortir par la grande porte. Il lui appartient de saisir cette opportunité, pas comme une bouée de sauvetage, mais comme perspective millénariste pour engager le pays dans une dynamique de transition encadrée. Le président de la République Abdoulaye Wade peut, en ce moment, mettre à contribution, toutes les forces vives de la nation.

Mais véritablement, à quoi renvoie ce concept de transition encadrée ? Est-ce une manière de précipiter le départ du président de la République ?

Non. Dans la vie, toute séquence est transitoire. Abdoulaye Wade est arrivé au pouvoir. Certes, il a de grandes ambitions, mais il lui manque beaucoup de choses dont un entourage expérimenté, désintéressé en termes d’avantages ou de revanche sociale. Il peut le trouver dans les autres segments de la société sénégalaise. Ce pays n’est pas seulement l’affaire des hommes politiques et des politiciens. C’est pourquoi, je suis très réconforté par l’écho de ces assises nationales. Car, quelle que part, il y a une inquiétude existentielle. Personne ne sait ce qui peut arriver demain. Les valeurs de civilisation qui faisaient l’exception sénégalaise sont en train de voler en éclats. Alors, il faut qu’on trouve le consensus indispensable sur la nature de nos institutions, la durée des mandats et les mesures opérationnelles. Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il faut parler d’une conférence nationale. Les contextes et les réalités ne sont pas les mêmes. Il y a beaucoup de choses à revoir dans ce pays. Ne minimisons pas les désaccords et les semblants de déviance. Aujourd’hui, le Sénégal est malade de ses élites, parce que nous ne prenons pas le temps de nous extraire des passions et des urgences. Les assises nationales peuvent être l’occasion d’une introspection générale ; d’un « ndeup* » national. Il faut que nos amis de la Cap 21 et du Pds arrêtent de jouer à se faire peur, en nous faisant peur. Il n’y a pas de mal à se parler. Il n’y a pas de mal à réfléchir ensemble, en partant de ce que nous devons immédiatement réformer.

Le fait d’être ensemble pour dialoguer nous donne un temps d’accalmie et cela pacifie l’espace social pour que le Président puisse continuer à travailler. Dans une démocratie, c’est une chance d’avoir une opposition qui vous fait de telles propositions. Se parler, c’est se comprendre, s’enrichir mutuellement. Le Sénégal est un pays de dialogue. Alors, en quoi ce dialogue peut-il menacer ce pays ?

Dans la perspective de 2012, pensez-vous que le Ps est prêt à revenir au pouvoir ?

On a toujours besoin d’être plus fort, plus unis, plus solidaire pour vivre dans une atmosphère de cohésion et de générosité ; où l’on privilégie les perspectives collectives en lieu et place des perspectives individuelles. Nous sommes prêts quel que soit le rendez-vous électoral à assumer avec d’autres, sur la base d’un programme que nous aurons ensemble défini après avoir échangé avec le maximum de Sénégalais et toutes les couches confondues. Nous sommes prêts à assumer le pouvoir. Car, les défis qui nous interpellent sont nombreux.

* une sorte de catharsis sociale



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