Affaire des chantiers de la Corniche : L'accusateur de Baldé serait-il un imposteur?

Le masque du ‘corbeau’ tombe. Pape Malick Ndiaye, selon le personnel administratif de l'université Robert Schumann, où il dit être régulièrement inscrit, et l'Amicale des étudiants et stagiaires sénégalais de Strasboug (Aesss), n'a jamais fréquenté ce haut lieu du savoir. Mais qui est alors cet homme qui a fait traverser une secousse tellurgique au Sénégal ?

Pape Malick Ndiaye, le ‘corbeau’, serait-il un gredin au service d'un groupe occulte ou un mythomane au talent de maître-chanteur ? Inconnu au bataillon avant qu'il ne tombe, tel un cheveu dans la soupe, dans les ‘chantiers de la corniche ouest’ pilotés par l'Agence nationale de l'Oci, les langues commencent à se délier à son sujet. Et c'est de l'université Robert Schumann de Strasbourg, où il dit être régulièrement inscrit, que des informations sont parvenues le concernant pour dire qu'il n'a jamais fréquenté ce haut lieu du savoir. En effet, selon une attestation parvenue, hier, à notre rédaction, signée de la main du responsable du service des enseignements et de la scolarité de ladite université, ‘Monsieur Pape Malick Ndiaye, né le 5 décembre 1982 à Dakar (Sénégal), n'est pas inscrit à l'université Robert Schumann’.

Emboitant le pas au personnel administratif de l'université, l'Amicale des étudiants et stagiaires sénégalais de Strasboug (Aesss), dans une attestation adressée au consul général du Sénégal en France, précise que Pape Malick Ndiaye n'est pas des leurs. Par la voix de sa présidente, Ndèye Fatou Diop, étudiante à l'université Marc Bloch de Strasbourg, l'Aesss ‘atteste sur l'honneur que le dénommé Pape Malick Ndiaye, né le 5 décembre 1982, se réclamant étudiant à l'université Robert Schumann, n'est pas membre de l'amicale’.

Voilà qui est clair. Le personnel administratif de l'université Robert Schumann tout comme l'Amicale des étudiants et stagiaires sénégalais de Strasboug (Aesss) ne veulent pas être mêlés dans l'affaire de pots-de-vin et de corruption agitée par Pape Malick Ndiaye et dans laquelle il met dans le cambouis Abdoulaye Baldé et d'autres hautes personnalités de l'Etat.

Alors qui est Pape Malick Ndiaye et quelles sont ses véritables motivations ? Depuis qu'il s'est révélé aux Sénégalais, à la faveur d'une lettre ouverte du Collectif de réflexion et d'action contre la corruption (Crac) dont il se dit membre, la République est comme traversée par une secousse tellurgique. Mais, une analyse lucide des actes qu'il a posés jusqu'ici, permet d'avoir une idée sur sa véritable identité et sur ses motivations.

Le caractère versatile de l'homme, par exemple, vient d'être mis à nu à la suite d'une volte-face digne d'un saltimbanque. Pape Malick Ndiaye s'est, en effet, épanché sur les ondes de certaines radios pour dire qu'il n'a jamais accordé d'interview à nos confrères de l'Observateur et que sa photo qui a été montrée dans ce journal, lui a été volée. Bande magnétique à la main, Serigne Saliou Samb qui a réalisé l'entretien, a débarqué dans notre rédaction, l'air tourneboulé, pour prouver que c'est bien avec Pape Malick Ndiaye qu'il s'est entretenu.

Mais, ce n'est pas le seul coup fourré dont le pseudo-étudiant est l'auteur. Il déclare avoir été exfiltré de la cellule de la police centrale par une haute autorité de l'Etat qui chercherait noise à Abdoulaye Baldé. Saugrenue que cette allégation. La police est l'endroit le plus sûr pour quelqu'un qui détient des preuves à même de bouleverser la République et non les rues de Dakar. Mais, la presse aidant, même le directeur exécutif de l'Anoci et Karim Wade ont mordu à l'hameçon en tentant de savoir qui est cette mystérieuse autorité. A la vérité, Pape Malick Ndiaye n'a jamais été extirpé des griffes de la police. Sa sortie du violon s'explique par le fait qu'il devait aller déférer à la convocation de la doyenne des juges. Et s'il a été placé sous contrôle judiciaire, c'est parce que le juge du premier cabinet a estimé, après avoir consulté son bulletin médical, que sa santé ne lui permet pas de supporter la rigueur carcérale. Cela relève des pouvoirs discrétionnaires du juge.

Touefois, cette affaire ne devrait pas finir en eau de boudin. Parce que les Sénégalais ont le droit de savoir la vérité.