IMAGES ET GRAFFITIS ... EN CAMPAGNE ELECTORALE : Les intellectuels plus critiques vis-à-vis du message des affiches
Les lendemains de campagne électorale inspirent souvent la communauté scientifique. Celle-ci fait un compte rendu de ces joutes à travers des études et des réflexions. L’une d’elles sur l’impact de l’image dans le choix électoral des Sénégalais, vient de voir le jour grâce au partenariat de deux associations.
Revoilà la campagne électorale ressuscitée ! Les bains de foule des leaders, les marches polychromes, des slogans apposés sur des pancartes et surtout la guerre des affiches que se livrent les parties adverses. Justement, ces affiches et graffitis grandement utilisés en pareille époque semblaient plus captiver l’attention du réalisateur. Ces images font partie d’une étude réalisée par le groupe « Image et vie » en partenariat avec l’agence de consulting Jokkoo sur leur impact dans l’intention de vote des sénégalais, en période de campagne électorale. Intitulée « Impact des images et graffitis de la campagne électorale présidentielle 2007 dans l’agglomération dakaroise », la restitution de cette étude a été faite hier à la Fondation Friedrich Ebert, en présence des représentants de partis politiques, de journalistes et spécialistes de la communication.
Dans le film, des spécialistes et des novices expriment des idées différentes sur l’importance des affiches sur l’intention de vote. Si les uns disent connaître déjà le candidat auquel ils vont apporter leur voix, les spécialistes comme le psycho-sociologue Moussa Mbaye sont d’avis que les affiches ont bel et bien pesé sur l’attitude et le comportement électoral des électeurs.
Ceci, en dehors des slogans et de la mobilisation des leaders d’opinion. Le film est aussi accompagné d’un document sur la même thématique. L’étude limitée dans quatre agglomérations dakaroises comme le Plateau, Pikine, Diamaguène et Keur Massar, s’est intéressée à l’âge, au sexe, au niveau de scolarité et à l’obédience religieuse des électeurs.
Dans sa présentation du document, le sociologue Djiby Diakhaté indique que l’attachement aux affiches est surtout lié au niveau de scolarité des individus. Selon lui, ces images utilisées à des fins de propagande politique ne semblent pas convaincre les intellectuels dans leur choix de vote. Aussi, pour M. Diakhaté, cette étude aura permis de voir un choix plus déterminant chez les personnes de confrérie mouride en voyant un de leur guide accompagner un des candidats.
Agressions quotidiennes de l’environnement
Dans la forme, cette étude s’est faite en s’appuyant sur la « méthode des panels » qui consiste à observer le comportement du potentiel électeur avant le scrutin et au moment de glisser celui-ci dans l’urne. Une classification des candidats faite à l’issu du premier panel aura permis d’avoir les mêmes résultats à la fin du scrutin. A l’exception notable de la troisième place donnée à Abdoulaye Bathily qui est finalement revenue à Ousmane Tanor Dieng. Au plan économique, cette confection des affiches et graffitis permet à plusieurs artistes, peintres et amateurs de rollers d’être en possession de plusieurs marchés lucratifs à bien des égards.
Si le mérite de ce travail a été de démontrer l’impact certain des images et des graffitis dans l’intention de vote des électeurs, il a aussi mis à nue l’agression de l’environnement pendant cette période de compétition électorale. En effet, dans cette course vers le palais, murs, chaussées, arrêts de bus, monuments et panneaux indicateur et signalisations subissent quotidiennement des agressions. De même, les propriétés individuelles ne sont guère épargnées par ce militantisme aveugle. Tout ceci se déroule, selon certains intervenants, dans le non-respect du code de l’environnement, pourtant en vigueur au Sénégal. Cette étude, faisant partie d’une des rares réflexions faites après une période de campagne électorale, est l’œuvre des groupes Image et vie et de l’agence Jokkoo. Par ce geste, ils démontrent un fait : l’image, tout comme la presse, a un rôle déterminant à jouer dans le processus de démocratisation et de développement.
Le financement des partis a une incidence
Le nombre d’affiches totalisées dans les zones concernées par l’étude a fait ressortir presque la même classification des candidats à la fin du scrutin. Si Abdoulaye Wade a réalisé 330 affiches, Idrissa Seck, son suivant immédiat en totalise 268 et Ousmane Tanor Dieng 212 portraits. Cela a permis de voir que le nombre d’affiches correspond au poids financier de chacun des candidats. Et selon Nicolas Ndiaye de la Ld/ Mpt, la quantité d’images qui a été déployée dépend des moyens de chacune des formations politiques. D’où le plaidoyer fait hier par les participants de faire du financement des partis politiques une préoccupation des leaders. Selon un des participants, il appartient à l’assemblée nationale de voter une loi sur la question en incitant toutes les formations politiques à adopter une certaine moralité et un financement clair.
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