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Politique

Ahmed Khalifa Niasse : « Depuis 20 ans le Sénégal n’a connu que deux leaders politiques ; le premier est un Wade et le second, un Wade »

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Ahmed Khalifa Niasse : « Depuis 20 ans le Sénégal n’a connu que deux leaders politiques ; le premier est un Wade et le second, un Wade »
 

Ahmed Khalifa Niasse : « Depuis 20 ans le Sénégal n’a connu que deux leaders politiques ; le premier est un Wade et le second aussi, un Wade »
Le leader du Fap rappelle avoir déjà prédit, il y a déjà trois ans, la succession de Wade par son fils. En oracle ou architecte politique comme il se définit, il revient encore, bille en tête, dire que : « Depuis 20 ans, le Sénégal n’a connu que deux leaders politiques ; le premier est un Wade et le second aussi, un Wade ». Sacré Ahmed Khalifa, que fait-il de Senghor et de Diouf et de tous les autres chefs de partis qui ont participé à la lutte pour la consolidation de la démocratie ?


Depuis un certain temps vous occupez le devant de la scène médiatique. Qu’est- ce qui est derrière cette propension à envahir les média ?

J’ai toujours été médiatique depuis plus de 30 ans. En 1979 déjà, j’ai été le seul Sénégalais à faire la Une du journal « Le Monde », du « Figaro », de « Jeune Afrique », les grands journaux chinois, japonais, … Ma photo a toujours fait le tour du monde. Rien que si vous tapez mon nom sur le moteur de recherche "Google", il vous donnera plus de 60 pages. Mon image est sur tous les plateaux de grandes télévisions du monde. La preuve, la chaine de télé Al- Jazira me courrait derrière depuis plus d’un an, mais à cause de mes activités, je n’ai pas pu être disponible pour répondre à leur sollicitation. C’est dire que mon long silence est dû à cela. Je suis tellement pris, tout le temps entre deux avions ; je ne pouvais pas répondre aux nombreuses sollicitations de la presse nationale et internationale. Actuellement, j’ai un peu de temps à consacrer aux journalistes pour les interviews. C’est ce qui explique mes nombreuses sorties. Sinon, il n’y a aucune motivation qui se cache derrière.

Il y a près de trois ans, vous parliez de Karim Wade comme potentiel successeur de son père, sur quoi vous basiez-vous pour le dire ?

La politique est une science qu’on enseigne dans les universités. Certes. Mais à travers des analyses, on peut également faire des prévisions. A vous-même, alors journaliste à L’Info 7 (Ndlr : il s’adresse à Alassane Diallo), à la veille de l’élection présidentielle de 2000, je disais que Me Wade allait être élu alors que la rumeur politique faisait de lui, un candidat agonisant, mourant..., à Paris. Ensuite, il y a trois ans seulement, je vous disais que Karim Wade peut succéder à son père. Et aujourd’huin c’est la Karimania. Cela signifie que je suis un architecte politique. Je sais dessiner la maison politique. La Karimania vient de corroborer ce que j’ai dit. Je ne suis pas un devin même si je suis petit-fils et fils de Khalife général. Je l’ai fait sur la base d’une analyse pertinente. L’avènement de Karim est accéléré par un phénomène dans lequel, il n’est pour rien.

Quelles sont donc les choses qui ont véritablement accéléré son avènement ?

Il y a fondamentalement la déliquescence de l’opposition et la sclérose de ces différents leaders qui manquent de stratégies et de tactiques. En effet, l’opposition non parlementaire, je dirai l’opposition extra-parlementaire (que l’on appelle par ailleurs "l’opposition significative", Ndlr) s’est fait hara-kiri, en boycottant les Législatives de 2007 et s’est extraite du parlement, lieu privilégié d’expression de toute opposition démocratique qui se respecte. Toutefois, cela s’explique par le traumatisme né de leurs résultats de la Présidentielle 2007. Idrissa Seck a eu 17%, et Abdoulaye Wade 54%. Ainsi, si l’on considère qu’Idrissa Seck est une émanation d’Abdoulaye Wade qui l’a soutenu et qui a financé sa campagne, l’on conclura que le candidat de la Coalition Sopi 2007 a obtenu 71 % des suffrages, alors que le reste de l’opposition historique n’a eu que 25%. Si on fait "le partage par tête de candidat" (c’est mon expression), chacun d’eux aurait 1,9%. Et cela, hormis Idy qui a, naturellement, un score Wadiste.

Wade a financé Idy ?

Oui. D’ailleurs, Wade disait toujours qu’il y a deux façons de se réclamer de lui dont l’une est de le contester. En le contestant, Idy son fils politique et spirituel se réclamait de lui. Il montrait qu’il était son disciple. Tout cela, pour dire que c’est Abdoulaye Wade qui maîtrise le jeu politique du côté du pouvoir comme de l’opposition. D’ailleurs, il s’est même payé le luxe d’expurger le trop plein de son parti dans l’opposition pour la maitriser davantage. Ce fut d’abord avec Idy. Ensuite avec Macky. D’ailleurs, Macky Sall n’est que le remake d’Idrissa Seck. Car voila curieusement qu’aujourd’hui, l’opposition se regroupe autour de Macky Sall comme un corps sans tête et qui la cherche à l’image des mouvements convulsifs d’un coq égorgé. Et ces têtes ne sont qu’Idy et Macky.

Pourquoi dites-vous cela ?

Je veux dire que ce sont les anciens directeurs de campagne du candidat Wade qui deviennent des chefs de l’opposition. Ce qui m’amène à dire que, depuis plus de 20 ans, le Sénégal n’a connu que deux leaders politiques. Le premier est un Wade et le second, aussi, un Wade !

Que faîtes vous de Senghor, Diouf... ?

Je m’explique. Si on commence par François Carpot élu pour la prospérité du négoce des Français à Saint-Louis, Blaise Diagne inconnu des Sénégalais. Idem pour Lamine Guèye mis à la tête de la Sfio, mais par défaut et simplement parce que seul avocat noir Soudano-Sahélien de l’époque. Il n’était même pas Sénégalais, mais un Malien, lui aussi inconnu des Sénégalais. Senghor n’avait pas d’ambition politique. On l’avait mis simplement pour la photo. Il a été imposé, n’était là que comme une photo pour les autorités françaises. Tandis que Diouf n’est rien d’autre qu’une émanation de Senghor à la faveur de l’article 35 de la Constitution. D’ailleurs, ce poste était prévu pour Cheikh Fall, ancien Pdg de Air Afrique. Tous les autres n’étaient là que pour cirer les tables. Tout le contraire d’Abdoulaye Wade qui est monté sur l’"Empire State Bulding" (Ndlr : L’Empire State Building est un gratte-ciel de style Art déco, sis sur l’île de Manhattan, à New York. Il est situé dans le quartier de Midtown au 350 de la 5ème Avenue, entre les 33e et 34e rues. Inauguré le 1er mai 1931, il mesure 381 mètres (448,7 avec l’antenne) et compte 102 étages. Il est actuellement le plus grand immeuble de New York). Et s’il vous plaît, Wade l’a fait en prenant les escaliers et non l’ascenseur. Wade est le seul leader politique qui a carburé (Ahmed Khalifa Niasse veut dire "endurant" voire "stoïque". Il a dessiné et conçu sa maison politique. Il s’est préparé depuis l’étape de la quête du savoir, en brillant par ses résultats, le nombre de diplômes post-universitaires qu’il a (19 au total) frise le scandale et c’est dans des domaines aux antipodes les uns des autres, tels la psychologie, les mathématiques, le droit et l’économie. Deuxièmement, il s’est donné le temps d’arpenter la chose politique. Plus de vingt ans. Quelle patience ! Quelle ingéniosité !

Contrairement à vous, certains pourraient s’écrier : que d’échecs essuyés par Wade !

La réussite est la résultante des sommes d’échecs et des réussites. Wade a réussi en y mettant sa fortune. Il est le premier propriétaire foncier du Sénégal. Il a financé son parti par des biens mobiliers. C’est cela un leader. Contrairement à d’autres qui se suffisent de simples nominations et qui justifient leurs statuts et fortunes par leurs postes nominatifs.

A qui pensez-vous ?

Je pense à beaucoup de gens. Ceux qui étaient dans les différents gouvernements de Senghor, d’Abdou Diouf..., et qui veulent diriger des partis. Un prétexte qui leur a servi d’argument, en se disant je suis nommé ministre donc, je suis leader. Un leader, c’est comme un tigre qui donne des coups de griffes. Ils ne carburent pas. Ils ne sont pas des tigres. Ils n’ont pas de griffes. Ils sont plutôt des moutons, contrairement à Wade.

Depuis quand vous trouvez toutes ces qualités à Wade alors que vous étiez un de ses farouches opposants. Vous lui étiez même allergique, disiez-vous à l’époque.

J’ai toujours expliqué que la politique est comme du football. Si tu ne peux pas marquer les buts contre le camp adverse, tu n’es pas un bon footballeur. Maintenant, il n’est plus mon adversaire, je ne tirerai pas contre son camp.

Et le second Wade, c’est qui ?

C’est Karim Meïssa Wade, petit fils de Mor Talla Wade. Ce garçon a brillé à la Sorbonne qui est neutre et qui n’est pas l’Université Cheikh Anta Diop où son père pouvait avoir des amis. A la Sorbonne on n’y brille que par sa qualité. Dans cette université, il a brillé par ses qualités avant d’être recruté à la cité londonienne. Aujourd’hui, beaucoup lui reprochent sa discrétion. Pourtant, c’est quelqu’un qui a une stratégie bien conçue. Karim sait faire parler de lui, sans parler. Cela sort de l’extraordinaire.

Est-ce que ce n’est pas parce qu’il a le nerf de la guerre, l’argent ?

Si c’était le cas, seuls les milliardaires deviendraient des chefs d’Etat.

A quelques heures de l’ouverture de la campagne électorale pour les locales (l’interview a été réalisée le jeudi 26 février 2009), quelle sera la partition de votre parti ?

Les gens doivent savoir qu’une coalition de partis ne fonctionne pas comme une seule formation politique. La plupart des partis de la Cap 21 se sont fondus dans le Pds. Mais l’existence étant quelque chose de bon, notre parti joue sa partition. Wade est un eucalyptus sous lequel ne pousse aucune herbe, un herbicide naturel.

Et vous vous accommodez de cette métaphore ou comparaison ? Si oui, seriez-vous cette herbe morte ?

En politique, il y a deux possibilités : la position statique et la position dynamique. Sous Wade, la position dynamique n’est pas possible. Il faut rester statique. C’est ce que notre parti est en train de faire, au regard de son ( celui de Wade) parcours politique. Wade était membre du Fns de Cheikh Anta Diop, du Pra Sénégal d’Abdoulaye Ly, de l’Ups/Ps de Senghor, avant de créer le Pds avec moi. C’est quelqu’un qui a donc fait son cheminement ; tantôt Doyen de Faculté, tantôt gérant d’un cabinet d’avocats, tantôt ministre d’Etat sans portefeuille… Tout cela combiné, a permis à Wade de gérer le pouvoir avec brio, comme si c’était un jeu d’enfants, mais aussi de gérer l’opposition, comme une nécessité.

Oui, mais à quelques heures de l’ouverture de la campagne pour les Locales, quel rôle jouera votre parti (le Fap) qui est membre de la Cap 21 et de Coalition Sopi 2009 ?

Une coalition de partis ne fonctionne pas comme un seul parti. C’est un conglomérat d’alliés. Vous ne devez alors pas vouloir vous singulariser. Et n’oubliez pas qu’avec la Cap 21, beaucoup de formations se sont fondues dans le Pds ; ce qui n’est pas encore notre cas.

Si vous devriez noter Wade, après huit ans d’exercice du pouvoir, quelle note lui donneriez-vous ?

Wade est en train de construire le Sénégal à pas de géant. Rien que les Cases des Tout Petits suffisent pour palmarès à Wade. Aujourd’hui, il est banal de compter les Centres universitaires régionaux (Cur), l’université internationale, le port international, l’aéroport international que j’appelle Aéroport international Serigne Saliou Mbacké (Aéroport international Blaise Diagne) conçu et réalisé dans la discrétion par Abdoulaye Wade... Les Sénégalais étaient, également, surpris avec l’arrivée du président chinois Hu Jintao, de constater que Wade est en train de construire le plus grand théâtre d’Afrique. Sans compter les voies ferroviaires comme le tramway dont la construction va bientôt démarrer, l’autoroute à péage…

Non, nous voulons dire que le panier de la ménagère est relégué au second plat, le coût de la vie très élevé.

Aussi, le Président est-il en train de gérer une bonne partie de la diplomatie internationale. Darfour, Madagascar, la crise israélo-palestinienne, la crise entre les Etats-Unis et l’Iran... En fait, il joue le rôle de stabilisateur politique qui lui a, d’ailleurs, permis de régler la situation en Guinée, en Mauritanie, en Sierra Léone, au Liberia, la réforme de l’Onu et du Nepad. Sur le plan économique, rien qu’en dénonçant le placement des fonds de la Bceao en dehors de la zone monétaire ouest africaine, Abdoulaye Wade a obligé de faire rapatrier les fonds à 48 heures de la crise financière mondiale. S’il n’avait pas réagi ainsi, on aurait vu fondre comme beurre au soleil nos fonds dans le Madoff (du nom de l’ancien patron du Nasdaq accusé d’une gigantesque fraude). Je voudrais rappeler que Wade a été le seul invité d’honneur du sommet économique arabe le mois dernier au Koweït. On le voyait au milieu des princes. Le document qu’il a présenté à ce sommet a été adopté comme document central dans la stratégie de développement pour le reste du siècle. De plus, tous les géants du monde, notamment les cinq (5) membres du Conseil de Sécurité, le Français Nicolas Sarkozy, l’Anglais Tony Blair, l’Américain Georges W. Bush, le Russe Vladimir Poutine qui s’est fait représenter par son ministre des Affaires Etrangères, le Chinois Hu Jintao, tous sont venus voir Wade. Son sommet islamique de l’Oci tenu à Dakar a été l’apothéose, un témoignage de reconnaissance de 1500 millions de musulmans dans le monde. Il a été l’hôte de la Ummah islamique au nom de la paix, de la sécurité, de la stabilité… Mieux, sa deuxième investiture a été un mini-sommet pour ne pas dire, un sommet mondial. Wade draine toujours des foules, même 10 ans après son élection. Et jusqu’en Chine, les populations locales scandent le Sopi.

Vous dites que Wade draine des foules. Pourquoi alors renforce-t-il sa sécurité comme s’il craignait quelque chose. Nous en voulons pour preuve, son déplacement pour la Tabaski à Grand Dakar ?

Quelqu’un qui craint les foules ne reçoit pas des gens. Ce n’est pas le cas de Wade. Allez au Palais d’où je reviens ce soir, il reçoit toujours du monde qui passe toujours par la grande porte avec de grands boubous, sans être fouillé. Un accoutrement que le protocole bannit le plus. Wade est plus en sécurité quand il est dans la foule. La sécurité de Wade, c’est le peuple qui l’a élu, qui l’aime et à juste titre. Il sait qu’il est aimé et qu’il est respecté du peuple sénégalais. Je disais et je veux me répéter : Wade est un musulman que les chrétiens sénégalais préfèrent face à d’autres chrétiens ; il est un Mouride pour lequel, la majorité des Tidjanes, des Layènes, des Khadres, des Niassènes ont voté alors qu’ils n’ont pas voulu le faire pour des candidats de même obédience confrérique ou religieuse qu’eux. C’est le seul Chef d’Etat Africain qui construit des mosquées et des cathédrales. (A suivre)

Propos recueillis par Abdou TIMERA et Alassane DIALLO



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