Ahmed Khalifa Niasse : « Que Karim me donne son pouvoir pendant 6 mois, je règle le problème de l’électricité»

Ahmed Khalifa Niasse le leader du front des alliances patriotiques (FAP) dans une grande interview accordée à Askanwi, a fait montre de ses qualités d'homme politique engagé, de fin diplomate, d’homme d’affaires pragmatique. Il s’est surtout prononcé sur l’actualité nationale et a abordé la question de la crise énergétique, la candidature du président Abdoulaye Wade en 2012, le projet de dévolution monarchique et apporte une réplique acerbe à la «consultation» de Guy Carcassonne.

L’acquisition d’un avion à 20 milliards de francs CFA par le président Abdoulaye Wade est la dernière actualité qui a fait couler beaucoup d’encre et de salives. Qu’en pense Ahmed Khalifa Niasse ?Je crois sur le prix est raisonnable car un avion de ce genre, on l’aurait acheté tout neuf à près de 40 milliards de nos francs sans les frais d’aménagement qui coûteraient 50 à 60 milliards. Donc l’avion aurait du coûter près de 100 milliards. Cet avion est deux fois moins cher que son prix commercial et l’Etat sénégalais pourrait le revendre en réalisant un large bénéfice.

Pour rester avec le président Wade, quel est votre avis sur le débat sur sa candidature en 2012 ?

Je suis le premier à dire que Wade ne devrait pas se présenter en 2012, même si l’on omet de me citer sur cette question. Cependant, je n’ai pas apprécié la sortie de Guy Carcassonne, sa consultation a été choquante et elle nous ramène a des années en arrière. Je dis que ce professeur de droit constitutionnel a juste fait une consultation «in vitro», ça relève des animaux de laboratoire, ce n’est pas du réel. Est-ce à titre gratuit ou onéreux ? Si c’est le cas, il y a alors un problème d’éthique et de déontologie. Il est juste un professeur de droit constitutionnel mais pas un constituant. Et, je lui rappelle qu’une constitution c’est un ensemble d’us et de coutumes et que le Sénégal a pendant 40 ans la non limitation de mandat et c’est le peuple souverain qui doit décider de cette question. J’aimerai que pour une fois, la règle de la réciprocité entre les Etats soit appliquée et que je puisse rire de Guy Carcassonne.

Et, que répondez vous à ceux qui pensent que le président Wade aurait un projet de céder ce pays à son fils Karim ?

Dire que le FAP sera candidat en 2012, c’est déjà ne pas être d’accord avec le projet de dévolution monarchique. C’est au sénégalais d’élire leur président de la République, seul le peuple est souverain.

Et, quels sont vos relations avec le reste de la classe politique, Macky Sall, Talla Sylla et autres ?

J’entretiens de très bonnes relations avec les hommes politiques. D’ailleurs Macky Sall est un grand ami : nous nous voyons régulièrement. J’ai de bonnes relations avec les gens du «Benno Siggil Sénégal» même si je suis de la Cap 21. Nous accompagnerons Wade jusqu’en juin 2011, toutefois mon parti aura son candidat.

Quelle lecture faites vous alors de la tension sociale avec la crise de l’énergie, la situation des enseignants du corps émergent?

Que Karim me donne son pouvoir pendant 6 mois je règle le problème. J’ai déjà donné les clés de solutions pour résoudre le problème de l’électricité qui est en fait une marchandise qui se vend et qui s’achète. Il faut se procurer des centrales dans des bateaux. Mais demander aux sénégalais d’attendre 2014 est une insulte au peuple. Et, j’accuse la Senelec de réaliser des bénéfices grâce à des pratiques mafieuses en chaîne depuis l’achat jusqu’à la distribution.
Et par rapport aux enseignants, il faut reconnaître que Wade a fait de très gros progrès sur le plan de l’éducation.

Sur un autre registre, qu'en est-il de vos investissements en Guinée et que vous inspire la situation politique actuelle ?

Vous savez, en termes bancaires, tout investissement est une prise de risque. Donc j’ai misé beaucoup d’argent en Guinée. A un moment donné, j’ai perdu beaucoup d’argent parce nous sommes restés pendant deux ans sans terminer nos travaux. Quant à la situation politique, je préfère pour le moment attendre la proclamation des résultats définitifs des élections présidentielles pour me prononcer.

Pour finir, qu’est ce qui fait courir Ahmed Khalifa Niasse qui est déjà un milliardaire, un homme connu et respecté à l’international ?

Dans le monde des hommes libres, on préfère les hommes dits self-made men, des gens qui ont réussi tout seuls à se frayer un chemin. Les sénégalais ont de ces exemples. Il n’y a pas de messie pour les sortir de la situation difficile qu’ils vivent. C’est à eux mêmes de le faire. Je suis convaincu que le Sénégal va se faire par les sénégalais. J’aime le savoir et le travail et dans une certaine mesure, aimer son pays est recommandé par ma religion.