L’ancien ministre de la Décentralisation sous le régime de Me Abdoulaye Wade, Aliou Sow n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour attaquer l’actuel régime qui a réveillé le monstre qui dormait dans chaque Sénégalais. Pour lui, les opposants d’hier, passés au pouvoir aujourd’hui, ont appris aux sénégalais que ‘’protester, c’est brûler des voitures’’. Cela a fini par se retourner contre eux. Il a en outre conseillé au gouvernement d’Abdoul Mbaye de gérer le dossier de Cheikh Béthio Thioune avec beaucoup de subtilités, et s’est prononcé sur la succession ouverte au Parti démocratique sénégalais. Entretien.
La course vers la succession de Me Wade à la tête du Pds ne risque-t-elle pas de disloquer davantage le parti ?
Une bonne préparation relative à l’échec de notre défaite mais aussi surtout découlant du problème d’organisation de la hiérarchie suprême du parti, constituent plutôt des facteurs plus menaçants par rapport à la communion, à la solidité et à la force du parti. La question de la succession est trop chargée pour moi. A la place, je parlerai de conquête de la confiance des Sénégalais, au-delà des frontières du Pds, de conquête des équilibres du peuple sénégalais qui a compris aujourd’hui six mois après le départ de Me Wade, qu’il a déchu un travailleur, un homme d’action, un homme généreux et respecté, un homme qui a pu consolider la cohésion sociale et mettre le pays au travail. Aujourd’hui, tout successeur de Wade, qui a bien compris les leçons du maître, doit poursuivre son œuvre. Je parle plutôt de poursuite de l’œuvre de Wade. Que ce soit avec le parti ou en dehors du parti, mais toujours il doit avoir en bandoulière, son idéal de libéralisme et de patriotisme. Dans nos discussions, je suis surpris de voir certaines positions qui participent à affaiblir pour ne pas dire à presque détruire le Pds. Beaucoup de personnes manigancent des choses pour voir comment se débarrasser du plus grand, du meilleur, du plus performant, du plus populaire, pour ensuite se retrouver à la tête. Cela n’a aucun sens. L’enjeu aujourd’hui est de voir le fonctionnement du parti, les textes du parti pour pouvoir se conformer à la modernité afin de mettre en place un cadre de compétition démocratique accepté par tout le monde. Celui qui aura pour moi, le plus de popularité et qui aura le meilleur profil aux yeux de l’opinion sénégalaise pour porter les couleurs, doit être celui qui présidera aux destinées du parti.
On accuse le Pds de manière voilée d’être derrière les manifestations des Thiantacounes de lundi dernier. Que répondez-vous à cela ?
Ce sont des accusations fantaisistes et irresponsables. Gouverner, c’est prévenir. Ils se sont trompés pour la première fois depuis qu’ils ont pensé que les marabouts, les chefs religieux, les leaders d’opinion, sont des citoyens ordinaires. Devant la loi, tous les Sénégalais se valent. Mais, il faut être réaliste. Un grand Cheikh comme Cheikh Béthio Thioune a des milliers de disciples qui croient en lui, qui le suivent. Il faut reconnaître qu’il n’est pas un citoyen ordinaire. On l’a privé de liberté sans compter son transfèrement dans des conditions aussi calamiteuses que ce que nous avons vécues. Bien entendu, il est donc du devoir de l’Etat, de prendre toutes les dispositions afin de garantir la sécurité des biens et des personnes ; mais aussi permettre à chaque disciple du cheikh, d’avoir la conviction profonde qu’il n’y aura aucune manœuvre et que la justice fera son travail conformément aux lois et règlements du pays. Maintenant, s’il y a quelques petits cons au sein du Pds qui sont inconscients pour donner l’occasion au pouvoir d’attirer des suspects, cela devient très sérieux. Je comprends parfaitement les disciples du Cheikh. Il faut qu’ils aient des garanties et des assurances de la part de l’Etat par rapport aux droits du cheikh, par rapport à sa santé. Il faut que l’Etat gère ce dossier avec beaucoup d’intelligence, de réalisme mais sans trop bander les muscles, sans essayer de faire peur. Sinon, cela pourrait déboucher sur des représailles avec des agitations ciblées. Dans chaque Sénégalais, somnole un monstre et l’opposition d’hier, au pouvoir aujourd’hui, l’a réveillé. Ce monstre ne dort plus, il est debout. Ils ont appris aux Sénégalais que protester, c’est brûler des voitures. C’est à eux de tirer les conséquences.
Le dossier Cheikh Béthio ne constitue-t-il pas une patate chaude entre les mains de Macky Sall ?
C’est effectivement une patate chaude entre ses mains. La notion de raison d’Etat n’existe pas pour rien du tout. Il est vrai que force doit rester à la loi, que la loi est dure mais c’est la loi. Mais, on n’a pas besoin de communication excessive autour d’un dossier qu’on aurait pu régler de façon plus responsable. Il fallait donner à Cheikh Béthio, le respect dû à son rang de Cheikh et reconnaitre qu’il est un citoyen hors du commun. Il fallait aussi intégrer la notion de la santé du Cheikh. Mais cela n’a pas été fait. D’honnêtes citoyens ont pâti des errements du pouvoir, occasionnant beaucoup de pertes de leur part. Le gouvernement est responsable de tout ce qui est arrivé ces derniers jours. Car gouverner, c’est prévoir. L’Etat doit avoir une attitude responsable en dédommageant toutes les victimes par rapport aux pertes qu’elles ont subies. Avec la fête qui s’approche tout est bloqué. Dakar Dem Dikk est contraint de garer ses bus rendant difficile le déplacement des citoyens.
Recueillis par THIERNO ASSANE BA
13 Commentaires
Messager
En Octobre, 2012 (11:24 AM)Fa
En Octobre, 2012 (11:39 AM)Alphaone
En Octobre, 2012 (11:47 AM)Le Pire Pour Le Senegal
En Octobre, 2012 (12:22 PM)Broo
En Octobre, 2012 (12:45 PM)Feedback
En Octobre, 2012 (13:23 PM)Wow
En Octobre, 2012 (14:32 PM)Am
En Octobre, 2012 (14:51 PM)Lyns
En Octobre, 2012 (15:40 PM)Moussa Sagna
En Octobre, 2012 (16:52 PM)Ziz
En Octobre, 2012 (18:00 PM)Lyns
En Octobre, 2012 (19:38 PM)@ministre Sow
En Octobre, 2012 (20:45 PM)Participer à la Discussion