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Politique

Alioune TINE, secrétaire général de la Raddho : " Wade Est Le Seul Responsable Pour Avoir Fait De Farba Un Ministre "

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Alioune TINE, secrétaire général de la Raddho : " Wade Est Le Seul Responsable Pour Avoir Fait De Farba Un Ministre "
Limogeage de Farba Senghor, question de l’impunité, indépendance de la Justice, panne du dialogue politique pouvoir-opposition, etc. Tout un pot pourri de sujets qui occupent le devant de la scène et sur lesquels la société civile a son mot à dire, son opinion. Secrétaire général de la Raddho, Alioune Tine nous livre ici la sienne. Sans détours !
 
Wal Fadjri : Le jugement en flagrant délit des personnes mêlées dans l’affaire L’As et 24 H Chrono qui devait avoir lieu jeudi a été reporté à lundi prochain et tout porte à croire qu’il se fera en l’absence du présumé commanditaire. Quel commentaire en faites-vous ?

Alioune Tine : Personnellement, je crains, dans cette affaire, que Farba Senghor ne soit l’agneau du sacrifice dans le but de calmer le jeu. Pour avoir seulement fait de Farba Senghor un ministre, le président de la République est à mon avis le responsable de la situation que connaît notre pays. Tout le monde connaît ses limites au plan du tempérament. Certes, c’est un militant très engagé, très fidèle. Mais, il faut quand même savoir quand et où on peut l’utiliser quand il s’agit de responsabilités d’Etat. Etre ministre, c’est une grande responsabilité d’Etat et on ne doit pas jouer avec cette fonction. On a vu, à plusieurs reprises, ce que nous pouvons appeler des dysfonctionnements. Quand des ministres, dans un gouvernement, s’attaquent à d’autres ministres de la façon la plus ouverte sans que le Premier ministre n’ouvre la bouche, n’intervienne, nous disons que c’est grave. La première question, c’est de se demander, lorsque Farba se permet ces dérives, s’il existe au Sénégal un chef de gouvernement. Et on a atteint les limites. C’est la première fois dans l’histoire du Sénégal que nous sommes confrontés à ce cas de figure. De mon point de vue, les responsabilités de Farba Senghor sont limitées. Les responsabilités du chef de l’Etat et celles du chef du gouvernement sont engagées.

Wal Fadjri : Autrement dit, vous n’êtes pas satisfait de son limogeage ?

Alioune Tine : Le problème, ce n’est pas d’exprimer une satisfaction, d’être content ou pas. Je trouve que c’est un peu enfantin de jubiler parce que Farba Senghor a été limogé du gouvernement. Le problème de fond, c’est la nécessité d’une réflexion sur les dysfonctionnements de notre Etat, ceux de notre gouvernement. On doit se poser la question de savoir si nous avons un gouvernement. Est-ce que nous avons un responsable du gouvernement, quelles sont ses compétences ? Pourquoi n’a-t-il pas agi jusqu’à ce qu’on atteigne ce niveau ? Ce sont là autant de questions qu’on doit se poser parce que c’est quand même grave ce dont on accuse Farba Senghor. Pour être plus juste, il y a la responsabilité du chef de l’Etat et celle de Hadjibou Soumaré.

Wal Fadjri : Et qu’est-ce que vous préconisez dans ce sens ?

Alioune Tine : Beaucoup plus de rigueur ! Dans le cadre de cette affaire, ce dont il faut se réjouir, c’est le bruit fait autour par les journalistes. Ce ne sont pas des gens qu’on touche impunément (rires). Parce que chaque fois qu’ils sont victimes de quelque chose, ils font beaucoup de bruit. Cela a été bénéfique dans la mesure où cela a permis d’amener les autorités à se saisir de la question de l’impunité dans notre pays. Nous en avons eu des cas extrêmement graves. Il y a eu le cas de Alioune Badara Mbengue dont les bras ont été coupés sans que justice ne se fasse ; il y a également celui de Dominique Lopy, décédé à Kolda, et les coupables sont restés jusque-là impunis. On peut citer aussi les cas Talla Sylla, Me Babacar Sèye et tant d’autres qui sont restés impunis. Ma conviction est que l’impunité est l’un des cancers de notre pays. Donc, il est heureux qu’on commence à agir, même timidement.

Wal Fadjri : Le procureur avait promis d’aller jusqu’au bout dans cette affaire. Or, on semble de plus en plus s’éloigner du commanditaire. Peut-on, dès lors, être optimiste quant à la fin de l’impunité chez nous ?

Alioune Tine : Pas du tout ! On est en train de biaiser ; on est en train de manœuvrer ; on est en train de nous tromper parce qu’on ne peut pas commencer à accuser des lampistes, les juger et dire que les gens qui sont accusés d’être les commanditaires ne sont pas concernés. J’ai entendu Farba Senghor dire qu’il va profiter de son privilège de juridiction. Quand on est ministre de la République, on incarne, au plus haut point, les principes de la République. Cela veut dire que ce sont les valeurs intrinsèques que vous mettez en avant, au-delà des compétences qui vous sont investies. A partir de ce moment, vous êtes le citoyen le plus exemplaire. Si vous êtes l’objet d’accusations très graves, vous vous débarrassez du privilège de juridiction. Vous ne devez même pas attendre qu’on vous enlève ce privilège. C’est à vous de vous blanchir pour mériter encore d’être au plus haut niveau de responsabilité dans la République. Donc, le doute s’installe rapidement sur l’indépendance de la magistrature, la séparation des pouvoirs au Sénégal.

Wal Fadjri : Aujourd’hui, quelle est la valeur du limogeage de Farba Senghor s’il ne peut pas être entendu ?

Alioune Tine : Si, après un décret présidentiel le libérant pour permettre à la justice de faire son travail, M. Senghor exige de jouir d’un privilège de juridiction, je dis qu’il y a contradiction. Cela veut dire, tout simplement, que l’affaire est biaisée. Je pense que c’est une mise en scène pour calmer le jeu pour, ensuite, enterrer le dossier.

Wal Fadjri : N’allez-vous pas trop vite en besogne dans la mesure où l’ex-ministre de l’Artisanat peut être jugé par la Haute cour de justice ?

Alioune Tine : C’est possible. Mais j’attends de voir si, effectivement, il sera jugé. Si c’est le cas, je vous assure que nous serons les premiers à applaudir et dire que la justice a fait son travail, comme nous le faisons d’habitude. Mais, de mon point de vue, à partir du moment où vous êtes citoyen, comme l’a dit Mody Gadiaga (juriste-pénaliste, enseignant à la Faculté de Droit de l’Ucad, Ndlr), si cela n’a rien à voir avec vos fonctions, vous devez répondre de vos actes devant la justice. Aujourd’hui, quelle est la valeur de la démission de Farba Senghor s’il ne peut pas être entendu ?

Wal Fadjri : Irez-vous jusqu’à préconiser une réforme qui romprait le lien ombilical qui existe entre le parquet et le ministère de la justice ?

Alioune Tine : Dans l’absolu, ce n’est pas possible. C’est extrêmement difficile, mais je dis que plus on donne de liberté au parquet, mieux c’est. Même en France, ils ont tenté de le faire. Même aux Etats-Unis, il existe un lien entre l’Exécutif et le parquet. Cette forme d’indépendance totale, on l’a vu s’exercer avec Manu pulite (opération mains propres déclenchée en Italie dans les années 90, Ndlr) où les gens ont commencé à dégager la réflexion. Donc, je ne me fais pas trop d’illusions par rapport à ça. Mais, je pense que plus on donne de possibilités au procureur de la République, mieux c’est. Mais en réalité, ça, c’est un idéal vers lequel on tend. Donc, dans le cas d’un Etat-parti - nous sommes, en effet, dans un Etat-parti constitutionnalisé, parce que le président de la République peut être également président du parti - il ne faut pas se faire d’illusions sur une indépendance totale de la justice. Ce qu’il faut, c’est une réforme de l’Etat, c’est une réforme de la fonction présidentielle. C’est cette fonction qui est conflictuelle. Dans tous les pays en Afrique aujourd’hui où on a des élections présidentielles, on a toujours des guerres civiles. Regardez dans la sous-région, regardez les coups d’Etat ! Il faut réfléchir sur la fonction présidentielle. Et c’est ça le grand problème. Parce que tant que le parti et l’Etat seront connectés, il y aura toujours des problèmes.

Wal Fadjri : N’est-ce pas donc moins un problème de justice que de système puisque le Procureur, en s’exprimant sur le dossier, donnait l’impression de vouloir aller jusqu’au bout ?

Alioune Tine : C’est un problème de système. C’est vrai, le procureur de la République, pour sa carrière, dépend du Conseil supérieur de la magistrature qui est totalement contrôlé par l’Exécutif. Donc, tout cela fait qu’effectivement, le lien ombilical n’est pas coupé. Les dossiers politiques étant des ‘dossiers signalés’ et gérés à partir de la présidence de la République, et le ministre de la Justice y prenant tous ses ordres, il est lié, il n’est pas indépendant. Le procureur est beaucoup plus du côté de l’Exécutif que de celui du Judiciaire (…). Donc, il nous faut changer de système, car on n’a pas quitté le système de Senghor jusqu’à maintenant. On a pensé à un certain moment qu’avec Abdoulaye Wade, on allait quitter le système Senghor, celui du Parti socialiste tel que ça fonctionnait. Mais, on a replongé, car le fait que le président de la République, dans la Constitution, puisse être président de parti prouve qu’on a encore les deux pieds dans l’ancien système du Parti socialiste. Mais il faut en sortir en instaurant un large débat sur les institutions. Surtout, si l’on sait que le Sénégal a longtemps été un pays d’avant-garde dans le domaine démocratique. Car déjà, en 1974, au Sénégal, on avait plusieurs partis et on n’a pas attendu la chute du mur de Berlin pour nous y mettre. En Afrique, on a une crise profonde de leadership. Et depuis quelque temps, on pense à la succession dynastique au Sénégal. Un peu comme cela s’est passé au Togo ou ailleurs. Tout cela ne nous rassure pas par rapport à la fonction traditionnelle de notre pays d’être à l’avant-garde de la démocratie et surtout de la protection des droits humains avec la question de l’impunité qui se pose. Il faut dire qu’il y a une réelle régression. Et nous devons repenser notre système.

Wal Fadjri : Cette succession dynastique qui commence à s’ériger en règle en Afrique, ne révèle-t-elle pas une démission de la société civile dans sa mission ?

Alioune Tine : C’est vrai ! Mais la société civile a des limites objectives, d’ordre institutionnel, structurel et financier. Les meilleures organisations de la société civile ne sont pas des organisations purement professionnelles. C’est mi-bénévolat, mi-professionnel. Tout cela fait que la société africaine est, de façon globale, assez faible. Nous faisons partie des sociétés civiles considérées comme ayant une certaine influence aussi bien dans la sous-région qu’en Afrique. Aujourd’hui, nous allons appuyer les sociétés civiles dans la sous-région et même jusqu’au Zimbabwé en tant que Raddho avec nos maigres moyens. Si les partenaires mettaient assez de moyens dans les mains de la société civile dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest, comme ils le font en Afrique de l’Est et au Sud, on serait plus efficace. En Afrique du Sud, les organisations de la société civile reçoivent beaucoup de moyens, y compris ceux de l’Etat. Le parachèvement de la démocratie, c’est quand l’Etat finance des organisations qui le critiquent. Quand il y avait la guerre en Irak, j’ai reçu ici le représentant du Département d’Etat et il me disait : ‘Vous savez, on a besoin des organisations comme la vôtre que nous finançons et qui nous critiquent.’ Eh bien, on ne peut pas trouver cela en Afrique où on nous assimile à l’opposition. Déjà, avec le peu de moyens que nous avons, on vous dit : ‘Ah, la société civile est riche.’ Or, ce n’est pas le cas. Mais, malgré nos moyens limités, il nous arrive d’être sollicité jusqu’au Cameroun.

Wal Fadjri : Vous semblez renvoyer l’image du cordonnier qui est toujours mal chaussé. Pendant que le Sénégal connaît des problèmes tel que la panne du dialogue, vous vous occupez de ce qui se passe ailleurs. Est-ce normal ?

Alioune Tine : Qu’est-ce que la Raddho n’a pas fait pour le dialogue entre le pouvoir et l’opposition ? Nous avons reçu beaucoup plus de coups quand on l’a tenté.

Wal Fadjri : Etait-ce le bon contexte ?

Alioune Tine : De mon point de vue, il n’y a pas de mauvais contexte pour le dialogue politique. Quand bien même, nous connaissons effectivement la crise qui sévit au Sénégal. Une crise très profonde qui affecte, pratiquement, tous les secteurs. C’est pour ces raisons que quand les gens disent parfois qu’ils vont aller chercher des centrales nucléaires, je me pose des questions. Déjà que nous n’avons pas les moyens politiques de gérer correctement les centrales électriques, comment pourrons-nous gérer des centrales nucléaires ? Mieux vaut utiliser correctement le peu qu’on a à notre disposition. L’autosuffisance alimentaire, la flambée des prix, la bulle immobilière qui a démarré aux Etats-Unis pour s’étendre en Europe et qui va bientôt atterrir dans notre pays, les élections ivoiriennes qui se profilent à l’horizon, etc., sont autant de défis. Si les élections ivoiriennes ne se tiennent pas, nous allons assister à une autre dévaluation du franc Cfa. Donc, nous avons le droit d’aller en Côte d’Ivoire. Mais la crise de leadership fait que le dialogue politique est difficile et la crise de leadership n’affecte pas seulement les politiques. Elle affecte aussi les syndicats (…). Nous avons les universités africaines qui sont malades et qui devraient être les lieux de production et de réflexion sur l’ensemble des crises qui nous affectent et même des lieux de proposition pour qu’on avance. Tout cela demande des moyens, que l’on mette l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Et jusqu’à la caricature, avec l’affaire Farba, on n’a pas l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

Wal Fadjri : Où se situe le problème, alors ?

Alioune Tine : Le problème, c’est d’abord au niveau du pouvoir du fait de manœuvres qui ont créé la défiance structurelle, je dirais même pathologique de l’opposition. Si vous exprimez votre volonté de dialoguer et qu’en sous-main, vous faites des manœuvres politiques pour essayer de tromper l’adversaire, le rouler dans la farine, à la fin, les gens ne vous croient pas et c’est cela qui explique la défiance de l’opposition pour le dialogue. Mais de la même manière, le fait qu’il n’y ait pas une homogénéité pose problème. Parce que tout le monde ne refuse pas le dialogue dans l’opposition. Il y a des gens qui se nourrissent d’une opposition pratiquement structurelle. Dans le même camp, il y en a qui veulent le dialogue et d’autres qui n’en veulent pas. Donc cette hétérogénéité fait que c’est très difficile à gérer. Du côté de l’opposition, nous avons aussi une crise de leadership. Qu’on le veuille ou non, elle est là et si ce n’est pas réglé, ça va être très difficile pour eux de recréer l’alternance. Il faut qu’ils reconnaissent qu’il y ait un leader de l’opposition (...).

Il y a des gens qui se nourrissent d’une opposition pratiquement structurelle.

Wal Fadjri : A défaut de dialogue direct entre le pouvoir et l’opposition, il y a aujourd’hui les Assises nationales. N’est-ce pas un bon cadre pour le dialogue ?

Alioune Tine : Les Assises nationales sont excellentes et nous-mêmes, nous y sommes. Et si l’on arrive à créer un mouvement de nature à changer, à aller vers des réformes profondes et structurelles de l’Etat, ce serait une bonne chose. Vous avez vu les différentes étapes de la position du président de la République lui-même. Vous l’avez vu à la veille des assises ; vous l’avez vu dans le courant des assises et vous avez vu maintenant qu’il dit : ‘Nous sommes prêts à examiner les conclusions.’ Donc, au fur et à mesure qu’on avance, la position change. Ce qui est clair, c’est que la stabilité politique dépend d’un dialogue politique sincère entre l’opposition et le pouvoir. Et peut-être même, aller vers une dissolution de l’Assemblée nationale, aller vers un gouvernement de large union nationale pour pouvoir dire : ‘Ecoutez, nous pouvons prendre des mesures impopulaires qui vont être acceptées par tout le monde.’ Parce qu’il faut aussi des mesures impopulaires, de temps à autre, pour avancer. Il faut que tout le monde se serre la ceinture pour qu’on avance et qu’il n’y ait pas une partie des Sénégalais qui, tout en gouvernant, se dit : ‘Ecoutez, nous, on peut tout faire. On peut faire tout ce que bon nous semble !’. Maintenant, c’est fini, ce n’est plus possible parce que le Sénégal est surveillé par la communauté internationale qui lui donne de l’argent et les pressions de la communauté internationale ne sont pas sans effets. Si, aujourd’hui, on parle ou entend Farba, il ne faut pas se faire d’illusions, il n’y a pas que la pression interne, mais il y a aussi celle externe sur la gouvernance. Tout le monde aujourd’hui au niveau international se soucie de la gouvernance, et surtout de la gouvernance au Sénégal. Les gens sont très inquiets au plan international de la manière dont se fait la gouvernance au Sénégal. Et ce n’est pas par hasard si on a intimé l’ordre à des ministres de venir s’expliquer sur les dépassements budgétaires. Je trouve que c’est une honte qu’on ne le fasse pas par nous-mêmes. Les injonctions nous viennent toujours de l’extérieur. Il faut que les vertus soient des vertus africaines, des vertus de la gouvernance, que les vertus démocratiques soient africaines. Qu’elles ne soient pas le résultat de pressions de la Banque mondiale ou des institutions financières. (A suivre)

Propos recueillis par Aguibou KANE et Ibrahima ANNE (Walfadjri)



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