S'il y a des cadres du Parti de la réforme qui avaient contracté un deal avec le chef de l'État, pour entrer dans l ‘attelage gouvernemental, ils devront déchanter et chercher à manœuvrer ailleurs. Car, le premier Conseil national de cette formation ne veut ni de Me Wade, ni de la Coalition populaire pour l'alternative. Et il a tout verrouillé : l'instance, qui était en conclave ce dernier week-end, a ordonné à son leader, Abdourahim Agne, d'être le candidat de leur formation à la prochaine élection présidentielle.
Les tentatives pour jeter le pont entre Abdourahim Agne,le leader du Parti de la réforme, et Me Abdoulaye Wade, chef de l'État et du Parti démocratique sénégalais (Pds), n'ont pas manqué. En termes voilés, une résolution lue devant le Conseil central du Pr, qui tenait ses assises ce dernier week-end, cajolait, en substance : « Abdourahim ne se souciera pas que de son fauteuil ou de ceux de notre staff. Les militants seront aussi pris en considération ». Le représentant du Pr à Ziguinchor, Salif Badji dit Sadio, qui se voulait plus explicite, en parlant de « gouvernement », sera simplement hué et prié de revenir à sa place par un « Oh wathiale ! » Soit : ça suffit, descendez ! Au grand triomphe de son camarade Abdou Diouf, qui martèlera : « Nous ne sommes plus de la Coalition populaire pour l'alternative (Cpa). Nous avons créé ce parti par opposition à la politique libérale de Me Abdoulaye Wade. Et nous l'avons créé sur des valeurs et principes de la Gauche ». Mamadou Dème, un responsable du Pr en France, jaillira à son tour : « Sachez que si vous ralliez le camp de Me Wade, ce sont des pans entiers du parti qui vous quitteront, pour aller voir ailleurs ». Des salves d'applaudissement jailliront de toute la salle de l'Endss, où se tenait la rencontre. Suffisant pour qu'Abdourahim Agne aille dans le même sens que la résolution qui a sanctionné les travaux du Conseil : « On est un parti qui n'est pas comme les autres. Nous sommes nous-mêmes. Vous avez tranché de belle manière : nous sortons de la Cpa. Nous ne serons pas à la Cap 21. Nous ne sommes pas avec le Pds. Est-ce que Abdorahim Agne et son équipe vont entrer au gouvernement ? La réponse est non ! ». C'est le délire dans la salle, pleine à craquer. Une motion spéciale coupera aussi court à toute retraite : « le Conseil central rappelle la résolution prise par l'Assemblée générale du 15 mars 2003, relative à l'élection présidentielle. En conséquence, il confirme la candidature du camarade Abdourahim Agne à la prochaine élection présidentielle ». Sans appel, quoi. L'heureux (?) élu réagira : « Vous m'avez fait confiance. La balle est dans mon camp ». Il indiquera, après son camarade de parti, Serigne Mbacké Ndiaye, favorable au report des prochaines élections, entre les lignes, les raisons de leur « rupture » avec la Cpa : « Nous ne faisons pas de la politique sur la base de la haine. Nul ne peut nous mettre dans sa poche, pour vaquer tranquillement à ses occupations ». Les cinq cents propositions de programme pour gouverner prochainement le Sénégal de la Cpa , traduiraient aussi, selon le porte-parole du Pr, Seydou Guèye, « l'impossibilité pour l'opposition de trouver un consensus ». Et d'ailleurs, depuis que la Cpa parle de « candidature unique » de l'opposition à la prochaine présidentielle, le débat à ce sujet serait même « évité » par ses différents leaders. S'y ajoute que « l'opposition ne peut plus être aujourd'hui celle du simple refus ou une opposition par défaut, ne cherchant qu'à capitaliser sur les échecs éventuels du pouvoir ». Décidée pour une démarche de « rupture », le Pr, indique Seydou Guèye, va prospecter vers les partis partageant les mêmes « valeurs » que lui, la société civile et les « organisations de ressortissants », qui seraient « plus proches » des populations. Néanmoins, les femmes, par la voix de Mme Khady Nar Fall, et les jeunes ont exigé de leurs dirigeants qu'ils soient « intégrés » dans les instances dirigeantes, et que la communication, entre le sommet et la base, soit améliorée. Abdourahim Agne, sera-t-il à la hauteur du sacerdoce à lui confié, dans un contexte où leur parti ne commencera à vendre ses cartes de membre que le mois prochain, et à des structures encore « provisoires » ? Réponse probablement dans un semestre.
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