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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

AMATH DANSOKHO, SECRETAIRE GENERAL DU PIT : « Wade finance des forces obscures dans les confréries pour préparer sa politique de terreur »

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AMATH DANSOKHO, SECRETAIRE GENERAL DU PIT : « Wade finance des forces obscures dans les confréries pour préparer sa politique de terreur »
« A l’heure actuelle, Wade finance des forces obscures dans les confréries. Des forces dont les gens ne soupçonnent même pas ce qu’elles peuvent faire ici. Tout cela pour préparer justement sa politique de terreur. Ça, c’est dans ses plans. Si on ne l’arrête pas, il lâchera ces gens-là comme des chiens enragés contre la société. C’est ça le danger ». C’est la révélation faite par Amath Dansokho, Secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (Pit), dans l’interview qu’il nous a accordée hier. Le chef de file des communistes de Khar-Yalla, égal à lui-même, dénonce également avec la dernière énergie la sortie de Me Wade sur le perron de l’Elysée, non sans brocarder les challengers de la « Coalition Sopi 2007 » lors des élections législatives.
 
Par Nettali

Quelle appréciation faites-vous de la sortie de Me Wade sur le perron de l’Élysée ? Il faut dire que tous les Sénégalais étaient encore une fois renversés par les propos irresponsables de Abdoulaye Wade. Comment peut-il dire que nous ne représentons rien, alors que d’après ses chiffres tronqués nous avons tous ensemble fait un score de 41%. Pour lui, ces Sénégalais-là n’existent pas. Il sait parfaitement que ce n’est pas vrai. Je me demande comment un chef d’Etat peut dire cela. Le monde entier sait le score qui a été le nôtre aux présidentielles. Quand on confronte les résultats des élections présidentielles avec ceux des législatives, où il n’a pas pu truquer à une échelle aussi forte qu’aux présidentielles, nous n’avons pas moins de 70%, il était battu par ses propres chiffres. Il faut savoir ce que veut Abdoulaye Wade. Moi, très souvent, quand je discute avec lui, et je prends à témoin tous ceux qui y étaient, y compris ses ministres, le président de l’Assemblée nationale et Idrissa Seck, quand il était avec lui, il disait quand il nous recevait en audience : « Je ne veux pas que ce qui est arrivé à la Côte-d’Ivoire m’arrive. Houphouët-Boigny a échoué, parce qu’il a laissé un pays en lambeaux. Ce ne sera pas le cas du Sénégal. Je ne veux pas de déchirements au Sénégal ».

Sauf que, aussi, l’opposition ne lui a pas facilité la tâche. C’est vrai qu’avec nous, ç’était difficile, parce qu’il avait des projets qu’il sait que nous n’accepterions pas. Il nous a démarchés d’abord pour qu’on lui permette de prolonger son mandat de 02 ou 03 ans afin qu’il puisse terminer ses chantiers. Nous avons refusé pour des raisons de principe. Nous avons dit non, le calendrier électoral doit être respecté. En désespoir de cause, puisque nous avons refusé d’entrer dans son jeu et que nous en connaissions les tenants et les aboutissants, il a organisé une fraude électorale sans précédent avec la présidentielle. Pourquoi il ne pouvait pas arriver à des accords avec nous avant les élections ? C’est parce que son projet, c’était de se reconduire coûte que coûte, d’avoir une Assemblée nationale complètement à sa dévotion, secondée par un Sénat, dont il désigne tous les membres : 65 directement et les 35 autres indirectement. Avec cette mécanique-là, arriver à imposer le projet de succession qui est le sien. C’était ça. Il savait que sur cette question-là, nous ne pouvons pas être d’accord avec lui. C’est pourquoi il a tout fermé. Alors qu’il avait dit solennellement qu’il ne ferait pas moins que Abdou Diouf en ce qui concerne le processus électoral. Il a même rabroué ses ministres qui étaient présents à l’audience avec le Cpc, en leur disant : « Taisez-vous, ces gens-là ont raison. Je ne dois pas faire moins que Abdou Diouf. Vous n’avez pas à faire des comparaisons entre nous et les autres pays africains ». Il est revenu sur tout ça, parce qu’il a vu que l’enjeu de ces élections pour lui excluait tout accord avec nous. Parce qu’il fallait qu’on accepte qu’il reste coûte que coûte. Et que d’autre part, la seconde séquence de son second mandat doit être une séquence où il doit laisser la place et imposer son fils.

Vous pensez que ce schéma est crédible ? C’est tout à fait crédible. Tous les jours, il le manifeste. Il y a eu la façon frauduleuse par laquelle il a présenté son fils à Nicolas Sarkozy. Il le présente pour le moment frauduleusement. Il faut toujours qu’il triche. Toi, tu es invité comme chef d’Etat, tu introduis subrepticement ton fils dans ta voiture pour aller à une audience. C’est ça, c’est toujours frauduleux. Je pense que sa déclaration est assez nuancée, il a dit qu’il gouvernerait avec les 13 partis ou 12 partis qui sont à l’Assemblée nationale, avant d’ajouter très rapidement avec les autres membres de l’opposition. Il ne faut pas oublier cette nuance. Mais, je vois le schéma qu’il a : c’est le schéma de débauchage. Il pense qu’il pourra débaucher quelques têtes encore dans l’opposition pour aller à la soupe. Ces élections (ndlr : présidentielles) n’ont aucun sens. Tous les chiffres sont faux. Il a une grille de quota qu’il a sorti de son mouchoir de magicien, c’est ça qu’il a présenté pour assurer sa victoire totale. Nous avions dit que c’est faux, parce que tout le monde était médusé. Il faut qu’il nous explique pourquoi il y a eu un deuil national au lendemain des élections présidentielles, pourquoi son propre parti, dans aucun coin du Sénégal, n’a célébré la fête. Tous les libéraux savent qu’il n’y a pas eu d’élections. Il y a eu un trucage monstrueux. Dans notre mémorandum, tout est clair, la mécanique de la fraude a été disséquée, elle est imparable. Mieux que ça, les législatives qu’il a organisées, ce sont ses propres forces de sécurité, les militaires et paramilitaires, qui lui ont administré une gifle sans précédent à ma connaissance dans l’histoire, pas seulement sénégalaise, mais mondiale.

Comment expliquez-vous l’attitude du président Wade, après tout ce qui s’est passé ? Pourquoi a-t-il choisi, selon vous, le perron de l’Elysée, qui est symbolique, pour brocarder l’opposition boycotteuse ? Il y a des gens qui sont autour de lui, dont le sort dépend absolument de lui et qui ne représentent rien du tout, qui estiment qu’une démarche de paix civile et de compromis avec l’opposition leur ferait perdre leurs positions. Il y a de véritables faucons qui sont là-bas, dont le Premier ministre, qui ont peur de l’opposition, parce qu’ils pensent que nous allons leur ravir leur pain de la bouche. Ils ont peur de l’opposition, parce que quand on s’assoit ensemble on va dire de ces choses et c’en sera fini de leur carrière politique. Et lui-même, il sait qu’on ne peut pas être d’accord. Le dialogue que nous préconisons en ce moment, que nous avons adopté à la Conférence des présidents du « Front Siggil Sénégal », vendredi dernier, inclut les problèmes essentiels. De tout temps, nous avons parlé de la situation sociale et des problèmes de la paysannerie. Nous avons décidé d’amplifier notre intervention. Abdoulaye Wade ne veut pas qu’on parle de la situation économique et sociale du pays.

Pourquoi ne veut-il pas en parler ? Parce que le désastre est là et personne d’autre que lui ne l’a fait. Dans le monde rural, on avait 1 200 000 tonnes d’arachide à son arrivée, sur le programme de Abdou Diouf. L’année suivante, plus d’un million encore. Cette année, vous savez combien on a produit ? Même pas 150 000 tonnes. Vous vous rendez compte de ce chiffre ? Il a adopté des programmes comme ça, inventés de toutes pièces, sortis de son cerveau, avec aucun avis compétent en la matière. Il y a le programme de production de maïs. On nous a fait dépenser à grands frais des semences surfacturées, on les impose aux paysans, ça n’a rien donné. Jusqu’à présent, il n’en a pas fait le bilan. Qu’il nous dise ce que sont devenus tous ces milliards qu’on a consacrés à ce programme de production de maïs qu’il a lancé. Le manioc, la même chose. Pourquoi il ne fait pas le bilan ? Pourquoi le programme bissap, il n’en fait pas le bilan ? Tout ça, c’est des milliards qu’il dépense, au nom de la promotion de productions nouvelles, sous prétexte de diversification des cultures. Et ce sont des programmes qu’il adopte en dehors des programmes votés par l’Assemblée nationale sur l’agriculture. Aujourd’hui, c’est le désastre dans le monde rural.

Mais il y a quand même des chantiers qui commencent à sortir de terre un peu partout… Attendons de les voir finir. Justement, il a voulu que l’on accepte la prolongation de son mandat pour qu’il puisse terminer ses grands chantiers. Mais, les grands chantiers sont là. Demandez à tous les opérateurs qui sont concernés par ces chantiers, aucun d’entre eux n’a reçu des sous. Tous, ils se sont engagés, parce qu’ils veulent que ce pays ait des infrastructures modernes. Ils ont fait des préfinancements, en faisant de grands emprunts au niveau des banques. Abdoulaye Wade leur dit toujours : « L’argent est là, l’argent arrive ». Mais, personne n’est payé. Bara Talla, il est au bord de la ruine, la Cse, elle est gravement inquiète. On en a parlé dans la presse. Fougerolles est dans la même situation, ainsi que le Cde. C’est terrible ce que fait Abdoulaye Wade. Ces sociétés-là qu’il a mises dans ces difficultés avec leurs travailleurs, il les prive du marché de la construction de la route Tambacounda-Kédougou. Il prend ce marché-là, pour des raisons que je soupçonne, mais dont je ne parlerai pas, il le donne à une société portugaise que personne ne connaît. Il a exclu les sociétés sénégalaises, dont personne ne nie la compétence. Voilà ce qu’il fait. Ces chantiers, l’hivernage arrive, qu’est-ce que nous allons devenir quand la boue rouge déferlera sur Dakar ? C’est un travail de gribouille. Abdoulaye Wade, c’est un travail de gribouille.

Quels sont les moyens dont vous disposez concrètement au niveau du « Front Siggil Sénégal » pour imposer au président Wade un dialogue, parce qu’apparemment, le rapport de force ne semble pas vous être favorable ? Mais le rapport de force, c’est quoi ? C’est le peuple sénégalais. Il a largement approuvé les positions exprimées par le « Front Siggil Sénégal » lors des prétendues élections législatives. Même s’il y a d’autres raisons. L’extrême misère dans les campagnes est passée de 53% en 2000 à plus de 83% il y a 02 ans, d’après le document du ministère des Finances. Et la situation s’est détériorée depuis 02 ans. C’est-à-dire qu’à l’heure actuelle, on peut se demander raisonnablement comment se fait-il qu’il n’y ait pas de morts dans les campagnes. Le bon Dieu a donné à l’homme une capacité de résistance face à la mort qui est exceptionnelle. Mais, il n’y a plus rien dans les campagnes. Et il ne peut pas dire que c’est l’opposition qui a fait ça. C’est le peuple qui décidera en dernière instance. Il y a des gens qui disaient, au lendemain de la mascarade présidentielle, que le peuple sénégalais mérite ce qu’il a, parce qu’il a voté massivement. Mais moi, j’ai toujours dit qu’il n’a pas voté. C’est un peuple comme tous les peuples, il marche à son rythme. Personne ne peut lui commander le rythme de la marche. Ce que nous pouvons faire, c’est travailler afin qu’il accélère le rythme, mais pas sur télécommande. C’est un travail politique qu’il faut faire. Et nous nous y mettons. Nous allons d’ailleurs ces jours-ci aller vers les populations pour les remercier et leur demander d’amplifier la pression sur le pouvoir. Qu’il s’occupe des problèmes du Sénégal, au lieu de se contenter de bonimenter. Les jeunes du « Front Siggil Sénégal » vont organiser une manifestation le 16 juin prochain. Les femmes vont continuer la mobilisation dans les quartiers sur le thème de la cherté de la vie. Les dirigeants vont même s’impliquer dans la bataille pour la réduction immédiate des prix des denrées de première nécessité. Parce qu’il n’y a aucune raison qu’au Burkina, au Mali, des pays qui sont à plus de mille kilomètres de la côte, on ait le prix de l’essence inférieur à celui du Sénégal. C’est par ici que transite l’essence du Mali et même peut-être d’autres pays. Qu’est-ce qui justifie ça ? Tout simplement le train de vie de Abdoulaye Wade. C’est un rythme d’enfer auquel il soumet la nation. Il dépense dans des futilités l’argent public et le lendemain, il augmente les prix pour compenser ce qu’il a dépensé. Les facteurs de l’économie mondiale, c’est vrai qu’ils existent. Mais comment se fait-t-il qu’au Mali on les maîtrise, mais pas ici ?

Est-ce que vous pensez réellement pouvoir faire face au président Wade qui semble apparemment assez fort ? Abdoulaye Wade est un grand comédien. S’il avait fait la comédie, je suis persuadé qu’il serait le premier à recevoir le prix Nobel de comédie dans le monde. Ce qu’il affiche comme ça, c’est pour la parade. Je ne sais pas comment il va sortir de là, avec la dette intérieure qui monte de manière aussi fulgurante, on parle entre 200 et 300 milliards de F Cfa, le Trésor public a tout suspendu, parce qu’il faut d’abord payer les salaires. Ça, au moins, il arrive encore à le régler, mais au détriment de l’activité économique.

Mais, il semble qu’il a des possibilités de faire rentrer de l’argent… Je sais que l’histoire du Port qu’il donne aux Koweitiens, au détriment d’une société - je ne défends pas Bolloré -, mais elle est encore là depuis des décennies, avec des travailleurs qualifiés. Maintenant, dès qu’on dit quelque chose, c’est le Koweït. Même le modèle politique, c’est le Koweït. L’autre jour, en revenant du Koweït, il nous dit : « Voilà, là-bas, quand le chef parle, tout le monde s’exécute ». Mais, les Sénégalais ne sont pas des automates, ce sont des citoyens qui ont un esprit critique, parce qu’ils croient à la raison. Et de toute façon, ils n’ont pas connu de système féodal de cette sorte dans le Sénégal moderne. Tout maintenant, c’est le Koweït. Même le Maroc est passé au deuxième plan. Mais l’argent de l’Oci n’est pas encore arrivé. Il a fait combien de voyages là-bas et l’argent n’est pas toujours arrivé. Il dit toujours : « L’argent va venir ». On leur donne le Port, parce que ses grands projets sont dans l’impasse. Il croit qu’en donnant le Port au Koweït, il va avoir immédiatement 400 milliards d’argent frais. Et comme ça il pourra poursuivre ses chantiers, régler quelques dettes pressantes et évidemment continuer son train de vie dispendieux qui fait que le Sénégal est en train de s’écrouler.

Ne craignez-vous pas que la nouvelle opposition à l’Assemblée nationale vous ravisse la vedette ? Cette opposition ne peut pas nous remplacer. C’est au-dessus de ses moyens, parce qu’elle est plombée au départ. Il y a des gens de grande qualité. Mais, la voie qu’ils ont choisie, c’est une voie d’impasse. Tous ces gens-là, Abdoulaye Wade les tient. Il n’a pas financé leur campagne pour que ces gens-là s’opposent à lui. Puisqu’ils ont accepté son argent, il va encore sortir de l’argent pour certains d’entre eux. Je ne dis pas tous. Je considère que c’était une erreur capitale qu’ils ont commise en participant à ces élections pour contrarier le « Front Siggil Sénégal ». Ils ont mordu à l’hameçon et ils le paieront. Ils ne peuvent pas faire de l’opposition à Abdoulaye Wade. De quelle force disposent-ils ? Ils ont mordu à l’hameçon de l’argent. Et Wade est toujours disposé à sortir de l’argent. Il y a toujours un besoin d’argent. Il y a des gens qui ont accepté de l’argent pour aller à la soupe. Ils ne feront aucune opposition à Abdoulaye Wade. Ils ne peuvent pas nous remplacer.

Donc, vous n’avez aucune crainte… Il n’y a aucune illusion possible que ces gens puissent nous remplacer. De toute façon, nous sommes dans le pays. Nous allons mener une campagne plus forte encore que celle dont nous venons de sortir victorieux. Nous allons accentuer la pression. Nous avons d’autres leviers et Abdoulaye Wade le sait. Ce peuple-là nous connaît, nous le connaissons. Il n’y a aucun contentieux entre le peuple et nous. Vous avez vu le succès du Parti socialiste, que j’avais prévu. Le jour même de la constitution du premier gouvernement, je leur avais dit : « Ne dormons pas. Il faut travailler, le Parti socialiste n’est pas mort et il ne mourra pas. Il a des racines ». Quand j’ai dit ça, c’était comme si j’avais versé de la glace sur les corps des gens qui étaient là. C’était exactement le 02 avril 2000. Nous étions en train de discuter de la composition du gouvernement. Wade est vivant. Nous sommes vivants. Comment va-t-il nous faire taire ? Par la répression. C’est ce que nous allons voir. Il n’a qu’à tenter de faire la répression. Il verra. Je l’ai annoncé dans Wal Fadjri il y a de cela deux mois que Abdoulaye Wade ne repose en fait que sur l’étroite oligarchie qu’il a fabriquée de toutes pièces, en pillant les ressources publiques, en pillant le patrimoine foncier de l’Etat, en pillant le patrimoine immobilier de l’Etat. Le pouvoir d’Etat, il faut avoir des forces de répression. Mais le plus important, comme il le disait, c’est d’avoir le consentement populaire, au moins d’une partie essentielle de la population. Sur quelles forces sociales repose Abdoulaye Wade ? Ni sur les hommes d’affaires : même s’ils ne parlent pas, ils savent que ce sont des aberrations économiques qu’il fait à longueur de journée. Ni sur les paysans qu’il a complètement détruits. Ni sur les travailleurs, même s’il a dépensé beaucoup d’argent pour affaiblir les syndicats, les diviser et acheter nos dirigeants. L’intelligentsia sénégalaise, beaucoup ont été achetés, mais il faut se méfier de l’eau qui dort. Nous reposons sur les masses populaires. Nous mettons en avant les préoccupations populaires. Nous sommes pour un Etat rationnel, pour qu’on cesse de piller le pays et qu’on s’occupe des paysans. C’est un programme national. Les injustices qu’il a faites dans l’armée se sont retournées contre lui. Il a tout désorganisé, alors que l’armée aime l’ordre. Nous avons une armée d’intellectuels. Je voudrais qu’il sache que les coups d’Etat ne sont jamais faits par les généraux. En Egypte, Nasser, quand il faisait son coup d’Etat, il était commandant.

Vous pensez cela possible au Sénégal ? Mais, qui peut l’exclure ? Avec le désordre qu’il a introduit et qui inquiète la Nation entière. Ces gens aiment la paix civile. Abdoulaye Wade, c’est une politique de tension sur tous les plans. Il est venu ici, il a voulu semer la division ente les confréries. Il a voulu abolir la laïcité qui faisait le bonheur de tout le monde. A l’heure actuelle, il finance des forces obscures dans les confréries. Des forces dont les gens ne soupçonnent même pas ce qu’elles peuvent faire ici. Tout cela pour préparer justement sa politique de terreur. Ça, c’est dans ses plans. Si on ne l’arrête pas, il lâchera ces gens-là comme des chiens enragés contre la société. C’est ça le danger. C’est pourquoi l’opposition démocratique a une grande obligation de renforcer son unité pour, non seulement faire partir Abdoulaye Wade le plus rapidement possible, mais surtout pour maintenir le Sénégal d’après Abdoulaye Wade sur les rails de la démocratie, de la République et de la paix civile. Parce que si on ne le fait pas, nous sommes en danger. Parce que les bombes à fragmentation qu’il a installées dans la société vont tous nous emporter.

On vous a vu à la levée du corps de Ousmane Sembène. Quel commentaire faites-vous sur sa disparition ? Sembène, c’est un monument, comme tout le monde l’a dit, qui s’en va. Je crois qu’il est de la dimension de Cheikh Anta. Il a choisi, à travers un apprentissage compliqué, passé de l’analphabétisme au sommet de la science et surtout de l’art cinématographique, d‘écrire dans un français limpide sur nos sociétés. Les « Bouts de bois de Dieu » a été pratiquement traduit dans toutes les langues du monde. Des travaux importants ont été consacrés à cette œuvre. Il a été le fondateur du cinéma africain. Je l’ai connu quand j’avais 22 ans. J’allais au Festival mondial de la jeunesse, en 1959. Nous étions des centaines de jeunes. Depuis Pointe noire, le bateau prenait les gens, jusqu’à Dakar. Et c’était le premier festival dans un pays capitaliste. Nous sommes arrivés à Marseille le matin. Sembène Ousmane était membre du comité d’accueil marseillais, responsable syndical chez les dockers. C’est lui qui nous a accueillis et il nous a conduits à la gare Saint Charles. C’était un communiste. Je retiens de lui un profond humanisme, une capacité de travail hors du commun. Il ne perdait pas son temps. L’argent, ce n’était pas son affaire. Il ne gaspillait pas. Il a soutenu notre parti jusqu’à sa mort.



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