Hôpital Georges Pompidou, il est 13 h 25 lorsque nous franchissons le portail de l’immeuble médical. Tout est calme. Seul le va-et-vient du personnel soignant perturbe la quiétude des malades. Différent de ce qui se passe dans certains hôpitaux sénégalais.
De question en question, on se retrouve au 8e étage, à la chambre 321 où est interné l’étudiant de l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis, Mademba Sané. A l’ouverture de la porte, on le voit avec un pot en main en train de verser quelques crachats. Il est assis tournant le dos à la fenêtre qui devait lui permettre d’avoir une vue splendide sur Paris, la ville lumière. Mais comme s'il ne voulait pas jeter un regard sur la vie, lui qui est rongé par le chagrin depuis qu’il a su qu’il ne pourra plus marcher sur ses deux jambes. Pour le consoler, ses cousins et son oncle sont à son chevet tous les jours de 13 h à 19 h. Car en France, le malade passe la nuit seul. Même son accompagnateur est obligé d’aller voir ailleurs.
Trois confrères en plus de ses trois parents surchargent la chambre du malade. Après les salutations d’usage, on s’enquiert de son état de santé. «Il va de mieux en mieux», répond un de ses parents. Mademba nous regarde furtivement avant de baisser rapidement ses yeux vers sa jambe gauche amputée. L’atmosphère s’alourdit aussitôt. Brisée à chaque minute par les crachats de Mademba. Apparemment, il souffre beaucoup plus des poumons que de sa jambe. Et son oncle confirme : «Le médecin nous a informés que lorsque Mademba Sané était en réanimation à Dakar, les raccords qu’on lui a introduits pour lui permettre de respirer, ont entraîné des infections au niveau de ses poumons». Et c'est ce qui fait cracher l’étudiant de Saint-Louis.
Lamine Sané, oncle paternel de Mademba Sané, confie : «C’est le scanner qui a détecté» les infections dont souffre l’étudiant sénégalais. «Il est en train de faire un traitement. On attend tout de même les résultats demain (aujourd’hui), mais le médecin nous a dit qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter», tempère-t-il.
D’autres séquelles ont été détectées dès son arrivée en France. «Ils (les médecins) ont revu la plaie parce qu'elle saignait. Il fallait que le chirurgien revoie. Cela a été fait. La plaie est en train de se cicatriser», explique M. Sané. Mais le pied de Mademba continue à le faire souffrir. «Quand il est arrivé de Dakar, il a été conduit en réanimation accompagné du Dr Diop, du Dr Mbodji et du professeur Bacary Sané. Après l’installation du malade à l’hôpital, le Dr Mbodji et le Pr Sané sont repartis au Sénégal. Actuellement, nous sommes en médecine interne», explique l’oncle. Mais le malade n’est pas au bout de ses peines. Il attend pour aujourd’hui les résultats définitifs pour savoir s’il peut être conduit à Valenton pour y subir des tests en vue de lui mettre une prothèse. Là également il faut de l’argent. «Il faudra de l’argent en plus pour que la prise en charge à Valenton au niveau des prothèses au cas où les 42 millions n'auront pas suffi». Et l’oncle de lancer un appel à l'Etat pour qu'il «continue à respecter ses engagements pour les soins à Georges Pompidou, mais aussi pour que Mademba Sané dispose de prothèses fonctionnelles à Valenton». «Ce que les parents demandent, c’est qu’il soit soigné, qu’on lui trouve une prothèse fonctionnelle. Car il n’est pas de notre culture d’attendre de quelqu’un de l’argent quand une personne est blessée ou morte. J’ai répété au médecin qui l’a opéré que ce n’est pas la culture du Sud, je l’ai répété au financier de l’université se Saint-Louis», insiste-t-il.
Au ministre de l’Education, Moustapha Sourang, Lamine Sané lui rappelle «ses engagements». Parce qu’il «m’a promis personnellement, quand il nous a rendu visite le samedi à 19 h avant notre départ, qu’il lui accorderait une bourse pour qu’il puisse continuer ses études en France».
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