Casse-tête turc pour parlementaires sénégalais. Faut-il quitter l’Assemblée nationale le 30 juin pour laisser la place à des suppléants bleus ou poursuivre la mandature prorogée par le pouvoir ? Après le choix de Moustapha Niasse de mettre fin à son statut de député, ses alliés de la Coalition populaire pour l’alternative poursuivent leur concertation pour arrêter une position politique commune.
Alors qu’elle est dans une dynamique de construction d’une plate-forme programmatique opposable à la mouvance présidentielle en février 2007, la Coalition populaire pour l’alternative (Cpa) se retrouve dans une posture politique difficile liée à la poursuite ou non du mandat des députés. Une situation devenue embarrassante pour elle, après la lettre de démission adressée au président de l’Assemblée nationale par le député Moustapha Niasse. Mis en minorité dans son parti, le secrétaire général de l’Alliance des forces de progrès (Afp) a décidé en effet de ne plus siéger à la Place Soweto à compter du 1er juillet prochain. Si le siège vide du leader des progressistes reviendra sans doute à un député du même camp, les scénarios auxquels les autres partis devront faire face sont autrement moins envisageables sur le plan politique. Ce qui fait dire à une voix autorisée de la Cpa que «la décision de Moustapha Niasse de mettre fin à son mandat ne porte à aucune incidence négative pour son parti. Nous pensons que c’est une démarche cavalière qui est la résultante d’un coup de tête irréfléchi couplé à un besoin de se libérer de la pression médiatique».
Au Parti socialiste où l’on redoute et rejette officiellement l’alternative de la démission généralisée au soir du 30 juin, le cauchemar de la suppléance a vite fait voir la réalité en face. Sur la dizaine de députés que compte le groupe parlementaire des «Verts», un départ de l’Assemblée nationale renforcerait le groupe libéral et démocratique d’au moins quatre nouveaux membres. Thierno Birahim Ndao, ministre conseiller à la Présidence de la République, Ibrahima Sarr, syndicaliste dissident de la Cnts/Fc, Me Amadou Kâ, passé à l’Union pour le renouveau démocratique (Urd) et Khoudia Kholle Ndiaye, tous à l’affût sur la liste des suppléants, sont en effet considérés comme des «transhumants» ou, à tout le moins, de nouveaux alliés du camp présidentiel.
A la Ligue démocratique, le constat est encore plus significatif. Les députés jallarbistes de la Place Soweto sont Abdoulaye Bathily, Famara Sarr, Opa Diallo, Wagane Faye et Mame Bousso Samb. Si cette dernière a plus les deux pieds dans la mouvance présidentielle que dans le camp de la Ld/Mpt, les quatre autres ont tous des suppléants libéraux pur sucre prêts à continuer le reste de la mandature prorogée.
L’heure est à la concertation entre certains alliés. Mais selon un des responsables de la Ld, «la décision démocratique la meilleure sera celle que prendra la Coalition populaire pour l’alternative» à l’issue de sa réunion de lundi prochain. Mais on ne se prive pas de rappeler à l’intention de Moustapha Niasse et de Madior Diouf, le secrétaire général du Rassemblement national démocratique, lui aussi démissionnaire, que «si des partis veulent aller ensemble et loin, ils ont intérêt à ériger la concertation en mode de gouvernance dans leurs rapports». Aborder la question ainsi posée sous l’angle sécuritaire et de l’éthique des responsabilités, c’est-à-dire recommander à ses membres de poursuivre la mandature au-delà du 30 juin, pourrait être la voie privilégiée par la Cpa. Dans ce cas de figure, fait remarquer malicieusement un observateur politique, «Niasse reviendra-t-il sur sa décision» ?
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