[ Locales 2009 ] Aux Parcelles, les candidats font encore dans la séduction des électeurs

Dakar, 22 mars (APS) - A chacun sa méthode pour séduire les électeurs avant qu’ils ne s’isolent et votent pour l’élection du maire des Parcelles Assainies, quartier de la banlieue de Dakar dont le Conseil municipal est convoité par cinq grandes listes. Les différentes têtes de liste y sont allés avec des stratégies de séduction, qui au-delà de leur ports vestimentaires, traduisent leur volonté de ‘’pousser les électeurs’’ à choisir leur liste.

Au centre de vote de l’unité 19, le Cem et l’école primaire deux ambiances, tant le premier lieu qui ne compte d’un bureau du reste désert, contraste avec le second qui emplit depuis 8 heures, refuse encore du monde dans ses 12 bureaux submergés par des queues interminables de votants qui brave le soleil.

10h, alors que l’opération électorale a débuté partout, même dans le bureau numéro 6 où le retard noté est lié à l’arrivée tardive du représentant du Commission électorale nationale autonome (CENA), la séduction commence. Une des têtes de liste arrive en grand fanfare avec des paquets-déjeuner barrés d’un nom d’une célèbre pâtisserie de la place.

Des petits fours, des croissants, de petits pains, bref de petites délices pour ‘’les électeurs, fatigués puisque debout depuis 8 heures’’ seront servis à raison de ‘’quatre paquets par bureau de vote’’, assure la dame Penda (nom d’emprunt), la quarantaine, sourire aux lèvres et qui snobe ses adversaires politiques du moment. L’un de ceux-ci, jouant la carte du Fair-play, se fera éconduire alors qu’il tentait de profiter du festin.

Aux petits soins de leurs électeurs qui n’ont pas été insensibles à cette marque de séduction ‘’par le ventre’’, l’autre forte tendance de ce centre proche du domicile du maire sortant des Parcelles Assainies, un rire moqueur, pronostique déjà la défaite de leur rivale : ‘’Qu’ils fassent la noce le matin, parce que ce soir ils risquent de ne pas dîner tant la pilule de la défaite sera amère’’, jure une dame, grand boubou bleu-ciel bien mise et verres correcteurs en évidence.

A l’unité 8, c’est un autre décor. Ici, on semble jouer de sa réputation et du capital sympathie pour attirer l’attention sur les candidats. L’on semble s’épier aussi, la confiance ne régnant pas entre deux protagonistes de l’école libérale qui bien que s’ignorant royalement en façade se préoccupent chacun de ce que fait l’autre.

L’un deux, le député Moussa Sy, joue la carte de prudence et appelle quelques excités de sa bande à ‘’ne pas céder à la provocation puisque les dés sont déjà jetés’’, tandis que l’autre, l’ancien ministre Lamine Bâ entré en dissidence, joue celle de l’enfant du coin Costume beige bien sanglé, cravate rouge en évidence, le sourire au coin, il sacrifie à l’usage des salamalecs, serre des mains et ‘’contrôle’’ le bon déroulé des votes.

A l’unité 16, où habite un candidat de l’opposition et marabout de son état, l’ambiance rappelle celle du Magal. Quelques disciples Baye Fall, les rastas bien en évidences, la tunique Patchwork ceinte au niveau des reins peuplent le décor. En ‘’service commandé’’, ils veillent à la sécurité des lieux, et lorsque leur guide s’apprête à aller faire son tour de bureau vers 12 heures, se scindent en deux groupes. L’un sert de garde rapprochée, l’autre reste vigilant sur la devanture de maison. Jouant la carte de la dissuasion.

Vers le stade municipal des Parcelles, le lieu dénommé ‘’croisement 22’’ dénote avec le reste de ce quartier populeux, qui ce dimanche jour de vote présente globalement les allures d’une ville encore endormie.

Ici, c’est un candidat, Demba Dia, musicien chanteur de son état qui se livre à son dernier show. Gilet beige sur chemise bleu, pantalon aux plis soigneusement repassés, lunette de soleil en évidence sur le front, il l’a joue populeux.

Debout sur un Quad (moto à 4 roues), la star du rock se dit adulé par les enfants, les jeunes et mêmes les vielles femmes. Celles-ci, revenant du marché, n’hésitent pas à s’arrêter et apprécier son spectacle muet de paroles mais emplit de signe de victoire comme le V qu’il fait de la main et les klaxons et autres vrombissements de moteurs. En attendant, peut-être, un concert pour fêter sa victoire ?