Le transfert de Barthélemy Dias de Reubeuss (Dakar) à la prison de Tamba (467 km) hier, samedi 26 août, n’est ni plus ni moins qu’une «déportation» de l’avis de certains. Ses avocats, eux, se démènent pour sortir de là leur client et le ramener à la maison d’arrêt et de correction (Mac) de Dakar. Me Aïssata Tall Sall et ses confrères ont décidé de saisir dès aujourd’hui le juge d’application des peines.
Le Coordonnateur national de «Convergence socialiste», Barthélemy Dias, a été transféré le samedi 26 août à la prison de Tambacounda à 467 km de Dakar. C’est sa mère Christiane qui a donné l’information. Une nouvelle confirmée par ses avocats. Dias-fils aurait quitté Dakar tôt dans la matinée du samedi, il serait arrivé à Tamba vers 12 heures 45 minutes à bord d’un véhicule de l’administration pénitentiaire. Au niveau de sa famille, c’est la consternation alors que les avocats de Barthélemy confirment la thèse de l’acharnement et cherchent une parade pour tirer d’affaire leur client. «Depuis que Mme Dias nous a informé du transfert, nous sommes en train de nous concerter et nous pourrions nous réunir pour rencontrer le juge d’application des peines lundi (aujourd’hui, Ndlr) aux fins de lui présenter une requête dans le sens du re-transfert de Barthélemy Dias à Dakar pour les besoins de la procédure d’appel que nous avons interjeté», a déclaré Me Aïssata Tall Sall. L’avocate ajoute: «nous avons interjeté appel de la décision du tribunal des flagrants délits (6 mois de prison ferme) qui est recevable de la Cour d’appel de Dakar. A partir de ce moment, il n’y a pas une raison de transférer Barthélemy Dias à la prison de Tamba où il n’a pas d’amis, d’attaches ni de famille. Sauf si on veut le faire souffrir de façon gratuite. Et je pense qu’il est avéré et la preuve a été apportée que la famille Dias est victime d’acharnement». Le membre du bureau politique du Parti socialiste (Ps) - formation à laquelle est affilié le mouvement de Barthélemy Dias - que nous avons joint au téléphone a souligné que «c’est une décision qui a surpris plus d’un et que nous condamnons». D’après Aïssata Tall Sall, «cette procédure est tellement singulière que nous ne le rencontrons pas tous les jours. Quand nous avons eu la nouvelle, la première chose que nous avons faite, c’est de nous précipiter sur nos codes pour vérifier si cela est permis à l’administration pénitentiaire». Remarque de l’avocate : «certes, ils ont le droit de procéder au transfert du prisonnier, mais nous pensons que dans un cas comme celui-là, où l’on ne s’agit pas d’un gangster ou à d’un criminel, c’est une banale affaire politico-judiciaire. La courtoisie, les règles de bonne convenance et même de procédures auraient recommandé de prévenir les avocats pour qu’ils puissent prendre leurs dispositions».
L’opposition outrée, la société civile tempère
Dès que Christiane Dias a mis les avocats de son fils au parfum du transfert de son fils à la prison centrale de Tamba, la nouvelle s’est répandue telle une traînée de poudre. C’est alors un déferlement d’indignation au niveau de la classe politique, surtout du côté de l’opposition. Le secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (Pit), Amath Dansokho, a estimé que les Dias sont des politiques qui expérimentent «injustement la machine répressive de l’Etat». Indiquant que le pouvoir est en train de dépasser les limites, Amath Dansokho a parlé de mesures «arbitraires» visant à casser le moral de Barthélemy Dias. Il a par ailleurs estimé que le transfert du prisonnier à Tambacounda est «le signe d’un manque de respect notoire des autorités pour la partie orientale du Sénégal». Le leader du Pit déclare : «nous allons activer nos camarades sur place. Nous estimons que Tambacounda ne peut-être un dépotoir d’hommes politiques hostiles au pouvoir. Cette opération a tout l’air d’être bien pensée». Pour lui, «les libéraux savent que le Sénégal oriental appartient à l’opposition. Le Ps contrôle le département de Tambacounda, Bathily, celui de Bakel et moi-même Kédougou. C’est grave. La région orientale ne doit pas servir à cela. Nous allons nous battre contre », a-t-il martelé.
Le chargé de la communication du Ps, Abdoulaye Wilane, a réagi sur le même registre que Amath Dansokho. «Il s'agit bien, selon lui, de déportation. Ce que le régime de Abdoulaye Wade est en train de faire relève de ce que je peux appeler de gamineries. Il joue à se faire peur et à faire peur aux Sénégalais. Il faut qu'il arrête ce cinéma», a-t-il déclaré.
Le coordonnateur du Forum civil, Mamadou Mbodj tente, pour sa part de décrisper la situation. Il a appelé au retour à la tranquillité des esprits et à la sérénité. «Il ne faut pas pousser à la radicalisation car cela ne sert pas le Sénégal, cela ne sert pas la politique, cela ne sert pas le peuple sénégalais ». Mamadou Mbodj a estimé que «ces actes comme l’enquête sur la nationalité de Jean Paul Dias et du transfert de son fils, Barthélemy à Tamba laissent filtrer un goût de revanche et de règlement de comptes».
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