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Politique

Bilan de l'alternance : HUIT ANS DE… « SOPI »

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Bilan de l'alternance : HUIT ANS DE… « SOPI »

Aujourd’hui, mercredi 19 mars 2008, le régime issu de l’alternance au sommet du pouvoir politique de février-mars 2000 boucle ses huit ans de magistère. La gouvernance « Sopi » a donc eu le temps de faire ses preuves en deux mandats, dont le second s’entame certes à peine. Que faut-il en retenir ? Quid des espérances d’une jeunesse hardie et engagée ? Qu’en est-il du projet de société attendu au soir du 19 mars 2000 ? Où en sont les chantiers, tous les chantiers ouverts dès le 5 avril 2000 ? Décentralisation ? Réformes politiques et institutionnelles ? Paix en Casamance ? Environnement des affaires et réformes économiques ? Bonne gouvernance ? Les grands chantiers de l’Etat ? Dialogue social ? Etat de droit ?... Un devoir d’inventaires, même sommaire, s’impose en ce jour anniversaire après huit ans. Pour jauger des réalisations du pouvoir libéral, questionner ses projets politiques, scruter ses perspectives sociales. 

« Sopi », changement en wolof. Jamais slogan n’a été aussi ramassé, aussi saillant et aussi opérationnel que celui-ci. Il a traduit en quatre petites lettres mieux que tout discours, l’aspiration de tout un peuple. Des décennies durant, les Sénégalais et les Sénégalaises ont, à chaque consultation, montré leur désir grandissant de changement. Changement dans la conduite des affaires de la cité. Changement dans les rapports politiques et sociaux. Mutation qualitative du train de vie de l’Etat jugé dispendieux jusqu’alors. Changement dans la répartition des ressources nationales pour un partage plus juste, plus équilibré. Evolution qualitative à l’Education nationale. La Santé pour des soins de qualité pour tous. Changement dans le monde du travail : pour le plein emploi, surtout de la jeunesse désœuvrée en majorité. Un « Sopi » qui opère les ruptures arrivées à maturité dans tous les domaines, dans tous les secteurs d’activité humaine et qui mette fin aux ajustements structurels qui avaient fini de paupériser les masses urbaines et rurales. C’est ainsi que de 1983 à 2000, Abdou Diouf, le candidat du Parti socialiste (Ps), a fait les frais à chaque élection présidentielle en voyant sa majorité fondre comme beurre au soleil, impuissant à juguler la conjoncture qui foudroie les aspirations de plus en plus affirmées de tout un peuple. Son électorat s’en est naturellement ressenti, de consultation présidentielle en consultation présidentielle. Le 19 mars 2000, il est contraint de goûter à l’amer breuvage de la défaite devant son éternel challenger, Me Abdoulaye Wade du Parti démocratique sénégalais (Pds), porté par la Coalition alternance 2000 (Ca-2000) au premier tour et le Front pour l’alternance (Fal) au deuxième. Crédité au premier tour de 30,97% des suffrages valablement exprimés, Me Wade fait le plein au deuxième tour et engrange 58,49% des voix des votants, battant sans rémission le candidat socialiste. L’aspiration au changement de 40 ans venait de triompher. Depuis, le « Sopi » est à l’épreuve du pouvoir. Il est toutefois submergé : « Beuk-mi » ou l’immigration clandestine, le Joola, l’arachide effondrée, les inondations, les ruptures fracassantes, les élections contestées, les reniements politiques spectaculaires, les fractures sociales sont passés par là. Et ont terni les efforts considérables d’investissement faits pour l’éducation, pour la santé, pour des infrastructures.

Et le Fal vola en éclats

Arrivé en troisième position avec environ 17% des voix, Moustapha Niasse, le Secrétaire général de l’Alliance des forces de progrès (Afp), leader du Code 2000, l’autre coalition de l’opposition, rallie Me Abdoulaye Wade au sein d’un Front pour l’alternance (Fal). Il soutient ainsi la candidature du porte-drapeau du Ca 2000 en demandant le report des voix en sa faveur. Ce report s’opère sans perdition et aide grandement à la victoire au deuxième tour de Me Wade qui avait annoncé dès le lendemain du premier tour son désir de nommer Niasse au poste de Premier ministre en cas d’accession au pouvoir, attaquant intelligemment le second tour avec un ticket qui se trouve ainsi gagnant au finish.

Cependant l’union ne dura que ce que durent les roses, l’espace d’un matin. Le clash s’opéra au bout de 11 mois seulement. Moustapha Niasse, ses ministres et ses alliés quittent le gouvernement avec fracas le 3 mars 2001. Déjà la presse avait évoqué les négociations difficiles entre le nouveau président de la République, le libéral Me Abdoulaye Wade, et son Premier ministre, le socialiste, Moustapha Niasse. Celui-ci qui en avait informé la presse s’était vigoureusement élevé contre le décret nommant Idrissa Seck, ministre d’Etat, Directeur du cabinet du président de la République. À sept mois de la présidentielle, il met sur les fonts baptismaux, l’Afp. Il arrive pourtant en troisième position avec un peu près de 17% des voix au premier tour et devient « faiseur de roi » au second.

LA FIN DE L’ALTERNANCE ?

Un an après la victoire de Me Wade, le « peuple » de l’alternance fête triomphalement la mise à l’écart définitive du régime Diouf, coupable à ses yeux d’être responsable de tous ses maux. Il sera conforté dans son euphorie par un référendum constitutionnel plébiscite et des législatives anticipées qui, grâce à un mode de scrutin que d’aucuns n’ont pas manqué de qualifier d’inique, lui offrent une majorité plus que confortable à l’Assemblée nationale. Tous les espoirs étaient alors portés sur le gouvernement dit de l’Alternance. Son chef, dans un état de grâce rarement égalé, promet à tours de bras à un peuple qui boit ses paroles. Chemin de fer à grand écartement, aéroport moderne en quelques années seulement, centrales électriques dans chaque région (rêve irréalisable, la tendance étant plutôt à l’interconnexion des pays), du travail pour les jeunes, une solution à la demande sociale, celle-là qui a balayé Diouf et son régime, règlement de la crise casamançaise en 100 jours. La liste des promesses est loin d’être exhaustive. Ainsi de 2001 à 2005 on fêta l’alternance avec faste, malgré les départs de Moustapha Niasse et alliés dès la première année. Chaque année l’anniversaire du 19 Mars était ainsi célébré en grandes pompes par les tenants du pouvoir. Dès 2006, on a semblé faire profil bas. Pourquoi ? L’utilisation abusivement politicienne des résultats des audits de la gestion des sociétés d’état par les socialistes avait fini de convaincre d’une crise morale aiguë. Il s’y ajoute que les accusations de détournements de deniers publics, la corruption et la concussion finissaient de mettre les nouveaux maîtres du pays au même niveau que leurs prédécesseurs. Que dire des échecs successifs des politiques agricoles pour les moins tatillonnes ? Sinon qu’elles ont donné l’impression, d’année en année, d’une volonté de sabotage organisé de toutes les filières, notamment celle de l’arachide principale source de revenue pour le monde rural sénégalais ! La question des bons impayés des paysans, la dislocation de la Sonagraine, la privatisation de la Sonacos, l’introduction sans préparation de nouvelles cultures.

La politique discréditée

Les célébrations de la transhumance souvent au Palais de la République, même sous l’œil goguenard des caméras ainsi que la mise en place d’Institutions qui avaient été jugées futiles, notamment le Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (Craes) finalement (re)supprimé pour un Conseil économique et social à revenir, ainsi que le Sénat remis au goût du jour, ont fini de discréditer les actes et réformes institutionnels. La succession des « Affaires » mettant au premier plan des responsables du pays n’arrangeant pas les choses. Illustration : l’Affaire dite des chantiers de Thiès qui a mis à nu une formidable manipulation des institutions, les unes par les autres. Et l’on a toujours pas fini d’attendre de savoir où sont passés les milliards de Thiès ou des fonds politiques. Qui les a détournés ? Quelle est l’importance du préjudice ? Qui payera demain l’ardoise ?

Après avoir entretenu des rapports conflictuels avec la presse privée -un foyer de tension qui ne s’est pas encore éteint malgré les multiples médiations et tentatives de médiations - le pouvoir a fini de mécontenter tous les secteurs de la vie active : marche des paysans (du jamais vu au Sénégal jusqu’alors), grève des agents de la magistrature, mauvais traitement de la question des inondations, crise scolaire et universitaire, grève des agents de la santé et des enseignants. Tout cela au moment où le pouvoir clamait sa sur liquidité. Le renchérissement des prix des denrées de premières nécessités, si ce n’est leur rareté dans le marché, enfonce le clou et exacerbe les tensions sociales. Tout cela n’offrait nullement occasion de pavoiser. En 2005, parce que les « alliés » de Gauche, la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail (Ld/Mpt) et And/Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (Aj/Pads) pour ne citer que ceux-là, ont décidé de s’interroger sur la direction prise par l’alternance, Me Wade et la Cap 21 décidaient de changer de majorité. Ainsi les… 2 millions de marcheurs de la place du Millénaire sur la Corniche deviennent la nouvelle majorité du 3è président de la République du Sénégal qui, du haut de la tribune sur la Corniche, prononce le bannissement de ses alliés de Gauche. Etait-ce la fin de l’alternance ?



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