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Politique

BOCAR MOUSSA BA, PRéSIDENT DE LA NOUVELLE VISION AFRICAINE : « Nos autorités sont plus préoccupées à faire de la diversion qu’à appliquer les vraies politiques »

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BOCAR MOUSSA BA, PRéSIDENT DE LA NOUVELLE VISION AFRICAINE : « Nos autorités sont plus préoccupées à faire de la diversion qu’à appliquer les vraies politiques »

Président de la Nouvelle Vision Africaine une ONG basée à Washington DC (Etats-Unis d’Amérique), Bocar Moussa Ba est un Ingénieur des Télécommunications spécialisé sur les questions de Satellite. Mais loin d'être un "simple émigré " sénégalais comme on en trouve des milliers au pays de l'Oncle de Sam, Bocar Moussa Bâ est plus connu des Sénégalais par rapport à son approche citoyenne. Il y a quelques mois de cela alors que Me Wade était invité à Washington pour y recevoir un Prix pour la bonne gouvernance et la paix, Bocar et sa structure (Nouvelle vision africaine) étaient montés au créneau pour "huer" et perturber la manifestation avec à ses côtés le jeune Barthelémy Dias du parti socialiste. Et encore une fois face à la crise sévère que traverse le Sénégal depuis quelques mois, il réagit à nouveau depuis Washington Dc et tente de " rappeler à l'ordre" les autorités sénégalaises sur les risques probables qui pèsent sur le Sénégal.

Le Matin :  Des États-Unis où vous vivez, quelle lecture vous faites de la situation actuelle que traverse le Sénégal ?  
 
M. Bocar Moussa Bâ :  Je suis Sénégalais donc tout ce qui touche mon pays de plein fouet ne manque jamais de se répercuter sur moi aussi loin que je suis. Il est donc clair que la situation actuelle que vivent les Sénégalais qui de plus en plus sont en situation de second me fait très mal. Mon souci est devenu perpétuel pour mon pays. D'abord, quand je pense à la flambée des prix et le faible pouvoir d'achat de mes concitoyens, j'ai mal. Nouvelle Vision Africaine s’indigne et demande à Me Abdoulaye Wade de prendre toutes les mesures qu’il faut pour résoudre cette crise qui secoue le pays depuis un moment.    
Au Sénégal, c’est une erreur que de croire que la famine a commencé avec cette flambée des prix. Nous avions vu ces difficultés sérieuses du peuple en allant dans les profondeurs du pays entre Ourossogui et Bakel où les populations avaient d’énormes difficultés pour se nourrir, se soigner ou se déplacer. Il est devenu vraiment urgent d’arrêter ces dérives d’une politique de mauvaise gestion de l'État orchestrée par les proches du Président. Nous ne devrons pas disperser nos efforts car le monde entier est en train de changer. Le Gouvernement du Sénégal semble trouver un prétexte pour cette flambée des prix sur les augmentations des prix du baril du pétrole. Or, cet argument ne tient pas si nous comparons les prix pratiqués dans notre pays avec ceux de la sous- région. Certes, la famine menace le monde, mais le Sénégal n'est pas encore comme certains pays si les autorités actuelles le veulent.  
 
Ce n'est pas seulement la flambée des prix qui pose problème. L'Éducation fer de lance du développement est malade avec la menace persistante d'une année blanche ou invalide ?  
 
Le système éducatif paralysé actuellement par les grèves est en train de se dégrader. Or, s’il y a un pari que nous avions gagné ( Ndlr : Le Sénégal) c’est justement celui de l’éducation.  L’absence de communication entre le pouvoir, les enseignants et les étudiants n’aide pas à trouver des solutions rapides. Cette situation pourrait entraîner une année « blanche ». Les étudiants revendiquent d’être mis dans des situations meilleures pour étudier et se plaignent surtout des effectifs surélevés et également du manque de professeurs. Quoi de plus normal ? Je me pose des questions de savoir où se trouvent les enseignants formés depuis les indépendances. Une bonne partie a dû émigrer dans les autres pays. C’est la même situation avec le sport africain. C’est le sauve-qui-peut. La situation est devenue alarmante. Les enseignants sont sur le point de mettre en place leur 6e plan d’action.  
Malgré tout nous disons Non à une année blanche ! et demandons au président Me Wade encore une fois à son gouvernement, aux grévistes de tout faire pour se retrouver autour d’une table pour trouver une solution de compromis pour au moins pour sauver l’année.  
Une année « blanche » dévaloriserait le système éducatif du Sénégalais. Les élèves sont nos enfants et, ils sont appelés à diriger le pays demain. Donc, il urge par tous les moyens que nous les sauvions. Autant que le monde rural.  
 
Justement pour ce monde rural, le Chef de l'État tout récemment a débloqué une somme de 10 milliards de Fcfa pour l'appuyer. Une somme que les ruraux eux-mêmes jugent insuffisante. Est -ce votre avis ?  
 
Le président de la République a décidé de débloquer 10 milliards pour alléger les souffrances des populations qui font face aux conséquences d’une saison des pluies qui n’a pas eu les rendements escomptés cette année. Mais je pense que la solution n'est pas là. Ce dont les paysans ont besoin, c’est un programme soutenu par une bonne politique gouvernementale. Il y a quelque temps le ministre de l’Agriculture avait proposé le plan Retour Vers l’Agriculture (REVA), qui consistait à professionnaliser les métiers de l’Agriculture. On avait rêvé. Ce plan était conçu pour encourager les immigrés à rentrer au Sénégal et avoir une occupation. Mais qu'en est-il ? Rien. Ce qui manque vraiment, c’est la volonté politique pour une prévention de la famine en appliquant la Biodiversité. Le monde rural représente 70% de la population totale du pays. Les financements existent par exemple le Millenium Challenge Account. Il faut seulement aider les paysans à élaborer des projets de développements durables.  
L’engrais biologique avec une agriculture intégrée permettra de re-aménager les sols. Les paysans sont fatigués parce qu’il faut appliquer chaque année la même culture avec de l’engrais. Cette méthode de culture retiendra le sol et réduira ainsi l’effet de serf. L’avantage de l’agriculture biologique est que les paysans n’auront plus besoin d’acheter des produits chimiques mais appliqueront strictement la Biodiversité. Mais nos autorités sont plus préoccupées à faire de la diversion qu'à appliquer les vraies politiques.  
 
Mais jusque -là ce ne sont pas les finances qui manquent au Sénégal, malgré la crise?  
 
Parfaitement. Les ventes de toutes les licences de télécommunications  sont faites jusqu’ici de manières douteuses. Aujourd’hui l'État du Sénégal compte même se débarrasser totalement de sa part au niveau de la Sonatel. Nous ne comprenons pas les raisons de cette motivation. Le président Me Wade aurait donné 1400 billets à des gens pour aller à La Mecque, a créé un Sénat qui est illégitime et qui nous a coûté une fortune. Il dispose d’un gouvernement avec un nombre pléthorique de ministres incompétents et aurait acheté un avion présidentiel entre 30 et 50 milliards de Fcfa sans passer par l’Assemblée Nationale.  
C’est trop de gaspillage. Notre groupe,  Nouvelle Vision Africaine exige alors une transparence dans la gestion des finances publiques. Toutes les sources des différents financements qui rentrent dans le pays doivent êtres éclaircis par soucis de transparence. Toutes les opérations de décaissement effectuées par le trésor doivent êtres passés au peigne fin et justifiées au niveau de l’Assemblée Nationale. Le Ministre des Finances avait affirmé que la pauvreté a été réduite de 13%. Je profite de cette occasion pour lui demander de ne pas nous prendre pour des ploucs et de nous dire par quelle formule il est passé pour aboutir à cette conclusion. Je pense qu’il faut qu’ils arrêtent de jouer avec le peuple. Nous résidons ici à Washington DC, mais suivons la situation de très près. Je puis dire aujourd’hui que les immigrés sont les plus fatigués puisque toutes les conséquences de la politique du Gouvernement a des conséquences directes sur la vie des immigrés qui se battent pour tirer le diable par la queue et dans le même temps subvenir aux problèmes financiers de leurs familles en Afrique.  
Le Gouvernement du Sénégal s’est investi dans la ville de Dakar avec de grands chantiers. La préoccupation majeure des Sénégalais n’était pas d’avoir une très belle corniche. Tout ce que nous disions c’est que nous devons avoir un plan directeur de développement avec un budget qu’il faut respecter à la lettre. Un budget est important car ça permettrait de maîtriser les coûts et de nous éviter des erreurs qui peuvent nous être fatales. Or, depuis les indépendances nous gérons notre pays de manière folklorique. Aujourd’hui dans ce monde du XXIe siècle, les affaires sont gérées par des méthodes modernes. Il faut que l’Afrique se dote de ces outils pour maîtriser ses coûts et son avenir.  
Le ministre des Finances disait tantôt qu’avec la mise en place de la Direction centrale des marchés publics et de l’Agence de régulation qu’il y aura du nouveau. Je voudrais rappeler au ministre qu’il y avait bien un Code des marchés qui a même était re-édité : Décret numéro 2007-545 du 25 Avril 2007 portant Code des marchés Publics publié même dans le journal officiel. En tous les cas, nous exigeons qu’il y ait un rapport détaillé de toutes transactions effectuées au niveau de toutes les structures de l'État. Et de ce point de vue, nous interpellons le président de l’Assemblée Nationale pour qu’il prenne toutes ses responsabilités sur le rôle qu’il doit pleinement assumer. Il doit prendre son courage et exiger une transparence sur toutes les dépenses budgétaires effectuées jusqu’ici et les examiner au niveau de l’Assemblée Nationale.  
Le président de l’Assemble Nationale devra aussi exiger du Gouvernement de nous dire quels ont été les montants d’argent prêtés à l'État du Sénégal, les dons etc. Chaque centime devra être justifié au près du peuple. Le Gouvernement de Me Abdoulaye Wade dit avoir modernisé Dakar à coût de milliards alors que nous n’arrivons même pas à trouver une solution aux problèmes de passeports des immigrés. Alors que ces Sénégalais quand même contribuent de manière substantielle à l’économie du pays.  
Les immigrés rencontrent d’énormes difficultés pour transférer des montants d’argent au Sénégal ou acquérir un logement décent alors que ces gens tiennent l’économie du pays. Ce sont des questions qu’il faut que nos gouvernements prennent au sérieux et y travaillent. A titre d’exemple, la population des USA fait 303 millions d’habitants et pourtant ils n’ont que 15 ministres. Alors qu’au Sénégal la population ne fait que 10 millions d’habitants et nous avons un nombre de 29 ministres. Toujours aux USA il y a un médecin pour 400 personnes alors qu’au Sénégal nous avons un médecin pour 150300 personnes. C’est trop! Réveillons nous maintenant et commençons à travailler d’arrache-pied pour construire une seule nation africaine respectée, forte économiquement et militairement.  
 
Que dites-vous du dialogue politique et des Assises Nationales prônées par l’opposition non-parlementaire ?  
 
Notre groupe Nouvelle Vision Africaine tient à féliciter le Front « siggil Sénégaal » pour cette noble entreprise à savoir les Assises nationales. Nous disons seulement qu’il faudrait que nous fassions ce projet en partenariat avec le président Wade et son Gouvernement. Il va falloir inévitablement trouver un moyen pour les convaincre à accepter de jouer le jeu de ces Assises nationales.  
Nous demandons au président de répondre à l’appel de cette noble initiative compte tenu de la pertinence du contenu de ces Assises nationales. Nous encourageons l’opposition sénégalaise de continuer une lutte démocratique. Nous avons besoin d’un système qui servirait de contre-poids mais aussi de mener une opposition conséquente jusqu’au bout. Comme on dit en anglais, il est bon d’avoir un système de « check and balances ».                           
 
Mais cela peut-il se faire dans un pays où de plus en plus les droits les plus élémentaires en démocratie comme la marche, sont bafoués?  
 
( Il est catégorique) Avec la dernière énergie , notre groupe Nouvelle Vision Africaine dénonce également la sévérité non justifiée de la répression policière contre les citoyens qui manifestaient leur droit constitutionnel qui est le droit de marche. Le Chef de l'État doit comprendre que les sénégalais sont assez matures et que lui-même pendant de longues années dans l'opposition, il avait fustigé de tels états de fait. Donc, s'il en arrive à "mater" les populations qui ont faim et qui ne font que revendiquer à juste raison, cela dérange. Que Me Wade se ressaisisse. Que ses ministres arrêtent le folklore et qu'ils travaillent. Le Sénégal souffre non pas de ses populations, mais surtout de sa gestion par les autorités actuelles..  
 
Vous évoquiez tout à l’heure le problème du cumul de fonctions au Sénégal. Cela peut-il entraîner un blocage dans la marche des affaires publiques ?  
 
C'est un grave problème au Sénégal. On ne peut pas être Premier Ministre et Maire en même temps ou Président de l’Assemblée nationale. C’est de la pure distraction qu’il nous faut systématiquement éliminer.  Nous demandons au président Wade de nettoyer son Gouvernement, de réduire sa taille et de ne garder qu’une dizaine de ministres intègres, compétents, respectueux et soucieux des intérêts de la Nation. Il est grand temps de revaloriser la fonction ministérielle. Nous sommes tous interpellés par cette crise que nous traversons au niveau de notre pays. Nous avons tous des responsabilités partagées pour sauver notre nation et nos enfants. Les gens qui n’auront pas réagi par rapport à la situation auront ça dans leur conscience. L’hypocrisie que nous vivons au sein de notre pays doit s’arrêter maintenant et que nous soyons sincère et juste envers nous-mêmes, nos familles, nos amis et notre pays. Il est grand temps que nous entamions un dialogue sincère entre nous-mêmes. L’heure de l’arrêt de la distraction a sonné et que tout le monde devra se réveiller vu la crise internationale qui frappe le monde entier. Notre Groupe Nouvelle Vision Africaine en tout cas lance un appel à toute la nation Sénégalaise et Africaine pour un changement profond des mentalités au niveau de notre pays et mode de fonctionnement tout en conservant nos valeurs. Que nous arrêtions les méthodes folkloriques de gérer nos pays depuis l’indépendance. Résultat nous sommes plus pauvres qu’en 1960. Que nous arrêtions également de blâmer les occidentaux ou de pleurer nos sorts chez eux. Ce changement est devenu plus qu’une urgence. Un peu partout dans le monde, ici même à Washington DC les gens parlent de changement maintenant. Nous devons anticiper sur les choses et jouer gagnant avec la mondialisation.  



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