Ancien député et maire de Guédiawaye,
Bocar Sadikh Kane se retrouve dans le club des frustrés qui noient leur
chagrin au sein de Bokk gis gis. Dans cet entretien, il revient sur son
départ du Pds, parle de la situation politique nationale, dissèque les
premières décisions du gouvernement, s’épanche aussi sur les inondations
qu’il a affrontées en tant qu’édile de la populeuse ville de Guédiawaye
qui ploie sous les eaux durant chaque hivernage.
Après la débâcle libérale lors de la Présidentielle,
êtes-vous déçu des résultats de Bokk gis gis lors des Législatives (4
députés) ?
(Catégorique). Je ne suis pas surpris.
Connaissant l’histoire des élections au Sénégal, je me suis dit que le
président de la République qui est élu avec 65% des suffrages a toutes
les cartes en main. Ce serait même illusoire de pouvoir lui arracher la
majorité. J’étais toujours convaincu qu’il allait avoir une majorité.
C’est pour cette raison que les résultats ne m’ont pas surpris.
Pourquoi avez-vous décidé de rallier Bokk gis gis après des années de compagnonnage avec le Pds ?
Je
voudrais préciser avant tout que Bokk gis gis n’est pas un parti
politique. C’est un mouvement instantané provoqué par une accumulation
de frustration, de manquements que les gens ont dénoncés après la
Présidentielle et le congrès extraordinaire. C’est de manière spontanée
que des gens ont senti que les ressorts sont cassés. Alors que la
manière utilisée pour réparer ça n’était pas la bonne. C’est pour cette
raison que des militants de tous les bords ont réagi pour trouver un
cadre pour manifester leur mécontentement. C’est ça qui a justifié la
création de Bokk gis gis. Il faut savoir que même à l’intérieur des
associations de consumériste, il y a des mouvements. Par ailleurs, il y
avait même des gens de ce mouvement qui avaient déjà annoncé la couleur
en soutenant qu’ils allaient créer leur parti politique après l’élection
présidentielle. En définitive, Bokk gis gis est une rencontre de gens
qui adhérent à une dynamique allant dans le sens contraire des pratiques
que d’autres ont voulu imposer au Pds.
Que pensez-vous de la nouvelle composition de l’Assemblée nationale ?
Je
déplore l’absence de l’opposition dans le bureau de l’Assemblée
nationale. Alors qu’il constitue l’instance suprême de décision. Par
exemple, la conférence des présidents se penchent sur l’ordre du jour
qui constitue les décisions du bureau. Donc, c’est le bureau qui prend
les décisions. De toute façon, si nous voulons faire avancer la
démocratie, c’est au niveau des commissions, des propositions de lois,
des plénières que cela va se sentir. Il y a eu quelques couacs, c’est
normal.
En 2000, lorsque notre régime s’installait, il y avait
beaucoup de néophytes, des gens qui ne connaissaient pas
l’Administration. C’est tout à fait normal qu’il y ait des couacs.
Cependant, il n’y a pas péril en la demeure.
Pensez-vous que les Sénégalais ont fait le bon choix en élisant une Assemblée fortement dominée par Benno bokk yaakaar ?
Pour
moi, un scrutin reste un scrutin. C’est un choix du Peuple souverain.
Chaque Sénégalais choisit en toute liberté et en connaissance de cause
son candidat. Les Sénégalais ont choisi librement leurs députés. Il faut
tout simplement respecter leur choix. C’est ça la démocratie.
Que pensez-vous du débat actuel sur le maintien du Sénat qui pollue l’espace public ?
Je
pense que le Sénat est une institution de trop. Il faut qu’il soit
supprimé. A l’état actuel des choses, seul le président de la
République peut le supprimer. Et, je ne le pense pas. Nous avons une
Constitution qu’il faut d’abord modifier parce que sans le Sénat, les
textes qui sont votés à l’Assemblée nationale ne pourront pas être
approuvés. Dans notre arsenal juridique, l’Assemblée nationale et le
Sénat examinent les textes. C’est à partir de ce moment que les textes
sont renvoyés au gouvernement avant que le chef de l’Etat ne prenne les
dispositions pour promulguer les décrets d’application. Tant que la
Constitution n’est pas révisée, Macky Sall ne pourra pas supprimer le
Sénat. Les Assises nationales ont suggéré la suppression du Sénat et la
mise en place du Haut conseil des collectivités locales.
Maintenant,
si le Sénat doit avoir une autre vocation ou un autre contenu et que
les Sénégalais sentent qu’il est utile, qu’on le maintienne. Si les
Sénégalais dans leur majorité sentent qu’il est un gouffre à sous et
qu’ils pensent que cet argent peut subventionner le prix de l’engrais
entre autres, il faut donc le supprimer.
A notre niveau, rien n’a
changé excepté le choix des 45 départements, c’est-à-dire un sénateur
par département et les 55 autres sont nommés par le président de la
République. Sous quel critère ? Est-ce que les futurs sénateurs auront
assez d’expérience, de compétence pour changer un peu le cours
des choses ? Je ne le pense pas. Alors que tout le monde dit que nous
aurons une Assemblée de rupture. Pour que le contrôle de l’Exécutif soit
beaucoup plus réel et efficace, il faut que l’Etat accepte de mettre en
place des moyens qui leur permettent aussi de faire correctement leur
travail.
Le pouvoir a annoncé la baisse des denrées de
première nécessité alors que les populations continuent de dénoncer la
flambée des prix. Que pensez-vous de cette situation ?
Ce
qui me préoccupe en tant que politique, c’est le développement de mon
pays. C’est la satisfaction de la demande sociale, c’est le bien-être
des Sénégalais. Je refuse de verser dans la politique politicienne, de
dire non quand des actes positifs sont posés par un régime. Mais, je
dirais non quand le régime pose aussi des actes allant dans le sens de
la politique politicienne. La fixation des prix à un certain niveau nous
échappe. Nous sommes dans une dynamique mondiale, la subvention reste
l’unique solution du gouvernement. Or, nous sommes dans un pays où tout
est priorité. Nous avons les problèmes de l’énergie, des inondations, de
la santé, et de l’éducation. Alors que tout est priorité chez nous, je
ne ferai pas partie des politiques qui inciteront le gouvernement à
subventionner les denrées de première nécessité à coups de milliards.
Comme le gouvernement ne peut pas aller en ce sens, les subventions
substantielles que l’on attendait, ne peuvent pas avoir lieu. Il ne faut
pas tromper les Sénégalais, il faut leur tenir un langage de vérité.
Aujourd’hui,
l’Etat doit surtout investir dans l’agriculture notamment en Casamance
et au niveau de la vallée du Fleuve pour qu’on soit autosuffisant en
riz, en maïs, etc. Il faut donc inciter nos hommes politiques à investir
dans ces zones, booster l’élevage, la pêche. Si des moyens sont mis
dans ces secteurs, on sera autosuffisant. Cela nous évitera d’importer
du riz et d’autres denrées pour vivre. Quand on dépend de l’importation
pour vivre, il y aura toujours des coûts additionnels sur le prix
initial. Cela va nous revenir très cher. Forcément, ce sont des manques à
gagner extrêmement importants pour le Sénégal.
Nous
sommes en plein hivernage, ce qui ravive les problèmes des
inondations. Selon-vous, qu’elle politique doit mener le nouveau régime
pour éradiquer ce fléau ?
Ayant été maire de la ville de
Guédiawaye, ayant connu le problème des inondations, accompagné les
pouvoirs publics dans la recherche des solutions comme la création des
bassins de rétention, le drainage des eaux vers la mer, je fais partie
de ceux qui pensent que le programme de plan d’assainissement de la
région de Dakar proposé par l’actuel gouvernement est une bonne chose.
Mais aussi, il ne faut pas que les autorités se précipitent parce qu’il y
a une pression des populations. A force de vouloir résoudre tout de
suite les problèmes, ils vont en rajouter. Je suggère au gouvernement de
mettre en place ce plan et de le suivre scientifiquement.
Pour les
inondations, il faut des mesures urgentes pour soulager les populations.
Alors que des enveloppes ont été toujours dégagées pour ça.
Aujourd’hui, il n y a rien de nouveau par rapport à ce qui se faisait.
Tant qu’on ne prendra pas ce problème à bras le corps pour le résoudre
de manière planifiée et dans la durée, on restera toujours en état de
choc. Chaque année, il y aura la pluie et les inondations. En fin de
compte, on mettra aussi de l’argent. Il faut que les responsables des
pouvoirs publics et les leaders de l’opposition tiennent un langage de
vérité aux populations.
Aujourd’hui, les délestages font partie de notre quotidien. Pensez-vous que le régime actuel arrivera à résoudre ce problème ?
Je
ne sais pas les mesures que le régime actuel a prises. Le Plan Takkal
existe toujours (Ndlr : il a été arrêté). Il vaut ce qu’il vaut, mais
depuis qu’il a été mis en place, il y a eu une nette amélioration
notamment au niveau de la région de Dakar. Mais à quel prix ? Je pense
que l’actuel régime doit se tourner vers le futur, car il nous faut de
l’énergie à moindre coût. La Senelec est aussi une boîte qui doit être
structurée pour qu’elle arrive à faire des bénéfices. Je suggère aux
nouvelles autorités d’aller dans le sens de la coopération avec certains
Etats africains pour pouvoir avoir de l’électricité à moindre coût. Il y
a aussi le vol de courant qui coûte des milliards par année. Et il faut
amener les Sénégalais à épouser un esprit de civisme pour éviter de
voler du courant.
Par rapport aux audits, nous avons constaté que
beaucoup d’autorités ont défilé à la Dic et à la Section de recherches
de la gendarmerie pour être étendues. Quelle est votre opinion sur cette question qui passionne aussi les Sénégalais ?
Auditer,
c’est la reddition des comptes. C’est une façon de justifier la gestion
des biens publics, l’argent du contribuable. A la fin de votre gestion
vous devez rendre compte. C’est tout à fait normal, les gens ont
toujours été audités. Les audits sont assimilés à des malversations.
Cependant, il ne faut pas qu’ils soient orientés, il faut mettre les
Sénégalais sur le même pied. Ceux qui sont audités doivent répondre de
leur gestion.
5 Commentaires
Lyns
En Août, 2012 (17:16 PM)Kotch
En Août, 2012 (18:22 PM)Elimane Thiangaye
En Août, 2012 (21:59 PM)Wakh Sa Khalat
En Août, 2012 (22:28 PM)falille a guediawaye etant enssegnanr au lyce ilmamou laye c grace a wade que tu est devenue se k tu est
mai le ridicule ne tue pas lache
Mbeur Galle
En Août, 2012 (01:37 AM)Participer à la Discussion