Le boycott des législatives est déjà consommé pour l’opposition la plus significative, si bien sûr, celles-ci ne sont pas reportées. Et cette situation consacre de fait, la victoire des libéraux qui doivent faire face à des concurrents de moindre calibre, souteneurs de Me Wade pour la plupart. C’est dire que le Parti démocratique sénégalais (Pds) ne sera pas inquiété à ce niveau, sa victoire est certaine. Mais, sa tâche ne sera pas pour autant aisée.
Le « boycott actif » de l’opposition assorti d’un plan d’action annoncé pour faire adhérer les électeurs à ce boycott, ouvre un nouveau front de bataille politique autour des législatives. Il s’agit du taux de participation que l’opposition regroupée au sein d’un bloc de 12 partis politiques est bien décidée à réduire à néant. Car, celle-ci est fort consciente du fait que la bataille se trouve à ce niveau. Il s’agit encore une fois, de démontrer que le président de la République a été réélu grâce à des moyens ingénieux de fraude. Or, si le Ps, la Ld, le Pit, Rewmi, l’Afp, etc. arrivent à faire de telle sorte que les bureaux de vote soient vides le jour du scrutin, aucun vote de djinns ne pourrait faire croire qu’il y a eu un taux de participation massif.
Et il sera facile aussi bien pour les observateurs nationaux et internationaux d’en déduire que ceux qui ne sont pas déplacés auraient potentiellement voté pour l’opposition. Voilà le nouvel enjeu de la bataille de juin. Il ne s’agit plus ici de désigner un vainqueur ou un vaincu, puisque les dés sont déjà jetés à ce niveau, il s’agit de savoir combien de Sénégalais vont se déplacer pour voter.
Car, il n’est pas difficile de deviner pour qui la plupart des électeurs vont voter. Alors, l’opposition concentre toutes ces forces sur cette stratégie avec un modus operandi qui n’est pas encore rendu public. Mais, du côté des libéraux, l’on est d’autant plus conscient de cette situation que la mobilisation est générale et même presque contenue. De Saint-Louis à Ziguinchor et de Dakar à Tambacounda, on a jamais baissé la garde. Et à Thiès, les amis de Moustapha Sourang réunis autour du mouvement (Fasraw) ont eu même à dire avant-hier, que l’un des défis majeurs qu’il faut relever est celui de la participation.
Alors, la campagne électorale pour les législatives est ouverte bien avant la lettre et tous les états-majors politiques sont en état d’alerte maximum, y compris ceux qui ont boycotté. Et le Sénégal va être confrontée à une bataille politique inédite où il est question, à travers une élection précise comme les législatives, de démontrer qu’une élection antérieure, la présidentielle, a été entachée de fraude. Une bataille entre légitimité politique et légalité, entre la morale et le droit, où l’avenir de notre démocratie est en jeu.
La société civile l’a d’autant plus compris qu’elle s’active ardemment pour trouver un terrain d’attente entre les deux camps dont les divergences sont tellement abyssales, que seul un tiers pourrait les pousser à se rapprocher. Le Sénégal a connu des situations d’impasse de ce genre par exemple au sortir des élections de 1988 où il a fallu l’intervention des autorités françaises entre Diouf et Wade pour dépasser les contradictions et aller de l’avant. Aujourd’hui, la France a d’autres chats à fouetter, (elle est en campagne) et des médiateurs sociaux de la trempe du marabout Abdou Aziz Sy Dabbah se font de plus en plus rares.
Alors, il est à redouter le pire car, les actions de terrain qui seront immanquablement initiées pourraient aboutir à des troubles sociaux graves. À moins que l’action de l’opposition ne se limite à de la sensibilisation allant dans le sens de demander aux citoyens de prendre leur propre responsabilité et de décider de ce qui leur semble opportun de faire. Car, le dernier mot appartient au citoyen et il est le seul à dire s’il doit oui ou non se déplacer ce 03 juin pour aller voter.
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