Plus on tend vers 2012, plus le débat sur le modèle de candidature de Bennoo Siggil Senegaal à adopte, s'impose et se précise, après que les partis regroupés dans cette coalition ont, pendant longtemps, réussi à observer un silence absolu sur la question pour sauver leur unité. Aujourd'hui que le temps presse, les opposants ne peuvent plus contenir leurs ambitions.Pour l'heure, trois positions se dégagent sur la nature du modèle de candidature à adopter pour renvoyer Abdoulaye Wade à la retraite. Il y a d’abord les tenants de la candidature unique pour qui le seul moyen de vaincre Abdoulaye Wade est de faire bloc derrière un candidat. A preuve se souvient encore un des défenseurs de la candidature unique, ‘nous sommes allés en rangs dispersés à l'élection présidentielle de 2007 et avons été battu à plate couture dès le premier tour’. Aussi, pour convaincre, fondent-ils leur argumentaire sur les élections locales du 22 mars au sortir desquelles Bennoo Siggil Senegaal a remporté les localités les plus importantes du pays. Il s'y ajoute, défend notre source, ‘que c'est le seul moyen de nous rendre crédible aux yeux des populations et leur faciliter ainsi le choix comme aux élections locales. Le contraire serait suicidaire parce qu'il nous sera difficile de faire croire aux Sénégalais qu'un Benno dans la division est aussi possible’.
En face des défenseurs de la candidature unique, campent les théoriciens de la candidature plurielle parmi lesquels l'Alliance pour la République de Macky Sall. Selon Seydou Guèye qui porte la voix de ce parti, ‘l'expérience au Sénégal, c'est le fait de faire épanouir des candidatures plurielles mais rationalisées’. Avec comme objectif, soutient-il, de ‘rassembler chacun son camp le plus largement possible et avoir la bonne alliance au second tour pour battre Abdoulaye Wade ou tout candidat qui viendrait du côté du pouvoir’.
Par contre, c’est autour de la candidature de transition agitée bien avant les deux premières que la gauche semble se retrouver. Du moins, le Parti de l'indépendance et travail (Pit/Sénégal), Yoonou Askan Wi, la Ligue démocratique (Ld), entre autres. Pour Amath Dansokho et ses camarades qui ont été les premiers à théoriser sur la transition, le futur président de la République doit être élu pour une période de transition qui ne pourrait excéder 12 mois. Le temps d'organiser un référendum pour, proposent le Pit, ‘adopter de nouvelles institutions, devant servir de cadres pour la tenue de nouvelles élections générales (présidentielle et législatives), conformes au nouveau régime auquel nous aspirons’. Ensuite, au gouvernement de transition de créer ‘l'Autorité de régulation de la démocratie’ dont il nommera les membres. Il appartiendra aussi à ce gouvernement de dissoudre l’Assemblée nationale, le Sénat, le Conseil économique et social et la Vice-présidence et d'installer un nouveau pouvoir judiciaire.
Madièye Mbodji abonde dans le même sens. Selon le coordonnateur de Yoonou Askan Wi/Mouvement pour l'autonomie populaire, l’élection présidentielle de 2012 doit être ‘le passage vers un nouveau régime politique, de nouvelles institutions, une nouvelle république, pour une nouvelle gouvernance démocratique apte à répondre efficacement aux aspirations profondes du peuple sénégalais’. Une phase de transition plus que jamais nécessaire aux yeux de M. Mbodji pour qui le pays marche sur la tête et à reculons. Suffisant, selon lui, pour comprendre qu'il urge de ‘le remettre sur ses pieds et le faire marcher de l’avant, d’où la nécessité d’une période de transition politique post-Wade : un président de transition, gardien des accords et engagements politiques pour la conduite à bon port du processus de réformes, un gouvernement et un Premier ministre de transition pour s’attaquer sans retard aux urgences économiques, sociales, culturelles et politiques. Aussi, poursuit-il, ‘un Parlement de transition élargi en une constituante, après la dissolution de l’Assemblée nationale et du Sénat, pour l’élaboration participative et l’adoption d’une nouvelle Constitution largement inspirée des conclusions des Assises nationales, endossées par une très large part des forces politiques, sociales et citoyennes’.
D'ailleurs, pour le coordonnateur de Yoonou Askan Wi, les candidatures plurielles, non seulement ne correspondent pas à l’enjeu de 2012, mais ne seront pas acceptées, voire soutenues, par les citoyens électeurs. Et profiteront ainsi à Wade ‘et à son appareil de fraudes...’
Au niveau de la Ld, on ne dit pas moins, même si les ‘jallarbistes’ ne font pas de fixation par rapport au délai avancé par le Pit concernant la transition. ‘Dans tous les cas, pour le prochain président, il nous faut une transition pour mettre en place de nouvelles institutions. Car, dans ce pays, toutes les institutions sont à genoux. C’est un seul individu qui régente la vie de l’ensemble des Sénégalais et il faut que cela cesse’, fait savoir le porte-parole de la Ld, Moussa Sarr. Selon lui, pour la durée de la transition, il faut trouver le meilleur schéma après un consensus.
Face à ces différentes propositions, une question s'impose : quelle est la meilleure voie pour préserver Benno Siggil Senegaal de l’implosion ? Pour l'instant, le débat, longtemps resté tabou sur cette question, s'impose. Toutefois, Dansokho, Tanor Dieng, Niasse, etc., ont décidé d'approfondir les discussions autour du modèle de candidature à adopter dans le cadre d'un second séminaire, après avoir collecté les positions par écrit des différents partis politiques au niveau de la commission ‘Perspective et stratégie’.
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