Cartes d'électeur non distribuées : Où sont passés les 5 % d'inscrits ?

Qu'est-ce que les autorités sénégalaises ont fait des 5 % des cartes d'électeur non distribuées ? Pour l'opposition, ces cartes qui font pas moins de 250 000 ont été attribuées à des militants du Pds par un jeu d'interversion de photos. Un argument rejeté par le Directeur de la Daf, Habib Fall.

Pour la première fois de l'histoire politique du Sénégal, le nombre d'inscrits sur les listes électorales a atteint le chiffre de 5 millions. Ce score exceptionnel a, néanmoins, son lot de désagréments, notamment en ce qui concerne le retrait des cartes d'électeur. Bon nombre de citoyens inscrits sur les listes électorales n'ont pu entrer en possession de leurs cartes d'électeur. Néanmoins, le ministère de l'Intérieur, qui a multiplié les solutions pour faire parvenir aux inscrits leurs cartes d'électeur, se félicite d'avoir atteint le taux d'environ 95 %. Cependant, ce score n'a pas effacé les suspiscions de l'opposition qui accuse les autorités d'avoir fomenté une vaste opération de fraude électorale. Surtout sur l'usage qui a été fait des 5 % d'inscrits qui n'ont pu entrer en possession de leurs cartes d'électeur. C'est parce que l'opposition a sa petite idée là-dessus. Selon elle, ces cartes qui sont, environ, au nombre de 250 000 (5 000 000 x 5 %) ont été attribuées à des militants du Pds. Par un jeu d'interversion de photos, les autorités, selon toujours l'opposition, auraient attribué les filiations de certains inscrits à leurs militants pour leur confectionner des cartes frauduleuses.

Mais, est-il possible de frauder avec les nouvelles dispositions biométriques ? Le directeur de l'automatisation du fichier, Habib Fall, rejette cette hypothèse. ‘Nous raisonnons sur le plan technique. La carte d'électeur est affectée à une personne précise, avec la photo de celle-ci, qui doit voter dans un bureau précis’, précise-t-il. ‘Et puis, ajoute-t-il, on ne peut pas distribuer à 100 % des cartes d'électeur’. ‘Certains ne sont pas intéressés par le vote, ils s'étaient juste inscrits pour obtenir la nouvelle carte d'identité, d'autres se sont déplacés entre-temps, d'autres encore sont morts...’, argumente Habib Fall avant de dire avec fierté : ‘95 % de cartes distribuées, c'est satisfaisant’.

Mais, le directeur de l'automatisation du fichier tente de consoler ceux qui n'ont pas reçu leurs cartes d'électeur. ‘Ils n'ont pas pu voter pour l'élection présidentielle, mais il y a les législatives prévues au mois de juin. Un décompte sera fait des cartes d'électeur non distribuées et des dispositions seront prises, dès après la présidentielle, pour les faire parvenir à leurs ayants droit qui n'auront pas à se réinscrire’, promet-il. Et d'ajouter : ‘Il y a aussi la nouvelle carte d'identité qui est distribuée en même temps que la carte d'électeur, il faut nécessairement qu'elles parviennent à leurs propriétaires parce que les anciennes cartes ne sont plus valables’.

L'inscription multiple a, aussi, été agitée comme argument pour accuser les autorités de fraude. Doudou Diop, le président de la commission d'inscription de Pikine Dagoudane logée au niveau de la sous-préfecture du même nom, revient sur le processus d'inscription et les conditions de retrait des cartes d'électeur. ‘Pour s'inscrire, il y a des pièces que le citoyen doit fournir : il s'agit de la pièce d'identité nationale ou de l'extrait de naissance datant au moins d'un an ou le passeport. Il passe d'abord chez l'instructeur qui a une fiche dont le premier volet est uniquement réservée pour les renseignements sur la pièce d'identité et un second destiné à la carte d'électeur que doit remplir le président de la commission. Le visa de la Cena est, ensuite, apposé sur la fiche. Un récepissé sera remis à l'électeur et un autre sera gardé par la Cena’, explique-t-il avant de poursuivre : ‘Après ce porcessus, le citoyen se présente devant l'opérateur de saisi qui prend sur l'ordinateur les données déjà notées sur la fiche et celles biométriques (la photo, la signature et l'empreinte digitale). L'ordinateur de l'opérateur de saisi est directement connecté au serveur de la Direction de l'automatisation du fichier (Daf) où toutes les inscriptions sont directement enregistrées’. Ce n'est qu'après ce processus que les cartes d'identité et d'électeur sont confectionnées’. Et d'ajouter : ‘Même si quelqu'un parvient à s'inscrire mille fois, c'est la première inscription qui sera retenue par l'ordinateur’.

La même précaution est prise au moment du retrait de la carte d'électeur et d'identité. ‘Pour retiter sa carte, le citoyen doit présenter son récepissé et sa carte nationale d'identité. Il est donc facile de voir s'il est propriétaire des cartes d'électeur et d'identité ou non parce que sur celles-ci il y aura sa photo et ses filiations’, assure Doudou Diop.