Le sommet de l’Oci se tient les 13 et 14 mars prochain à Dakar. L’Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique (Anoci) que pilote Karim Wade a entrepris de grands travaux routiers et hôteliers dans la capitale. Des responsables politiques apprécient l’avancement des travaux, le respect des échéances, la gestion de l’Anoci, sans oublier les enjeux du sommet ainsi que ses implications politiques au plan intérieur.
Amath Dansokho, Secrétaire général du Parti de l’Indépendance du travail (Pit)
« L’Anoci est en train de mettre les bouchées doubles pour finir les travaux en recourant aux techniques de Bouygues (entreprise français du Btp ndlr). J’avoue que pour certains sites c’est presque réglé. Je me réjouis que Dakar bénéficie de toutes ces infrastructures même si on n’avait pas besoin de tout ce désordre. Mais ce qu’il faut déplorer c’est que l’Anoci comme le sommet de Dakar, soient transformés en instruments de promotion pour le fils du Président. Pour cela, on mobilise tous les Oulémas du Sénégal (…), alors c’est d’abord une affaire de Chefs d’Etat. Le Sénégal a organisé en 1991 ces assises de l’Oci avec beaucoup de succès sans un tel vacarme. Mais comme Abdoulaye Wade est un personnage assez singulier, ce sommet sera, pour lui, une opération de promotion de Karim, au nom de l’Islam. Il chantera ses prouesses et celles de son fils pour tenter d’organiser, non pas une succession, mais un transfert du pouvoir au profit de son fils (…) Je n’ai pas été associé à la préparation ou à la tenue de ce sommet. Mes relations personnelles ou politiques dans l’opposition non plus. C’est une secte qui dirige le pays, raison pour laquelle ils nous excluent, sachant que nous ne cautionnerons jamais ce transfert de pouvoir (…) En direction des élections locales, Abdoulaye Wade et son clan sont en train d’élargir leur collège électoral pour faire passer leur projet. Nous considérons tout cela comme de l’enfantillage ».
Député Cheikh Bamba Dièye Fsd/Bj
« Tout Sénégalais devrait se réjouir de la tenue du sommet dans notre pays. C’est une cause nationale. Cependant la gestion faite de l’Anoci et des chantiers initiés dans la capitale ne seront pas terminés. Je parle en tant qu’ingénieur de Génie civil. Seule la bretelle Aéroport-Almadies- Corniche ouest-Palais de la République sera terminée. Les hôtels prévus seront peut-être achevés en 2012 à la fin du mandat de Me Wade. Et je peux vous dire qu’il n’y a même pas assez d’écoles hôtelières pour former le personnel suffisant pour les gérer.
De plus les 134 milliards investis posent un problème de priorité eu égard aux maux qui assaillent le peuple. Fallait-il investir dans ce créneau plus que dans la lutte contre la pauvreté, l’agriculture etc. ? La question reste posée. Tout cela soulève un réel problème de management au sommet de l’Etat. Ces gens qui ont prouvé leur incapacité qui nous donne des sueurs froides, ne feront guère mieux eu égard à leurs ambitions, en ce qui concernent les questions de développement, de taux de croissance ou de lutte contre la pauvreté. Ils nous mènent, non pas vers le sommet mais nous dirigent tout droit et en vitesse vers les abysses et les profondeurs et devront faire face aux critiques du peuple et des compétiteurs qui aspirent comme eux aux responsabilités.
Yoro Ba, vice-président de l’Alliance Jef Jel
« En tant que tel, la tenue du sommet de l’Oci est une bonne chose. Cela témoigne de la confiance que la Oummah islamique manifeste pour le Sénégal qui a déjà organisé de telles assises en 1991. En revanche la stratégie visant à profiter de la circonstance pour vouloir coûte que coûte propulser le fils du Président au sommet de l’Etat est inacceptable. De plus, à 15 jours du sommet, Karim et Abdoulaye Baldé, qui ont eu droit à 134 milliards d’investissement et un an de report du sommet de Dakar, ne comptabilisent à ce jour, aucune infrastructure livrée. Tout observateur averti sait que malgré leurs déclarations, les travaux ne seront pas terminés d’ici le 13 mars. On ne peut pas non plus faire confiance à ces gens-là, en ce qui concerne l’utilisation des fonds consacrés à la réalisation de ces infrastructures. Cela ressemble plus à une situation de rente ».
Abdoulaye Elimane Kane (Parti socialiste)
« Je ne peux pas me prononcer sur les aspects techniques et financiers car n’ayant pas assez d’éléments pour cela. Mais il faut retenir que les Sénégalais se posent au moins deux types de question .Ces questions sont liés d’une part aux urgences .Car il existe d’autres priorités comme le désengorgement de Dakar par exemple et l’amélioration de la fluidité dans la capitale et même à l’intérieur du pays Ensuite on se demande vraiment quelle type de relation il y a entre les travaux et le sommet de l’Oci car, c’est certain qu’ils ne seront pas achevés d’ici la tenue du sommet ».
Robert Sagna, Député, ancien Ministre, Secrétaire général du Rassemblement pour le Socialisme et la Démocratie (RSD)
« En ce qui concerne la tenue du sommet et les travaux en cours à Dakar, je crois que c’est le Chef de l’Etat qui a dit la chose la plus juste en disant ‘’qu’il faut dissocier les travaux en cours à Dakar et le sommet de l’Oci’’. Tout Dakar est en chantier, il est évident que d’ici le 13 mars il y aura encore des choses à faire. L’essentiel c’est que certains travaux comme la réfection du Méridien Président soient achevés et le sommet pourra se tenir dans des conditions semblables à celui de 1991. Mais l’événement majeur c’est que le sommet puisse se tenir avec une parfaite organisation, avec une représentation au plus haut niveau avec une excellente sécurité. Tous les Sénégalais devraient s’en tenir à ça et œuvrer dans ce sens quelque soit le bord politique où ils se situent.
Babacar Gaye, Ministre directeur de cabinet politique du Président de la République, porte-parole du Pds
La tenue du sommet de l’Oci à Dakar va beaucoup apporter à notre pays. Au plan diplomatique d’abord, ce sera une convergence de toute l’élite de la Oumma à Dakar pour discuter de tout ce qui touche à la civilisation islamique, avec une réforme de l’organisation en perspective (…). En terme d’investissement, les infrastructures réalisées à cette occasion seront d’un grand apport pour les Sénégalais en terme de développement économique et social. Le fait d’abriter ces assises a facilité une coopération financière qui a permis de réaliser de grands travaux dans divers domaines. Bien entendu les travaux entamés depuis des années dans la capitale, ne seront pas tous terminés avant le sommet. En revanche ceux qui sont prévus pour le sommet comme l’embellissement de la Corniche, la réfection du Méridien Président etc., que l’Anoci a en charge seront prêts. Mais le reste des ouvrages confiés à l’Apix et prévus pour l’amélioration de la mobilité urbaine et le désengorgement de Dakar pour faire face aux contre-performances économiques, se poursuivront. Il y a beaucoup de travaux à Dakar qui n’ont aucun lien. Maintenant ces gens qui parlent de travaux inachevés d’échec ou de tremplin vers le sommet du pouvoir, font une mauvaise querelle aux responsables de l’Anoci. Moi, j’attends le 15 mars pour tirer les conclusions ; et je ne doute pas un seul instant du grand succès que connaîtra le sommet de Dakar. Le sommet du pouvoir quant à lui, appartient aux Sénégalais qui le confieront par les voies légales à la personne de leur choix le moment venu. Le sommet de l’Oci doit être une cause nationale. Dans un même élan de solidarité, nous devons tous nous mobiliser pour sa réussite totale, quelque soit notre appartenance.
Imam Mbaye Niang, Député, Président du Mouvement de la réforme et le développement social
« Tout le monde constate qu’il y aura des problèmes d’organisation à cause des chantiers inachevés, malgré les déclarations des responsables de l’Anoci. On ne peut pas gouverner sur la base de ruses et de tromperies. Il faut dire la vérité aux Sénégalais. Tout cela pose des problèmes pour recevoir des hôtes de marque (…). Si l’Anoci et la préparation du sommet de Dakar était un prétexte pour Karim et son équipe de prouver leurs compétences par rapport à d’autres objectifs, ils ont étalé leurs limites. J’avais déjà averti qu’il ne faisait pas le poids. Ce n’est pour rien que le Chef de l’Etat et des ministres sont en train de faire le tour du monde pour voler à son secours en lançant des invitations. Quand bien même la tenue de ce sommet est irréversible. Son succès ou son échec sera celui du Sénégal. Le président de la République doit s’adresser solennellement aux Sénégalais pour les sensibiliser et leur demander de se solidariser. Ce, d’autant plus que transporter des hôtes de Saly Portudal au Méridien Président va entraîner beaucoup d’inconfort et de préjudices pour les populations ».
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