Vendredi 29 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Cheikh Abdoul Khadre Cissokho, président du Conseil d’orientation du Ps"Le courant n’avait pas l’ambition de présenter un candidat"

Single Post
Cheikh Abdoul Khadre Cissokho, président du Conseil d’orientation du Ps"Le courant n’avait pas l’ambition de présenter un candidat"
Ancien président de l’Assemblée nationale, Cheikh Abdoul Khadre Cissokho, un des initiateurs du Courant « Démocratie et solidarité » du Parti socialiste, explique pourquoi il a pris ses distances avec ce mouvement depuis longtemps : « Il n’était pas prévu que le courant se mue en autre chose pour présenter des candidats ». Déplorant la déviance dans le cheminement du courant, le président du Conseil d’orientation du Parti socialiste se veut clair dans l’interview qu’il nous a accordée : « On n’aura qu’un seul candidat (...) à l’intérieur du parti ». Robert Sagna vient de présenter sa candidature à la présidentielle. Considérez-vous cela comme un échec pour ceux qui étaient impliqués dans les négociations pour un consensus au Parti socialiste ?

Non, ce n’est pas un échec, parce que nous n’avions pas de prétentions. La seule raison qui nous guidait, c’était de faire comprendre aux uns et aux autres que la nécessité pour nous était de maintenir la cohésion et l’unité dans le Parti socialiste. Cette cohésion et cette unité sont indispensables à un parti vieux comme le nôtre, qui est intimement implanté dans le pays, pour mieux participer et mieux réagir pendant les élections législatives et présidentielle à venir. Nous avons donc, dans nos négociations, privilégié la recherche du consensus. Et nous avons pris le temps qu’il fallait pour ça, puisque nous lui avons pratiquement consacré trois jours. Si on n’y ajoute la réunion de synthèse du Conseil d’orientation, cela fait quatre jours qu’on a consacrés à ces négociations. Ce qui prouve que nous étions animés par un souci majeur de faire comprendre aux différents candidats une prise de conscience en eux-mêmes, face aux intérêts de notre parti et de la nation. Tous les trois candidats sont des cadres de haut niveau ; ils ont une expérience de l’Etat ; ils ont été façonnés dans le Parti socialiste ; ils ont côtoyé les plus grands hommes de ce pays. Donc, ils étaient partis, chacun, avec cet atout de pouvoir diriger le pays. Mais, il fallait quand même que chacun d’entre eux essaie de comprendre ou de se déterminer par rapport à l’autre. Et ça, ce n’était pas nous qui devions le faire, mais c’était à eux de le faire, pour comprendre qui devait être le meilleur choix pour le Parti socialiste. Après avoir discuté avec eux, nous avons voulu, à un moment donné, que les candidats eux-mêmes puissent se rencontrer. Ce qui a été fait d’ailleurs. Mamadou Diop a rencontré Tanor Dieng en ma présence. Ça a été une discussion pleine de sérénité et de respect mutuel. Ils ont pu déterminer leurs positions par rapport aux intérêts du parti et de la nation. Et cela a abouti à une déclaration de haute portée politique de Mamadou Diop.

Et Robert Sagna dans tout cela ?

Nous avons aussi essayé de rapprocher Robert Sagna et Ousmane Tanor Dieng. Mais, malheureusement, il nous a manqué du temps, parce nous étions sortis de la réunion du Conseil d’orientation assez tard et Tanor devait prendre son avion à 11h. Et le temps de contacter Robert Sagna et de confirmer l’audience à Tanor, il était déjà presque 9h 15 mn. Les discussions ont démarré vers 9h 35 mn. Ils ont pu s’entretenir, dans mon salon, jusqu’à 9h 50. Malheureusement, les discussions n’ont pas pu se terminer, car Tanor a été obligé d’aller prendre son avion. J’ai pensé, en bon négociateur, comme les sages, que les discussions pouvaient se poursuivre après. Je dois vous dire que beaucoup de bonnes volontés continuent de rencontrer Robert Sagna et Ousmane Tanor Dieng. Robert Sagna a dit qu’il restait au Parti socialiste et qu’il est ouvert, c’est-à-dire qu’il ne ferme pas la porte de la négociation. Nous ne voulons pas vraiment des primaires, parce que les primaires, ça laisse des traces. Et nous n’avons pas le temps matériel de les faire. C’est pourquoi nous avons privilégié cette recherche de consensus.

Pouvez-nous dire où se situaient les blocages ? Qu’est-ce que le maire de Ziguinchor a réclamé ?

Le blocage, moi, je le situe d’abord au niveau du temps qui nous manque pour négocier. Mais, le blocage réel, c’est que chaque candidat est resté sur sa position. Chacun veut absolument être candidat. Entre deux candidats, y a toujours un qui a peut-être quelque chose de plus que l’autre, face à l’opinion et aux électeurs. Mais, dans leurs consciences, ils n’ont pas pu se départager, chacun étant resté sur sa position. Robert Sagna a demandé à Tanor Dieng de lui laisser la place. Tanor a répliqué qu’il ne demanderait jamais à un candidat de lui laisser sa place.

Pourquoi Robert Sagna n’a pas respecté le mécanisme qui voulait que des primaires soient organisées, au cas où il n’y aurait pas eu de consensus ?

Ces primaires-là, il était matériellement difficile de les faire. En tant que facilitateurs, nous pensons que les primaires pouvaient laisser des traces. On n’encourageait pas les candidats à aller à des primaires. Si les deux candidats voulaient absolument passer à des élections, y avait pas de problèmes, car toutes les dispositions étaient prises pour faire des primaires.

Mais, il paraît que c’est Robert Sagna qui ne voulait pas des primaires.

On le dit. Mais, nous préférons les négociations pour arriver à un consensus. Et comme nous voulons encore espérer, nous ne pouvons pas charger un candidat d’être à l’origine de cette rupture-là.

Est-ce que la candidature de l’édile de Ziguinchor vous a surpris ?

Oui et non. Oui, parce que chaque candidat est resté sur sa position. Le temps presse, peut-être qu’il avait besoin de faire sa déclaration. Non, parce que j’ai senti chez lui aussi qu’il avait besoin de négocier. Le candidat Ousmane Tanor Dieng a marqué toute sa disponibilité. Est-ce qu’il pouvait attendre le retour de Tanor ? Est-ce qu’il l’attend toujours ? Je ne sais pas. Nous sommes en rapport avec Robert Sagna et Ousmane Tanor Dieng. Peut-être que nous allons reprendre les négociations. Nous ne savons pas. Ce qui est sûr, c’est que nous marquons notre disponibilité totale. Les sages sont toujours présents, il suffit de quelques coups de téléphone pour les regrouper. Nous sommes ouverts à la négociation. Nous sommes à leur disposition. Il faut que les candidats le comprennent. Nous avons appris que des médiateurs intermédiaires se déploient, nous les encourageons.

Et si Robert Sagna persistait à présenter sa candidature ?

En tout cas, on ne peut être candidat qu’à l’intérieur du parti. Nous sommes en train de préparer les dossiers d’investitures aux élections législatives. Tous les camarades du parti sont en train de travailler là-dessus. Si Robert est toujours dans le parti, avec ses camarades, nous allons lui rendre compte, d’ici mardi, avec la constitution des dossiers d’investitures pour les élections législatives. Le parti aura en ce moment-là deux candidats. Et nous ferons tout pour gérer la situation, jusqu’à n’avoir qu’un seul candidat qui sera donc confirmé par un congrès extraordinaire.

Donc, vous excluez que le Ps ait deux candidats ?

Ah, non, non. C’est exclu. On n’aura qu’un seul candidat. La deuxième étape, qui sera le deuxième choix des électeurs, se fera à travers la Cpa. Le Parti socialiste n’aura qu’un candidat à présenter aux élections présidentielles. Nous nous y emploierons.

Peut-on s’attendre à des sanctions, si vous investissez Ousmane Tanor Dieng pour les primaires au niveau de la Cpa et que Robert Sagna n’abdique pas ?

La Cpa ne recevra que le candidat investi par le parti. Je ne pense pas que la Cpa puisse recevoir deux candidats. A ce niveau-là, nous n’avons pas besoin de sanctionner qui que ce soit. Le Ps est un parti responsable. Nous transmettrons officiellement la candidature du Parti socialiste à la Cpa. Si un deuxième candidat se présente, il ne pourra pas être reçu, parce que nous ne l’aurons pas investi.

Est-ce qu’on peut toujours vous considérer comme un membre du courant « Démocratie et solidarité » ?

Le courant « Démocratie et solidarité » était un élément intégral du Parti socialiste. Il était dans le parti et avait comme objectif de créer un cadre de débats d’idées qui devraient enrichir le débat interne et améliorer la démocratie interne et la solidarité ente les socialistes. Le courant n’avait pas l’ambition de présenter un candidat. En tout cas, je ne fais pas partie d’un courant qui a l’ambition de présenter un candidat. J’étais dans un courant qui était un cadre de discussions, de débats d’idées. Si ce courant était resté encore au Parti socialiste, on serait toujours dedans, pour ces raisons-là. Mais, si ce courant se mue en autre chose, avec la présentation d’un candidat, il est clair que cet élément-là devient extérieur au Parti socialiste. Nous, les socialistes, nous n’en faisons plus partie. Ça c’est très clair.

Regrettez-vous d’avoir fait partie dudit courant, au vu des derniers développements, avec notamment la candidature de Robert Sagna à la présidentielle ?

Je ne le regrette pas, parce qu’au début, il s’agissait de permettre le dialogue entre nous, un dialogue franc, sincère, mais dans le but d’améliorer le parti. Même le Manifeste qui a été publié n’était pas dans le programme que moi j’avais compris. Le Manifeste ne devait pas être publié. Il devait être un document interne. Au Conseil d’orientation, j’étais à équidistance entre le courant et le parti. Les membres du courant qui étaient dans le Conseil d’orientation défendaient leur manifeste. Mais, c’était un travail interne. Et ça s’est passé de façon tout à fait correcte. Presque les deux tiers du Manifeste ont été traités. Il ne restait qu’un tiers qui demandait une journée ou deux journées de réunion. Donc, ce travail interne a été fait de façon très objective, avec une participation des intéressés. Mais, pour moi, il n’était pas prévu que le courant se mue en autre chose pour présenter des candidats.

Il se susurre que c’est le Président Wade qui est derrière le courant « Démocratie et solidarité ».

Moi, je ne le crois. Nous sommes dans un pays où les gens essaient toujours d’interpréter, de deviner, de donner de la valeur à ce qu’il ne faut pas. Je ne suis pas au courant. J’ose croire que c’est quelque chose d’impossible et d’inacceptable. Mais Wade peut aussi exploiter des situations à sa manière. Des responsables veulent approfondir la démocratie dans leur parti, Wade peut exploiter cette situation pour en faire un élément de scission. Pourquoi on ne résonnerait pas comme ça ? A ma connaissance, il n’y a aucune connexion avec Wade. Et si connexion il y a, au Sénégal, vous savez que la vérité finit toujours par éclater.

Le débat actuel au sein de la Cpa tourne autour de la candidature unique ou plurielle à la présidentielle ? Qu’est-ce qui motive la position du Ps ?

Dans les élections à deux tours, les candidatures plurielles permettent une bonne participation des électeurs et peuvent également affaiblir individuellement les candidats les mieux placés. La pluralité des candidatures entraîne obligatoirement un deuxième tour. Ce sont les raisons pour lesquelles nous voulons des candidatures plurielles. Mais, pas plus de trois, pour que chacun des candidats puisse faire le plein de voix de l’espace électoral de la Cpa et même aller au-delà, pour bien grignoter sur l’espace électoral de nos adversaires et nous rapprocher ainsi du succès. Compte tenu de l’espoir des Sénégalais pour un changement, nous pouvons espérer être premier ou second. Nous devons décider rapidement ces candidatures plurielles pour pouvoir présenter un programme assimilable aux électeurs. Il faut que les électeurs sachent que les trois candidats qui sont là font une sorte de primaires et qu’ils doivent engranger le maximum de voix. Nous lançons un appel à tous les Sénégalais qui pensent qu’il faut un autre changement dans le pays.

Ne craignez-vous pas l’implosion de la Cpa, si l’on sait qu’elle peine toujours à accorder ses violons ?

Non, Moustapha Niasse, c’est mon ami d’enfance. Je le connais depuis le lycée Faidherbe. Je suis un peu plus âgé que lui. C’est un homme d’Etat, un homme très intelligent. Il a peut-être ses raisons pour la candidature unique. Mais, moi, je lui lance seulement un appel, je ne le critique pas. Je lui demande d’accepter la candidature plurielle. Je pense que s’il accepte, il va jouer pleinement cette fois-ci pour le Sénégal. Il faut qu’il joue pour le Sénégal. Moustapha Niasse peut jouer pour le Sénégal ; il peut aider le Sénégal ; il peut redresser le pays avec ses camarades, parce que l’après-Wade doit être d’équipe. Il faut que les gens se disent qu’après Wade, c’est une équipe qui doit diriger ce pays. Nous ne voulons plus d’un pouvoir solitaire, omnipotent. Ce que nous voulons, c’est le pouvoir d’une équipe, qui se concerte régulièrement et qui va gérer ce pays de façon merveilleuse. L’équipe sera constituée par le président de la République, le Premier ministre, le président de l’Assemblée nationale et les autres institutions qui seront peut-être mises en place. Cette équipe-là doit pouvoir gérer le pays, dans le respect des lois et de ses règlements, dans le respect des institutions spirituelles et des organes républicains, dans le respect du Sénégalais lambda, pour que nous puissions rattraper beaucoup de retard et remettre tout le monde au travail.

Le Président Wade vient de publier le décret portant répartition des députés à élire lors des prochaines élections législatives. Pourquoi le Ps conteste-t-il cette répartition ?

Je ne m’attendais pas à un traitement aussi léger de la répartition des députés. C’est un manque de respect pour la population sénégalaise. Quand on voit que Bakel qui a 222 945 habitants n’a qu’un député, alors que Gossas qui a 162 000 habitants a deux députés, je trouve que le traitement est très léger. Kanel, qui est un nouveau département, qui a 213 000 habitants, donc au-dessous des 222 945 habitants de Bakel, a deux députés. Mbour n’a que trois députés, alors qu’il est plus peuplé que Saint-Louis qui en a quatre. Il y a des aberrations que nous ne comprenons pas. Pour en revenir à Bakel, c’est comme si on voulait dire à ses habitants qu’ils ne sont pas des Sénégalais à part entière. J’avertis contre les réactions imprévisibles que cet état d’esprit pourrait susciter.



1 Commentaires

  1. Auteur

    Allons Y Molo

    En Octobre, 2010 (18:38 PM)
    --

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email