Le magistère d’Abdoulaye Wade, l’ancien président du Sénégal, était caractérisé par une floraison de plans et programmes dont l’un des plus médiatisés fut le fameux plan Reva, le plan du Retour vers l’agriculture. Mis en œuvre en 2006 et financé principalement par l’Espagne, à l’heure où des milliers de jeunes Sénégalais bravaient l’océan dans des embarcations de fortune pour rejoindre l’Europe, au péril de leur vie, ce plan était perçu comme une panacée pour régler le problème du chômage endémique des jeunes et placer le Sénégal (où 76 % de la population est agricole) sur la rampe du développement agricole… Seneweb News s’est entretenu avec Cheikh Tidiane Cissokho qui a eu le mérite de concevoir le plan Reva, 6 années après sa mise en œuvre. Entretien.
« Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de Seneweb ? »
Je suis comptable de formation, mais je suis actuellement concepteur en stratégies de développement. Mes réflexions tournent autour des pôles de développement agricoles, industriels et touchent même le sport.
« Comment vous est venu l’idée du plan Retour vers l’Agriculture (Reva) ?
Je commencerais par dire que je ne suis d’aucune coloration politique particulière, ma couleur c’est le Vert-Jaune-Rouge (N.d.r. : la couleur de l’emblème national). Je réfléchis généralement sur ce qui peut amener le bien-être aux Sénégalais. J’ai réfléchi, en particulier, sur le retour de la jeunesse sénégalaise vers l’agriculture parce que je pense que dans nos pays en Afrique, le seul moyen de sortir du carcan du chômage, c’est le développement de l’agriculture. Quand j’ai vu qu’au début de l’alternance politique de 2000, les nouvelles autorités avaient émis le vœu de former des volontaires de l’agriculture et que Me Wade (N.d.r. : le président d’alors) voulait une syndicalisation de l’agriculture, j’ai pensé que cela était superfétatoire. J’ai pensé que ces jeunes restés dans les régions et communautés rurales pourraient faire l’affaire par la création de pôles d’intégration intégrés, comme je l’ai écrit au président Wade en son temps. Les jeunes restés dans les capitales régionales pourraient rejoindre ces pôles créateurs de revenus, de richesse.
« En tant que concepteur du plan Reva, comment appréciez-vous son application actuelle, notamment au regard des résultats escomptés ? »
Je pense que le plan Reva, tel que je l’avais conçu en tout cas, n’est appliqué qu’à 20% de ce que j’avais pensé. En compagnie d’investisseurs soudanais, je me suis rendu au pôle de Ngomène, celui-là qui a reçu la visite du président de la République. J’ai vu que les paysans avaient délaissé leurs propres champs pour rejoindre les pôles de développement agricole du Reva. Or, ce n’était pas ça l’objectif du plan Reva. L’objectif était de caser et fixer ces jeunes sans emploi restés au niveau des villes et, à terme, régler le problème de l’agriculture au Sénégal. Car, contrairement à nos paysans qui, traditionnellement, ne travaillent la terre que durant trois mois, la durée de la saison des pluies, les pôles de développement agricoles produisent toute l’année. Le document plan Reva avait été remis au ministre de l’Agriculture de l’époque par le président Wade, mais les techniciens chargés de sa mise en œuvre ont péché dans l’application dudit plan.
« Le plan Reva a été donc dévoyé, à votre avis ? »
Oui, on peut le dire. J’ai suivi dernièrement le directeur de la nouvelle Agence pour le plan Reva qui a donné des estimations chiffrées des résultats obtenus et des prévisions. Certes, le plan Reva a pu produire quelque chose, mais les chiffres avancés restent très en deçà des objectifs fixés. Dans le plan Reva que j’ai remis aux anciennes autorités, un des objectifs était aussi l’exportation des produits. Prenons le cas de la mangue au Sénégal. En 2011, le plan Reva, qui a été mis en œuvre depuis 2006, a permis de produire 6500 tonnes de mangues. D’après les prévisions du plan, cette production aurait dû multipliée par cinq et atteindre au moins 30 000 tonnes, ce qui ouvrait la voie à une exportation digne de ce nom. Le Sénégal est en effet le pays producteur de mangues le plus proche de l’Europe, or le Burkina Faso, sur le continent, exporte beaucoup plus que notre pays. Globalement, les pôles peuvent créer beaucoup de richesses. Prenons l’exemple du maïs. Nos industries qui s’activent dans la volaille exportent chaque année 40 millions de kg de maïs, mais elles n’utilisent même pas un kg de maïs produit au Sénégal, ce qui est aberrant. Aujourd’hui, j’entends les industriels demander des terres à l’Etat pour produire ce maïs, mais cela aurait pu être fait par les jeunes dans le cadre des pôles d’intégration intégrés. Et on ne sait pas si ces industriels produisent du maïs transgénique ou des Ogm. Ce qui est contraire à l’esprit du Reva qui est de produire au Sénégal par des Sénégalais.
« Vous avez un dernier mot ? »
J’aimerais juste attirer l’attention sur le fait qu’un pays comme les Etats-Unis emploie moins de 3% de sa population dans le secteur agricole, alors qu’au Sénégal, c’est près de 76% de la population. C’est dire que le développement de ce secteur permettrait de résoudre le problème du chômage, tout en mettant notre pays sur les rails du développement.
12 Commentaires
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Wow
En Octobre, 2012 (16:38 PM)Trontonian
En Octobre, 2012 (16:59 PM)Peuls,
En Octobre, 2012 (17:13 PM)Vos Colis De Montréal à Dakar
En Octobre, 2012 (17:21 PM)Mariste
En Octobre, 2012 (18:05 PM)Galsen
En Octobre, 2012 (19:04 PM)Idy
En Octobre, 2012 (19:32 PM)Domou Baye Mansour
En Octobre, 2012 (00:12 AM)de la part de Kh. D. depuis Parcelles U19
Non Réveur
En Octobre, 2012 (09:03 AM)Pas étonnant que le plan "REVA" (moi qui pensais que c'était le truc de Wade ) ne nous ait jamais sorti de nos réves wadiens.
Oragnisations Faitieres
En Octobre, 2012 (09:11 AM)Mais c'est en février 2008 que l' Agence REVA a démarré avec des locaux de taille cabinet ministre et deux (02) véhicules ainsi que de maigres ressources. Au moins, je peux leur témoigner qu'ils répondent à nos correspondances et que l'agence a un potentiel d'experts agrées dans le domaine de l'agriculture, de l'aménagement et de l’élevage.
Des experts qui pouvaient travailler pour des organisations internationales en tant que consultants l'ont refusé pour participer à l'émergence de leur pays.
ARRÊTEZ soi disant EXPERTS DE RUE, DES AVENUES ET DE LA TOILE sachez que vos connaissances se limitent au bout de vos nez.
SOKHOR BAKHOUL !
Un Expert Du Reva
En Octobre, 2012 (12:50 PM)Heureusement que son programme n'est jamais été appliqué car ce Mr n'est pas sérieux et même dangereux pour le pays
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