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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

CHEIKH TIDIANE NIASSE, FILS DE MOUSTAPHA NIASSE"La haine de Ahmed Khalifa Niasse contre Moustapha Niasse est celle d’un affranchi contre son maître"

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CHEIKH TIDIANE NIASSE, FILS DE MOUSTAPHA NIASSE"La haine de Ahmed Khalifa Niasse contre Moustapha Niasse est celle d’un affranchi contre son maître"
Entre vigoureuse réfutation des propos de Ahmed Khalifa Niasse concernant sa famille, tir de barrage contre la « Génération du concret » et réflexions sur le fonctionnement de l’opposition et de l’Afp, Cheikh Tidiane Niasse, fils de Moustapha Niasse et ex-banquier parisien, assène ses vérités. Notamment en direction d’une opposition confrontée à ce qu’il appelle la « dérive monarchique de Wade ». Source : Le Populaire

Dans l’hebdomadaire « Week-end », Ahmed Khalifa Niasse a dénié à votre père Moustapha Niasse toute appartenance à la famille de religieuse de Baye Niasse. Qu’en est-t-il exactement de la relation de votre famille avec les religieux niassènes ?

Des voix plus autorisées à Médina Baye et à Taïba Niassène répondront de ce qu’il en est. Néanmoins, ma famille étant indexée, je ne peux pas ne pas répondre. En fait, le débat posé par Ahmed Khalifa Niasse ne mérite d‘être posé que s’il est possible de le transcender. Car ni la fortune, ni la naissance ne sauraient mettre un homme au dessus d’un autre homme. Aucun Sénégalais ne peut être au dessus d’un autre Sénégalais. C’est la vertu et la piété qui distinguent les hommes. C’est tout le sens du sermon d’adieu du Prophète Mouhamed (Psl) et l’essence même de la République. Pour répondre maintenant à la question, il est important de faire d’abord un rappel. L’étiquette nobiliaire des Niassènes interdisant formellement de polémiquer avec Ahmed Khalifa Niasse, un affranchi
 car c’est, hélas, la réalité- dont la mère captive alaouite a été donnée en « hadiya » à notre grand oncle Mawlana Cheikh Al Islam El Hadji Ibrahima Niasse. C’est ce dernier qui a fait don de la mère de Ahmed Khalifa Niasse, captive alaouite à lui offerte, à son frère Khalifa. Vous comprendrez que je ne puis, dans un premier temps, que renvoyer Ahmed Khalifa Niasse, ce Niasse putatif, à l’équation de ses origines. Je tiens toutefois à dire que l’homme d’Etat qu’est Moustapha Niasse s’interdit de parler de généalogie. Et cette posture devient pour lui presque un talon d’Achille, exploité à des fins politiciennes par des hommes qui n’ont peur de rien et qui ne reculent même pas devant le ridicule. Moustapha Niasse est le fils de Abissata Thiam, fille de Fatou Touré, fille de Kondji Fall, fille de Thiendella Fall, fils de Buur Saloum Fakha. J’entends des Buur Saloum fantomatiques qui s’intronisent. C’est une autre « Génération du concret » sans doute. Du côté de mon grand-père Mouhamad Ghali, il est le petit-fils de Lamine Sathioro Fall, fils de Thioro Fall, elle-même fille du Damel Macodou. Donc nous étions déjà la crème de l’aristocratie Niassène depuis plusieurs siècles, quand les grands-parents et parents de Ahmed Khitmir Niasse, je dis bien Khitmir, ceux qui ont lu la sourate de la caverne savent de quoi il s’agit, étaient encore ferrés dans les chaînes de servitude de leurs maîtres alaouites.

Qu’est-ce qui explique que de manière récurrente Ahmed Khalifa Niasse s’en prenne à votre famille sur ce terrain-là ?

Ahmed Khalifa Niasse est un Niasse putatif et il faut comprendre la haine de cet affranchi vis-à-vis de ses anciens maîtres. C’est naturel. Le chapitre Ahmed Khalifa Niasse appartient au droit civique. Les chaînes de la servitude laissent au cœur la marque d’une amertume inextinguible. Mais à quoi bon s’affranchir de nous si c’est pour se vendre à Wade et exposer le produit de cette vente de soi, dans un hebdomadaire, par un exécrable exhibitionnisme ? Les hommes de Dieu exposent des mosquées et des églises et proposent des actes dignes d’être imités, car marqués du sceau de la vertu, de la charité et surtout de la modestie, une qualité rare chez nous autres Sénégalais. Les marabouts, les vrais, ceux d’hier comme d’aujourd’hui, ne s’offrent pas en spectacle, poussant le loufoque jusqu’à se photographier dans leurs toilettes. Non, les vrais marabouts ne s’offrent pas en pâture dans un exhibitionnisme de nouveaux riches, et comme on le sait, qui dit nouveaux riches, dit faux riches.

Vous semblez ne déceler aucune manœuvre politique derrière ces attaques, Ahmed Khalifa Niasse étant du camp présidentiel.

Bien que sûr que oui. L’homme est coutumier des faits. N’oublions pas que, par le passé, il a accusé Me Wade, sous serment et lors d’un procès, d’être l’assassin de Me Babacar Sèye. Il a aussi impliqué Me Wade, avec un puissant ministre d’Etat de Diouf, dans une affaire d’armes libyennes. Cheikh Al Islam El Hadji Ibrahima Niasse a écrit, de sa propre sainte main, que Ahmed Khalifa Niasse n’est pas son fils. Or Cheikh Al Islam étant le frère de même père de Khalifa Niasse, je laisse tout un chacun déduire les conclusions qui s’imposent.

Pourquoi Moustapha Niasse ne répond-il pas personnellement aux attaques dont il est l’objet de la part de Ahmed Khalifa Niasse ?

Je répète que cela tient de l’éthique nobiliaire des Niassènes. On ne répond pas à un affranchi. Il faut que l’opinion comprenne que la haine de l’affranchi à l’endroit de son ancien maître est naturelle. C’est la même chose dans toutes les familles royales. Ce n’est qu’au bout de cette énième attaque que je suis obligé, moi, par effraction de cette éthique nobiliaire de répondre.

Jeune cadre et homme politique d’opposition, que pensez-vous de la donne « Génération du concret » qui a, sans doute, jeté le masque quant à sa volonté de conquérir le pouvoir après Wade ?

La « Génération du concret » est un machin-truc dont la misère conceptuelle révèle la vacuité intellectuelle de ses initiateurs. La jeunesse serait-elle devenue une vertu ? La vieillesse deviendrait-elle un vice ? Cette « Génération du concret », il a fallu qu’elle soit concrétisée, ne serait-ce que biologiquement et génétiquement, par une autre génération. La « Génération du concret » est un concept creux et fumeux. Elle n’en révèle pas moins l’obsession d’un président qui prend la République pour un jouet. Une bande de gamins, avec la complicité de Me Wade, veulent prendre la République et les institutions pour en jouer. C’est une histoire d’enfants gâtés.

Une tentative de prise du pouvoir qui se fait apparemment avec la complicité de celui qui est actuellement au sommet de l’Etat ?

Bien sûr. Mais le président Wade, au moins, a un agenda politique. Il a un mode de succession qu’il est en train de dérouler. Mais, c’est à l’opposition maintenant d’apporter aux Sénégalais une offre politique dont la consistance suscite leur adhésion. C’est pourquoi, dans la situation actuelle où Wade a enclenché son mécanisme de succession monarchique, je pense fermement que le Sénégal ne peut plus faire l’économie d’un Amadou Toumani Touré ou d’un Ely Ould Vall. Et l’expérience démocratique sénégalaise mériterait que cet Att ou cet Ely Ould Vall soit un civil. Donc que nous ayons l’initiative, nous, opposition démocratique, de proposer aux Sénégalais un homme hors du cénacle des politiques, hors du sérail, qui vienne, pour 11 ou 18 mois, toiletter les institutions, les réformer, jeter les bases d’une démocratie véritable et organiser des élections claires et crédibles à l’issue desquelles le vainqueur sera incontesté et incontestable. En fait, je propose un aggiornamento du modèle démocratique sénégalais.

Comment choisir pratiquement cet Att ou cet Ould Vall civil ?

Je propose des Assises de l’opposition nationale et démocratique qui prépare les Etats généraux de l’émergence et de la Renaissance démocratique. Je propose une plateforme supra partisane qui regroupe l’ensemble des forces politiques de l’opposition et les franges modernistes et réformistes de la Société civile, mais aussi les forces internes du Pds dont Wade fait un usage kleenex, pour trouver et proposer à la candidature une personnalité politique neutre. Je pense à des hommes comme Amadou Makhtar Mbow, Ibrahima Fall, Eva Marie Coll ou Pierre Goudiaby Atépa, Jacques Diouf, Babacar Ndiaye, entre autres. Il faut très vite dire aux Sénégalais celui qui a été choisi pour mener la transition de 18 mois et ce vers quoi nous voulons aller.

Après ce pouvoir transitoire de 18 mois, s’il devait advenir, est-ce que l’opposition ne retrouverait pas ses vieux démons de la division quand il faudra aller à la présidentielle ?

La densité politique de l’opposition est presque celle d’un homme d’Etat à la tête de chaque parti politique. Cette densité ne peut pas être sans heurts. Mais en face, c’est le désert ou presque. Si on essaye de donner, comme sucette et biberon, les institutions de la République à des gamins en apprentissage de je ne sais quelle sorte de gouvernance, c’est parce qu’il n y a pas d’hommes d’Etat dans les rangs. Il faudra, malgré tout, associer aux assises de l’opposition et aux Etats généraux tous ceux que Abdoulaye Wade, au sein de sa majorité, au cours de son septennat et au début de ce présent quinquennat, a utilisés avant de les jeter comme des kleenex, comme je l’ai dit tantôt.

Quel bilan faites-vous des tentatives d’union des partis de l’opposition qui ont boycotté les dernières législatives ?

Les 6 ans d’expérience du Cpc (ndlr : Cadre permanent de concertation de l’opposition) puis de la Cpa (ndlr  : Coalition populaire pour l’alternative) ayant abouti à une impasse, des caïmans mâles ne pouvant cohabiter dans une même mare, il faut, d’une façon ou d’une autre, sortir de l’affrontement et des querelles de leadership. Ce serait extraordinaire, si, au bout de 5 ans, le cas échéant, on pouvait s’entendre sur un leader charismatique qui puisse rétablir les grands équilibres et ressouder la nation.

Est-ce que l’opposition, en général, et l’Afp, en particulier, fait l’effort suffisant pour renouveler ses équipes ?

La querelle des anciens et des modernes remonte à la naissance de l’Encyclopédie. C’est dans l’ordre naturel des choses que les jeunes cherchent à remettre en cause ce qu’ils ont trouvé. Mais cela n’est pas conforme à nos traditions. Il faut prendre le temps d’écouter, d’apprendre et de se faire. Dieu est avec les patients. Une nation est une osmose. On ne laisse pas de côté une génération ou une frange de la population, dans l’exercice du mouvement naturel de la nation. C’est pourquoi je dis, une fois de plus, que le concept de « Génération du concret » est un concept creux, fumeux et fumiste même à la limite.

Homme politique membre de l’Afp et porteur d’un projet de conquête démocratique du pouvoir, pourriez-vous en arriver à briguer le leadership au sein de votre parti et au sein de la nation ?

Je n’ai ni ambition, ni vocation politique. Je suis un militant. J’ai travaillé comme analyste financier dans une banque privée internationale. C’est le jour où Moustapha Niasse a fait sa déclaration du 16 juin 1999 que j’ai démissionné de cette banque. Parce que la pertinence de cet appel, pour pouvoir s’appliquer au Sénégalais Lambda, devrait commencer par moi-même. Depuis ce jour, je un suis un citoyen libre qui investit sa liberté en actes militants. Ma légitimité, je la tire du terrain. Je ne suis pas de la génération que l’on crée et que l’on craint pour les finances publiques. Je suis de la génération qui va dans la rue et qui essuie les matraques électriques. Abdoulaye Wade m’a mis dans ses geôles. Il y a des milliers de militants de l’Afp qui peuvent succéder à Moustapha Niasse. Seulement, il faut que ceux-là prennent le temps de l’apprentissage. On ne brûle pas les étapes lorsqu’il s’agit de l’Etat et de la nation en mouvement. C’est pourquoi nous remettons en cause ce mode de succession monarchique qui sous-tend cette génération que l’on crée ou que l’on craint pour les finances publiques et pour la stabilité du pays. Les institutions ne peuvent pas être un gadget pour des gamins en mal d’amusement. Que ceux qui ont pou ambition de succéder à Moustapha Niasse ou d’autres responsables de l’Afp prennent le temps de faire leur apprentissage. Autrement qu’ils prennent leur parti.

L’Afp a connu un revers lors de la dernière présidentielle. Mettez-vous cela sur le compte de la « fraude électorale » ou de dysfonctionnements dans le parti ?

La présidentielle était contestable, dans le fond comme dans la forme. Ce n’est pour rien que le ministre de l’Intérieur a été promu ministre d’Etat. Où étaient lors des législatives les 56% d’électeurs qui auraient élu Wade au premier tour lors la présidentielle ? Ce fut un tour de passe-passe politicien pour Me Wade, de placer Niasse dans une mauvaise position pour que ce dernier ne puisse se sentir bien dans l’opposition avec les deux leaders qui l’ont devancé. Wade espérait ainsi attirer Moustapha Niasse à lui. Depuis lors, les appels du pied, venant du palais de la République, n’ont pas manqué en direction de tel ou tel responsable de l’Afp.

Finalement, après la présidentielle et les législatives, pensez-vous que l’opposition se donne aujourd’hui les moyens de faire partir Wade comme elle s’y est engagée, ou de contrer ce que vous appelez sa dérive monarchique ?

C’est parce que je pense que l’opposition ne s’en donne pas les moyens que je propose les Assises nationales et les Etats généraux. Avec ces deux opérations, Wade sera contraint à lâcher du lest parce qu’il saura qu’il ne peut pas gouverner avec 25% des Sénégalais. Mais il est impératif que le dialogue politique commence au sein de l’opposition. Le dialogue politique ne saurait se réduire à un rapport dialectique entre le pouvoir et l’opposition. La cohésion et la confiance des leaders les un envers les autres sont décisives pour l’opposition. A cet effet, il faudra vider définitivement le contentieux Ps/Afp. Faire cela, c’est passer au post-dioufisme. Il faudra passer par une rencontre au sommet entre Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng, qui ont chacun de son côté servi ce pays avec brio et loyauté. Ils ont chacun du répondant et de la légitimité. Il est temps de faire la conjonction des énergies et des légitimités. Wade s’étant arrogé un mandat de 5 ans je lui souhaite une bonne santé pour aller au bout. Je suis contre la campagne pour faire partir Wade immédiatement. La présidentielle a eu lieu de la manière que l’on sait et les Sénégalais ne sont pas descendus dans la rue. Il faut les laisser avec les méfaits du wadisme qu’ils ont commencé à subir juste après l’élection. Maintenant, que l’on aille à 2012 ou pas, Wade refusant le dialogue, il faudra aller à une transition, le temps de remettre tout le système électoral à plat pour permettre des élections au dessus de tout soupçon.



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