Colonel Malick Cissé, conseiller spécial de Me Wade « Macky Sall est pris d’une panique existentielle, il n’a pas l’habitude de se heurter à la réalité politique »

Le colonel Malick Cissé, leader du Psds est connu pour la tonalité de son discours. Comme conseiller spécial du président Wade, il est souvent intervenu sur certains dossiers politiques. Dans cet entretien, il passe à l’analyse certaines questions d’actualité comme la célébration du 19 mars, les agitations des mouvements citoyens ainsi que les perspectives pour 2012

La date du 19 mars a été célébrée diversement selon qu’on est de l’opposition ou de la majorité présidentielle. A votre niveau quel commentaire faites-vous de la célébration de cette date ? 
Le 19 mars pour moi, est une date comme toutes les autres dates symboliques d’un évènement donné. En prenant en numérologie le nombre 19, vous vous retrouvez à (1) puisque le (9) est négatif. Le (1) c’est Me Wade. Quant au mois de mars qui symbolise le troisième mois de l’année configure un troisième mandat de Me Wade. 

Ca, c’est sur le plan symbolique. Quand on parle de symbolisme des chiffres, voilà ce que le 19 mars représente pour nous. Pour moi, c’est l’unité autour d’un homme qui représente le peuple. Me Wade est un peuple comme disait l’autre. Sur le plan historique, je dois rappeler que le Sénégal a vécu jusqu’en l’an 2000 des phases politiques bouleversantes de la colonisation à l’indépendance avec plusieurs systèmes allant du parti unique à la pluralité de formations politiques. Et ce, jusqu’à ce qu’on appelle l’alternance gouvernementale. Vous savez, il y a eu plusieurs alternances politiques dans les partis depuis le Rda, le Bds … 

Il y a toujours eu des alternances politiques. Mais, il faut parler d’alternance gouvernementale. Il y avait un système qui était là bien implanté et à la faveur de l’alternance du 19 mars, un changement est intervenu dans la manière de faire pour développer notre pays. Cette date donc marque le Sénégal. Pour la première fois, le peuple, par les urnes, par la carte électorale a changé démocratiquement un système vieillissant pour en venir à un autre porteur d’espoirs. Voilà ce qui explique la date symbolique du 19 mars. Maintenant, du système vieillissant à celui de l’espoir, il y a une constante. C’est le président Abdoulaye Wade qui, depuis les années cinquante, s’est battu en tant qu’étudiant pour promouvoir la démocratie, ce qui a abouti à ce qu’on appelle aujourd’hui l’alternance démocratique. 

On a assisté ces dernières années, à l’émergence d’une société civile qui s’illustre dans le débat politique au point de s’y confondre. Est-ce là, une démarche légitime à votre avis ? 

Vous savez toute forme de non alignement est en fait un alignement. Ces mouvements dits de société civile sont alignés à une forme de politique souterraine. C’est dire qu’ils se réfugient derrière une forme de politique qu’ils n’osent pas exhiber. Ils se réfugient derrière un mot formaté par des personnes d’autres horizons, pour se déclarer mouvement qui serait de dynamique citoyenne. Ça, ne veut rien dire l’appellation « mouvement citoyen ». Sinon je les qualifie de regroupement d’individus qui ont peur de s’investir dans la politique et qui se réfugient derrière des associations dites de société civile. Je les considère exactement comme les syndicalistes actuels qui sont passés complètement à côté de l’idéal syndical pour faire de la politique. Fondamentalement, les gens sont passés à côté de l’étymologie des mots. 

Si je vous suis bien, ceux qui s’agitent dans les mouvements citoyens seraient des cagoulards ? 

Plus que cela, ces gens là qui se réfugient derrière les associations appelés mouvement citoyen sont des Diouty kat, pour parler en Ouolof.

 Qui veulent - ils tromper ?

Tout le monde est citoyen. Tout mouvement qui est à l’intérieur d’un territoire et animé par des composantes du peuple est par essence citoyen. De ce point de vue, ceux qui se réclament des mouvements citoyens ne sont pas plus citoyens que les militants du Ps, du Pds, de la Ld ou de toute autre formation politique. Il faut qu’ils trouvent un autre mot car là, ils sont mal partis, mal barrés. Ils veulent investir le champ politique à leur manière. 

Avec la supposée agression de Macky Sall d’aucuns n’hésitent pas à parler de la montée en puissance de la violence dans l’arène politique. Quel est votre commentaire là-dessus ? 

Non ! Je ne peux pas parler de violence dans le champ politique. Mais, parlant de Macky Sall, je dois simplement dire qu’il s’agit d’une panique existentielle d’un individu qui n’a pas l’habitude de se heurter à la réalité politique. 

Selon vous qu’est ce qui a motivé cette panique ? 

C’est quand on va dans le noir, dans un endroit qu’on ne maitrise pas, et là, on se cherche. J’ai rigolé quand j’ai dit les gens sont en train de voir la lumière et que le monsieur que vous venez de citer ( Ndlr :Macky Sall) et qui est mon ami passe tout le temps à surveiller les cimetières. J’ai vu sa photo grande comme ça et qui fait face au cimetière Saint-Lazare de Béthanie. Accroché à sa permanence, sa photo surveille les morts. Il ne sait pas où aller, il est paniqué. Il se retourne face aux morts. Dites moi, vous n’avez pas constaté que sur la Vdn, à la permanence de l’Apr, la photo de Macky qui y est accrochée fait face aux morts du cimetière Saint- Lazare. Ce n’est pas un acte manqué. Cela traduit une réalité. D’ailleurs, son siège est à la cité Alternance, des logements qu’ils se sont partagés, lui et ses amis. Je vois que son siège fait partie de la cité de l’Alternance et quand il parle, surtout quand il attaque le régime de Me Wade, moi, je suis désolé. 

De façon imagée, il serait quelqu’un dont le comportement serait assez trouble ? 

Il est paniqué, il ne vit pas la réalité. Il ne va pas en avant, il recule. Il est en train de dormir. Il n’est pas encore réveillé. Il vit un cauchemar. 

La question de l’emploi des jeunes est souvent agitée par les détracteurs du régime. Serait-ce là le ventre mou de l’Alternance? 

Me Wade a commencé par formaliser le Ministère de l’Emploi. Il a créé des structures chargées de promouvoir l’emploi des jeunes. Je me rappelle bien qu’en campagne électorale de 2000, il avait bien dit « je ferais travailler les jeunes dans les champs. Je les ferais travailler dans les usines. Je les ferais travailler dans les entreprises». Aujourd’hui, dans le secteur agricole, vous trouverez tellement de jeunes diplômés et non diplômés qui y travaillent. Dans les entreprises privées, les petites et moyennes entreprises, les ateliers, salons de coiffures etc . Je donne souvent l’exemple d’un certain M. Sall, ingénieur qui, n’ayant rien trouvé à faire sous le régime socialiste, est allé à la Senelec pour relever les compteurs. C’est sous le régime de Wade qu’il a créé son entreprises. Et aujourd’hui, c’est un grand chef d’entreprise qui emploie des centaines de personnes. C’est cela que j’appelle la promotion de l’auto emploi. Par conséquent, on ne peut pas dire que l’emploi est le ventre mou des gouvernements de l’Alternance. 

S’agissant de votre formation politique, Sunu Psds ( Parti pour la solidarité et le développement du Sénégal), il est écrit sur vos affiches qu’en perspective de 2012, vous envisagez de faire converger 4 millions d’électeurs vers le candidat Me Wade. Est-ce que ce n’est pas un peu exagéré ? 

Moi, je n’ai pas de limite dans mes intentions. Je sais que le fichier actuellement est arrêté à 5 millions d’électeurs. On pense avoir un million de nouveaux inscrits, ce qui fera à peu près 6 millions. Ma stratégie, je ne la dévoile pas de peur d’être plagié. Mais je sais que je maitrise les centres de vote et l’emplacement des bureaux de vote. J’ai des militaires, des policiers des paramilitaires de tous corps confondus qui travaillent avec moi et qui maitrisent l’emplacement des bureaux de vote. Ces éléments déployés dans les 24 000 villages, vous voyez ce que cela fait en termes de mobilisation.