CONTRE OFFENSIVE DE MAGNE DIEME CONTRE SALIF SADIO - L’Etat se démarque

De sources recoupées, proches du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc), on apprend que Ismaïla Magne Diémé du Front Nord s’apprêterait à reprendre ses bases perdues et à « bouter » dehors son rival Salif Sadio, à défaut de l’éliminer définitivement. Il aurait reçu récemment des renforts en hommes de la part de César Atoute Badiate de Kassalole. A-t-il cependant conclu à ce propos un deale avec l’armée sénégalaise ? Non, répond-on du côté de certains gestionnaires du dossiers casamançais. On s’y veut même catégorique assénant au passage que « l’Etat du Sénégal est à équidistance des clans du Mfdc. Sa seule préoccupation étant le dépôt des armes par tous ceux qui ne sont pas autorisés sur l’ensemble du territoire national à en posséder et le retour d’une paix durable en Casamance ».

L’hivernage s’installe doucement en Casamance et dans certaines régions du Sénégal. Alors qu’ailleurs, les paysans se préoccupent des semis et des engrais et vont aux champs, dans le département de Bignona, la « guerre » entre les factions rivales du Mfdc les en empêche et continue de plomber la vie dans le secteur. Ismaïla Magne Diémé l’ex-lieutenant de Kamougué Diatta du Front Nord du Mfdc qui, avec son « camarade » Cesar Atoute Badiate de Kassalole et leurs éléments avaient appuyé l’armée Bissau guinéenne dans sa traque contre le général autoproclamé d’Atika*, Salif Sadio prépare ainsi sa contre-offensive dans le Bignona.

« Ennuyé » en effet au Sud par les hommes du général Tagmé Na Wé de la Guinée-Bissau, Salif Sadio s’était réfugié dans le département de Bignona. Là il avait vite fait de prendre « pouvoir » au détriment de Magne Diémé. Aux bouts de quelques jours seulement de combats, il lui aurait pris les camps de Kabekel, de Koureck et de Diakaye, obligeant même le tombeur de Kamougué à se réfugier en Gambie voisine pour y panser ses blessures et celles des hommes rescapés des affrontements.

REMAKE DU SCENARIO DE SAN DOMINGO ?

Ismaïla Magne Diémé qui aurait reçu des renforts de la part de son allié du Sud, César Atoute Badiate de Kassalole, détiendrait à nouveau de Diakaye, l’ancien quartier général du « commandant » Kamougué Diatta et s’apprêterait à une contre-offensive de grande envergure pour reprendre son « territoire », y chasser Salif Sadio à défaut de l’éliminer définitivement. Pour arriver à ses fins, Magne Manké a-t-il signé un pacte avec l’armée sénégalaise ? De sources proches de la faction rivale, on y croit dur comme fer. D’autant plus qu’on signale le renforcement des positions militaires « comme si l’armée nationale voulait s’interposer entre Salif et Magne ou se préparait à des actions dans le secteur », à Baïla, Koudioubé en face de Mahmouda diola, fief de Magne, Kafountine, Seléty, Djignaky etc.

Ces mêmes sources indiquent que des individus non identifiés qui ressemblaient fort à des soldats de l’armée régulière à bord de deux 4X4 auraient pris langue, il y a de cela quelques jours seulement dans le village de Djignaky situé dans le département de Bignona avec Ismaïla Magne Diémé revenu de Gambie pour l’occasion. Ces individus auraient même ravitaillé les hommes de Magne Diémé et leurs alliés en munitions et en nourriture. Magne qui se targue d’être le patron du Front nord depuis qu’il a évincé Kamougué Diatta de la « gouvernance » militaire de la zone avant d’y recevoir récemment la visite de Salif Sadio ne cache pas ses relations avec certains gestionnaires du dossier casamançais. C’est ainsi qu’il entretient des contacts avec le général Abdoulaye Fall, l’actuel Haut commandant de la gendarmerie, Directeur de la justice militaire ainsi qu’avec le chargé de mission à la présidence de la République, Latif Aïdara. Tous les deux s’étant occupé du dossier casamançais s’ils ne continuent jusqu’ici à le faire. On sait par ailleurs, que c’est en se réclamant de ces contacts qu’Ismaïla Magne Diémé et son « ami » César Atoute Badiate avaient soutenu l’armée Bissau guinéenne dans sa traque contre Salif Sadio.

Joint au téléphone hier, jeudi 20 juillet, Latif Aïdara s’inscrit en faux contre les allégations qui voudraient que l’armée nationale apporte son aide à Magne Diémé. « L’Etat est à équidistance des factions rivales du Mfdc », d’autant plus, poursuit, Latif Aïdara, « que des signaux de paix sont émis de part et d’autres et qu’il s’agit d’y répondre favorablement. Pour le gouvernement, la seule préoccupation qui vaille est celle de voir le dépôt des armes par tous ceux qui ne sont pas autorisés sur l’ensemble du territoire national à en posséder, ainsi que le retour d’une paix durable en Casamance. Nous y travaillons ».

Si Latif Aïdara confirme ses contacts avec le chef rebelle du Mfdc, Magne Diémé, il n’en récuse pas moins tout soutien de sa part à ce dernier. « Nous parlons avec tous ceux qui, au sein du Mfdc, de l’aile militaire ou civile sont disposés à aller à la table de négociation pour le retour d’une paix définitive en Casamance. On les rencontre aujourd’hui au sein de toutes les factions et cela donne espoir de voir cette crise prendre rapidement fin », souligne-t-il. Répondant sur le positionnement de l’armée dans le secteur de Bignona, le chargé de mission précise qu’il ne s’agit là que de mesures régaliennes de sécurisation du département. Les « militaires occupent par ailleurs ces zones depuis fort longtemps. Ils se sont même délocalisés de Djibidione avec l’assurance fournie par les habitants et le Mfdc de mettre fin aux braquages dans le secteur ».

Soit. Mais il n’en demeure pas moins que si on n'arrête pas la contre-offensive de Magne et si on ne neutralise pas également Salif Sadio, le sang va encore couler dans le département, et les pauvres cultivateurs et riziculteurs éprouveront des difficultés pour labourer leurs champs et planter le riz dans les rizières.