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Politique

Détenus politiques et journalistes incacrcérés sous l'alternance: La prison de Rebeuss doit être "transférée, réaménagée et humanisée"

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Détenus politiques et journalistes incacrcérés sous l'alternance: La prison de Rebeuss doit être "transférée, réaménagée et humanisée"

Créée par l'adminitration coloniale sur l'un des sites les plus en vue de la capitale sénégalaise, pour étouffer la résistance autochtone, aujourd'hui la Maison d'arrêt et de correction de Rebeuss étouffe.

De l'avis des hommes politiques et des journalistes qui y ont été embastillés sous l'alternance, ce "microcosme" du Sénégal réél doit être transféré, réaménagé et humanisé. Des mesures urgentes seraient également à prendre pour l'administration pénitentionnaire "également prisonnière". C'est ce qui est revenu dans les propos des politiques Abdourahime Agne, Mahmoud Saleh, Ibrahima Séné, Abdou Latif Guèye et Jean Paul Dias et bien d'autres hommes politiques qui y ont, comme eux, séjourné sous le régime de Me Abdoulaye Wade. Le journaliste Moustapha Sow de l'Office ne dit pas autre chose. Probablement aussi Madiambal Diagne du Quotidien, que nous peinons à joindre. Société civile, communautés religieuses et gouvernants sont interpellés par les responsables politiques et intellectuels qui ont vécu l'enfer de Rebeuss sous le régime de l'alternance. Sur le divan de l'Office, ils reviennent sur leurs impressions, voire ressentiments, des premiers moments de leurs embastillements ; sans oubleir de peindre un autre Rebeuss. Premier jet d'un dossier.

 

Abdourahime Agne, président du Parti de la Réforme (Pr):
" Rebeuss ressemble à une ferme mexicaine (…) bien de ses prisonniers ont une analyse politique plus fine que celle des hommes libres ".

Il a été conoqué un beau matin à la Division des investigations criminelles (Dic), avant de bénéficier quelques longues heures après d'un ticket pour Rebeuss. Parvenu dans la cour de la prison de la capitale sénégalaise, le patron du Pr, sur la tête de qui se balançait l'article 80, qualifié de "four-tout" pour dire qu'il est celui par lequel on tente de "museler" journalistes, intellecteuls et hommes politiques mal pensants, aura l'impression de s'être retrouvé dans "une ferme mexicaine". L'homme qui a beaucoup voyagé remarquera, en effet, des murs "peints à la chaux" en plus "crépis". 

Jeté dans la chambre 42, il sera horrifié par la "promiscuité" de cette cellule; pourtant jugée comme étant "l'une des plus dégagées". Car, si dans cette cellule il n'y avait qu'une dizaine de détenus, ailleurs, ils sont plus de 150 à essayer chacun de trouver "où étendre un flanc du corps ; tant-pis s'il faut plier les pieds". Mais, en dépit des accusations d'incitation à la révolte quon lui prête, confie M. Agne, "je n'avais pas du tout peur".

Malade confirmé, il aura la chance, quelques jours après, d'être transféré au Pavillon spécial de l'hôpital Principal, prévu pour les détenus à la santé fragile. De cet endroit, dont rêvent bien des prisonniers, Agne retient qu'il "demeure quand même une prison. Le soir venu, on enferme tous les locataires". Suite à sa liberté provisoire, obtenue près de trois semaines après, l'ancien président du Groupe parlementaire socialiste sous Abdou Diouf, fait des suggestions sur la Maison d'arrêt et de correction (Mac) de Rebeuss ; le temps "d'arriver aux affaires".

M. Agne, estime d'abord que les Organisations nongouvernementales (Ong) et celles de défense des droits de l'homme ont de la matière à Rebeuss. Il serait temps qu'elles assument leurs immenses tâches qui les attendent dans "les prisons en général, Rebeuss en particulier", enjoint-il. Il recommande également aux journalistes de chercher à "se familiariser" avec ce milieu ; "tant il y a à dire". S'y ajoute que "bien des prisonniers ont une analyse politique plus fine que celles de ceux qui sont dehors". Certainement, "parce qu'ils ont plus de temps et de recul pour mieux réfléchir les événements et les choses".  M. Agne est aussi d'avis "qu'il est temps" d'arrêter de jeter en prison, "à tour de bras", intellectuels, hommes politiques et journalistes. Pour lui, de telles pratiques, enregistrées crescendo sous le régime de Me Wade, n'ont qu'un seul nom : "une dictature rampante". Son souci, avance-t-il, doit figurer en bonne place dans le diaologue politique, agité par le pouvoir et attendu par l'opposition et les populations.

Convaincu de "la proximité génante" de Rebeuss, où existent des chambres n'ayant qu'une seule toilette, il estime qu'après plus de 40 ans d'indépendance, le moment est venu de se souvenir que ce sont des hommes que l'on emprisonne dans les M.a.c. Les rares chambres à être carrelées le seraient du fait d'une européenne, révéle-t-il.  Versant dans la prospective, M. Agne s'offusque que "le meilleur site de Dakar abrite une prison". "Ce qui m'a manqué à Rebeuss : ma famille et mes amis", reconnaît-il. N'empêche sur place, il a découvert des "hommes pieux et humains".


Jean Paul Dias, leader du Bloc des centristes Gaïndé (Bcg) :
"Je m'y suis beaucoup reposé (…) Il faut installer des téléphones pour les prisonniers"

Le calvaire, ce n'est pas à Rebeuss que le leader du Bloc des centristes Gaïndé l'a vécu; mais au Commissariat spécial du Port. Car, "contrairement à ce que l'on relayait dans la presse, je n'y ai pas passé des nuits. Je suis resté plutôt assis sur une chaise pendant deux jours. Cette cellule est des plus nues du pays ; l'une des plus inhumaines. Elle est vraiment sale". C'est ce qui fera qu'arrivé à Rebeuss, le "premier détenu politique à être expusé de la prison", était "si fatigué", que dés qu'il fut jeté dans la chambre 43, où étaient emprisonnée une vingtaine de détenus, rapporte-t-il, "j'ai immédaitement dormi. J'étais très content. Je n'avais pas du tout peur !", soutient-il.

Il se souvient encore du "chaleureux accueil" de ses co-détenus, "qui feront mon lit avec des draps propres. Car, on en distribue pas là-bas". Emerveillé par "la solidarité en prison", après son "expulsion" de Rebeuss, il offrira une télévision 55 cm à cette chambre et démarchera un entrepreneur de la place, qui offrira 20 téléviseurs aux prisonniers. Mais, "très vigilant", il dit avoir constaté que si le principe était d'en équiper également des prisons des régions, " la M.a .c. de Kaolack n'a rien reçu". C'est pour exiger des autorités que ce don soit "utilisé au seul profit des prisonniers".

M. Dias, qui avance que les toilettes de la chambre 43 "n'ont même pas de portes" et "qu'on s'y lave avec des sceaux avec des hauts-le-coeur", avoue qu' à Rebeuss "l'intimité du détenu est quotidiennement violée".Il y passera quand même 21 jours d'un mois d'avril. Fort de cette expérience, le leader du Bcg jette un regard sur le parloir de Rebeuss : "on est obligé de crier pour se faire entendre d'un visiteur, caché par des grilles. Parce qu'au même moment de votre entretien, vingt autres détenus reçoivent leurs visites". "Ce n'est pas normal", tonne-t-il. C'est ce qui avait fait qu'il avait refusé "toute visite".
 
 
Jean Paul Dias revendique aussi le téléphone à Rebeuss. Mais ce sera sous le contrôle des gardes pénitentiaires, "qui pouraient même mettre sous écoute les conversations pour raccrocher quand il y a des manquements à la réglementation". Le téléphone pourrait aussi, poursuit-il, permettre au visiteur de s'entretenir avec le prisonnier. Et l'on pourrait en conséquence aménager Rebeuss de telle sorte que ceux qui sont en communication puissent se voir.
Parmi les "mesures à prendre immédiatement", il classe aussi les toilettes "si dégueulasses qu'il faut mettre du papier sur les chaises avant de s'y asseoir".
Il déplore encore l'absence de chaises et de tables dans les cellules de Rebeuss. Pourtant, souligne-t-il, "même à Guatanamo les prisonniers ont droit à ce petit mobilier". Et, enfonce-t-il, "quand il venait à Rebeus, Me Wade jouissait de ce minimum. Mais moi je mangeais par terre", constate-t-il.

Last but not least, l'ancien ministre de l'intégration africaine, à l'époque de l'entrée du Pds dans le gouvernement de Diouf, cite dans les urgences le "désengorgement" de Rebeuss. Aménagée pour 700 détenus, la M.a .c. de la capitale sénégalaise heberge de nos jours plus du double. Ainsi, M. Dias pense qu'il est temps de transférer les prisonniers, qui le désirent, vers leurs régions d'origine ; s'y ajoute que "la plupart des locataires de Rebeuss manquent du minimum vital". 

Enfin, le libéral qui a claqué pour une deuxième fois la porte du "pape du sopi", s'insurge contre les notions de "détention préventive et de mandat de dépôt ; comme si les prisonniers étaient des marchandises". Lui préfère que l'on aille vers des "mandats de détention provisoire". Pour ce faire, il demande aux magistrats "qui ne fouttent rien pour la plupart" de calquer par exemple sur la France , où même un accusé de crime de sang ne peut rester plus de trois ans sans être jugé. Hélas, à Rebeuss, M. Dias rapporte avoir vécu avec un détenu âgé de 78 ans qui purge depuis six ans une détention préventive ; "mais qui n'a même pas encore rencontré unjuge" !

Moustapha Sow, Directeur de publication de L'Office :
"Victime d'une mafia, j'ai pu constater que Rebeuss n'est pas ce que beaucoup pensent. Je prépare à son propos quelque chose"

La veille de son arrestation, en dépit de la convocation de la Brigade de recherches de la Gendarmerie qu'il avait reçue le même jour, le dirceteur de publication de l'Office, a supervisé le bouclage ; comme toujours, l'oreille collée au téléphone, riant à belles dents, comme si de rien n'était. Rares sont d'ailleurs ses confrères qui soupçonaient que leur patron irait le lendemain à Rebeuss, comme "envoyé spécal". Mais, lui savait qu'il détenait par devers lui la pièce de conviction que le compte à rebours avait commencé entre lui et la "mafia tapie dans tous les secteurs importants du Sénégal", qu'il avait décidé de dénoncer. Naturellement donc, sur la route de la gendarmerie, il se demandera : "qu'ai je fais" ? Réponse au bout de son "introspection" : "je n'ai pas volé, ni menti, encore moins abusé qui que ce soit". Conclusion : "j'ai la conscience tranquille".

Le seul tort de Moustapha Sow aura été "d'avoir exploité" le rapport de l'Inspetion générale d'État sur les chantiers de Thiès. Un document, pourtant, dans lequel l'équipe dirigée par Mme Nafissatou Ngom Keïta épingle en premier chef le patron de l'entreprise Jean Lefevre Sénégal, Bara Tall. "Tranquille avec sa conscience", il écaltera de rires quand le gendarme lui annonça qu'il partait certainement pour Rebeuss.  Quand la confirmation fut faite par le juge, c'est lui même qui conduira le véhicule, (le sien), qui l'acheminera à Rebeuss !

Accueili "fraternellement" dans la citadelle du silence , "à la fois par les détenus et les gardes pénitentiares", M. Sow ne tardera pas à découvrir que "Rebeuss n'est pas ce que beaucoup en pensent : criminels, petits larcins et innocents partagent les repas et discutent comme membres d'une même famille. La plupart pratiquent profondément et sincéremment les religions de leurs choix". Objet de curiosité , idole "même pour l'administration pénitentiaire", il sera le temps de sa détention de deux semaines le receptacle de "bien des confessions".

Mais au-delà, constatera-t-il, "conçue par les colons pour réprimer les résistants à leur pénétration, plus d'un demi-siècle après, Rebeuss n'a pas évolué ; son symbolisme d'antan non plus. Même les nouvelles autorités semblent oublier que Rebeuss a maintenant le statut d'une maison de rééducation pour une réinsertion harmonieuse des coupables, quand ils retrouveront la liberté", se désole-t-il.

Parmi les "mille et une choses à revoir" dans la M.a .c. De Dakar, M. Sow insiste sur la "nécésité d'occuper les prisonniers, pour la plupart des jeunes et sans profession, afin qu'ils sortent avec des compétences qui les mettront à l'abri des besoins essentiels. Leur fierté et celle de leurs proches sont à ce prix minimal. Les récidivistes demeurent une preuve palpable de l'échec des politiques de détention", philosophe le patron du quotidien des "sans voix".

En dépit d'avoir repris du service, il souffre encore dans sa chair la promiscuité, qui est dans la plupart des cellules "telle que bien des détenus retiennent, le soir venu, leurs besoins naturels …pour ne pas perdre leur petite parcelle de couchette".  Marqué "humainement" par ce qu'il a vu dans ce lieu clôt et décidé à "assumer" son "sacerdoce d'œil et de voix des populations", le "premier des officiers" "prépare quelque chose sur Rebeuss". Sybillin, il s'en arrête là.

À suivre les sentiments de Ibrahima Séne du Parti de l'indépendance et du travail, de Mahmoud Saleh de l'Urd/Fal, de l'original Abdou Latif Guèye et fort probablement du journaliste Madiambal Diagne, de l'ancien ministre Salif Bâ et des avis de l'ancien Premier ministre, Idrissa Seck.


 



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