Karim Wade et Abdoulaye Baldé, respectivement président et secrétaire exécutif de l'Agence nationale de l'organisation de la conférence islamique (Anoci), sont, de plus en plus, la cible d'attaques en règle. Ces tirs groupés viennent des rangs de l'opposition au régime du président Abdoulaye Wade, mais aussi et surtout de l'intérieur du parti au pouvoir, le Pds. C'est que certains caciques du parti libéral redoutent que l'Anoci serve d'étai à Karim Wade en particulier pour se hisser en pole position dans la course à la succession du président Abdoulaye Wade. En usant ainsi, pour ce faire, des ouvrages de l'Anoci pour se tailler un manteau d'homme politique et grimper dans l'échelle d'estime des Sénégalais. Le bain de foule que Karim et Baldé se sont offert entre les étals de poissons au marché de Soumbédioune, après la visite des chantiers de la corniche ouest, ne dépare pas cette analyse.
Dans cette occurrence, le choix de Me Wade de mettre son fils à la tête de cette structure juteuse et fortement médiatisée qu'est l'Anoci ne pourrait pas être réduite à la simple volonté du chef de l'Etat de mettre à contribution les compétences d'un jeune Sénégalais. Voudrait-il préparer Karim Wade pour sa succession ? Rien n'est moins sûr, malgré les professions de foi du chef de l'Etat qui a eu, à plusieurs occasions, à balayer cette éventualité. Certes, Karim Wade ne s'est pas encore jeté dans la marre politique, mais le secrétaire exécutif de l'Anoci a sauté le pas et ne fait plus mystère de sa volonté de conquérir pour le Parti démocratique sénégalais la mairie de Ziguinchor.
Mais, toujours est-il qu'à y regarder de plus près, on a comme l'impression que l'image de l'Anoci est confondue avec celle de ses responsables. Et ces derniers ne font rien pour se départir de cette caricature pour mettre en avant l'Etat dont l'agence n'est qu'une structure externalisée. Bien au contraire, il y a un culte de l'image. Le slogan ‘Génération du concret’, qui accompagne les chantiers de l'Anoci, ne cache-t-il pas une volonté de Karim et Baldé de récolter, ultérieurement, les fruits... politiques de ces ouvrages de l'Etat ? A l'heure du bilan, les Sénégalais ne devraient pas s'étonner de s'entendre dire : ‘C'est nous, la génération du concret, qui avons réalisé ces ouvrages pour vous’ en lieu et place de ‘c'est l'Etat du Sénégal qui a réalisé ces ouvrages pour vous’.
En tout cas, certaines figures du Pds ne sont pas près de se laisser ravir la vedette par deux jeunes loups aux dents longues. La sortie du président du groupe parlementaire Libéral et démocratique contre la déclaration d'Abdoulaye Baldé, qui a eu l'outrecuidance de demander que le Pds investisse des gens de ‘qualité’ pour les prochaines élections législatives, est pleine de significations. Dans une réplique, un rien caustique, Doudou Wade déclare que les députés libéraux n'ont pas de leçons à recevoir d'un novice en politique qui n'a jamais fait ses preuves en matière parlementaire. Non sans rappeler à Baldé qu'il est militant de la dernière heure et que ce sont ceux que le secrétaire général du palais de la République brocarde qui ont eu à trimer pendant les années de braises.
L'histoire du ‘corbeau’ Pape Malick Ndiaye a été versée dans cette bataille de positionnement au sommet de l'Etat. Après l'éclatement de l'affaire dite des chantiers de la corniche, Abdoulaye Baldé avait attiré l'attention sur l'occurrence entre ces attaques contre sa personne et l'Anoci avec le début d'exécution desdits travaux. Cela, pour dire qu'il y avait une main manipulatrice derrière le jeune ‘corbeau’. Et les doigts avaient vite fait de se pointer vers de hautes autorités de l'Etat, dont le Premier ministre, Macky Sall. Des accusations, naturellement, rejetées par ce dernier qui y voit une volonté de ses poufendeurs de ternir son image.
Ces deux incidents sont-ils prémonitoires des futures empoignades entre Karim et Baldé, d'une part et certains caciques du Pds, de l'autre, dans la perspective de l'après-Wade.
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