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DECHE, CASAMANCE, OPPOSITION, SOLIDARITE GOUVERNEMENTALE EN LAMBEAUX ET GOANA : Le Sénégal se morfond dans ses crises

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DECHE, CASAMANCE, OPPOSITION, SOLIDARITE GOUVERNEMENTALE EN LAMBEAUX ET GOANA : Le Sénégal se morfond dans ses crises
Les caisses du trésor public seraient vides. L’insécurité est de nouveau à l’ordre du jour en Casamance. L’opposition fait feu de tous bois. La solidarité gouvernementale de l’équipe du Premier ministre, Aguibou Soumaré vole aux éclats. Les posters géants de la Goana tapissent Dakar, tandis que les paysans attendent les semences et les pluies. Le Sénégal se débat et se morfond dans ses multiples crises, constate notre confrère Issa Sall de l’Hebdomadaire Nouvel Horizon. Tandis que l’économiste Moubarack Lô invite « à la réunification » de la Nation pour faire face. 

Hier, dimanche 25 mai à Ziguinchor, le Front Siggil Sénégal a encore marché à travers les artères de la capitale du Sud du pays. Le regroupement des partis de l’opposition dite significative déroule son plan d’action pour contraindre le régime libéral en attendant d’organiser les Assises nationales au mois de juin prochain « pour remettre le pays en marche », affirme-t-il. Il entend ainsi porter « la guerre » contre le Parti démocratique sénégalais (Pds) et ses alliés partout sur le territoire national.

Tandis que l’opposition fait feu de tous bois, la grogne sociale, elle, croît. Jeudi 22 mai dernier, quatre centrales syndicales avaient appelé à la grève générale pour un pouvoir d’achat revu à la hausse. Bien avant elles, des consuméristes soutenus par des partis politiques avaient battu le macadam à Khar Yallah dans la banlieue dakaroise et vu leur manifestation durement réprimandée par les forces de l’ordre. Les jeunes du Front Siggil Sénégal avaient pris le relais en marchant contre la faim, le renchérissement des produits de grande consommation et le « déficit » démocratique, avaient-ils argué.

La grève générale de jeudi passé a été inégalement suivie par le monde du travail. La trahison de plusieurs centrales syndicales et l’impréparation d’un mouvement dont la formulation avait plus les allures d’un épouvantail que la traduction d’une action planifiée ont fait que l’adhésion populaire fut relativement faible. Elle n’en traduit pas moins un malaise social qui ne cesse d’enfler.

Une gouvernance « à l’improvisation »

Issa Sall, Rédacteur en chef de l’hebdomadaire « Nouvel Horizon » trouve que le Sénégal « se débat dans sa crise alimentaire, sa crise financière, politique et morale… » Si de 1995 à 2005, « l’élève » Sénégal a été bien noté par les institutions de Brettons Wood, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (Fmi) au plan de la discipline budgétaire, cela n’est plus le cas depuis 2006. Un laisser-aller, voire une gouvernance à l’aveuglette et dépensière s’est installée au point que les institutions « d’encadrement » et de soutien à la politique macro-économique en ont perdu leur langage diplomatique. Ainsi parce que, croit-il, « les institutions ont une responsabilité de dire la vérité.Le Fmi a constaté que les fondamentaux des finances publiques du Sénégal étaient solides, mais étaient en train de se dégrader rapidement », avait confié récemment Alex Ségura le représentant résident du Fonds à Dakar à Sud Quotidien. Le haut fonctionnaire international avait déjà tiré sans sommation auparavant la sonnette d’alarme dans les colonnes de nos confrères du « Quotidien ».

Selon lui, dans l’entretien accordé à Sud Quotidien, c’est parce que malgré le fait que le Fmi a cherché à capter l’attention des autorités sénégalaises depuis 2006, « les pressions sur les dépenses ont continué ». Au point que les caisses du trésor public s’en sont trouvées complètement trouées. Les entreprises privées clientes de l’Etat de courir derrière 150 milliards de Fcfa de factures impayées avec le risque de mettre la clé sous le paillasson.

Le représentant du Fmi ne faisait cependant qu’amplifier, la tonalité avec, les griefs de son collègue de la Banque mondiale, Madani M. Tall. « Après l’euphorie provoquée par le Sommet de l’Organisation de la conférence islamique, la réalité a vite refait surface (…), le Sénégal a eu sa part de « manifestations contre la vie chère », avait-il en effet écrit dans le magazine « les Echos de la Banque mondiale » de la dernière livraison. Le Directeur des opérations de la Banque mondiale à Dakar de s’interroger sur les solutions préconisées de sortie de crise. « (…)

Le Sénégal n’échappe pas à la règle et des mesures qui sonnent bien à l’oreille comme « baisse temporaire de la fiscalité », « création de magasins de référence », y sont brandies. Ces mesures... faciles ont, toutefois, leur revers : pour viables qu’elles puissent être, elles ne le sont qu’à très court terme… », avait-il fait remarquer.

Certes le choc imposé par le baril de brut à plus de 100 dollars a eu un impact négatif sur la situation économique globale et, en particulier, sur les ménages, l’inflation flirtant avec les 6 %, niveau jamais atteint depuis la dévaluation du franc Cfa en 1994, avait-il reconnu. Mais c’est pour dire aussitôt qu’il ne fallait pas omettre « d’admettre que le Sénégal n’est pas allé au bout des réformes en profondeur qui, menées à bon terme, auraient pu amortir le choc... »

D’autant plus que l’on débouche facilement, avait-il argumenté sur une situation paradoxale qui fait « qu’au Sénégal, les prix des produits alimentaires sont de 24 % supérieurs à la moyenne africaine et sont les plus élevés de la Cedeao, hormis le Nigeria et le Cap-Vert ! ».

En écho, l’économiste Moubarak Lô. « Les solutions qui sont proposées notamment en ce qui concerne la crise alimentaire semblent avoir été faites simplement sous le coup de l’émotion. Si on les appliquait comme elles ont été énoncées, on créerait plus de problème qu’on en résoudra, notamment dans l’agriculture avec la Goana. Cela, tous les techniciens du ministère de l’Agriculture le savent, mais comme ce sont des fonctionnaires, ils sont astreints au devoir de réserve.

Que faire des autres cultures ? Je pense qu’il faut retravailler le formulé des solutions et la prise en charge des politiques agricoles mieux pensées », déclare-t-il. Oumar Sarr le porte-parole de Rewmi (le regroupement politique de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck) de renchérir, « du point de vue de sa conception, la Grande offensive pour l’agriculture, la nourriture et l’abondance (Goana) est un échec. Aucune agriculture ne peut se faire sans paysannat, or la Goana exclut les paysans. Aucune agriculture ne peut également se développer sans une maîtrise de l’eau. Ici on se contente d’affirmer que l’on va chercher des semences et de l’engrais et l’on tapisse les murs de Dakar de posters géants sur la Goana.

Nulle part dans l’énoncé de la Goana, on ne nous dit pas comment maîtriser l’eau sinon, on nous parle de pluies artificielles comme si elles étaient simplement sur commande ». Il poursuit, « il faut qu’ils nous disent, combien sont-ils par exemple de députés et de ministres à Diourbel susceptibles de cultiver les terres à la place des paysans et pour semer quoi ?

Tous les techniciens de la Direction du développement rural du ministère de l’Agriculture vous le diront : dans la région de Diourbel vous ne pouvez pas faire du riz ».Même son de cloche chez Abdoulaye Willane du Ps. Le militant socialiste trouve que le « Sénégal est aujourd’hui malade du régime libéral et de ses solutions à l’emporte-pièce ».

Modou Diagne Fada, le député libéral revenu à la maison du père en a lui, une autre perception. Selon l’ancien ministre de l’Environnement, « la Goana qui est la panacée est sous la rampe de lancement et bientôt elle produira ses fruits pour le grand bonheur de l’agriculture et de l’abondance au Sénégal ». Ne lui parlez point d’un quelconque blocage politique et social du pays. « L’opposition s’oppose, le gouvernement gouverne. Les institutions fonctionnent », rétorque-t-il. Dans le meilleur des mondes possibles quoi !

Solidarité gouvernementale en lambeaux

Le gouvernement n°2 de Aguibou Soumaré est-il celui du « tessenté » (querelles intestines) ? La solidarité gouvernementale y semble la chose la moins partagée en tout cas. Si ce ne sont pas les femmes ministres qui s’offrent en spectacle en pleine quinzaine de la femme, ce sont les hommes qui se crêpent le chignon par médias interposés. Silence radio à la présidence de la République et à la Primature. Y cautionne-t-on la situation ?

Toujours est-il qu’on n’a pas fini d’épiloguer sur le différend opposant l’amazone de Pikine, Aminata Lô, ministre du Tourisme à sa collègue de la Femme, Awa Ndiaye que voilà que délaissant ses transports aériens où il y a cependant à boire et à manger, le ministre Farba Senghor s’est mis en devoir de régler la crise scolaire en lieu et place du ministre de tutelle, le Pr. Moustapha Sourang. Tant pis si la solidarité gouvernementale en prenne un coup au passage.

Casamance, l’insécurité

Le processus de paix est en panne ou mis en panne. La violence est revenu au galop en Casamance. Les « accrochages » entre les forces de sécurité et des éléments armés supposés appartenir au Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) sans chef depuis la mort de l’Abbé Diamacoune Senghor, ont repris de plus belle et se multiplient. Les populations écopent. Si elles ne sont pas victimes des mines anti-personnelles ou anti-chars, elles sont l’objet d’exactions de la part d’individus armés qui spolient et tuent impunément. Une situation qui a amené plusieurs représentations diplomatiques de déconseiller vivement à leurs ressortissants la destination Casamance.

Pour Omar Sarr de Rewmi, « Wade occupé à des invectives contre son opposition, de fomenter des coups, a mis en veilleuse la question casamançaise et le processus de paix au lieu de le conduire à terme. Résultat des courses, nous assistons pour le déplorer à la recrudescence de la violence dans cette partie du pays suffisamment meurtrie cependant par plus 26 ans de conflit armé ».

Que faire ?

Pour l’économiste Moubarak Lô, il n’y a pas trente-six solutions. Il faut substituer la logique de confrontation à celle du dialogue. « Le dialogue politique est devenu urgent. Le président de la République doit tendre la main à son opposition. Les divisions dans le contexte actuel ne font qu’affaiblir nos capacités de riposte. Il est temps de réunifier la nation autour d’objectif commun. On ne peut plus faire l’économie du dialogue politique », indique-t-il. Selon lui, « il revient cependant au président de la République d’initier le dialogue politique pour que celui-ci ait quelques chances de réussir ».

Issa Sall de Nouvel Horizon pense autrement. « La formule des assises nationales qui est moins chargée que celle des conférences nationales peut être une alternative. Toujours est-il que dans les grandes démocraties si la situation politique et sociale est bloquée on a recourt à la sagesse du citoyen pour trancher, soit par voie référendaire, soit à l’aide de consultation électorale générale ou parcellaire », déclare-t-il. Tandis que pour Abdoulaye Willane qui se (re)signale à l’opinion après une indisposition pour cause de maladie, « le Sénégal a un besoin urgent d’une réappropriation de son destin national. Cela demande un sursaut de lucidité chez les élites ». Selon lui, « les assises nationales devraient permettre un nouveau départ pour une gouvernance concertée ». Au Pds et chez les alliés, on a une autre lecture pour l’heure.



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