C'est Jean-Marie Le Guen qui a allumé la mèche et c'est Stéphane Le Foll qui se charge d'éteindre l'incendie. Lundi soir, sur BFMTV, le secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement a expliqué que «la prohibition du cannabis en France mérite d'être discutée».
Et les réactions hostiles à droite n'ont pas tardé.
Invité de France 2 ce mardi matin, le porte-parole du gouvernementStéphane Le Foll a donc tenu à assurer que la position exprimée par Jean-Marie Le Guen «n'est pas la position du gouvernement». Le ministre de l'Agriculture a insisté pour expliquer que son collègue du gouvernement exprimait une «position personnelle» qu'il avait «déjà exprimée» auparavant. «Il n'y aucune piste de travail ni de réflexion engagée au gouvernement sur cette question», a-t-il encore martelé.
«Si le Parti socialiste veut débattre, c'est tout à fait légitime, mais il n'y a pas sur ce sujet d'autres positions que celle qui a été exprimée par le Premier ministre et le président de la République», a ajouté Stéphane Le Foll.
Deux heures après lui, Najat Vallaud-Belkacem a également rappelé sur BFM-TV que «le gouvernement s'est exprimé clairement, il n'y a pas de dépénalisation en vue ». La ministre de l’Éducation nationale, qui s'est dite opposée personnellement à la dépénalisation, a jugé en outre que « on ne rouvre pas ce (type de) débat en fin de quinquennat de manière expéditive».
Un sujet à cacophonie sous Hollande
La droite a quand même continué à tirer boulets rouges. Sans tenir compte de la mise au point de Stéphane Le Foll, elle accuse le gouvernement de vouloir plaire aux jeunes, en pleine contestation contre la loi Travail et en plein mouvement Nuit Debout. Alain Juppé a ainsi exprimé sur twitter son opposition à la dépénalisation, qu'il considère comme un «signal de relâchement».
Dépénaliser le cannabis:un"coup" pour plaire à certains jeunes en divisant les Français.Jesuis résolument contre ce signal de relâchement
— Alain Juppé (@alainjuppe) April 12, 2016
Pour l'un des proches du maire de Bordeaux, le député de la Marne Benoist Apparu, «c'est une grosse blague». Selon lui, cette question est «un petit dérivatif» en plein débat sur le travail des jeunes. «C'est un écran de fumée», a-t-il ajouté sur France Info, faisant un lien entre les annonces du gouvernement lundi pour l'insertion des jeunes et les propos de Jean-Marie Le Guen. «D'un côté 500 millions, de l'autre regardez, on est ouverts, on est sympas, on propose un débat sur la dépénalisation du cannabis. Ce n'est pas sérieux», a-t-il dénoncé.
Cannabis : vers la fin de la prohibition ? "Un écran de fumée" pour @benoistapparu https://t.co/HY6VCXLBDE
— France Info (@franceinfo) 12 avril 2016
Même agacement chez Laurent Wauquiez sur RTL. « Décidément, ils ont décidé d'enfumer les gens », s'est gaussé le président les Républicains de la région Rhône-Alpes-Auvergne. « Ce gouvernement ne comprend rien à la France », a-t-il reproché, estimant qu'il y avait bien d'autres sujets prioritaires. «J'ai l'impression qu'on assiste ces temps-ci au retour de toutes les vieilles lunes de gauche », a-t-il conclu.
Seul l'ancien ministre de Jacques Chirac Luc Ferry n'a pas donné totalement tort à Jean-Marie Le Guen. « Rationnellement si on veut épuiser le marché de la drogue, il faut dépénaliser le cannabis », a estimé le philosophe Luc Ferry sur i>Télé. « Le Guen sur le fond a raison, son argumentation n'est pas idiote, mais elle ne tient pas compte de la dimension symbolique du droit, a-t-il poursuivi. Ce n'est pas qu'un problème économique et pénal; le droit symbolise aussi des valeurs morales ».
Pour le FN et son numéro 2 Florian Philippot, les propos de Jean-Marie Le Guen sont une façon de «détourner» l'attention.
Cannabis : le gouvernement veut détourner les regards des sujets qui fâchent en lançant un sujet dérivatif. Du déjà fait, ça ne prend plus !
— Florian Philippot (@f_philippot) 12 avril 2016
Ce n'est pas la première fois que ce débat crée la cacophonie sous François Hollande. L'écologiste Cécile Duflot, alors ministre du Logement, avait en juin 2012 défendu la légalisation du cannabis, obligeant Jean-Marc Ayrault et François Hollande à répéter leur hostilité à cette question.
En octobre 2012, c'est Vincent Peillon, alors ministre de l'Education nationale, qui avait suscité un tollé à droite en rouvrant le débat sur la dépénalisation. Il avait dû quelques jours plus tard minimiser ses propos en faisant un communiqué pour expliquer qu'il s'agissait bien là d'une «réflexion personnelle» et que sa déclaration ne contrevenait pas «à sa solidarité entière et totale» avec le gouvernement.
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