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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Dié Maty Fall : " Mes relations avec le Parti socialiste... "

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Dié Maty Fall : " Mes relations avec le Parti socialiste... "

Dié Maty Fall a bien voulu accorder une interview à la rédaction de Leral.net. La journaliste s’est prononcée la crise au sein du Parti socialiste, l’avenir de la coalition Benno Bokk Yakaar mais également la suppression du Sénat.

Que devient Dié Maty Fall ?

Je vous remercie de votre intérêt pour ma modeste personne. Je suis journaliste et je le reste. Je continue mon bout de chemin dans la quiétude et la discrétion. Je n’aime pas faire parler de moi, sauf dans le domaine du travail où là je suis preneuse.
J’élève ma petite fille seule, nous passons le week-end en famille et je travaille en free lance.
Maintenant que la Fatwa « professionnelle » du régime précédent n’a plus de raison d’être et que toutes les compétences sont nécessaires sans discrimination de couleur politique, je souhaiterais être rétablie dans mes droits de travailleur par les nouvelles autorités sénégalaises et travailler dans le service public, ma raison d’être.


Quelles sont vos relations avec le Parti socialiste ?

Elles restent les mêmes : on n’aime qu’une fois. J’aime la richesse intellectuelle, le sens de l’analyse juste et équilibrée, le large spectre des couches sociales de ses militants, la fraternité des rapports policés et urbanisés ainsi que la fidélité de ses adhérents qui sont la marque de fabrique du Parti socialiste. Après cinquante années à la tête de notre pays et douze ans de galère dans une opposition chaotique, les militants socialistes se sont adaptés à la nouvelle situation et soutiennent toujours leur parti. A la maison de Colobane, dans les congrès, en campagne électorale, vous retrouvez toujours les mêmes personnes fidèles au poste.


Je pense qu’ « être Ps », c’est une école de vie. Les gens se fâchent, se disputent mais ont conscience qu’ils doivent continuer une œuvre et un patrimoine communs et maintenir l’héritage au sein de la famille quoiqu’il advienne. Il n’y a pas de « petit » militant, chacun pèse autant que l’autre et est aussi « Responsable » que le membre du Bureau Politique du destin du parti. J’aime cet esprit-là, j’aime ces valeurs-là.
Ce n’est pas la question que le PS soit au pouvoir et aux affaires, mais de donner un cadre rationnel et un sens à ses opinions politiques.
Aux côtés de dirigeants du PS comme Ousmane Tanor Dieng, Khalifa Ababacar Sall et Aminata Mbengue Ndiaye –« Mère Tchétchène » (parce que comme les rebelles Tchétchènes, elle est toujours au front), j’ai beaucoup appris sur l’Etat, l’organisation et la méthode et sur le Parti socialiste. Aminata Mbengue Ndiaye m’a même transmis sa méthode pour nouer son fameux « mussor » (foulard de tête) ! (rires).
Par-dessus tout, j’aime, je respecte et j’admire Abdou Diouf, car il a tenu sa promesse à mon père Alioune Fall. J’adore Diouf, il est trop cool au naturel, il a le sens de l’observation aiguisé et un jugement avisé même s’il ne dit rien ! Il est aussi très drôle en privé à la maison.
Je ne pourrai citer tout le monde sinon, il nous faudrait beaucoup de pages.


Comment analysez-vous la crise actuelle au sein du Parti socialiste, avec d’un côté Malick Noël Seck qui demande le départ de Tanor à la tête du Parti et de l’autre ceux qui s’y opposent ?

(Rires). C’est une crise de croissance et l’expression d’une vivacité démocratique qui se fait de plus en plus jour avec l’avènement de nouvelles générations et le renouvellement des catégories de militants. J’aime cela aussi au PS : exprimer ce que l’on pense sans que cela ne remette en cause les fondamentaux, est possible et la vie du Parti continue.


Avant l’arrivée des nouveaux militants à la faveur des années 2000 comme Malick, les contradictions existaient bel et bien entre militants socialistes et étaient même parfois très « hot » et occasionnaient des violences physiques et verbales, des colères homériques, des réglaient par des bagarres, intellectuelles y compris.
A la différence de l’action de Malick, ces contradictions sommes toute normales dans une organisation politique avec des enjeux de pouvoir énormes, s’exprimaient au sein des instances régulières et se réglaient de la même façon. Les inimitiés étaient choses courantes et connues, mais la diplomatie interne du PS, la sagesse des anciens et la fermeté des organes chargés de la conciliation venaient à bout des égos les plus surdimensionnés.


Donc, c’est une question que j’analyse comme pouvant se régler au sein des instances régulières du PS lorsque le temps sera venu de le faire, une question qui ne doit pas être personnalisée ou privatisée, et une question qui dépasse son promoteur ou les seuls intérêts d’un clan ou d’un autre. Cette démarche d’un militant devrait concerner l’intérêt général du Parti socialiste et de son devenir, quelle que soit la personne qui le dirige ou qui sera appelé à la diriger, et non pas être dirigée intuiti personae, ce qui lui fait perdre toute sa pertinence.

Etes-vous d’accord avec Malick Noel Seck ?

Je vous remercie de me donner l’opportunité de dire que je ne suis pas d’accord avec Malick sur sa méthode et sa manière d’agir pour faire prévaloir son point de vue.
Sa méthode donne à penser qu’il agit en son nom personnel, qu’il agit seul et qu’il n’agit pas de manière froide et impersonnelle.
En cela, il y a place à la maladresse et à la persistance de cette maladresse. Quand une méthode n’est pas bonne ou ne semble pas donner les résultats envisagés, il faut savoir s’en rendre compte à temps et la changer.
Malick semble dire que rien n’est bon avec Ousmane Tanor Dieng au PS et qu’il faut s’en « débarrasser ». Si ce n’est pas ce qu’il a voulu dire, je souhaiterais à travers cette interview, qu’il se rende compte de la manière dont sa volonté solitaire peut être perçue. En tant que cible, voilà comment je perçois son action. De cette manière, son action ne peut pas me convaincre et peut même me faire douter du réalisme et de la pertinence de sa démarche.
Je suis fille du PS comme Malick, qui est lui fils d’un grand militant du PS et militant à son tour.
J’ai la chance de fréquenter et de connaître le PS depuis ma naissance, de m’y mouvoir comme un poisson dans l’eau, de connaître les Socialistes, de partager leur affection et de les aimer avec leurs défauts et leurs qualités, même ceux qui l’ont quitté pour une raison ou une autre, et ceux qui après l’avoir quitté, reviennent parce qu’on est bien que chez soi (rires).
De ce fait, j’en ai connu des « crises » au PS. Mais la machine a ses propres ressorts pour rebondir après chaque crise. Les crises ne l’affaiblissent pas, elles lui sont à terme bénéfiques et le renforcent dans l’idée de chaque militant que c’est un patrimoine commun à transmettre. Qui peut raisonnablement refuser à un militant du PS de s’exprimer librement, du moment que l’expression des idées demeure courtoise, solidement argumentée et raisonnée ?

A votre avis, cette crise ne risque-t-elle pas d’affaiblir le parti socialiste ?

A mon avis, cette crise au contraire, va se montrer bénéfique et profitable pour le Parti socialiste. Quel que soit le cas de figure, l’action de Malick et les conséquences qui en découlent vont avoir un effet sur la marche du PS et sur la réflexion qui est en cours en son sein indépendamment de sa démarche.
Le Parti socialiste est en effet conscient d’être arrivé à une étape de son développement où il ne peut manquer à l’ardente obligation de marquer une pause pour réfléchir au jour d’après. Il lui faut marquer cette pause salutaire pour évaluer les douze années passées sous le régime de notre bon vieux Me Wade, notre ancien Président bien-aimé, évaluer les manquements, les échecs et les progrès, évaluer les hommes et les méthodes dans le sens d’en tirer le meilleur avantage pour l’avenir du Parti.
C’est une étape impérieuse pour pouvoir aborder sereinement et de façon bien préparée les cinq prochaines années sous le sceau du gouvernement de coalition issu du dénominateur commun « faire campagne ensemble, gagner ensemble et gouverner ensemble ».
Comment diriger ensemble au Gouvernement et à l’Assemblée nationale, comment veiller à l’intérêt général, comment rester fidèle à l’esprit des Assises nationales tout en appliquant le « Yonnu Yokuté » de l’APR, comment rester socialiste tout en dirigeant ensemble dans une coalition arc-en-ciel, comment préparer la relève du PS et organiser la transmission du témoin, comment amoindrir les chocs entre les générations et concilier les points de vue des uns et des autres, comment dresser un nouvelle organigramme des pouvoirs pour faire de la place à tous les impétrants, comment gérer les ambitions des uns et des autres, comment préparer 2017, etc ?
Les défis ne manquent pas, la réflexion est ambitieuse et il y a matière à agir pour chaque militant, y compris les responsables qui convoitent la responsabilité de Secrétaire général.
Si cet exercice nécessite des remises en question douloureuses, et je crois que c’est le cas, le Parti socialiste a intérêt, pour sa survie, à s’y soumettre dans la sérénité, sans mise en demeure ni infantilisme.

Le Ps est le plus vieux parti du pays et a été au pouvoir durant 40 ans. Comprenez-vous que ce parti aille aux Législatives avec une coalition ?

Au sein du PS et même en dehors du PS, parce que l’histoire du PS intéresse même ceux qui n’en sont pas militants, il y a ceux qui croient dur comme fer que les Socialistes auraient du faire campagne seuls et ainsi, auraient gagné beaucoup plus de sièges à l’Assemblée nationale.
D’autres, en revanche, pensent que le PS n’avait aucune raison de faire campagne législative à part, parce qu’il était déjà engagé dans une dynamique de coalition depuis le second tour de la présidentielle avec le candidat qui était arrivé le premier, comme l’engagement en avait été pris par les onze candidats de l’opposition.
Il se trouve que ce candidat était celui de l’APR, Macky Sall, devenu depuis président de la République avec l’apport des dix autres et de toute la société civile, Yen a marre et M23 compris.
Fallait-il prendre le risque de briser cette dynamique voulue et souhaitée par les électeurs dès la période pré-électorale. Fallait-il revivre le syndrome de la division entre le PS et l’AFP qui a fait échouer la candidature unique entre socialistes ? Fallait-il faire montre d’esprit d’indépendance sans en en avoir mesuré scientifiquement (sondages, enquêtes, calculs) les effets et les conséquences ?
Vu le court délai entre les deux élections, même si les Législatives avaient été repoussées justement à la demande du nouveau président de la République, il ne m’aurait pas semblé pertinent pour le PS d’y aller bille en tête.
L’argument selon lequel le PS est un grand et vieux parti qui a présidé aux destinées du Sénégal durant 50 ans est un argument qui reste vrai, mais que les analystes et observateurs devraient également confronter avec la nouvelle réalité politique : plus aucun parti, depuis la défaite historique du Ps en 2000, ne pourra plus jamais gagner seul les élections présidentielles ou législatives ni diriger seul le Sénégal.
Il faut que chacun, le PS y compris, se fasse à l’idée que la realpolitik d’aujourd’hui n’est plus celle des années 60 à 2000.
L’électorat a changé, la gouvernance politique a muté avec la transparence et la liberté d’expression, le monde est devenu un petit village où tout se sait et les populations aspirent aujourd’hui à plus de liberté et de bien-être.
Les gouvernants doivent se faire à l’idée que tous leurs faits et gestes sont contrôlés par les populations elles-mêmes, commentés par elles, jugées et sanctionnées, positivement ou négativement, par les électeurs et les leaders d’opinion qui sont des citoyens mûrs, avertis et très conscients.
Il n’existe plus de chèque en blanc délivré naïvement et à long terme aux dirigeants : fini la bamboula !

Selon vous, qui pour succéder à Tanor à la tête du Ps ?

Vous me demandez là l’impossible : même si on m’appelle « Mme Soleil » de Hann, notre Astre national pour paraphraser le Cafard Libéré, je ne suis pas Mme Irma Soleil la voyante française des radios parisiennes !
Je ne sais pas le nom de celui ou de celle qui va succéder à l’actuel secrétaire général du PS Ousmane Tanor Dieng. Lui-même ne doit pas le savoir.
La réponse la plus évidente est que son successeur sera celui ou celle que les militants du PS auront majoritairement choisi et que le Congrès aura adoubé et intronisé.
Il est évident aussi que le ou la prochain(e) Secrétaire général(e) sera choisi(e) à l’issue d’une sélection rigoureuse, régulière, et interne qui ne laissera rien au hasard et se fera démocratiquement. C’est-à-dire avec l’organisation de primaires, le choix d’un programme de gouvernement et de gouvernance du Parti et la mise en place des équipes de chaque candidat. Chacun pourra afficher son choix pour la clarté du débat.

La coalition BBY peut-elle vivre encore longtemps ?

Oui, elle peut vivre longtemps tant que chacune des parties y trouvera son intérêt et que l’intérêt général des populations sera volontairement maintenu au-dessus des intérêts personnels ou partisans.
Elle mourra de sa belle mort si ces conditions n’existent plus, et sans regrets chaque citoyen pourra dire « quelle belle histoire, ce fut! ».
Cette coalition, quel que soit son avenir, aura eu le mérite d’exister et d’autres expériences futures pourront s’en inspirer et en tirer des leçons à l’avenir.

Le Sénat a finalement été supprimé, quelle lecture en faites-vous?

Sincèrement, je ne vais pas tomber dans l’eugénisme béat ni dans la langue de bois. Cela ne faisait plus l’affaire des politiques et particulièrement de ceux qui ont la responsabilité de diriger, alors ils l’ont supprimé en prétextant la conjoncture des inondations ou je ne sais quoi d’autre, alors que quelques jours auparavant il n’en était pas question. Qui est fou ?
Le jour où cela les arrangera de le mettre en place de nouveau, ils sauront trouver les arguments et l’opportunité de le faire.
La suppression du Sénat arrange actuellement le président de la République, sinon il aurait fait comme avec la Charte des Assises nationales : prendre ce qui l’arrange et rejeter ce qui ne l’arrange pas.
Cela l’arrange d’être président de la République et de diriger son pari, il garde les deux casquettes alors que les Assises ont préconisé l’interdiction du doublon et que les populations veulent un président de la République au-dessus des partis et hors des partis, c’est clair.
La lecture qui peut en être faite, c’est que la rupture a encore du mal à se faire dans l’esprit des politiques alors que pendant les élections, il n’était question que de rupture. De qui se moque-t-on ?
C’est vrai que ce ne sont pas avec des mots et des vœux pieux que l’on gouverne, et que c’est facile de critiquer ceux qui ont pris la responsabilité de se « salir » les mains dans le cambouis de la politique, mais tout de même, arrêtons de nous mentir !
On ne demande pas aux dirigeants de vivre comme des sinistrés des inondations ou des moujik soviétiques du temps de l’URSS (que les sinistrés et les moujik m’excusent de les prendre pour exemple), mais de faire un peu plus attention avec l’argent du contribuable qui les paye.

Quel bilan faites-vous des premiers mois du régime de Macky Sall?

D’abord, je souhaiterais préciser que nous ne sommes pas au Sénégal en « régime » de Macky Sall, mais bien sous la présidence du Chef de l’Etat Macky Sall et de son Gouvernement dirigé par le Premier ministre Abdoul Mbaye.
Les mots ont un sens.
On pouvait malheureusement parler de « régime » avant 2012, mais aujourd’hui il faut comprendre la nature des nouveaux rapports entre les gouvernants et les gouvernés, la nature de la gouvernance politique et économique, la nature de la coalition politique au pouvoir et des rapports entre les partis au gouvernement et à l’Assemblée nationale.
C’est-à-dire que nous en sommes plus en « régime » de Messie ou de gouvernance « ma tey » ou « yama nex », mais en République avec un nouveau type de Sénégalais et un nouveau type de Dirigeants.
Cela dit, je le rappelle, pas de chèque en blanc non plus.
Nous aspirons donc, pour nous-mêmes et pour nos enfants, à une amélioration de notre gouvernance politique et de notre citoyenneté, avec le gouvernement et à ses côtés pour gagner la bataille du vrai changement, de l’amélioration du quotidien des Sénégalais et de la croissance économique bénéfique aux filles et aux fils du Sénégal, dans la bonne gouvernance, la transparence, la liberté, la démocratie la lutte contre la corruption, la rupture avec les dérives.
C’est le contrat que nous avons avec le Président Macky Sall et qu’il a moralement signé avec tous les citoyens. Une fois ce cadre posé, nous ne lui demandons pas d’enrichir chacun d’entre nous ni de nous mettre le pain dans la bouche.
Ce n’est pas encore le cas et six mois de gouvernance, ce n’est pas suffisant pour tirer un bilan définitif.
Mais c’est suffisant pour lui demander de nouveau d’agir pour que la patrie prime vraiment sur le parti et que ya basta ! (que cela cesse !) la politique politicienne.



1 Commentaires

  1. Auteur

    Boysaloum

    En Septembre, 2012 (07:34 AM)
    Die Maty tu ne fais que raconter des histoires . Tu dois comprendre que les senegalais ont assez souffert avec le parti socialiste .La preuve a la derniere election presidentielle , il est classe quatrieme drriere Tapha Niass l ancien socialiste .

    Feme ta gueule , si tu fais des doux yeux a MR MACKY pour avoir du travail vas y mais l ancien regine dont Macky est un produit ne t a rien fait.
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