La stratégie avait été élaborée bien avant la dernière rencontre Wade-Idy. Mais la décision du patron de Rewmi de retourner à la maison du père, alors que cela n’était pas convenu, a miné les relations entre Moustapha Sy et Idrissa Seck. Et finalement, les Moustarchidines ont la possibilité de rendre à Idy la monnaie de sa pièce le 22 mars prochain, jour du scrutin des élections locales.
S’il y a une formation politique qui va suivre avec intérêt, la peur au ventre, la conférence que le responsable des Moustarchidines Moustapha Sy va tenir le lendemain du Maouloud aux Champs de courses de Tivaouane, c’est bien le parti Rewmi. Durant cette séance, le fils de Cheikh Tidiane Sy, comme à son habitude, depuis des années, va passer en revue certains problèmes politiques. Cette année, la proximité des élections locales fait que ce sujet figure en bonne place dans le discours du responsable des Moustarchidines. Et ce qui fait peur aux responsables du parti de Idrissa Seck, c’est le risque de voir Moustapha Sy s’en prendre à ce dernier et du coup, prendre position pour l’une des différentes listes concurrentes de Rewmi et qui battent en ce moment campagne pour le contrôle des institutions locales. C’est Bennoo Siggil Senegaal qui pourrait bénéficier d’un tel cas de figure si l’on scrute les rapports qui ne sont pas des meilleurs, aujourd’hui, entre le Président Wade et Moustapha Sy.
A Thiès, un des fiefs des Moustarchidines, il n’y a aucun responsable de la dahira qui ose avancer une telle certitude car, aucune directive venant du marabout et de son entourage n’est reçue pour le moment du côté des talibés qui restent à l’écoute. L’hypothèse d’un clash entre Moustapha Sy et Idrissa Seck n’est, cependant, pas à écarter au regard de certaines fuites dans les négociations tenues secrètes, jusqu’ici, entre les deux responsables mais qui n’ont pas eu, pour le moment, le dénouement souhaité par le président de Rewmi. Avant la clôture définitive des listes électorales, il était question entre MM. Sy et Seck de faire des listes communes dans certaines villes et communautés rurales et par conséquent, d’un soutien de la dahira à la formation de M. Seck. Un tel rapprochement, selon certaines sources, était conditionné par une certaine ligne de conduite que l’ex-Pm devait avoir vis à vis de Me Wade. En d’autres termes, Idrissa Seck devait prendre ses distances envers le patron du Pds. Ce qu’il ne fera jamais car, dans sa vision des choses, il devait retourner dans la maison du père. Une décision qui met un terme à toute stratégie électorale commune entre le président de Rewmi et le guide religieux. Car depuis, malgré le souhait de l’ex-maire de Thiès de renouer contact avec Moustapha Sy, ce dernier, révèle nos sources, est injoignable. Sont entrés dans la danse pour renouer les contacts, la notaire Nafissatou Diop Cissé, le vice président de Rewmi, l’ambassadeur et ancien président de l’Assemblée nationale Youssou Diagne et l’ex-député frondeur Talla Diouf. On révèle que c’est l’Imam Malick Mbaye de la Mosquée du quartier Cité Pillot de Thiès qui était l’interlocuteur de ces «plénipotentiaires» de l’ex-Pm.
Dans la hiérarchie de la dahira à Thiès, cet enseignant arabe, fils du célèbre islamologue thiessois Ndiassé Mbaye occupe avec Serigne Ndiaye et délégué Diakhaté, les devants. Aussi bien à son niveau qu’à celui de Rewmi, on a su gérer, dans une totale opacité, cette affaire entre Moustapha Sy et Idrissa Seck. Des deux côtés, ils ne sont pas légion ceux qui étaient au parfum. Yankhoba Diattara, bras droit du président de Rewmi, avoue la main sur le coeur, qu’il n’était au courant de rien. Même son de cloche du côté de Tivaouane où le leader de Rewmi, Cheikh Tidiane Diouf, investi «par stratégie» sur la liste de la Coalition 2009 et à la demande du porte-parole du Khalife général des Tidjanes, soutient n’avoir jamais eu vent d’un éventuel soutien des Moustarchidines.
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