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Politique

Editorial : Espérances

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Editorial : Espérances

Le pari du président de la République a été de convier la Ummah au Sénégal, pour la deuxième fois en dix-sept ans. Cette victoire d’une diplomatie aussi lucide qu’audacieuse est la rencontre entre les valeurs d’unité, de solidarité et celles de l’ouverture aux souffles purificateurs d’un monde plus que jamais placé sous la menace des crispations confessionnelles, idéologiques, économiques et culturelles. La rencontre entre le Sénégal et une partie du monde, qui ne l’éloigne pas de l’humanité multiconfessionnelle, multiculturelle et multicolore. La plus belle leçon de fraternité et d’humanisme est le partage des interrogations et des angoisses du monde.

Cette leçon est une ouverture sur le futur ; une ouverture que ne compromettent pas les secousses nées des conflits culturels. De cette manière, naît, de la nuit des chocs identitaires et des égoïsmes, le matin des générosités. Les ombres sont déchirées et vaincues dans un élan qui porte les uns vers les autres. Le pays de la Téranga, ayant à son actif onze siècles de contact avec les valeurs de la civilisation islamique, est un terreau fertile pour recevoir et distiller, en toute saison et à tout vent, cette grande espérance de l’humanité. Telle est la lumière qui éclaire le passé, le présent et l’avenir du monde.

Fort d’une longue tradition de contacts avec les civilisations indo-européennes et islamiques, le Sénégal offre au monde la tribune du dialogue entre civilisations. Ce pays est un point de jonction entre les mondes. Appartenant à l’Afrique noire, il est voisin aux cultures arabo-berbères, reçoit de l’Occident les apports fructueux et s’ouvre de nouveaux horizons vers l’Extrême-Orient. Ce pays, à l’âme métisse sans être en mal d’identité, est aussi un ambassadeur de la culture démocratique. Les différences s’y expriment jusque dans l’illusion de fractures définitives entretenues par le débat politique, citoyen, économique et social.

Ces différences, malgré le fracas perceptible, ne sont pas, dans ce Sénégal, des chocs fatals à la vérité, à la fraternité et à l’ouverture à l’autre, qu’il soit d’ici ou d’ailleurs. Cet héritage commande à tous les acteurs d’être ses relais en ce moment historique où nous accueillons l’Islam dans sa diversité culturelle et dans son unicité cultuelle.

Cette religion est le plus grand fédérateur entre les pays de la Ummah. Ses valeurs lui permettent de répondre aux défis de l’uniformisation des pensées. Cette urgence et ces interpellations donnent à l’Organisation de la conférence islamique (Oci) une dimension politique, économique et sociale. Le monde d’hier s’est construit avec la foi. Le monde d’aujourd’hui interroge la foi, dans le saisissement des crises identitaires.

Le monde de demain polira ses armatures financières et institutionnelles sur le socle des rencontres entre les continents et les cultures. L’Islam place son action dans cette perspective qui traverse les temps et les lieux. De ce fait, la Ummah est le symbole du monde de demain : un et multiple à la fois. Elle est le porte-étendard de la multicultiralité au-delà de l’amalgame entretenu entre être de religion musulmane et être de culture arabe. Les cultures s’adaptent et enrichissent cette religion jusque dans la ligne de démarcation de l’inviolabilité du dogme.

Cette religion, il faut le comprendre, n’est pas un facteur de division entre musulmans d’une part et entre musulmans et adeptes d’autres religions d’autre part. Elle ne recèle pas les germes de la violence idéologique ou matérielle. Enfin, elle n’est pas la marraine d’une autocratie à laquelle les pays de cette organisation sont souvent assimilés.

Le débat par les modes de gouvernance est, à bien des égards, passionnant. Toutefois, il faut accepter le fait que pour d’autres cultures, la gouvernance ne vaille aussi que pour la finalité recherchée : le bien-être. Ce bien-être est à nos portes, sur nos routes, nos ponts, nos échangeurs et dans nos réceptifs hôteliers. Il est aussi dans la vie de milliers de Sénégalais, peinte en rose grâce à l’organisation de ce sommet à Dakar.

N’est-ce pas que l’emploi est au centre des préoccupations ? Au centre de cette pieuvre que l’on appelle la demande sociale ? Au centre, aussi, des infrastructures modernes qui créent les conditions d’un développement économique à travers des plus-values dans les secteurs de production et de services. Pour des décades et des décades encore, des générations bénéficieront de ces infrastructures. Le chef de l’Etat a engagé sa responsabilité en choisissant des Sénégalais comme Karim Wade et Abdoulaye Baldé pour piloter la réalisation de ces projets.

Fidèles à la discrétion et au pragmatisme, qui caractérisent leur démarche, ils ont réussi, avec leurs collaborateurs les plus proches et les expertises auxquelles ils ont fait appel, à donner à Dakar un visage plus attrayant. Plus qu’une analyse circonscrite dans le rendez-vous ponctuel de ce « Dakar II » de 2008 après le « Dakar I » de 1991, il s’agit, concrètement, de se projeter dans un futur d’espérances aussi solides que le béton et la dextérité qui ont remodelé la Corniche, la Vdn, le Méridien Président et la Foire de Dakar. Notre capitale ajoute ces joyaux à l’écrin qui a accueilli d’autres bijoux.

A ce sujet, les palabres sur les questions périphériques liées à l’organisation du sommet sont des entreprises stériles voire contre-productives. Ce qui est fondamental, ici, c’est la capacité de notre pays à faire face à de grands évènements. C’est le prestige du Sénégal qui est engagé dans une manifestation de dimension internationale. C’est une question d’interprétation que de chercher, dans la totalité d’une organisation, des couacs.

La différence entre des couacs -souvent discutables- et des facteurs de blocage -toujours handicapants- est frappante. Tout relève de la multiplicité des lectures. Cependant, la raison d’être de cet évènement est un objet de consensus national. Au nom du souffle de ce nouveau matin de générosités sur nos espérances de Sénégalais à la paume ouverte pour recevoir du monde la prière de paix, de solidarité, de fraternité et de progrès.



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