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Politique

El Hadji NDIAYE (Coordonnateur de Wacco ak alternance) : ‘Le Pds fonctionne comme une tribu dont Abdoulaye Wade est le chef’

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El Hadji NDIAYE (Coordonnateur de Wacco ak alternance) : ‘Le Pds fonctionne comme une tribu dont Abdoulaye Wade est le chef’
Considéré comme la ‘gauche’ du Parti démocratique sénégalais (Pds) de Me Abdoulaye Wade, Wacco ak alternance, une structurelle satellite de la formation libérale et qui regroupe en son sein les ‘jeunes déçus’, se pose en gardien vigilant de l’alternance. C’est la raison pour laquelle, ses membres qui ne manquent jamais de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, rament souvent à contre-courant de la ligne arrêtée par la direction du parti. Dans l’interview qu’il nous a accordée, El Hadji Ndiaye, coordonnateur de Wacco ak alternance, pose ainsi un diagnostic sans complaisance du Pds et sa coalition pour les élections locales du 18 mai prochain. Il interpelle également le président Wade pour une reprise en main du parti. Le cas Karim Wade, les chances de l’opposition pour les élections, l’élimination des Lions et l’affaire des homosexuels sont également les autres questions abordées. Entretien.

Wal Fadjri : Les investitures pour les élections locales du 18 mai prochain n’ont pas encore commencé que les contestations fusent de partout au Pds. Mais pourquoi contester avant même les investitures proprement dites ?

El Hadji Ndiaye : Il faut inscrire la question des préparatifs des élections locales dans un ensemble qui est que le Pds fonctionne comme une tribu, dont Abdoulaye Wade est le chef. Cela était moins perceptible avant 2000 à cause de sa physionomie de parti politique composé d’un comité directeur de seulement 12 membres, d’un secrétariat national d’au maximum 50 membres et d’un bureau politique qui était l’émanation des instances de bases. Toutes ces instances étaient régulièrement convoquées. Après 2000, le Pds est devenu toute autre chose. Le rush qu’a connu le parti, l’a transformé en un vaste mouvement autour du président de la République qui n’a emprunté au Pds originel que son sigle. Le Pds, sous sa forme actuelle, n’est pas un parti politique. C’est pourquoi tous ceux qui polémiquent autour de la refondation ou de la restructuration n’y pigent que dalle. Ils n’ont absolument rien compris. Le Parti démocratique sénégalais en est là. Il n’existe que de nom. J’allais dire c’est la tribu qui fonctionne. Le parti politique a été subjugué. La preuve, on ne parle plus de comité directeur de 12 membres, pas de secrétariat national, encore moins de bureau politique. Sous ce rapport, on est tout à fait à l’aise, contrairement à beaucoup de gens. La situation se présente comme parlait Victor Hugo, à savoir ‘une dédale de ruelles, de carrefours, de culs de sacs qui ressemblent à un écheveau brouillé par un sas’. Ce qui est curieux, c’est depuis 2000, en dépit de l’attraction suscitée par le parti, il n’y a pas eu, parallèlement, une bonne gestion des ressources humaines. De coutume, le mérite était toujours récompensé. Mais avec Abdoulaye Wade, on y perd son latin. C’est plutôt la rétribution de l’allégeance plutôt que la récompense de la fidélité. On pouvait tolérer que ce fût ainsi lors des premières années de l’alternance, mais la situation perdure. Par conséquent, l’ancienneté et la fidélité n’ont plus de vertu. C’est pourquoi j’interpelle le secrétaire national du Pds que j’ai connu généreux. Il faut que sa générosité revienne. Ce qu’il est en train de faire est plutôt de la prodigalité. Il passe son temps à distribuer des prébendes à ses anciens détracteurs à des béni-oui-oui. Alors, j’invite le chef de l’Etat à se rappeler qu’il devra corriger cette erreur (…) Ce que nous lui réclamons ce n’est rien qu’un dû. Car nous lui avons consacré toute notre jeunesse. S’il peut avoir des idées généreuses pour la Cap 21, pourquoi pas pour des gens comme Wacco ak alternance, les anciens de l’Ujtl, Saxal Ngoor et j’en oublie. Car, ils sont nombreux, ces vieux et ces jeunes qui ont exécuté tous ses ordres sans rien espérer en retour. Me Wade, en arrivant au pouvoir, était une espérance pour toute une nation. Malheureusement, on a constaté que depuis 2000, c’est une mise à l’écart. C’est donc, le moment de les intégrer dans les futurs conseils, ruraux, municipaux et régionaux. Cela ne sera qu’une marque de reconnaissance.

Wal Fadjri : Vous parlez comme quelqu’un qui est déçu de l’alternance. Peut-on savoir exactement les raisons de votre déception si grande ?

El Hadji Ndiaye : Pour dire vrai, je ne suis pas très content. Ils sont nombreux les libéraux qui, comme moi, sont déçus. Malgré notre déception, nous manifestons notre soutien à notre secrétaire national. On s’est battu pour une cause, ce n’est pas aujourd’hui qu’on va la renier. C’est pour cette raison que nous resterons avec lui.

Wal Fadjri : Auriez-vous le sentiment qu’au Pds, les propos laudatifs ont pris le pas sur le débat d’idées ?

El Hadji Ndiaye : J’ai dit tantôt que ce que l’on constate, c’est la rétribution de l’allégeance. Cela veut tout dire.

Wal Fadjri : Le président de la République ne peut-il pas être excusé, parce qu’il a très peu de temps à consacrer à la gestion du parti, à cause de ses charges liées à la gestion quotidienne de l’Etat ?

El Hadji Ndiaye : L’idéal aurait été que le président de la République se détachât de sa station de secrétaire général national du Pds. Mais comme vous le savez, ce n’est pas toujours évident. A défaut de se détacher de la gestion du parti, il faut qu’il accepte de renforcer un numéro 2, choisi parmi son ancienne garde et qui sera au service exclusif du parti. De toute manière, le secrétaire national du Pds a l’avantage d’être écouté de tout le monde. Il n’y a aucun militant au Pds qui conteste Abdoulaye Wade.

Wal Fadjri : Malgré la majorité des superviseurs qui ont été nommés par la direction du parti en direction des locales, sont contestés par la base. Ne vous acheminez-vous pas vers des divisions qui pourraient se traduire par des votes-sanctions ?

El Hadji Ndiaye : J’espère pour parler comme André Gide que ’tout cela va s’en aller comme de l’eau de boudin’. Mais, il faut diagnostiquer le mal. En fait, le problème tient surtout au mode de dévolution des responsabilités au Pds. Parce qu’Abdoulaye Wade qui est le numéro un du parti nomme volontairement les responsables. Mais on ne peut pas nommer des gens que l’on ne connaît pas. En général, il ne nomme que les gens qu’il voit tous les jours. Il faut que le secrétaire national accepte de renvoyer le débat démocratique et le choix des responsables à la base. On ne peut pas toujours se contenter d’un parachutage qui ne fait pas l’affaire des militants. Il y a des militants méritants qui ne sont pas connus et à qui on barre la route. Il faut que le président arrête tout cela.

Wal Fadjri : Pour autant, au Pds, on a une démocratie interne ‘encadrée’ par la commission de discipline, mais cela n’empêche pas les dissidences. Pourquoi ?

El Hadji Ndiaye : Parce que la fameuse commission de discipline n’est composée que de substituts. J’ai dit que le Pds fonctionnait comme une tribu dont Abdoulaye Wade était le chef. Il faut regretter la situation et accepter que telle est la réalité. Abdoulaye Wade a dit en 1996 sur les ondes d’une radio de la place que le Pds était une tribu dont il est le chef. Je n’invente rien.

Wal Fadjri : Que va-t-il se passer si, comme on le prête au chef de l’Etat, il cherche à imposer l’investiture de son fils Karim Wade pour la conquête de la mairie de Dakar ?

El Hadji Ndiaye : De toute manière c’est une hypothèse. Mais, il faut considérer que ceux qui dirigent actuellement le Pds et la mairie de Dakar ont été imposés par Wade. Si des gens qui ne sont pas ses fils ont bénéficié de sa générosité légendaire, on ne peut pas empêcher Abdoulaye Wade de faire bénéficier de cette générosité à son fils.

Wal Fadjri : Ne risque-t-il pas alors de se heurter à la résistance de Pape Diop soutenu par les Lébous ?

El Hadji Ndiaye : Pape Diop n’est pas Lébou quand bien même il est un Diop. Toujours est-il qu’on ne peut pas prédire que le Sénégalais va se comporter dans un sens ou dans un autre. Je donne l’exemple de la présidentielle. Si l’opposition clame partout qu’il y a une fraude, en réalité, il n’en est rien. Le problème, c’est qu’aucun observateur ne s’attendait à une réélection de Wade. Donc, je ne peux rien affirmer de ce qui adviendra si jamais son fils était imposé. Tout est possible. Et Karim a une chance et une longueur d’avance sur ses potentiels concurrents au vu de ce qu’il est en train de réaliser comme infrastructures routières dans Dakar. Mais, il est difficile de parler de quelqu’un qui ne parle pas. Aujourd’hui, parler de Karim Wade et de Pape Diop, c’est comme interpréter les mimiques d’un sourd-muet. On attend de voir. En tout cas, sera candidat celui-là sur qui Abdoulaye Wade va jeter son dévolu et tous militants suivront ce dernier. Les votes-sanctions, il n’en manquera pas, mais ce qui certain, c’est qu’ils seront infimes.

Wal Fadjri : Qu’inspire l’apparition subite de candidats aux élections locales et qui se réclament ouvertement de la ‘Génération du concret’ ?

El Hadji Ndiaye : Les gens de la ‘Génération du concret’ ont presque tous une bonne planque. Mais il faut que Abdoulaye Wade pense ceux qui ne sont pas de la ‘Génération du concret’. Pour nous à Wacco ak alternance, parler de Karim Wade est prématuré. Parce qu’on ne le connaît pas. Rien pour le moment ne doit faire présumer au président Wade que nous combattrons son fils. Tant que son fils a le soutien légitime du parti, nous n’avons aucune raison de le combattre. Mais, s’il veut arracher de gré ou de force le labeur de plusieurs générations, nous nous dresserons sur son chemin. C’est vrai que la ‘Génération du concret’ pose problème. Parce que sous peu, les gens ne pourront plus faire le distinguo entre cette organisation et le parti en tant que tel. Pour une fois, il faut tout ramener dans cette fameuse mouvance présidentielle dont j’ai parlé tantôt.

Wal Fadjri : Est-ce qu’au Pds, Me Wade doit arbitrer ou laisser faire le jeu démocratique ?

El Hadji Ndiaye : Les cartes sont brouillées depuis lors. Et c’est de son fait. Il ne peut donc pas se retirer comme cela, car il a déjà privilégié des gens à qui il a donné tous les moyens pour réussir au détriment de gens qui le méritaient. Par conséquent, on part illégaux dans la course. Il faut qu’il appuie ceux qui n’ont jamais eu leur part. Il ne peut pas continuer comme cela à distribuer des prébendes en oubliant les anciens. C’est ce à quoi je l’invite. Il faut qu’il ramène tous ceux qui étaient laissés en rade.

Wal Fadjri : La coalition autour du Pds a-t-elle de réelles chances de remporter les élections face une opposition décidée à rebondir ?

El Hadji Ndiaye : Je ne crois pas aux chances de l’opposition. Cette opposition risque encore une fois d’être dépassée. A mon humble avis, je ne crois pas au retour du Parti socialiste. C’est un parti dépassé. Les Sénégalais peuvent avoir une courte mémoire, mais ils ne sont pas amnésiques. Et tous les maux dont souffre le Sénégal, tirent leur origine dans l’exercice du pouvoir par les socialistes. Par conséquent, les Sénégalais ont peur encore de ce que j’appelle le syndrome de la blues socialiste. Ensuite, il y a l’Afp de Moustapha Niasse. C’est un parti qui n’a pas cette forme d’organisation qui lui permet de se hisser au premier plan. C’est un parti qui est confronté au défi même de l’organisation. C’est pourquoi, il a connu un grand recul. La Ld/Mpt est là depuis 1981, mais elle n’a jamais engrangé plus de cinq députés. Ce n’est donc ce parti-là qui va faire peur à la mouvance présidentielle de Wade. Les autres partis occupent une portion congrue.

Wal Fadjri : L’opposition ne pourra-t-elle pas capitaliser sur le malaise économique et social qui caractérise le deuxième mandat de Wade ?

El Hadji Ndiaye : C’est possible. Mais, pour qu’un changement s’opère, il faut qu’un homme providentiel arrive à son heure pour capitaliser l’adhésion de tout le monde. Et ce n’est pas dans cette opposition qu’on va trouver cet homme providentiel. C’est ce qu’a compris Abdoulaye Wade qui sait qu’il n’y a pas un homme charismatique pouvant capitaliser, en votes positifs, ces complaintes sociales. C’est pourquoi, je n’ai pas de grosses appréhensions.

Wal Fadjri : Maintenant parlons de questions extra-politiques. Etes-vous déçu de l’élimination précoce des ‘Lions’ du football au Ghana ?

El Hadji Ndiaye : C’est une question très sensible. Les succès de l’équipe nationale en 2002 avaient drainé toute la nation sur tous les plans. Cela veut dire qu’il faut régler le problème en tenant compte de cette forte adhésion.

Wal Fadjri : Soutenez-vous les assises du football auxquelles appelle le chef de l’Etat ?

El Hadji Ndiaye : Les assises, ce sont des rencontres par lesquelles on rappelle ce qui était connu. C’est différent des états généraux. Mais les assises peuvent permettre d’exhumer les conclusions des états généraux. Il n’y a pas péril en la demeure. C’est une idée qu’il a lancée et qui m’enchante personnellement. C’est une affaire d’équipe nationale. La nation est importante. Il est important de rappeler que la nation n’est rien d’autre qu’un groupe d’hommes se caractérisant par la conscience de son unité et de sa commune volonté de vouloir vivre en commun. Donc, il n’y a pas de place pour des étiquettes religieuses.

Wal Fadjri : Quid des assises sur l’éducation ?

El Hadji Ndiaye : Je ne suis plus enseignant. Mais, il me semble que les organisations enseignantes ont approuvé. Donc, il reste maintenant à aller dans le sens de la concrétiser au bénéfice de l’école.

Wal Fadjri : Que vous inspirent les assises nationales auxquelles appelle le Front Siggil Sénégal ?

El Hadji Ndiaye : L’opposition n’a créé ce concept d’assises nationales que pour exister. C’est un concept qui pose problème dans la mesure où les assises sont des rencontres pour rappeler des choses déjà connues. Est-ce que l’opposition est habilitée à convoquer la nation ? Il fallait appeler cela plutôt des assises de l’opposition. Mais pour moi, tout ce qui est en train d’être dit sur les assises nationales de l’opposition, ce n’est rien d’autre que dicter du haut des mamelles les dix commandements d’une religion sans adeptes.

Wal Fadjri : Etes-vous optimiste quant à la tenue du sommet de l’Oci à Dakar ?

El Hadji Ndiaye : Je ne suis pas sceptique dans la mesure où pour moi, le non-achèvement des travaux n’entrave en rien l’arrivée des hôtes du Sénégal. Parce qu’ils seront logés dans des structures déjà existantes. On a déjà loué un bateau et les infrastructures qui sont en train d’être réalisées ne sont rien d’autre qu’une occasion pour transformer le visage de Dakar. Cela n’a rien à avoir avec la tenue d’un tel sommet. Il est bon de rappeler qu’il y a des moments dans la vie d’un peuple où la notion de nation doit être raffermie dans l’action. Autrement dit, la conscience de l’unité et de la commune volonté de vie commune doit prendre le dessus sur les considérations de seconde zone. Le sommet de l’Oci en est un. Sous ce rapport, nous nous joignons à l’Anoci pour la réussite du sommet. Cependant, nous dénonçons le népotisme dont la rumeur est en train de parler, selon laquelle la femme d’un certain ministre d’Etat est en train de payer pour le compte de l’Anoci une formation de Sénégalais pour pouvoir assimiler des formules de commodités arabes comme : ‘Akh lan wa sakh lan’. C’est regrettable dans la mesure où, il y a les arabophones à qui il faut confier ces tâches. Si cela se vérifie, je ferai une sortie publique pour le dénoncer.

Wal Fadjri : Quel commentaire vous inspire le rocambolesque mariage des homosexuels ?

El Hadji Ndiaye : C’est un mal très complexe. L’acte sexuel est d’abord un acte animal. Mais ce qui m’étonne, c’est que, chez les bêtes, il n’y a jamais eu cette relation homosexuelle. Pourquoi donc, l’homme devrait s’abaisser plus bas ? C’est vrai que l’homme est capable du meilleur comme du pire. L’homosexualité est un mal qu’il faut comprendre. Je crois comprendre que l’homosexualité est l’effet combiné de l’opulence et de l’indulgence, le fantasme des uns attirant l’impécuniosité des autres. Alors, on confond les deux classes dans une attitude perverse qui risque de contaminer toute une société parce qu’on sait que les capitaux sont accaparés par une minorité, alors qu’il y a beaucoup de jeunes qui veulent s’enrichir sans peine. Aujourd’hui, le Sénégal a mal de sa société.



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