L'opposition a de fortes chances d'aller en ordre dispersé aux élections législatives du 3 juin prochain si elle ne les boycotte pas. En effet, à une semaine de la date limite du dépôt des listes des candidats pour ces échéances, laquelle est fixée au 6 avril prochain, elle n'a pas encore réalisé l'union sacrée. Même la Coalition populaire pour l'alternative (Cpa), transformée en charpie au gré des ambitions présidentielles de Moustapha Niasse, Abdoulaye Bathily et Ousmane Tanor Dieng, a du mal à recoller ses morceaux.
Mais, si l'opposition en est à ce niveau aujourd'hui, c'est parce que le président Abdoulaye Wade ne lui a pas laissé le temps de faire son unité.
Après l'avoir fait tomber dans une chausse trappe à l'élection présidentielle du 25 février dernier, selon les aveux de la socialiste Me Aïssata Tall Sall, il ne cesse de lui donner du poil à gratter, en somme de la divertir, pour éviter qu'elle ne se consacre à l'essentiel : son unité. Parce que Me Wade n'ignore pas les vertus d'une large coalition des partis de l'opposition. Il n'est élu que par 55 % des suffrages des Sénégalais contre 44 % pour les autres candidats, tous scores réunis. Aussi a-t-il en mémoire les résultats obtenus par le Cadre permanent de concertation de l'opposition (Cpc), père de la Cpa, lors des élections locales de 2002, qui avait réussi à avoir la haute main sur plusieurs collectitivés locales.
Pour empêcher une pareille union sacrée de l'opposition aux élections législatives prochaines, la dernière trouvaille de Me Wade a été la loi sur la parité. Non seulement cette nouvelle donne rend hypothétique toute coalition de l'opposition, mais elle met en danger l'unité au sein même des partis obligés de revoir leurs copies à une semaine de la date limite du dépôt des listes. Aussi la parité imposée sur la liste nationale est-elle une épine sous le pied des adversaires de Me Wade, en ce sens qu'elle va réveiller des appétits, notamment chez les femmes. L'impréparation de l'opposition, prise au dépourvu, par rapport à cette nouvelle donne, risque de rendre ingérables les querelles de préséance, inévitales, entre femmes, lesquelles vont devoir jouer des coudes pour figurer sur les listes.
Au demeurant, la loi sur la parité semble être l'épilogue d'un plan ourdi par Me Wade pour divertir l'opposition. On a souvenance que le vainqueur de l'élection présidentielle du 25 février avait déterré les dossiers d'Idrissa Seck, d'Ousmane Tanor Dieng et de Moustapha Niasse, qui sont arrivés, respectivement, deuxième, troisième et quatrième à l'issue du scrutin, en égratignant, en passant, Amath Dansokho. Tous (sauf Idrissa Seck qui a répliqué au lendemain de la proclamation des résultats de l'élection présidentielle par la Cour constitutionnelle) étaient spontanément montés au créneau pour se blanchir.
Mais, à peine ces leaders de l'opposition ont-ils fini de lui porter la réplique que Me Wade leur a balancé sur la figure un nouveau décret de répartition des sièges des députés. Lequel comporte les mêmes tares, selon la Ld/Mpt et le Ps, que celui dont l'annulation avait entraîné le report des élections législatives et le découplage de l'élection présidentielle et des législatives. Pour garder une certaine dialectique dans leur démarche, Abdoulaye Bathily et Ousmane Tanor Dieng étaient tenus d'attaquer une nouvelle fois le décret devant le Conseil d'Etat. Leur requête sera-t-elle acceptée cette fois-ci ? Le cas échéant, les élections législatives seront, à nouveau, reportées. Dans le cas contraire, elles auront bel et bien lieu le 3 juin.
L'opposition est-elle prête à participer à ces échéances électorales ? Elle a trop perdu du temps à polémiquer avec Me Wade, reléguant au second plan la question essentielle des alliances électorales qui, aux yeux de nombre d'observateurs, est gage d'un bon score, à défaut d'une victoire de l'opposition sur le Pds et ses alliés. Résulat : L'opposition n'a toujours pas dressé ses listes, encore moins élaboré une large coalition qui s'imposait, pourtant, à la lumière de ses scores à la présidentielle.
Deux alternatives s'imposent maintenant à l'opposition : Soit aller en rang dispersé aux élections législatives ou boycotter purement et simplement celles-ci. Tout porte à croire que l'opposition travaille dans le sens de cette seconde option parce que les préalabes qu'elle a posés pour sa participation aux élections ont de fortes chances de rester sans suite. A moins qu'elle n'obtienne le report des élections législatives ainsi qu'elle vient de le demander par le truchement du coordonnateur des auditeurs de la Cpa du fichier électoral.
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